RDC : sœur Marie-Sylvie sauvagement tuée

Sœur Marie-Sylvie, médecin et religieuse, a été sauvagement tuée le 19 octobre, lors d’un raid dans l’est de la République démocratique du Congo. Cette partie du pays est en proie à des attaques toujours plus sanglantes menées par des terroristes islamistes.

Dans un communiqué du 20 octobre, Mgr Sikuli Paluku, évêque du diocèse de Butembo-Beni (République démocratique du Congo) a annoncé le meurtre de sœur Marie-Sylvie Kavuke Vakatsuraki, religieuse et médecin, lors d’une attaque d’une structure de santé catholique et du couvent qui lui est attenant. Cette offensive a très certainement été orchestrée par des membres des Forces Démocratiques Alliées (ADF), un groupe islamiste venant d’Ouganda ayant prêté allégeance à l’État islamique, qui le présente comme étant sa branche en Afrique centrale.

L’assaut a été d’une barbarie extrême. Le corps de la religieuse de la congrégation des Petites sœurs de la Présentation de Notre Dame au Temple a été retrouvé calciné, et six autres personnes ont été décapitées et brûlées. Il semble par ailleurs qu’une vingtaine de personnes ont été enlevées pendant l’assaut : trois femmes enceintes, dix malades et dix membres du personnel de santé, dont potentiellement deux religieuses. Outre cet établissement de santé, les terroristes ont également pillé et détruit un hôpital protestant situé à proximité. « Les mots nous manquent, tant l’horreur a plus que franchi le seuil de la tolérance » a déclaré l’évêque de Butembo-Beni. La petite sœur a été inhumée samedi 22 octobre. 

Site Aleteia 25 10 2022

« Nous assistons, horrifiés, aux événements qui continuent d’ensanglanter la République démocratique du Congo », a confié le pape François qui projette de se rendre dans ce pays en début d’année 2023. « J’exprime ma ferme déploration pour l’inacceptable agression intervenue ces derniers jours à Maboya, dans la province du Nord-Kivu, où ont été tuées des personnes sans défense, dont une religieuse impliquée dans l’aide sanitaire ».

Dietrich Bonhoeffer – Lettre de prison

« ….Dieu, en tant qu’hypothèse de travail, en morale, en politique, est science, est aboli aussi bien que dans la philosophie et la religion (Feuerbach)…..

Où donc reste-t-il de la place pour Dieu ? demandent certaines âmes angoissées, et comme elles ne trouvent pas de réponse, elles condamnent toute l’évolution qui les a mises dans cette calamité…

Nous ne pouvons être honnêtes sans reconnaître qu’il nous faut vivre dans le monde « etsi deus non daretur » (expression de Grotius : « comme si Dieu n’était pas donné »). Et voilà justement ce que nous reconnaissons devant Dieu qui, lui-même, nous oblige à l’admettre. En devenant majeurs, nous sommes amenés à reconnaître de façon plus vraie notre situation devant Dieu.

Dieu nous fait savoir qu’il nous faut vivre en tant qu’hommes qui parviennent à vivre sans Dieu. Le Dieu qui est avec nous est celui qui nous abandonne (Marc 15, 34). Le Dieu qui nous laisse vivre dans le monde sans l’hypothèse de travail Dieu, est celui devant qui nous nous tenons constamment.

Devant Dieu et avec Dieu, nous vivons sans Dieu. Dieu se laisse déloger du monde et clouer sur la croix. Dieu est impuissant et faible dans le monde…, et ainsi seulement il est avec nous et nous aide.

Matthieu 8, 17 indique clairement que le Christ ne nous aide pas par sa toute-puissance, mais par sa faiblesse et ses souffrances.

Voilà la différence décisive d’avec toutes les autres religions. La religiosité de l’homme le renvoie dans sa misère à la puissance de Dieu dans le monde, Dieu est le « deus ex machina ». La Bible le renvoie à la souffrance et à la faiblesse de Dieu ; seul le Dieu souffrant peut aider.

Dans ce sens, on peut dire que l’évolution du monde vers l’âge adulte dont nous avons parlé, faisant table rase d’une fausse image de Dieu, libère le regard de l’homme pour le diriger vers le Dieu de la Bible qui acquiert sa puissance et sa place dans le monde par son impuissance. C’est ici que devra intervenir « l’interprétation laïque ».

Lettre écrite dans la prison de Tegel (Berlin),
le 16 juillet 1944, à son ami Eberhard Bethge.

Martyrs de l’abbaye de Westminster

Les Martyrs de l’abbaye de Westminster sont une série de dix statues en surplomb du portail ouest de l’abbaye à Londres. Il s’agit de dix personnalités chrétiennes du XXe siècle considérées par l’Église d’Angleterre comme ayant été assassinées au nom de leur foi 1.

L’inauguration eut lieu en juillet 1998, après la fin de la restauration des tours ouest (1995). Étaient notamment présents la reine Élisabeth II, le cardinal Basil Hume et l’archevêque de Cantorbéry George Carey1. Dans une volonté d’œcuménisme, le choix s’est porté sur des personnalités des trois grandes confessions chrétiennes : catholicisme, orthodoxie et protestantisme. De gauche à droite:

  • Maximilien Kolbe (mis à mort en 1941), franciscain polonais. Il est canonisé par l’Église catholique en 1982 ;
  • Manche Masemola (assassinée en 1928), inscrite au calendrier des saints par l’Église anglicane d’Afrique du Sud ;
  • Janani Luwum (assassiné en 1977), archevêque anglican en Ouganda. Il est inscrit au calendrier des saints par l’Église anglicane ;
  • Élisabeth de Hesse-Darmstadt (assassinée en 1918), grande-duchesse de Russie, petite-fille de la reine Victoria et sœur de la marquise de Milford-Haven et de l’impératrice Alexandra Feodorovna, canonisée par l’Église orthodoxe ;
  • Martin Luther King Jr. (assassiné en 1968), pasteur protestant ;
  • Oscar Romero (assassiné en 1980), archevêque catholique. Il est canonisé par l’Église catholique en 2018 ;
  • Dietrich Bonhoeffer (exécuté en 1945), pasteur et théologien protestant (luthérien) ;
  • Esther John (tuée en 1960), jeune femme pakistanaise convertie au christianisme ;
  • Lucian Tapiedi (en) (mort en 1942), enseignant anglican de Nouvelle-Guinée ;
  • Wang Zhiming (assassiné en 1973).

