Lettre pastorale du Cardinal Saliège

23 août 1942

La France vient de commémorer le 80ème anniversaire de la « Rafle du Vel’ d’Hiv ». Ce 16 juillet 1942, sans même avoir reçu l’ordre des Allemands, la police française fit la traque des Juifs et les parqua, dans des conditions inhumaines, dans le stade du Vel d’Hiv. Ils étaient près de 15 000. Peu après, des convois les amenaient à Auschwitz pour être exterminés.

Dans le silence général, une voix se fit entendre, celle de Mgr Saliège. « Il a sauvé l’honneur de l’Église en 1942 parce qu’il a compris qu’elle ne devait pas renoncer à cette dimension prophétique…à ce rôle d’« Église sentinelle » (Pasteur Visser ‘t Hooft).

Albert Camus écrira : «  La grande foule des hommes attendait pendant toutes ces années qu’une voix s’élevât pour dire nettement où se trouvait le mal »

Monseigneur Jules-Géraud Saliège (1870-1956), archevêque de Toulouse est de longue date un ardent défenseur des Juifs. Durant l’été 1942, il obtient des informations aux sujets des rafles et des premières déportations.

Le dimanche 23 août 1942, il fait lire une lettre pastorale de protestation, qu’il a lui-même rédigée, dans toutes les églises de l’archidiocèse de Toulouse.

En l’espace d’une nuit, le document devient un manifeste. Des centaines de milliers d’exemplaires sont copiés et distribués. Certains historiens qualifieront cette déclaration de « 18 juin spirituel ».

Pour l’anniversaire de cet événement, ce texte a été proclamé et reproduit dans toute la France.


« Mes très chers Frères,
Il y a une morale chrétienne, il y a une morale humaine qui impose des devoirs et reconnaît des droits. Ces devoirs et ces droits tiennent à la nature de l’homme. Ils viennent de Dieu.
On peut les violer. Il n’est au pouvoir d’aucun mortel de les supprimer.

Que des enfants, des femmes, des hommes, des pères et des mères soient traités comme un vil troupeau, que les membres d’une même famille soient séparés les uns des autres et embarqués pour une destination inconnue, il était réservé à notre temps de voir ce triste spectacle.

Pourquoi le droit d’asile dans nos églises n’existe‐t‐il plus ?
Pourquoi sommes‐nous des vaincus ?
Seigneur ayez pitié de nous.
Notre‐Dame, priez pour la France.

Dans notre diocèse des scènes d’épouvante ont eu lieu dans les camps de Noé et de Récébédou.

Les Juifs sont des hommes, les Juives sont des femmes, les étrangers sont des hommes, les étrangères sont des femmes. Tout n’est pas permis contre eux, contre ces hommes, contre ces femmes, contre ces pères et mères de famille. Ils font partie du genre humain. Ils sont nos Frères comme tant d’autres. Un chrétien ne peut
l’oublier.

France, patrie bien aimée, France qui porte dans la conscience de tous tes enfants la tradition du respect de la personne humaine. France chevaleresque et généreuse, je n’en doute pas, tu n’es pas responsable de ces horreurs.
Recevez mes chers Frères, l’assurance de mon respectueux dévouement. »
Jules‐Géraud Saliège Archevêque de Toulouse 13 août 1942
A lire dimanche prochain, dans toutes les églises, sans commentaire.

Journal La Croix – plusieurs articles – n° juillet-août 2022


Emmanuel Macron :
« L’odieux antisémitisme est là »

Ce dimanche 17 juillet 2022, E. Macron a commémoré les 80 ans de la Rafle.

« Ces heures noires souillent à jamais notre histoire La France, ce jour-là, accomplissait l’irréparable ». A dessein, E. Macron a repris ces mots de J. Chirac, premier Président à reconnaître la responsabilité de la France dans la Shoah. « La France le fit, l’État français le fit. L’État français parqua ces familles avant de les déporter dans des camps d’extermination ».

E. Macron a prononcé ce discours à Pithiviers, dans le Loiret, d’ù sont partis 6000 Juifs vers les camps de la mort. Il a inauguré la gare comme un nouveau lieu de mémoire de la déportation.

