Pier Giorgio Frassati : l’homme des béatitudes

Pier Giorgio Frassati était un rocher de santé. Pourtant, à l’age de 24 ans, en cinq jours, il meurt. Le plus terrible sans doute est que sa famille ne s’en est pas tout de suite aperçu. Au même moment en effet, dans l’appartement familial, sa grand-mère était mourante de vieillesse et tout le monde était à son chevet. Pensant à une grippe, à Pier Giorgio, on n’a donné que de l’aspirine. Il avait contracté la poliomyélite. C’est seulement la veille de sa mort que sa famille se rend compte de la gravité de son état. Son dernier acte aura été de griffonner, sur un billet, l’adresse d’un pauvre pour lequel il avait commandé un médicament.

Un des plus anciens gestes que l’on connaisse de la petite enfance de Pier Giorgio était déjà un geste envers les pauvres. Pier Giorgio est né à Turin, le 6 avril 1901, un an avant sa petite sœur Luciana. Son père, Alfredo Frassati était le fondateur et directeur du journal La Stampa. Plus tard, il sera sénateur puis ambassadeur d’Italie en Allemagne. Sa mère Adélaïde Amétis était peintre, exposant notamment à la Biennale de Venise. Il grandit dans un milieu riche et cultivé qui lui prodigue une éducation rigide. Un jour que son père congédie une mendiante sous prétexte qu’elle sent l’alcool, le petit Pier Giorgio la rejoint sur le seuil, ôte ses chaussures et ses bas, les lui donne en disant « Pour vos enfants ».

Il est lui-même encore enfant quand éclate la première guerre mondiale, de là naîtra un profond désir pour la paix qui parcourra tous ses écrits d’adolescent. Plus tard, en 1921, quand son père est nommé ambassadeur à Berlin, il découvrira la pauvreté et la souffrance des vaincus de la guerre. C’est là qu’il comprendra que la paix commence par le soin apporté aux pauvres.

Son père, qui le juge insouciant, est constamment déçu par ses études et sa mère se résigne à ne pas le voir reprendre le journal, ni hériter l’empire familial. A 17 ans, il entre à l’École Polytechnique de Turin. Si un temps il envisage le sacerdoce, c’est dans l’engagement laïc qu’il trouvera l’épanouissement de sa foi. Il écrit : « Je ne me ferai pas prêtre, chez nous ils ne sont pas au contact du peuple. En tant que laïc, auprès des mineurs, je serais plus efficace ». Son désir de consécration se réalise lorsqu’à 18 ans, il devient tertiaire dominicain sous le nom de Frère Jérôme en référence à Jérôme Savonarole qu’il admire. Les écrits de Saint Thomas d’Aquin et surtout de Sainte Catherine de Sienne exerceront également une profonde influence sur lui.

Étudiant, Il s’engage dans divers cercles catholiques et milite pour l’instauration en Italie d’une démocratie chrétienne, contre la montée en puissance du fascisme italien. Il baptise le groupe d’amis avec lequel il part souvent faire des randonnées en montagne la « compagnie des types louches ». Il écrit : « Si mes études me le permettaient, j’aimerai passer des journées entières sur ses hauteurs à contempler dans la pureté de l’air, la grandeur du créateur ». Comme tous les contemplatifs, il est pétri de prière et nourri d’un amour profond pour l’eucharistie. Il s’engage aussi eu sein des conférences St Vincent de Paul. Il écrit : « Jésus me rend visite chaque matin dans la communion, moi je la lui rends en visitant Ses pauvres. » A un ami qui lui demande comment il fait pour se rendre quotidiennement dans des quartiers aussi mal-famés et des taudis malodorants, il répond : « autour des malades, des souffrants, des pauvres, je vois une lumière ; une lumière que nous n’avons pas. ». C’est dans ces quartiers pourtant, auprès des pauvres qu’il soignait qu’il a contracté la poliomyélite qui l’emportera de manière foudroyante.