(site wikipedia)

Dietrich Bonhoeffer

D. Bonhoeffer est une des plus grandes figures de l’Église du 20ème s. Né en 1906 à Breslau. Après ses études de théologie, il devient pasteur de l’Église protestante. Donne des cours à l’université de Berlin. Humiliée par le Traité de Versailles, étranglée par la crise économique, l’Allemagne croit trouver le salut en Adolf Hitler en 1933. Dès le début, contre la majorité de son Église , Bonhoeffer s’oppose ouvertement au nazisme. En 1938, il est interdit de séjour à Berlin et a des contacts avec un groupe de résistance (amiral Canaris,…). En 1943, fiançailles avec Maria von Wedemeyer. Il est arrêté et enfermé dans la prison de Tegel. Sa sérénité et son humilité étonnent tous les détenus.

Juillet 1944, échec de l’attentat contre Hitler. Bonhoeffer parvient quand même à faire sortir plusieurs lettres. Février 1945, il est transféré à Büchenwald puis à la prison de Flossenburg. Le 9 avril, il est exécuté par pendaison avec d’autres résistants. Moins d’un mois après, Hitler se suicide et l’Allemagne capitule.

La publication de ses dernières lettres de prison – « Résistance et soumission »- provoque un choc. Le livre et les précédents publiés par Bonhoeffer sont traduits dans le monde et provoque un flot de commentaires et de débats. La lettre du 30 avril 1944 paraît prophétique : voici des extraits.

R.D.

Un Christianisme irreligieux ?

« …La question de savoir ce qu’est le christianisme et qui est le Christ, pour nous aujourd’hui, me préoccupe constamment. Le temps où l’on pouvait tout dire aux hommes par des paroles théologiques ou pieuses, est passé, comme le temps de la spiritualité et de la conscience, c’est-à-dire le temps de la religion en général. Nous allons au-devant d’une époque totalement irreligieuse ; tels qu’ils sont, les hommes ne peuvent tout simplement plus être religieux : ceux-là même qui se déclarent honnêtement religieux ne pratiquent nullement leur religion……Toute notre révélation et notre théologie chrétiennes, vieilles de dix-neuf cents ans, reposent sur « l’a priori religieux » des hommes …

Comment le Christ peut-il devenir le Seigneur des irreligieux ? Y a-t-il des chrétiens sans religion ?…Qu’est-ce qu’un christianisme irreligieux ?

Les questions auxquelles il faudrait répondre sont celles-ci : que signifient une Église, une paroisse, une prédication, une prédication, une liturgie, une vie chrétienne dans un monde sans religion ? Comment parler de Dieu sans religion, c’est-à-dire sans le donné préalable et contingent de la métaphysique, de la spiritualité, etc. ? Comment parler de Dieu « laïquement » ? Comment être des chrétiens irreligieux et profanes ? Comment former une « ek-klésia », sans nous considérer comme des appelés, des privilégiés sur le plan spirituel mais bien plutôt comme appartenant au monde ?

Alors le Christ ne sera plus l’objet de la religion, mais tout autre chose, réellement le Seigneur du monde. Mais que signifie cela ? Que signifient la prière et le culte dans l’irréligiosité ?

Les gens religieux parlent de Dieu quand les connaissances humaines (quelquefois par paresse) se heurtent à leurs limites ou quand les forces humaines font défaut – c’est toujours au fond un « deus ex machina » qu’ils font apparaître, ou bien pour résoudre apparemment des problèmes insolubles, ou bien pour le faire intervenir comme la force capable de subvenir à l’impuissance humaine ; bref ils exploitent toujours la faiblesse et les limites des hommes. Évidemment, cette manière de faire n’a de chance de durer que jusqu’au jour où, par leurs propres forces, les hommes repousseront quelque peu leurs limites et où le « deus ex machina » deviendra superflu. …

J’aimerais parler de Dieu non aux limites mais au centre, non dans la faiblesse mais dans la force, non à propos de la mort et de la faute, mais dans la vie et la bonté de l’homme.

« L’au-delà »  de Dieu n’est pas l’au-delà de notre entendement. La transcendance théoriquement perceptible n’a rien de commun avec celle de Dieu. Dieu est au centre de notre vie tout en étant au-delà. L’Église ne se trouve pas là où le pouvoir humain s’arrête, non à la limite mais au milieu du village. Ainsi le dit l’Ancien Testament et, en ce sens, nous lisons beaucoup trop peu le Nouveau Testament en fonction de l’Ancien. Je réfléchis beaucoup à l’aspect de ce christianisme irreligieux et à la forme qu’il revêt…. »

Dietrich Bonhoeffer, « Résistance et soumission » pp. 119 ss.

ŒUVRES : Ethique (éd. Labor et Fides) – Bible ma prière : introduction au livre des Psaumes (D.de Brouwer). – La parole de la prédication : cours d’homilétique ( Labor et Fides) – Lettres de fiançailles : correspondance avec sa fiancée Maria) ( id.). – Résistance et soumission ( id.). – De la vie communautaire (id.). – Vivre en disciple : le prix de la grâce (id.). – etc…….

INTRODUCTION : F. Rognon : «  D. Bonhoeffer : un modèle de foi incarnée » (éd. Olivetan) : vie et brève analyse des œuvres.
M. Arnold : « Prier 15 jours avec D. Bonhoeffer » (éd. Nouvelle Cité)

Funérailles d’Elizabeth II : Sermon de l’archevêque de Canterbury

Devant 2000 invités, dont plusieurs centaines de dirigeants et de têtes couronnées du monde entier, Mgr Justin Welby, primat de l’Eglise d’Angleterre, a prononcé un sermon rendant hommage à cette reine qui a consacré toute sa vie au service de la nation et du Commonwealth.

Viens Saint-Esprit, remplis-nous du baume de ton amour qui guérit. Amen.