« Nous n’en avons pas fini avec l’antisémitisme…Il peut prendre d’autres visages, se draper dans d’autres mots, d‘autres caricatures, mais l’odieux antisémitisme est là, il rôde, toujours vivace…Il se déchaine dans la barbarie terroriste…il s’installe dans la succession des assassinats antisémites. Il s’affiche sur les murs de nos villes. Il s’infiltre par les réseaux sociaux…Il joue de la complaisance de certains partis politiques…

Ni Pétain ni Laval ni aucun de ceux-là n’a voulu sauver des Juifs, c’est une falsification de l’histoire que de le dire … Les forces républicaines doivent redoubler de vigilance…La mécanique de 1940 venait de loin, nourrie de haine et d’un antisémitisme devenu ordinaire… » a conclu le Président.

Selon des rapports, les Juifs français éprouvent un très fort sentiment d’insécurité : 85 % d’antre eux pensent que l’antisémitisme est répandu dans le pays, près des ¾ le pensent en hausse ..1/3 d’entre eux disent s’être sentis en insécurité en 2022.

Journal La Croix 18 8 22

Cérémonie à la Mémoire des Martyrs de la Déportation – 6 sept. 2015

DISCOURS DE HAÏM KORSIA,
GRAND RABBIN DE FRANCE

Il y a tout juste 70 ans, les camps d’extermination étaient libérés par les forces alliées. Le monde découvrait l’horreur insoutenable de la barbarie nazie. Des enfants, des vieillards, des femmes, des hommes, parqués dans des camps avec la ferme intention de les éliminer, mais, avant, de les déshumaniser, d’en faire des morceaux, « des stücke »…Des millions de personnes destinées à une mort certaine, industrielle et systématique, soumises à des tâches exténuantes ou directement sélectionnées pour la chambre à gaz….

Pourquoi, d’année en année, perpétuer ainsi la mémoire de la shoah ? Enseigner n’est pas guérir mais tirer les leçons de l’histoire, prévoir et prévenir. Ce n’est ni par culte de la mort, ni par obsession du passé, mais parce qu’il est de notre devoir d’enseigner à nos enfants et de porter au monde ce que l’homme, mû par d’épouvantables ambitions, a pu un jour faire d’un autre homme.

Nous honorons la mémoire des six millions d’âmes disparues, mais nous célébrons aussi la vie…Nous rendons hommage aux Justes et aux résistants et nous dénonçons la politique collaborationniste du régime de Pétain qui livra les Juifs à l’occupant….

Le mal n’est jamais loin de nous, car il est aussi en nous. Comment ne pas évoquer le maux qui rongent aujourd’hui notre monde ? Combattons-nous assez l’extrémisme et les nouveaux totalitarismes ? Sommes-nous assez âpres à la lutte contre le racisme et l’antisémitisme qui tue pourtant, aujourd’hui encore, partout et tout le monde ?

L’an dernier, je dénonçais fermement devant vous les manifestations dans les rues de France, au cours desquelles les cris « mort aux Juifs » avaient si sinistrement retenti, l’attaque des synagogues, mais aussi l’exacerbation des violences antisionistes et antisémites. Début janvier, la communauté nationale, et la communauté juive en particulier, ont été la cible de la terreur, frappées au coeur, meurtries dans leurs chairs…

Le 11 janvier, la société, trop longtemps muette et passive, est sortie de son silence apeuré ou complice, elle s’est massivement levée pour affirmer sa détermination à vivre en fraternité…Aujourd’hui il nous faut agir ! Agir pour lutter, dans un front uni, contre le terrorisme et tous ceux qui instrumentalisent et dévoient la religion pour tuer au nom de Dieu, d’où qu’ils viennent et quels qu’ils soient. Agir pour ne laisser personne au bord du chemin de la vie….La France, qui rayonne dans le monde entier par ses valeurs d’humanisme, d’universalité et de partage, ne peut se taire face à l’épreuve de ses frères humains.

N’oublions pas le terrible verdict de Chantecler dans le « Roman de Renart » : « Maudits soient les yeux qui se ferment quand ils doivent rester ouverts ».