Sa famille, ses proches, ignorent tout de la radicalité de son engagement. Ce n’est que le jour de ses funérailles, à la vue de la foule des pauvres venue lui rendre hommage, que l’on découvrira le vrai visage de la charité de Pier Giorgio. Il est, comme sainte Thérèse de Lisieux, de ces personnes qui ne font rien d’extraordinaire, sinon faire surgir l’extraordinaire de l’ordinaire. A chaque moment du quotidien, faire ce que le Christ aurait pensé faire.

Lors de sa béatification à Rome, le 20 mai 1990, le pape Jean-Paul II présentera Pier Giorgio Frassati comme l’homme des béatitudes. C’est en vivant complètement la vie quotidienne à la lumière de l’Évangile que l’on devient un saint. « Heureux les miséricordieux, car ils obtiendront miséricorde. Heureux ceux qui ont une âme de pauvre, Car le Royaume des Cieux est à eux. Heureux ceux qui ont faim et soif de justice, Car ils seront rassasiés. »

Dans une lettre, Pier Giorgio Frassati a écrit : « Vivre sans la foi, sans un patrimoine à défendre, sans soutenir dans une lutte continue la vérité, ce n’est pas vivre, mais vivoter. Nous, nous ne devons jamais vivoter, mais vivre. »

— Fr. Laurent Mathelot OP

Quelques mots avant l’Apocalypse

Adrien Candiard, dominicain, 40 ans, prieur du couvent du Caire, spécialiste de théologie islamique. Plusieurs de ses livres ont remporté un grand succès. Le récent, « Quelques mots avant l’apocalypse », est n° 1 des ventes de livres religieux. Extraits de son interview dans « La Croix » du 9 10 2022.

  • Le titre de votre livre fait peur : pourquoi l’avoir choisi ?

Les événements climatiques de l’été, comme la canicule ou les incendies, ont confirmé l’impression, que j’éprouve depuis plusieurs années, que nous allons de catastrophe en catastrophe. Nous sommes entrés dans la pandémie du covid en imaginant qu’elle prendrait fin un jour ou l’autre, nous avons développé toute une réflexion sur le monde d’après, mais nous sommes passés très vite à la guerre en Ukraine. Pour un Européen de mon âge, celle-ci a suscité une inquiétude assez nouvelle.

Les conséquences des problèmes climatiques se sont révélées plus violentes et plus rapides qu’on ne l’imaginait nous donnant à penser qu’il ne s’agissait que d’un début. En Égypte où je vis, la guerre en Ukraine déclenche une précarité alimentaire, avec une envolée des prix rudement ressentie par la population et une grande incertitude quant à l’approvisionnement du pays dans un avenir proche. A deux pas d’ici, le Liban s’est effondré sous nos yeux.

L’humanité a connu bien des catastrophes, mais jamais au point de provoquer notre propre destruction. C’est vertigineux ! La menace nucléaire comme le changement climatique relèvent de notre responsabilité. Si la foi chrétienne n’avait rien à dire dans une situation aussi vitale pour l’humanité, elle serait totalement insignifiante.

  • Le propos de votre livre s’appuie sur le chapitre 13 de Marc dans lequel Jésus s’exprime sur la fin des temps.

Oui Jésus énonce une parole apocalyptique (le mot vient du grec et signifie « révélation ») questionnant la fragilité de l’humanité, sa capacité à se détruire. Il ne dresse pas la liste des signes qui annonceraient la proximité de la fin du monde. Le Christ précise que personne, pas même lui, ne peut en connaître la date. Toutes les prédictions sont donc vouées à l’échec.

Ce qu’il nous donne à comprendre, c’est le sens de l’histoire humaine. Les événements que nous traversons aujourd’hui, ne sont pas une simple erreur de trajectoire, après quoi l’histoire humaine repartirait sur de bons rails. Jésus nous dit au contraire que la violence fait partie de l’histoire et que le tragique est inévitable parce que la révélation même de l’amour de Dieu peut provoquer aussi bien la conversion que le rejet, aussi bien la sainteté que le refus clair et conscient d’être aimé.. Dans la perspective chrétienne, l’histoire humaine s’articule précisément entre cet accueil et ce refus de l’amour de Dieu.

  • Pour l’heure nous voyons surtout la destruction de la création.