Le modèle de nombreux dirigeants est d’être exalté durant leur vie et oublié après la mort. À l’inverse pour tous ceux qui servent Dieu – célèbres ou anonymes, respectés ou ignorés – la mort est la porte de la gloire.
Sa défunte Majesté avait déclaré dans une émission restée célèbre à l’occasion de son 21e anniversaire, que toute sa vie serait consacrée au service de la nation et du Commonwealth.
Rarement, une telle promesse n’a été aussi bien tenue ! Peu de dirigeants font l’objet d’une telle effusion d’amour que celle à laquelle nous avons assisté.

Jésus – qui dans notre lecture ne dit pas à ses disciples comment suivre, mais qui suivre – a dit : « Je suis le chemin, la vérité et la vie ». L’exemple de feu Sa Majesté n’a pas été donné par sa position ou son ambition, mais par Celui qu’elle a suivi. Je sais que Sa Majesté partage la même foi et la même espérance en Jésus-Christ que sa mère, le même sens du service et du devoir.

En 1953, la Reine a commencé son couronnement par une prière silencieuse, juste là, devant le Grand Autel. Elle a fait allégeance à Dieu avant que quiconque ne lui fasse allégeance. Le service qu’elle a rendu à tant de personnes dans cette nation, dans le Commonwealth et dans le monde,  était fondé sur sa marche à la suite du Christ , de Dieu lui-même qui a dit : « qu’il « n’est pas venu pour être servi, mais pour servir et donner sa vie en rançon pour la multitude.»

Dans tous les domaines de la vie, les personnes qui accomplissent leur service dans un esprit d’amour sont rares. Les leaders qui servent leurs peuples avec amour sont encore plus rares. Mais dans tous les cas, ceux qui servent seront aimés et on se souviendra d’eux, alors que ceux qui s’accrochent au pouvoir et à ses privilèges seront oubliés depuis longtemps.

…La déclaration télévisée de feu Sa Majesté pendant le confinement se terminait par : « Nous nous retrouverons », paroles d’espoir d’une chanson de Vera Lynn. L’espérance chrétienne est une attente avec certitude de quelque chose qui ne s’est pas  encore manifesté.

Le Christ est ressuscité des morts et offre Sa vie à tous, une vie d’abondance maintenant et une vie avec Dieu dans l’éternité. Comme le dit le chant de Noël «  Ce sont dans les âmes pleines de douceur que Christ bien aimé est  toujours accueilli ».

Nous serons tous confrontés au jugement miséricordieux de Dieu. Nous pouvons tous partager l’espérance de la Reine qui, dans la vie comme dans la mort, a été inspiré son esprit de service.

Le service dans la vie, l’espoir dans la mort. Tous ceux qui suivent l’exemple de la Reine, et qui sont inspirés par la foi et la confiance en Dieu peuvent dire avec elle : Nous  nous reverrons ! »

Texte sur « Radio Notre-Dame »

L’abonnée qui me transmet ce texte commente judicieusement :
« Et Pan  dans un auditoire de leaders !
Mais chacun a dû penser que ces paroles bien senties s’adressaient d’abord à son voisin »

Lettre pastorale du Cardinal Saliège

23 août 1942

La France vient de commémorer le 80ème anniversaire de la « Rafle du Vel’ d’Hiv ». Ce 16 juillet 1942, sans même avoir reçu l’ordre des Allemands, la police française fit la traque des Juifs et les parqua, dans des conditions inhumaines, dans le stade du Vel d’Hiv. Ils étaient près de 15 000. Peu après, des convois les amenaient à Auschwitz pour être exterminés.

Dans le silence général, une voix se fit entendre, celle de Mgr Saliège. « Il a sauvé l’honneur de l’Église en 1942 parce qu’il a compris qu’elle ne devait pas renoncer à cette dimension prophétique…à ce rôle d’« Église sentinelle » (Pasteur Visser ‘t Hooft).

Albert Camus écrira : «  La grande foule des hommes attendait pendant toutes ces années qu’une voix s’élevât pour dire nettement où se trouvait le mal »

Monseigneur Jules-Géraud Saliège (1870-1956), archevêque de Toulouse est de longue date un ardent défenseur des Juifs. Durant l’été 1942, il obtient des informations aux sujets des rafles et des premières déportations.

Le dimanche 23 août 1942, il fait lire une lettre pastorale de protestation, qu’il a lui-même rédigée, dans toutes les églises de l’archidiocèse de Toulouse.

En l’espace d’une nuit, le document devient un manifeste. Des centaines de milliers d’exemplaires sont copiés et distribués. Certains historiens qualifieront cette déclaration de « 18 juin spirituel ».

Pour l’anniversaire de cet événement, ce texte a été proclamé et reproduit dans toute la France.


« Mes très chers Frères,
Il y a une morale chrétienne, il y a une morale humaine qui impose des devoirs et reconnaît des droits. Ces devoirs et ces droits tiennent à la nature de l’homme. Ils viennent de Dieu.
On peut les violer. Il n’est au pouvoir d’aucun mortel de les supprimer.

Que des enfants, des femmes, des hommes, des pères et des mères soient traités comme un vil troupeau, que les membres d’une même famille soient séparés les uns des autres et embarqués pour une destination inconnue, il était réservé à notre temps de voir ce triste spectacle.

Pourquoi le droit d’asile dans nos églises n’existe‐t‐il plus ?
Pourquoi sommes‐nous des vaincus ?
Seigneur ayez pitié de nous.
Notre‐Dame, priez pour la France.

Dans notre diocèse des scènes d’épouvante ont eu lieu dans les camps de Noé et de Récébédou.

Les Juifs sont des hommes, les Juives sont des femmes, les étrangers sont des hommes, les étrangères sont des femmes. Tout n’est pas permis contre eux, contre ces hommes, contre ces femmes, contre ces pères et mères de famille. Ils font partie du genre humain. Ils sont nos Frères comme tant d’autres. Un chrétien ne peut
l’oublier.