Ce verset biblique vaut pour chacun : «  Tu aimeras l’étranger comme toi-même car tu as été étranger en terre d’Égypte » (Lév 19, 34)

Jour Anniversaire de la Shoah

« Ne permettez pas que cette cruauté indicible soit oubliée»

Ce mercredi 26 janvier, à la fin de l’audience générale, François a salué la rescapée d’Auschwitz Lidia Maksymowicz. À la veille de la journée internationale dédiée à la mémoire des victimes de la Shoah, le Pape a encouragé la prise de conscience des nouvelles générations.

«Cette cruauté indicible ne doit jamais se répéter»

Tels sont les mots du Souverain pontife à l’issue de l’audience générale du mercredi 26 janvier. À la veille de la Journée internationale du souvenir, à l’occasion du 77e anniversaire de la libération du camp d’Auschwitz-Birkenau, symbole de la Shoah qui a brisé la vie de millions de personnes et de familles, le Pape François a lancé un appel : «Il est nécessaire de se souvenir de l’extermination de millions de Juifs et de personnes de différentes nationalités et confessions religieuses. Cette cruauté indicible ne doit jamais être répétée.»

Le Pape s’est adressé à tous, mais en particulier «aux éducateurs et aux familles afin qu’ils puissent favoriser chez les nouvelles générations une prise de conscience de l’horreur de cette page noire de l’histoire». «Qu’elle ne soit jamais oubliée, a averti le Souverain pontife, afin que nous puissions construire un avenir dans lequel la dignité humaine ne sera plus jamais bafouée».

L’appel s’est transformé en accolade à la fin de l’audience, lorsque le Pape a salué Lidia Maksymowicz, une Polonaise d’origine biélorusse, internée dans le camp d’Auschwitz-Birkenau à l’âge de trois ans avec sa mère, perdue puis retrouvée à l’âge adulte en Russie. Il s’agit de la deuxième rencontre entre le pape et Lidia Maksymowicz, témoin vivant des drames des camps de concentration et des expériences du docteur Josef Mengele.

Déjà le 26 mai 2021, à la fin d’une audience générale dans la cour de San Damaso, la rescapée avait salué François qui, à la stupéfaction collective, s’était penché pour embrasser le numéro tatoué sur son bras, toujours visible 77 ans après l’horreur qu’elle avait vécue : «70072». «Le baiser du Saint-Père m’a renforcé et m’a réconcilié avec le monde», avait-elle alors déclaré.  

L’année dernière, à l’occasion de la journée de la mémoire, François avait rappelé «cette immense tragédie» lors de l’angélus, en déclarant : «L’indifférence n’est pas admissible et nous devons nous souvenir». Il avait invité les fidèles à prier «en disant dans leur cœur : plus jamais ça».

La Pentecôte : Fête d‘Israël

Chavouot 2021 (une fête de deux jours, célébrée depuis le coucher du soleil le 16 mai jusqu’à la tombée de la nuit le 18 mai) coïncide avec la date à laquelle D.ieu a donné la Torah au peuple juif au mont Sinaï il y a plus de 3300 ans. Elle a lieu au terme de 49 jours de compte impatients, qui nous ont permis de nous préparer pour ce jour spécial.

Elle est célébrée en allumant des bougies, en restant éveillés toute la nuit à étudier la Torah, en écoutant la lecture des Dix Commandements à la synagogue, en faisant un festin de produits laitiers et plus encore.

Cette année nous lirons les Dix Commandements à la synagogue le lundi 17 mai 2021.

(in FR.CHABAD.ORG du 17.5.21)

Concile Vatican II : « Nostra Aetate »

Relations de l’Église avec le Judaïsme (extraits)

Scrutant le mystère de l’Église, le Concile rappelle le lien qui relie spirituellement le peuple du Nouveau Testament à la lignée d’Abraham. L’Église du Christ, en effet, reconnaît que les prémices de sa foi et de son élection se trouvent, selon le mystère divin du salut, chez les patriarches, Moïse et les prophètes …

C’est pourquoi l’Église ne peut oublier qu’elle a reçu la révélation de l’Ancien Testament par ce peuple avec lequel Dieu, dans sa miséricorde indicible, a daigné conclure l’antique Alliance, …

L’Église croit, en effet, que le Christ, notre paix, a réconcilié les Juifs et les Gentils par sa croix et en lui-même, des deux, a fait un seul.