Il est possible – mais pas certain heureusement – que l’on parvienne à détruire une bonne partie de notre cadre de vie. Nous vivons avec une angoisse légitime face à l’état de la planète, comme si cette planète était notre seul espoir. Notre espérance, nous dit cependant l’Évangile, ne réside pas dans la seule conservation de ce cadre de vie. Dieu est plus grand que sa création. Ce qui ne veut pas dire que nous ne devrions rien faire, au prétexte que ça ira mieux dans la Vie éternelle. La Création est en réalité le lieu où se construit le Royaume. Elle a une valeur bien plus grande que ce qu’on en voit aujourd’hui. Comme une femme enceinte, dont le ventre proéminent est porteur d’une vie à naître.

  • Une espérance est donc possible ?

Dana récit apocalyptique que nous livre Jésus dans l’évangile de Marc, il y a à la fois l’annonce de catastrophes, et la certitude que cela mène à la venue du « Fils de l’homme ». Autrement dit, une assurance nous est donnée : ces événements ne sont pas le dernier mot de l’histoire humaine. Entre l’acceptation ou le refus de l’amour de Dieu, le Christ nous révèle que l’amour de Dieu est gagnant.

Dans ce discours de Jésus, la Passion apparaît clairement comme le modèle de toute l’histoire humaine : son apparent échec mène à la résurrection, et donc au triomphe inattendu de la volonté de salut de Dieu, alors même que l’on avait toutes les raisons de désespérer. Cela demande de la foi, c’est tout l’enjeu de ce discours de Jésus et de la foi chrétienne en général.

  • Quel rôle pouvons-nous jouer à notre niveau ?

La foi chrétienne nous dit que tout est lié. Le souci du bien ou du mal, au niveau individuel, a des répercussions positives et négatives sur l’ensemble du monde créé. C’est bien le désir de domination qui nous a conduits à cette situation. Les causes du mal sont d’abord dans les cœurs. Il y a de multiples façons d’agir, d’aimer et d’aider son prochain. On ne fait pas son salut dans son coin. L’engagement collectif est un élément essentiel pour la foi chrétienne.

Adrien Candiard : « Quelques mots avant l’apocalypse » – éd. du cerf – 12 €.

Opposition entre foi et science ?

Galilée, Copernic, Mendel, Lemaître, autant de noms qui évoquent les progrès scientifiques au cours des siècles. Certains ont été combattus par l’Église, d’autre en ont été des clercs. Alors que comprendre du positionnement de l’Église par rapport aux sciences ?

Une opposition de principe ?

La condamnation de Galilée en 1633 est souvent invoquée pour montrer l’existence d’une opposition entre la foi et la science : au nom de la Bible, des hommes d’Église auraient entravé le progrès de la science en condamnant celui qui avait mis en évidence la rotation de la Terre autour du Soleil. Cette généralisation ne rend cependant pas justice au soutien que l’Église a constamment accordé à l’entreprise scientifique.

Par exemple, l’institution universitaire est née au début du XIIIe siècle grâce à l’impulsion de l’Église et a donné naissance à diverses facultés (philosophie, théologie, droit, médecine). Parmi les grands hommes de science, beaucoup furent des ecclésiastiques : Nicolas Copernic (XVIe siècle) à l’origine du système héliocentrique, Gregor Mendel (XIXe siècle) fondateur de la génétique, Georges Lemaître (XXe siècle) pionnier de la cosmologie moderne.

L’idée d’une Église opposée par principe aux progrès scientifiques est donc un mythe. Il faut néanmoins reconnaître que des points de friction ont existé entre l’Église et les scientifiques. Cela s’explique d’abord par le fait que la foi chrétienne ne peut pas être purement et simplement réductible à ce qui est accessible à la raison.

Il existe des mystères : par exemple la Trinité (un seul Dieu en trois personnes) ou le Christ vrai Dieu et vrai homme. Ces vérités sont reçues de Dieu. Elles ne s’opposent pas à la raison et comportent une cohérence mais elles ne peuvent pas être démontrées. Celui qui pense que tout est scientifiquement démontrable se heurtera donc aux mystères de la foi parce que la science n’est pas le seul critère de vérité.