France, patrie bien aimée, France qui porte dans la conscience de tous tes enfants la tradition du respect de la personne humaine. France chevaleresque et généreuse, je n’en doute pas, tu n’es pas responsable de ces horreurs.
Recevez mes chers Frères, l’assurance de mon respectueux dévouement. »
Jules‐Géraud Saliège Archevêque de Toulouse 13 août 1942
A lire dimanche prochain, dans toutes les églises, sans commentaire.

Journal La Croix – plusieurs articles – n° juillet-août 2022


Emmanuel Macron :
« L’odieux antisémitisme est là »

Ce dimanche 17 juillet 2022, E. Macron a commémoré les 80 ans de la Rafle.

« Ces heures noires souillent à jamais notre histoire La France, ce jour-là, accomplissait l’irréparable ». A dessein, E. Macron a repris ces mots de J. Chirac, premier Président à reconnaître la responsabilité de la France dans la Shoah. « La France le fit, l’État français le fit. L’État français parqua ces familles avant de les déporter dans des camps d’extermination ».

E. Macron a prononcé ce discours à Pithiviers, dans le Loiret, d’ù sont partis 6000 Juifs vers les camps de la mort. Il a inauguré la gare comme un nouveau lieu de mémoire de la déportation.

« Nous n’en avons pas fini avec l’antisémitisme…Il peut prendre d’autres visages, se draper dans d’autres mots, d‘autres caricatures, mais l’odieux antisémitisme est là, il rôde, toujours vivace…Il se déchaine dans la barbarie terroriste…il s’installe dans la succession des assassinats antisémites. Il s’affiche sur les murs de nos villes. Il s’infiltre par les réseaux sociaux…Il joue de la complaisance de certains partis politiques…

Ni Pétain ni Laval ni aucun de ceux-là n’a voulu sauver des Juifs, c’est une falsification de l’histoire que de le dire … Les forces républicaines doivent redoubler de vigilance…La mécanique de 1940 venait de loin, nourrie de haine et d’un antisémitisme devenu ordinaire… » a conclu le Président.

Selon des rapports, les Juifs français éprouvent un très fort sentiment d’insécurité : 85 % d’antre eux pensent que l’antisémitisme est répandu dans le pays, près des ¾ le pensent en hausse ..1/3 d’entre eux disent s’être sentis en insécurité en 2022.

Journal La Croix 18 8 22

Cérémonie à la Mémoire des Martyrs de la Déportation – 6 sept. 2015

DISCOURS DE HAÏM KORSIA,
GRAND RABBIN DE FRANCE

Il y a tout juste 70 ans, les camps d’extermination étaient libérés par les forces alliées. Le monde découvrait l’horreur insoutenable de la barbarie nazie. Des enfants, des vieillards, des femmes, des hommes, parqués dans des camps avec la ferme intention de les éliminer, mais, avant, de les déshumaniser, d’en faire des morceaux, « des stücke »…Des millions de personnes destinées à une mort certaine, industrielle et systématique, soumises à des tâches exténuantes ou directement sélectionnées pour la chambre à gaz….

Pourquoi, d’année en année, perpétuer ainsi la mémoire de la shoah ? Enseigner n’est pas guérir mais tirer les leçons de l’histoire, prévoir et prévenir. Ce n’est ni par culte de la mort, ni par obsession du passé, mais parce qu’il est de notre devoir d’enseigner à nos enfants et de porter au monde ce que l’homme, mû par d’épouvantables ambitions, a pu un jour faire d’un autre homme.

Nous honorons la mémoire des six millions d’âmes disparues, mais nous célébrons aussi la vie…Nous rendons hommage aux Justes et aux résistants et nous dénonçons la politique collaborationniste du régime de Pétain qui livra les Juifs à l’occupant….

Le mal n’est jamais loin de nous, car il est aussi en nous. Comment ne pas évoquer le maux qui rongent aujourd’hui notre monde ? Combattons-nous assez l’extrémisme et les nouveaux totalitarismes ? Sommes-nous assez âpres à la lutte contre le racisme et l’antisémitisme qui tue pourtant, aujourd’hui encore, partout et tout le monde ?

L’an dernier, je dénonçais fermement devant vous les manifestations dans les rues de France, au cours desquelles les cris « mort aux Juifs » avaient si sinistrement retenti, l’attaque des synagogues, mais aussi l’exacerbation des violences antisionistes et antisémites. Début janvier, la communauté nationale, et la communauté juive en particulier, ont été la cible de la terreur, frappées au coeur, meurtries dans leurs chairs…

Le 11 janvier, la société, trop longtemps muette et passive, est sortie de son silence apeuré ou complice, elle s’est massivement levée pour affirmer sa détermination à vivre en fraternité…Aujourd’hui il nous faut agir ! Agir pour lutter, dans un front uni, contre le terrorisme et tous ceux qui instrumentalisent et dévoient la religion pour tuer au nom de Dieu, d’où qu’ils viennent et quels qu’ils soient. Agir pour ne laisser personne au bord du chemin de la vie….La France, qui rayonne dans le monde entier par ses valeurs d’humanisme, d’universalité et de partage, ne peut se taire face à l’épreuve de ses frères humains.

N’oublions pas le terrible verdict de Chantecler dans le « Roman de Renart » : « Maudits soient les yeux qui se ferment quand ils doivent rester ouverts ».

Ce verset biblique vaut pour chacun : «  Tu aimeras l’étranger comme toi-même car tu as été étranger en terre d’Égypte » (Lév 19, 34)

Le feu de l’enfer éteint par le feu de l’amour

Interview de Kim dans « La Croix »

11 juin 2022

Le 8 juin 72, il y a tout juste 50 ans, vous étiez victime d’un bombardement. Comment vivez-vous cet anniversaire ?

Je continue de porter mon passé, bien sûr, mais de façon différente. A l’époque j’étais une gamine innocente, souffrant atrocement…Mais ensuite j’ai choisi ma vie. Je suis devenu une épouse, une maman, une grand-mère, une militante. J’ai frôlé la mort ce jour-là mais le fait d’avoir survécu devait avoir un sens.

Lequel ?

Celui de témoigner. Témoigner que, même après cela, on peut trouver la paix. Je suis profondément croyante, je suis baptiste. Pour moi, on ne peut rien changer au passé mais on peut changer l’avenir grâce à l’amour et au pardon.