Selon le témoignage de l’Écriture Sainte, Jérusalem n’a pas reconnu le temps où elle fut visitée; les Juifs, en grande partie, n’acceptèrent pas l’Évangile, et même nombreux furent ceux qui s’opposèrent à sa diffusion. Néanmoins, selon l’Apôtre Paul, les Juifs restent encore, à cause de leurs pères, très chers à Dieu, dont les dons et l’appel sont sans repentance . Avec les prophètes et le même Apôtre, l’Église attend le jour, connu de Dieu seul, où tous les peuples invoqueront le Seigneur d’une seule voix et « le serviront sous un même joug » (So 3, 9).

Du fait d’un si grand patrimoine spirituel, commun aux chrétiens et aux Juifs, le saint Concile veut encourager et recommander la connaissance et l’estime mutuelles, qui naîtront surtout d’études bibliques et théologiques, ainsi que d’un dialogue fraternel.

Encore que des autorités juives, avec leurs partisans, aient poussé à la mort du Christ, ce qui a été commis durant sa Passion ne peut être imputé ni indistinctement à tous les Juifs vivant alors, ni aux Juifs de notre temps… Les Juifs ne doivent pas, pour autant, être présentés comme réprouvés par Dieu ni maudits, comme si cela découlait de la Sainte Écriture. …

En outre, l’Église, qui réprouve toutes les persécutions contre tous les hommes, quels qu’ils soient, ne pouvant oublier le patrimoine qu’elle a en commun avec les Juifs, et poussée, non pas par des motifs politiques, mais par la charité religieuse de l’Évangile, déplore les haines, les persécutions et les manifestations d’antisémitisme, qui, quels que soient leur époque et leurs auteurs, ont été dirigées contre les Juifs.

D’ailleurs, comme l’Église l’a toujours tenu et comme elle le tient encore, le Christ, en vertu de son immense amour, s’est soumis volontairement à la Passion et à la mort à cause des péchés de tous les hommes et pour que tous les hommes obtiennent le salut. Le devoir de l’Église, dans sa prédication, est donc d’annoncer la croix du Christ comme signe de l’amour universel de Dieu et comme source de toute grâce.


Conflit israélo-palestinien
inquiétants débordements antisémites en Allemagne

Après que le conflit israélo-palestinien a été réactivé par l’annonce de projets d’expulsions de familles palestiniennes à Jérusalem-Est, des manifestations pro palestiniennes ont lieu dans plusieurs pays du monde. En Allemagne, plusieurs incidents et manifestations anti-Israël charrient un antisémitisme virulent.

Des drapeaux de l’État hébreu ont été brûlés devant les synagogues de Münster et de Bonn, Mais derrière un supposé positionnement anti-israélien, ce sont bien à des actes et des propos antisémites que nous avons affaire.

Mercredi soir, une nouvelle manifestation non autorisée dans cette région, à Gelsenkirchen, où selon la police près de 200 personnes scandaient des slogans anti-israéliens se dirigeaient vers la synagogue locale, a été interrompue par les forces de l’ordre. Parmi ces « slogans » : « Scheiss Juden/Juifs de merde ». La preuve, une fois de plus, de la propension du poison antisémite à surgir dès que le conflit israélo palestinien reprend vigueur. « C’est de l’antisémitisme pur, rien d’autre alors que la police avait tout d’abord parlé de « manifestations anti-israéliennes » » a ainsi communiqué le conseil central des Juifs d’Allemagne.

Magazine Marianne, le 14/05/2021

Israël-Palestine : le pape lance un appel « au nom de Dieu »

« Au nom de Dieu ‘qui a créé tous les êtres humains égaux en droits, en devoirs et en dignité, et les a appelés à vivre ensemble comme des frères et des sœurs entre eux’, je lance un appel au calme et, à ceux qui en ont la responsabilité, à cesser le fracas des armes et à emprunter les chemins de la paix, également avec l’aide de la communauté internationale« . Le Saint-Père a ajouté prier « sans cesse« , « pour qu’Israéliens et Palestiniens trouvent le chemin du dialogue et du pardon, pour être de patients bâtisseurs de paix et de justice, s’ouvrant, pas à pas, à une espérance commune, à une coexistence entre frères » .