Celui qui pense que tout est scientifiquement démontrable se heurtera aux mystères de la foi.

Sciences naturelles ou philosophie

Les points de friction s’expliquent également par la spécialisation des savoirs et en particulier par la séparation entre les sciences naturelles et la philosophie. La philosophie s’interroge sur l’origine des choses, qui est ultimement le Dieu Créateur. Celui-ci n’est connu de manière complète que par la foi chrétienne mais son existence peut être découverte par la raison.

Au contraire, la science s’interroge sur les causes les plus immédiates, c’est-à-dire sur les différents processus à l’œuvre dans la nature. Alors que jusqu’au XVIIe siècle les savants étaient à la fois philosophes et scientifiques, la spécialisation a séparé ces disciplines. Or c’est d’abord la philosophie qui amène à admirer l’œuvre de la nature et donc à voir l’harmonie entre sciences et foi chrétienne, même si cette dernière reçoit des lumières plus importantes de la révélation de Dieu lui-même.

Comme le dit le livre de la Sagesse, « à travers la grandeur et la beauté des créatures, on peut contempler, par analogie, leur Auteur » (Sg 13, 5). Pour le scientifique, foi et raison sont donc appelées à s’enrichir mutuellement : mieux comprendre l’aidera à mieux croire et mieux croire l’invitera à mieux comprendre.

Fr. Ghislain-Marie Grange, dominicain
Diplômé de l’École Polytechnique
Licencié en philosophie et en théologie

Cet article est tiré d’un n° de la revue française : Initiales : « Foi et Science, un mariage impossible ? », datée de septembre 2022. Initiales, c’est une revue trimestrielle qui s’adresse aux animateurs de catéchèse, d’aumônerie de l’Enseignement public, en pastorale scolaire dans l’Enseignement catholique, animateurs de mouvements, ou à tout adulte qui souhaite se nourrir d’une réflexion et cherche des outils d’animation pour annoncer Jésus Christ aux adolescents et les aider à entrer dans l’expérience croyante de l’Eglise. – cf site INITIALES.

Forage de Puits pour la Clinique en R.D.C.

Je m’appelle Jean-Bertrand Madragule Badi et j’ai été ordonné prêtre dominicain en République démocratique du Congo en 1994. Après avoir passé une vingtaine d’années en Allemagne j’ai été assigné le 28 décembre 2022 au Couvent Saint-Albert le Grand à Liège.


Fr. Jean-Bertrand Madragule

La situation dramatique et catastrophique du Congo suite à la deuxième guerre de 1998 à 2003 m’a profondément touché. Les Églises étaient les seules institutions qui disposaient d’une infrastructure en état de fonctionnement. Je ne pouvais pas préparer ma thèse de doctorat en Théologie à l’Université de Bonn, pendant qu’un enfant était en train de mourir de la malaria parce que ses parents n’avaient pas les moyens de payer les médicaments. Je ne pouvais pas profiter de la vie avec insouciance, tout en sachant qu’une femme enceinte ne survivrait pas à l’accouchement de son bébé parce qu’elle recevrait des soins médicaux insuffisants.

Et c’est pourquoi, en 2014, j’ai décidé, de fonder l’association « Kongo Social-Care e. V. » dont le but est d’aider les personnes les plus démunies, en particulier les enfants qui n’ont pas eu autant de chance que moi.

En octobre 2021, j’ai profité de mon séjour au Congo pour m’imprégner de la situation de nos différents projets. J’ai vécu dans ma chair la réalité profonde des populations locales. Je sais apprécier ce que signifie avoir de l’eau potable ou de l’électricité. On ne peut pas imaginer ici en Belgique une maison habitée ou un hôpital sans eau et sans électricité ! Au Congo, s’il y a de l’eau, il faut aller la puiser très loin de la maison ou de l’hôpital. Et encore cette eau n’est-elle pas potable, il faudra encore la chauffer avant son utilisation.

Durant ce temps, je n’ai jamais eu l’électricité 24 heures sur 24 heures. Mon téléphone mobile était régulièrement déchargé et toute communication était coupée.