Pourquoi détestiez-vous cette photo ?

Elle m’embarrassait. Être exposée ainsi au monde entier, hurlant tout nue…Et puis elle me ramenait en permanence au moment le plus douloureux de ma vie ; j’avais 9 ans, et en une fraction de seconde, mon enfance s’est arrêtée net. Il n’y a pas de mot pour dire ce que je ressentais. Le napalm brûle à 3000 ° ; j’avais l’impression d’être cuite vivante…jusqu’aux os…J’ai fini par faire la paix avec cette photo. Par la voir, au fil du temps, comme une sorte de don. Elle m’a offert une notoriété qui m’a permis ensuite de promouvoir la paix.

Gardez-vous des séquelles physiques ?

Plein !! En gros le tiers de mon corps a été brûlé en profondeur. J’ai donc dû enchaîner les greffes de peau (17) et les écarts de température restent encore douloureux…Heureusement ma vie a totalement changé ces dernières années grâce à un traitement au laser…

Estimez-vous avoir eu une enfance sacrifiée ?

Oui. Après avoir perdu connaissance, on m’a emmenée à l’hôpital : on a bandé mes plaies mais comme mon état empirait, on a fini par m’envoyer à la morgue. Les victimes des brûlures de guerre survivaient rarement…Au bout de deux ou trois jours, mes parents ont réussi à me retrouver et l’on m’a réellement prise en charge. On m’a imposée des bains quotidiens pour empêcher que les brûlures de mon dos, de ma nuque – des plaies à vif – s’infectent. Ces bains quotidiens, c’était l’enfer sur terre ! La douleur était telle que je m’évanouissais chaque fois.. .C’était abominable.

Dans « Sauvée de l’enfer » en 2017, vous expliquez que lorsque vous étiez étudiante, vous avez voulu quitter la vie. Pourquoi ?

Parce que détestais ma vie ! Je souffrais constamment et avec mes cicatrices hideuses je croyais ne jamais trouver l’amour. Ces années, je n’ai nourri qu’un espoir : faire médecine pour devenir pédiatre et venir en aide aux enfants. Mais je me suis retrouvée instrumentalisée par les autorités vietnamiennes qui entendaient m’utiliser à des fins de propagande pour dire tout le mal que je pensais de ceux qui avaient brisé mon enfance. Je devais enchaîner les interventions publiques…Devant les journalistes étrangers, les traducteurs modifiaient mes propos pour qu’ils collent à ce que le pouvoir attendait de moi…J’étais au bord du suicide.

A cette époque, vous tombez, par hasard, sur une bible. En quoi cela a-t-il changé votre vie ?

C’était le plan de Dieu (rires) ! En 1982, en effet par hasard je tombe sur une bible dans une bibliothèque d’Hô Chi Minh-Ville. Je la feuillette et je m’arrête sur le Nouveau Testament. Là je découvre que Jésus a souffert pour le message qu’il annonçait. Je découvre aussi qu’on peut être aimé de façon inconditionnelle. Et ce baume-là, sur un coeur meurtri comme le mien, c’était extraordinaire. Je me suis convertie peu après. Ce que mes parents ont pris pour une trahison. Ils étaient adeptes du caodaïsme et, pour eux, je devenais une renégate.

J’étais une étudiante sans le sou, et, à partir de là, ma mère a refusé de me donner de l’argent. Elle m’a dit : « Tu crois dans ton Dieu ; eh bien ton Dieu prendra soin de toi » . J’ai serré les dents mais j’ai beaucoup pleuré. Pour la petite histoire, mes parents ont fini par se convertir, mais 15 ans plus tard !

Au fond je dirais que la foi dans l’évangile m’a permis de trouver la paix. La joie aussi. J’ai progressivement appris à ne plus avoir peur de l’avenir, de la douleur, de moi-même aussi ! Comme si Dieu avait mis une sorte de distance entre moi et ma souffrance.

Cela vous a aidée à ne pas vivre dans le passé ?

Sans doute. S’enfermer dans le passé, c’est un piège. On peut s’y noyer. Il ne faut pas le ressasser mais plutôt s’en servir pour s’élever. Après pour être honnête, le pardon dont parlait tant la Bible, ça je n’étais pas sûre d’en être capable ( rires)

C’est-à-dire ?

Le « Aimez vos ennemis », comment dire ?…Il faut se replacer dans le contexte. J’avais tellement d’ennemis à l’époque : les pilotes qui avaient bombardé mon village, les agents du gouvernement…Le pardon, je n’étais pas prête. Et puis avec le temps, j’ai fini par comprendre qu’on ne peut pas y arriver seule. Dieu doit nous aider, nous donner la force. D’ailleurs je dis souvent à Dieu : « Fais ta part, je fais la mienne… »(rires)

Vous disiez avoir cru ne pas pouvoir trouver l’amour …

Je me trompais…Avec ma peau de buffle, je pensais que personne ne voudrait de moi : j’ai finalement trouvé l’amour. Voilà un peu plus de 30 ans que Toan partage ma vie. Il m’accepte telle je suis, inconditionnellement…Les médecins m’avaient toujours répété que mon corps avait trop souffert pour enfanter…Ils se trompaient. Nous avons eu deux garçons, Thomas et Stephen, et trois petits-enfants.

En 1996, lors d’une commémoration, vous rencontrez le capitaine responsable du bombardement. Que vous êtes-vous dit ?

(silence) Il répétait en boucle : «  Je suis tellement désolé ! Tellement désolé, tellement désolé… ». Il pleurait comme un enfant. Il m’a demandé si je lui pardonnais et je lui ai répondu que oui. Durant ces années, j’avais travaillé tous les jours sur le pardon et à ce moment-là, j’étais prête. Je crois même pouvoir dire que j’étais reconnaissante de pouvoir accorder mon pardon à cet homme

Après, vous avez décidé de fonder « The Kim Foundation international ».