Dimanche 17 mai 2021 

Unissons-nous à cette prière

27 Janvier : Jour de la Shoah

Le Message du 27 janvier

27 janvier 1945, vers onze heures, il y a 76 ans. Une première patrouille de l’Armée Rouge pénétra dans le camp d’Auschwitz III, puis dans l’après-midi dans Birkenau et dans Auschwitz I. Il y avait encore environ 7.000 détenus survivants.

Les soldats soviétiques furent saisis d’horreur. Il fallut encore de nombreux mois de combat pour que l’ensemble du système concentrationnaire nazi fût démantelé, jusqu’au 8 mai inclus, avec la libération du camp de Terezin près de Prague. Pour tous les soldats soviétiques, américains, britanniques, français qui eurent à pénétrer dans les camps, ce fut la sidération.

Ces soldats se battaient sur tous les fronts depuis des années…Mais ils découvrirent là l’inimaginable, l’ignominie absolue, le système concentrationnaire nazi.

 Pourtant les nazis avaient cherché à camoufler leur crime, en contraignant les malheureux déportés déjà exténués à d’invraisemblables marches dans le froid glacial de l’hiver, les « Marches de la mort », et en faisant sauter les chambres à gaz.

Et encore, ces soldats ignoraient-ils ce que l’on découvrit peu à peu, à mesure que des témoignages purent s’exprimer, et que des études historiques purent être réalisées : l’organisation d’un véritable système concentrationnaire, allant jusqu’aux détails les plus infimes pour humilier et faire souffrir toujours plus ; l’arrachement à leur vie quotidienne, à leurs foyers, de millions d’hommes et de femmes, de vieillards, d’enfants de tous âges, avec des rafles brutales organisées dans toute l’Europe ; leur transport dans des conditions immondes vers les camps ; les chambres à gaz pour les plus faibles dès l’arrivée après une sélection rapide, la survie en enfer pour les autres qui se retrouvaient dans ce « royaume de la malédiction » dont parla Élie Wiesel.

Tous les camps avaient en commun une organisation minutieuse et sadique pour non seulement tuer, mais surtout pour dépouiller les prisonniers de leur dignité de personne humaine. Ils avaient drainé des millions d’hommes et de femmes, de vieillards et d’enfants arrachés brutalement à leurs maisons, à leurs familles, dans tous les pays d’Europe, parce qu’ils étaient juifs.

Élie Wiesel le rappela dans son témoignage au procès de Klaus Barbie : « Le juif fut condamné à la mort parce qu’il était né juif, parce qu’il portait en lui une mémoire juive »
 
Comme chaque année, nous faisons mémoire de cette libération dans toute l’Europe et ailleurs dans le monde, avec la Journée internationale de la Mémoire des Victimes de la Shoah et de Prévention des crimes contre l’Humanité instituée en octobre 2002 par les ministres de l’Éducation des États membres du Conseil de l’Europe, et adoptée en 2005 par les Nations Unies.

Pourquoi faire Mémoire ? Bien sûr pour rendre hommage aux victimes, mais aussi parce que le temps présent confirme chaque jour la justesse et l’actualité de la crainte exprimée par Primo Levi lorsqu’il disait : « L’idée d’un nouvel Auschwitz n’est certainement pas morte, comme rien ne meurt jamais. Tout resurgit sous un jour nouveau, mais rien ne meurt jamais. »
 
La barbarie n’est pas morte. Elle est même bien vivante. Elle s’active sur tous les continents, avec la nouvelle barbarie djihadiste, en France, en Europe, et dans le monde entier, en Afrique, au Moyen-Orient, en Asie. Une barbarie d’une cruauté inouïe, dont sont victimes juifs, chrétiens et musulmans, et particulièrement les femmes et les enfants, tandis que dans notre propre pays des attentats tuent, et que la haine des juifs se manifeste ouvertement, quotidiennement, sans complexe.
 