Alors nous avons commencé le projet d’adduction d’eau à Durba et la Clinique H. Brauhardt, dans le Nord-Est du Congo. Ce forage de 81 mètres de profondeur est presque terminé. Pour faire fonctionner la pompe immergée et les autres appareils du laboratoire, il nous faut absolument des panneaux solaires.

Je compte beaucoup sur la bonté de votre cœur pour la réalisation de ce projet social. Aidez-nous à continuer de rendre possibles nos projets au Congo.

Compte bancaire :

Titulaire : Kongo Social-Care ASBL
IBAN : DE15 3205 0000 0000 2770 04
Communication : Panneaux solaires.
Les dons sont déductibles des impôts.

Dictionnaire Jésus

Préface par Renaud Silly et T. Vénard, o.p. (extraits)

« …Les révolutionnaires l’ont singé dans leurs « petits livres », rouges du sang de leurs victimes, mais le seul « petit livre » vraiment révolutionnaire de Jésus est l’Évangile.

La Parole qu’il recèle est puissance active. Jésus semble être le premier Juif qui ait comparé sa parole à une semence, dans ses paraboles orales : il se compare à un semeur sortant pour semer. Il ne veut pas qu’on répète servilement sa parole à l’identique, mais qu’on la développe et qu’on la fasse fructifier en la mettant en pratique (Mt 25, 26). L’Évangile qui en garde la mémoire devient une puissance d’engendrement plus forte encore que n’importe quelle semence créée (Jn 1, 12). L’écoute et la mise en pratique de son enseignement créent des liens « familiaux » plus profonds que n’importe quelle génération humaine. (Mt 12, 49)

Il contient les paroles définitives dont le contenu marque à jamais ceux qui les comprennent. Plus encore, dans sa forme, il recèle le secret du fonctionnement même de la conscience : sa puissance poétique prend possession du cœur de ceux qui écoutent cette Parole, au point de refonder leur désir de dire et de faire ce qui est vrai et bon et juste. Rencontrer Jésus n’est pas rencontrer un enseignement de plus, c’est rencontrer le Logos ou Verbe divin lui-même.

Jésus et Politique

Si le projet de Jésus ne fut pas politique, la révolution qu’il représente pour la conscience humaine ne put pas être sans effets politiques. Promoteur de l’amour inconditionnel, l’Église favorise à la fois un certain conservatisme, plein de sagesse ou d’ironie, comme celui de Jésus qui respectait même les grands prêtres iniques qui le condamnèrent, et une révolution déclenchée par le respect absolu des droits de chaque personne humaine, quelle que soit sa condition.

Surtout il a une puissance subversive intacte. : face au Gouverneur Pilate, en se proclamant roi de ceux qui cherchent la vérité (Jn 18, 37), Jésus relativise à jamais tout pouvoir humain, y compris ceux de nos populocraties aujourd’hui menacées par des États qui se substituent aux consciences individuelles ; y compris, et c’est libérateur à notre époque de massive trahison des clercs jusqu’aux plus hauts niveaux – celui des ecclésiastiques dans sa propre Église.

Le seul devant qui le disciple de Jésus se mette à genoux est Dieu. Lui seul a pouvoir sur les consciences. Jésus ne fait pas la révolution, Jésus n’est pas un révolutionnaire de plus. Il est le principe de la seule révolution qui vaille, celle de la charité. La figure d’un Jésus révolutionnaire politique a fait long feu depuis longtemps…

La seule révolution que l’on puisse prêter à Jésus en est une qui doit être compatible avec l’orthodoxie juive : une révolution religieuse qui atteint chacun dans ce qu’il a de plus précieux et à quoi il est prêt à tout livrer, jusqu’à a sa propre vie, jusqu’au refoulé principal de l’homme contemporain : le désir de Dieu…. ».

Dans une culture de l’immédiat (1ère partie)

Par MARK PADREZ, Dominicain

« … Notre culture a radicalement changé. En seulement 30 ans, nous sommes devenus très différents en raison de la technologie. De l’ordinateur, Internet, téléphones portables, tablettes, à Face Book, Twister, Instagram, Amazon et Zoom. Nous avons un accès immédiat les uns aux autres, aux divertissements, à la nourriture, aux vêtements, aux transports et tant d’autres choses.