C’est une ONG engagée auprès des enfants blessés ou gravement handicapés du fait de la guerre. Nous levons des fonds en partenariat avec d’autres organisations pour ouvrir des dispensaires, des écoles, des bibliothèques. L’idée est de réparer, dans la mesure de nos moyens évidemment, l’impact de la guerre sur tous ces enfants. ( …)

Jour Anniversaire de la Shoah

« Ne permettez pas que cette cruauté indicible soit oubliée»

Ce mercredi 26 janvier, à la fin de l’audience générale, François a salué la rescapée d’Auschwitz Lidia Maksymowicz. À la veille de la journée internationale dédiée à la mémoire des victimes de la Shoah, le Pape a encouragé la prise de conscience des nouvelles générations.

«Cette cruauté indicible ne doit jamais se répéter»

Tels sont les mots du Souverain pontife à l’issue de l’audience générale du mercredi 26 janvier. À la veille de la Journée internationale du souvenir, à l’occasion du 77e anniversaire de la libération du camp d’Auschwitz-Birkenau, symbole de la Shoah qui a brisé la vie de millions de personnes et de familles, le Pape François a lancé un appel : «Il est nécessaire de se souvenir de l’extermination de millions de Juifs et de personnes de différentes nationalités et confessions religieuses. Cette cruauté indicible ne doit jamais être répétée.»

Le Pape s’est adressé à tous, mais en particulier «aux éducateurs et aux familles afin qu’ils puissent favoriser chez les nouvelles générations une prise de conscience de l’horreur de cette page noire de l’histoire». «Qu’elle ne soit jamais oubliée, a averti le Souverain pontife, afin que nous puissions construire un avenir dans lequel la dignité humaine ne sera plus jamais bafouée».

L’appel s’est transformé en accolade à la fin de l’audience, lorsque le Pape a salué Lidia Maksymowicz, une Polonaise d’origine biélorusse, internée dans le camp d’Auschwitz-Birkenau à l’âge de trois ans avec sa mère, perdue puis retrouvée à l’âge adulte en Russie. Il s’agit de la deuxième rencontre entre le pape et Lidia Maksymowicz, témoin vivant des drames des camps de concentration et des expériences du docteur Josef Mengele.

Déjà le 26 mai 2021, à la fin d’une audience générale dans la cour de San Damaso, la rescapée avait salué François qui, à la stupéfaction collective, s’était penché pour embrasser le numéro tatoué sur son bras, toujours visible 77 ans après l’horreur qu’elle avait vécue : «70072». «Le baiser du Saint-Père m’a renforcé et m’a réconcilié avec le monde», avait-elle alors déclaré.  

L’année dernière, à l’occasion de la journée de la mémoire, François avait rappelé «cette immense tragédie» lors de l’angélus, en déclarant : «L’indifférence n’est pas admissible et nous devons nous souvenir». Il avait invité les fidèles à prier «en disant dans leur cœur : plus jamais ça».

27 Janvier : Jour de la Shoah

Le Message du 27 janvier

27 janvier 1945, vers onze heures, il y a 76 ans. Une première patrouille de l’Armée Rouge pénétra dans le camp d’Auschwitz III, puis dans l’après-midi dans Birkenau et dans Auschwitz I. Il y avait encore environ 7.000 détenus survivants.

Les soldats soviétiques furent saisis d’horreur. Il fallut encore de nombreux mois de combat pour que l’ensemble du système concentrationnaire nazi fût démantelé, jusqu’au 8 mai inclus, avec la libération du camp de Terezin près de Prague. Pour tous les soldats soviétiques, américains, britanniques, français qui eurent à pénétrer dans les camps, ce fut la sidération.

Ces soldats se battaient sur tous les fronts depuis des années…Mais ils découvrirent là l’inimaginable, l’ignominie absolue, le système concentrationnaire nazi.

 Pourtant les nazis avaient cherché à camoufler leur crime, en contraignant les malheureux déportés déjà exténués à d’invraisemblables marches dans le froid glacial de l’hiver, les « Marches de la mort », et en faisant sauter les chambres à gaz.

Et encore, ces soldats ignoraient-ils ce que l’on découvrit peu à peu, à mesure que des témoignages purent s’exprimer, et que des études historiques purent être réalisées : l’organisation d’un véritable système concentrationnaire, allant jusqu’aux détails les plus infimes pour humilier et faire souffrir toujours plus ; l’arrachement à leur vie quotidienne, à leurs foyers, de millions d’hommes et de femmes, de vieillards, d’enfants de tous âges, avec des rafles brutales organisées dans toute l’Europe ; leur transport dans des conditions immondes vers les camps ; les chambres à gaz pour les plus faibles dès l’arrivée après une sélection rapide, la survie en enfer pour les autres qui se retrouvaient dans ce « royaume de la malédiction » dont parla Élie Wiesel.

Tous les camps avaient en commun une organisation minutieuse et sadique pour non seulement tuer, mais surtout pour dépouiller les prisonniers de leur dignité de personne humaine. Ils avaient drainé des millions d’hommes et de femmes, de vieillards et d’enfants arrachés brutalement à leurs maisons, à leurs familles, dans tous les pays d’Europe, parce qu’ils étaient juifs.

Élie Wiesel le rappela dans son témoignage au procès de Klaus Barbie : « Le juif fut condamné à la mort parce qu’il était né juif, parce qu’il portait en lui une mémoire juive »
 
Comme chaque année, nous faisons mémoire de cette libération dans toute l’Europe et ailleurs dans le monde, avec la Journée internationale de la Mémoire des Victimes de la Shoah et de Prévention des crimes contre l’Humanité instituée en octobre 2002 par les ministres de l’Éducation des États membres du Conseil de l’Europe, et adoptée en 2005 par les Nations Unies.

Pourquoi faire Mémoire ? Bien sûr pour rendre hommage aux victimes, mais aussi parce que le temps présent confirme chaque jour la justesse et l’actualité de la crainte exprimée par Primo Levi lorsqu’il disait : « L’idée d’un nouvel Auschwitz n’est certainement pas morte, comme rien ne meurt jamais. Tout resurgit sous un jour nouveau, mais rien ne meurt jamais. »
 
La barbarie n’est pas morte. Elle est même bien vivante. Elle s’active sur tous les continents, avec la nouvelle barbarie djihadiste, en France, en Europe, et dans le monde entier, en Afrique, au Moyen-Orient, en Asie. Une barbarie d’une cruauté inouïe, dont sont victimes juifs, chrétiens et musulmans, et particulièrement les femmes et les enfants, tandis que dans notre propre pays des attentats tuent, et que la haine des juifs se manifeste ouvertement, quotidiennement, sans complexe.
 