En janvier 2016, le pape François en visite à la Grande Synagogue de Rome, rappela la nécessité de l’acte de Mémoire :« Le passé doit nous servir de leçon pour le présent et l’avenir. La Shoah nous enseigne qu’il convient d’être toujours extrêmement vigilants, pour pouvoir intervenir à temps dans la défense de la dignité humaine et de la paix. »


Être vigilants, tel est le Message du 27 janvier. 

Jean-Dominique Durand
Président de l’AJCF — Amitié judéo-chrétienne de France

Hommage : Jonathan Sacks, le rabbin des nations

Lord Sacks n’est plus, emporté par un cancer, le samedi 7 novembre, à l’âge 72 ans. Ces jours-ci, les hommages se sont succédé, Jonathan Sacks, fils de réfugiés polonais anobli par la reine d’Angleterre, et siégeant à la Chambre des Lords, était un intellectuel de renom dans sa patrie, mais également dans tout le monde anglophone.

Citations

« Y a-t-il quelque chose que nous pouvons faire, chacun d’entre nous, pour pouvoir envisager l’avenir sans peur ? Je crois que oui … Je pense que la façon la plus simple de protéger votre ‘futur moi’ est de renforcer le ‘futur nous’ », annonce-t-il, en glosant sur « ce formidable rite religieux que nous avons créé » : le selfie avec son téléphone portable. « Je pense que les futurs anthropologues concluront que ce que nous vénérons à notre époque, c’est le soi, le moi, le je. »

« Nous avons pensé pouvoir diriger une société libre sur la seule base de l’économie et de la politique. Le problème, c’est que vous ne pouvez pas pour une raison simple : la politique et l’économie sont des domaines de concurrence »,

A ses yeux, si la civilisation occidentale avait pu s’élever dans l’histoire, c’est grâce à sa vision juive du monde, reprise par le christianisme, qui enseigne que « la vie humaine est sacrée, que l’individu ne peut jamais être sacrifié pour la masse, et que les riches et les pauvres, les grands et les petits, sont tous égaux devant Dieu ».

Mais, aujourd’hui, l’Occident n’est plus une culture chrétienne, c’est une culture mue par les médias, et nous sommes dans une des plus honteuses cultures de tous les temps ! C’est ce que font les réseaux sociaux : vous faites une chose de mal, et vous êtes humiliés à vie. Il n’y plus d’espace pour la miséricorde ». Il loue la distinction entre le pécheur et le péché. « Même si une personne pèche, elle reste toutefois intacte, elle peut être pardonnée. La culture de la culpabilité est une culture du pardon. La culture de honte est sans pitié. Lorsque la honte vous domine, vous n’êtes pas loin du suicide. »

Seuls deux de ses livres sont disponibles en français : La dignité de la différence (2002), chez Bayard, et Dieu n’a jamais voulu ça (2018, Albin Michel – 23 euros)

Pierre Jouva – LA VIE, 4 décembre 2020.

L’épreuve commune nous rappelle le prix inestimable de la vie « ordinaire »

par
Haïm Korsia, Grand Rabbin de France

(…)

Pendant cette lutte contre la pandémie actuelle et après, il faudra maintenir ce même équilibre entre ouverture et fermeture, distance et solidarité, constance et adaptabilité, fidélités et innovations, maîtrise des horloges mais acceptation du temps et de ses rythmes, refus des nouveaux esclavages dans lesquels nous nous complaisons au lieu de bâtir les pyramides modernes dont la science nous donne les moyens.

(…)

Nous découvrons que nous avons abandonné une part de notre savoir-faire en de nombreux domaines au profit d’une certaine mondialisation qui oublie l’humain.

Nous sommes nus à cause de notre course à la maximisation des profits immédiats au détriment de l’élémentaire bon sens, nos hôpitaux sont affaiblis à cause des logiques de management et de «tarification à l’acte» qui avaient oublié qu’un plateau technique est pauvre s’il n’a pas des femmes et des hommes qui s’y dévouent.