En janvier 2016, le pape François en visite à la Grande Synagogue de Rome, rappela la nécessité de l’acte de Mémoire :« Le passé doit nous servir de leçon pour le présent et l’avenir. La Shoah nous enseigne qu’il convient d’être toujours extrêmement vigilants, pour pouvoir intervenir à temps dans la défense de la dignité humaine et de la paix. »


Être vigilants, tel est le Message du 27 janvier. 

Jean-Dominique Durand
Président de l’AJCF — Amitié judéo-chrétienne de France

Nous traiter avec respect

Washington D.C. – 20. 01. 2021 – Joe Biden a prêté serment sur la Bible familiale, traduction anglaise imprimée à Douai à la fin du 16ème siècle.

Extraits

« …Aujourd’hui, nous célébrons le triomphe, non pas d’un candidat, mais d’une cause, la cause de la démocratie. Nous avons appris une fois de plus que la démocratie est précieuse. La démocratie est fragile.

Rares sont ceux dans les annales de notre pays qui ont eu plus de défis à relever ou qui ont vécu à une époque aussi difficile que la nôtre. Un virus extrêmement rare hante silencieusement le pays. Il a fait autant de victimes que l’Amérique a pleurées pendant l’ensemble de la Seconde Guerre mondiale. Des millions d’emplois ont disparu, des centaines de milliers d’entreprises ont fermé, un appel à la justice raciale en gestation depuis 400 ans nous émeut. Le rêve d’une justice pour tous ne sera plus différé. (Applaudissements)

Un cri pour la survie vient de la planète elle-même. Un cri qui ne saurait être plus désespéré ni plus clair, et maintenant la montée de l’extrémisme politique, du suprémacisme blanc, du terrorisme intérieur que nous devons affronter et que nous vaincrons. (Applaudissements)

La voie de l’unité

Aujourd’hui, en ce jour de janvier, voici ce à quoi mon âme est pleinement attachée : rassembler l’Amérique, unir notre peuple, unir notre nation. Et je demande à chaque Américain de se joindre à moi dans cette cause. (Applaudissements)

Je sais que parler d’unité peut paraître une idée folle de nos jours. Je sais que les forces qui nous divisent sont profondes et qu’elles sont réelles. Mais je sais aussi qu’elles ne sont pas nouvelles. Notre histoire est un combat constant entre l’idéal américain, celui qui veut que nous sommes tous créés égaux, et la dure et laide réalité que le racisme, le nativisme, la peur, la diabolisation nous déchirent depuis longtemps.

L’histoire, la foi et la raison nous montrent la voie, la voie de l’unité. Nous pouvons nous voir les uns les autres, non pas comme des adversaires, mais comme des voisins. Nous pouvons nous traiter les uns les autres avec dignité et respect. Nous pouvons unir nos forces, cesser de crier et baisser le ton. Car sans unité, il n’y a pas de paix ; il n’y a que de l’amertume et de la fureur. Pas de progrès, mais rien qu’une indignation épuisante. Pas de nation, mais rien d’autre que le chaos.

Et donc, aujourd’hui, maintenant, en ce lieu, prenons un nouveau départ, tous ensemble. Recommençons à nous écouter les uns les autres. À nous entendre les uns les autres. À nous voir les uns les autres. À nous respecter les uns les autres. Il n’est pas dit que la politique doive être un incendie qui fait rage, détruisant tout sur son chemin. Chaque désaccord n’a pas à être une cause de guerre totale. Et nous devons rejeter la culture dans laquelle les faits eux-mêmes sont manipulés, et même fabriqués. (Applaudissements)

À tous ceux qui ont soutenu notre campagne, je suis plein d’humilité face à la confiance que vous avez placée en nous. À tous ceux qui ne nous ont pas soutenus, permettez-moi de vous dire ceci. Si vous n’êtes toujours pas d’accord, qu’il en soit ainsi. La démocratie, c’est cela. L’Amérique, c’est cela. Le droit de ne pas être d’accord pacifiquement.

Mais écoutez-moi attentivement, un désaccord ne doit pas mener à la désunion. Et je m’y engage devant vous, je serai le président de tous les Américains, de tous les Américains. (Applaudissements) Et je vous le promets, je me battrai aussi bien pour ceux qui ne m’ont pas soutenu que pour ceux qui l’ont fait. (Applaudissements)

Un peuple selon saint Augustin

Il y a de nombreux siècles, Saint Augustin, un saint de mon Église, a écrit qu’un peuple était une multitude d’êtres définis par leur amour commun des mêmes choses. Définis par leur amour commun des mêmes choses. Quels sont les choses que nous, Américains, aimons en commun, qui nous définissent en tant qu’Américains ?

Ce sont les opportunités, la sécurité, la liberté, la dignité, le respect, l’honneur et, oui, la vérité. Les semaines et les mois derniers nous ont appris une leçon douloureuse. Il y a la vérité et il y a les mensonges, les mensonges dits pour le pouvoir et le profit.

Et chacun de nous a le devoir et la responsabilité, en tant que citoyens, en tant qu’Américains, et surtout en tant que dirigeants, de dirigeants qui se sont engagés à honorer notre Constitution et à protéger notre nation, de défendre la vérité et de vaincre les mensonges. (Applaudissements)

Je comprends que beaucoup de mes compatriotes américains envisagent l’avenir avec peur et appréhension. Je comprends que, comme mon père, allongés dans leur lit la nuit, les yeux rivés au plafond, ils se demandent : « Est-ce que je vais pouvoir garder ma couverture santé, est-ce que je vais pouvoir rembourser mon prêt immobilier ? »

Mais la réponse n’est pas de se replier sur soi, de se réfugier au sein de factions rivales, en se méfiant de ceux qui ne ressemblent pas — qui ne nous ressemblent pas, ou qui n’exercent pas leur foi comme nous, ou qui s’informent auprès de sources différentes des nôtres.

Nous devons arrêter cette guerre incivile qui oppose le rouge au bleu, la campagne à la ville, les conservateurs aux progressistes. Nous pouvons y arriver si nous ouvrons nos âmes au lieu d’endurcir nos cœurs.

Et si on se comporte comme cela, notre pays va être plus fort, plus prospère, plus préparé pour l’avenir. Et cela n’empêche pas d’avoir des avis différents. Mes chers compatriotes, dans la tâche qui nous attend, nous allons avoir besoin les uns des autres. Il nous faut toutes nos forces pour préserver — pour persévérer pendant ce sombre hiver. Nous entrons dans ce qui sera peut-être la phase la plus difficile et la plus mortelle du virus.

Pour ma première action en tant que président, j’aimerais vous demander de vous joindre à moi dans un moment de prière silencieuse en hommage à tous ceux que nous avons perdu à cause de la pandémie au cours de l’année écoulée : 400 000 concitoyens —

[MOMENT DE SILENCE]

Amen. Mes amis, l’heure est à l’épreuve. Nous sommes confrontés à une attaque contre notre démocratie et la vérité, à un virus qui fait rage, à des inégalités croissantes, à la douleur cinglante du racisme systémique, à la crise climatique, à la question du rôle de l’Amérique dans le monde. Ne serait-ce qu’un seul de ces problèmes constituerait un défi de taille. Mais le fait est que nous devons les affronter tous en même temps. C’est la plus grande responsabilité que cette nation ait jamais eu à assumer. Nous allons être mis à l’épreuve.

Allons-nous faire face à nos responsabilités et transmettre à nos enfants un monde nouveau et meilleur ? Je suis persuadé que nous allons réussir. Et lorsque nous aurons réussi, nous écrirons le prochain grand chapitre de l’histoire des États-Unis d’Amérique aux accents d’une chanson qui me tient à cœur. Cette chanson a pour titre American Anthem. Un de ses couplets revêt une importance particulière pour moi.

Voici ce qu’il dit : « Le travail et les prières des siècles nous ont menés jusqu’à ce jour. Que laisserons-nous à la postérité ? Que diront nos enfants ? Que je sache en mon cœur quand mes jours seront terminés. Amérique, Amérique, je t’ai donné le meilleur de moi-même. »

Si nous agissons ainsi, à la fin de nos jours, nos enfants et les enfants de nos enfants diront de nous : « Ils ont fait de leur mieux, ils ont accompli leur devoir, ils ont pansé les plaies d’un pays brisé. » Mes compatriotes, je conclus cette journée comme je l’ai commencée, avec un serment sacré devant Dieu et devant vous tous. Je vous donne ma parole, je serai toujours honnête avec vous. Je défendrai la Constitution. Je défendrai notre démocratie. Je défendrai l’Amérique.

Avec résolution et détermination, nous prenons la responsabilité de ces tâches du moment, soutenus par la foi, animés par la conviction et dévoués les uns aux autres ainsi qu’au pays que nous aimons de tout notre cœur. Que Dieu bénisse l’Amérique et que Dieu protège nos soldats. Merci, l’Amérique.

Joe BIDEN

27 janvier : 75ème anniversaire de la libération du camp de la mort Auschwitz – Birkenau

D’après le ministère de l’Intérieur, les faits racistes et xénophobes ont augmenté de 130% pour l’année 2019, dans un bilan publié ce dimanche 26 janvier. Une hausse de 27% par rapport à 2018.

Un repli avait été enregistré lors de ces deux dernières années, mais pour 2019, leur nombre a explosé. Les actes racistes et xénophobes ont augmenté de 130%, selon un bilan du ministère de l’Intérieur, diffusé ce dimanche 26 janvier. « Pour l’essentiel, ces faits relèvent de la catégorie des ‘menaces' », détaille la place Beauvau, qui publie chaque année un rapport des actes « antireligieux, antisémites, racistes et xénophobes ». Pour l’année qui vient de s’écouler, 1.142 faits ont été comptabilisés, contre seulement 496 en 2018.

AUGMENTATION DE L’ANTISÉMITISME

Les faits à caractère antisémite ont augmenté de 27%, par rapport à 2018 : 687 ont été enregistrés en 2019, contre 541 l’année précédente. Parmi eux, 151 atteintes aux personnes et aux biens tels que des dégradations, des vols ou encore des violences physiques, contre 536 menaces. Ces dernières expliquent notamment l’augmentation, doublant de 50% par rapport à 2018, alors que les violences ont baissé de 15%. Les atteintes aux personnes sont en net recul (44%) selon le ministère de l’Intérieur.

Selon une étude IFOP, diffusée mardi 21 janvier, un tiers des Français de confession ou de culture juive disent se sentir souvent menacé, en raison de leur appartenance religieuse.

LES ACTES « ANTICHRÉTIENS » STABLES, FAITS « ANTIMUSULMANS » FAIBLES

Le nombre d’actes « antichrétiens » est toujours le plus important, comparativement à la totalité des faits. Il reste « stable » selon l’Intérieur : 1.052 recensés en 2019, contre 1.063 en 2018. Contrairement aux menaces (56), les actions restent les plus élevées (996) et consistent essentiellement à des atteintes aux biens à caractère religieux.

Les faits « antimusulmans », restent quant à eux « relativement faibles », avec seulement 154 actes recensés – dont 63 actions contre 91 menaces. Pourtant, leur nombre est en hausse par rapport à 2018, où 100 actions et menaces ont été recensées. Tout comme les faits « antichrétiens », l’essentiel concerne des atteintes aux biens religieux.

Christophe Castaner et Laurent Nunez appellent à une « condamnation ferme et claire de l’ensemble des responsables politiques qui s’inscrivent dans le champ républicain ». Pour le ministre de l’Intérieur, et le secrétaire d’Etat, « la permanence de la haine antisémite, et plus généralement l’inquiétante banalisation des propos et comportements racistes et xénophobes, appellent un sursaut de conscience de notre société », alors que nous commémorons le 75ème anniversaire de la libération du camp d’Auschwitz.