Il nous faut réinventer l’élan du Conseil national de la Résistance qui, en pleine guerre, rêvait déjà du monde d’après. C’est bien une renaissance que nous devons envisager.

Et puis nous nous souvenons que nous sommes des êtres en appel de fraternité, de rencontres et de liens sociaux. Donc des êtres fragiles. Nous redécouvrons ceux qui n’étaient plus sur les photos de nos réussites, les «gens de peu», ceux qui, pourtant, sont présents et permettent à notre société de rester debout: les caissières, les commerçants, les livreurs, les transporteurs, les éboueurs, les postiers, les soignants, les policiers, tous les héros si modestes de notre quotidien.

Nous luttons contre un ennemi invisible qui, pire que tout, nous utilise contre nos familles, nos amis, ceux dont, par définition, nous sommes le plus proche. C’est cette inversion des valeurs qui déroute.

Puis naissent des questions existentielles. Certes, en cas d’épidémie, il faut se «confiner», s’enfermer. Le Talmud, déjà, en atteste. Et nous avons voulu protéger nos anciens dans les Ehpad en interdisant les visites, facteurs indéniables de risque. Mais n’est-ce pas justement ce qui nourrit toute leur vie que d’attendre, d’espérer la visite des enfants, des petits-enfants, d’un proche qui donne encore un faible sens à cette vie qui s’effiloche ?
Tarissant leur source de vie, n’avons-nous pas éteint leur seule envie de vivre pour qu’il y ait tant de décès dans ces établissements ?

Interdépendance mondiale

Nous réapprenons la vérité profonde de notre interdépendance mondiale qui doit nous pousser à ne plus traiter l’autre comme un ennemi, un étranger, ou pire, l’objet de notre indifférence: par exemple, notre indifférence de fait, sinon de parole, aux phénomènes climatiques qui font de nous tous un danger véritablement pandémique pour l’avenir de la planète, ou l’homme qui a inventé mille formes vivantes et contagieuses, allant des virus informatiques aux proliférations de séculaires «fake news» en tout genre, dont s’est notamment nourri depuis toujours l’antisémitisme, et sur internet, plus encore.

Si nous parlons tous d’un nouveau monde qui doit advenir après cette crise, chacun pense que celui-ci sera à l’image de ce qu’il croyait avant. Il nous faut être capable de défaire ce que nous prônions afin d’inventer un autre monde, et pas forcément un nouveau monde.
En effet, nous regrettons nos bureaux, nos métros, nos restaurants, nos sorties, bref, un retour à la normale de «nos vies d’avant». Nous avons besoin de ce que nous ne remarquions même pas lorsque nous l’avions, de ce qui est simple.

Nous avons besoin de nous parler, et peut-être, enfin, d’écouter ce que nous n’entendions plus. Mais nous voulons être dans l’action, comme Dieu nous le demande dans la Genèse, juste après la création du monde: À vous de faire! Car cet autre monde sera celui où nous nous engagerons à faire et non plus à subir les choix qui ne sont pas les nôtres, et cela dépendra en dernier ressort de nos comportements collectifs et individuels.
La peur, sain mécanisme de survie, ne doit jamais engendrer la haine de l’autre car cela devient alors pire que le mal.
Heureuse fête de Pessah dans le partage avec tous nos concitoyens de cette espérance.»

Haïm Korsia – Tribune juive 8 avril 2020

27 janvier : 75ème anniversaire de la libération du camp de la mort Auschwitz – Birkenau

D’après le ministère de l’Intérieur, les faits racistes et xénophobes ont augmenté de 130% pour l’année 2019, dans un bilan publié ce dimanche 26 janvier. Une hausse de 27% par rapport à 2018.

Un repli avait été enregistré lors de ces deux dernières années, mais pour 2019, leur nombre a explosé. Les actes racistes et xénophobes ont augmenté de 130%, selon un bilan du ministère de l’Intérieur, diffusé ce dimanche 26 janvier. « Pour l’essentiel, ces faits relèvent de la catégorie des ‘menaces' », détaille la place Beauvau, qui publie chaque année un rapport des actes « antireligieux, antisémites, racistes et xénophobes ». Pour l’année qui vient de s’écouler, 1.142 faits ont été comptabilisés, contre seulement 496 en 2018.

AUGMENTATION DE L’ANTISÉMITISME

Les faits à caractère antisémite ont augmenté de 27%, par rapport à 2018 : 687 ont été enregistrés en 2019, contre 541 l’année précédente. Parmi eux, 151 atteintes aux personnes et aux biens tels que des dégradations, des vols ou encore des violences physiques, contre 536 menaces. Ces dernières expliquent notamment l’augmentation, doublant de 50% par rapport à 2018, alors que les violences ont baissé de 15%. Les atteintes aux personnes sont en net recul (44%) selon le ministère de l’Intérieur.

Selon une étude IFOP, diffusée mardi 21 janvier, un tiers des Français de confession ou de culture juive disent se sentir souvent menacé, en raison de leur appartenance religieuse.

LES ACTES « ANTICHRÉTIENS » STABLES, FAITS « ANTIMUSULMANS » FAIBLES

Le nombre d’actes « antichrétiens » est toujours le plus important, comparativement à la totalité des faits. Il reste « stable » selon l’Intérieur : 1.052 recensés en 2019, contre 1.063 en 2018. Contrairement aux menaces (56), les actions restent les plus élevées (996) et consistent essentiellement à des atteintes aux biens à caractère religieux.

Les faits « antimusulmans », restent quant à eux « relativement faibles », avec seulement 154 actes recensés – dont 63 actions contre 91 menaces. Pourtant, leur nombre est en hausse par rapport à 2018, où 100 actions et menaces ont été recensées. Tout comme les faits « antichrétiens », l’essentiel concerne des atteintes aux biens religieux.

Christophe Castaner et Laurent Nunez appellent à une « condamnation ferme et claire de l’ensemble des responsables politiques qui s’inscrivent dans le champ républicain ». Pour le ministre de l’Intérieur, et le secrétaire d’Etat, « la permanence de la haine antisémite, et plus généralement l’inquiétante banalisation des propos et comportements racistes et xénophobes, appellent un sursaut de conscience de notre société », alors que nous commémorons le 75ème anniversaire de la libération du camp d’Auschwitz.

SEIGNEUR, COMBIEN J’AIME TA LOI

Ce 30 juin à Jérusalem, l’équipe des rabbins hassidiques de TORAH-BOX a intronisé un nouveau rouleau de la TORAH. Son écriture par un scribe spécialisé, avec une plume d’oie, sur un parchemin choisi, a duré plus d’un an. Enroulée dans un beau manteau, apportée sous un dais nuptial – car la TORAH scelle les noces de Dieu avec son peuple Israël -, elle vient en joyeux cortège dans l’allégresse et les chants. Et tout se termine par un banquet, des danses et des cadeaux aux enfants.

 

 

 

Manifestation excessive ? Mais Dieu lui-même a pris l’initiative de parler aux hommes pour les libérer des idoles qu’ils se fabriquent, pour leur prouver sa miséricorde infinie, pour les combler de la lumière de la Vérité. Recevoir le Livre de la PAROLE DE DIEU n’est-ce pas la plus grande occasion d’exulter, d’exprimer sa reconnaissance, de le louer de tout son cœur ?

Comment traitons-nous notre livre d’EVANGILE ? En possédons-nous un au moins ? Reste-t-il fermé sur le rayon de la bibliothèque ? Aimons-nous le lire, le scruter avec émerveillement, en parler entre nous ?

 

PSAUME 119

Combien j’aime ta Loi,
tous les jours je la médite.
J’ai évité toutes les routes du mal
afin de garder ta Parole.
Que tes ordres sont doux à mon palais,
plus que le miel à ma bouche.

Ta Parole est une lampe pour mes pas,
Une lumière pour mon sentier.
Je suis bien trop humilié,
Seigneur, fais-moi revivre selon ta Parole
Agrée l’offrande de mes prières,
Enseigne-moi tes décisions

Que ma langue chante tes ordres,
Car tous tes commandements sont la justice.
De Toi, Seigneur, je désire le salut,
Et ta Loi fait mes délices.