Tout cela a changé notre manière d’être en relation les uns avec les autres ou plutôt de ne pas l’être. Nous nous sommes ancrés dans notre propre petit monde, dans ce que nous pensons et croyons, et cela est renforcé et réaffirmé par les nouvelles et les blogs que nous choisissons de lire, les podcasts que nous écoutons et les vidéos que nous regardons. Et ce n’est pas seulement en politique mais dans notre pratique religieuse, notre foi.

Dans ce petit monde que nous avons créé, nous n’écoutons pas et nous ne cherchons pas la vérité, mais nous écoutons et recherchons ceux en qui nous avons confiance. Notre culture est clivée : extrême droite, extrême gauche, militantisme, discours haineux, discriminations, violence et même meurtre.

Les progrès technologiques ont sans aucun doute façonné notre monde pour un mieux à bien des égards, mais il y a eu un prix à cela. Notre monde ne souffre pas d’une crise d’autorité mais plutôt d’une crise d’authenticité.

Culture de la Rencontre

…Il y a un exemple que je voudrais présenter. Cela s’est passé le 6 novembre 2013. A la fin de l’audience avec environ 50 000 participants, le pape François a aperçu un homme dans la cinquantaine. Il était assis dans un fauteuil roulant et accompagné de sa tante Lotto. Celle-ci se souvient : « …Quand il s’est approché de nous, j’ai pensé qu’il me donnerait la main. Au lieu de cela, il est allé directement à Vinicio et l’a serré dans ses bras. Je pensais qu’il ne le rendrait pas ; il le tenait si fort. Nous n’avons rien dit, mais il m’a regardé…un regard magnifique tout à fait inattendu. Vinicio, habitué aux regards choqués et effrayés à cause de la maladie qui le défigurait dit : « Il n’a aucune peur…J’ai tremblé. J’ai ressenti une grande chaleur…J’avais l’impression de rentrer chez moi dix ans plus jeune, comme si j’avais été libéré d’un grand poids ».

Ces images ont fait le tour du monde…Le geste muet et éloquent du pape ne pouvait pas laisser indifférent…Il ne s’agissait pas d’un coup publicitaire. La caresse du pape était une expression authentique de la façon dont il comprend son ministère pour l’Église et pour le monde. Depuis qu’il a pris la direction de. l’Église, le pape a souligné la nécessité de tendre la main et de susciter une culture de la rencontre…Les pauvres, les faibles et les misérables confirment que François met en pratique ce qu’il prêche !

La promotion par le pape d’une culture de la rencontre attire notre attention et mérite une profonde réflexion.

Conférence aux Dominicains de France – juillet 2021
Texte paru dans « Prêcheurs : Bulletin de liaison des Dominicains de France- n°248)

8 Août : Fête de Saint Dominique, fondateur de l’Ordre des Frères Prêcheurs

Message du pape François pour le 800e jubilé de la mort de saint Dominique (6 août 1221)

En cette année qui souligne le huitième centenaire de la mort de saint Dominique, je me joins volontiers aux Frères Prêcheurs pour rendre grâce pour la fécondité spirituelle de ce charisme et de cette mission, qui se sont manifestés au cours de siècles à travers la riche diversité de la famille dominicaine…

Dominique a répondu au besoin urgent de son temps non seulement au moyen d’une prédication renouvelée et vivante de l’Évangile, mais, et c’est tout aussi important, en livrant le témoignage convaincant de son appel à la sainteté dans la communion vivante de l’Église. Comme dans toute réforme authentique, il cherchait à revenir à la pauvreté et à la simplicité de la première communauté chrétienne, rassemblée autour des apôtres et fidèle à leur enseignement (cf. Ac  2, 42).

En notre temps, caractérisé par un changement d’époque et de nouveaux défis pour la mission évangélisatrice de l’Église, Dominique peut donc être une source d’inspiration pour tous les baptisés qui sont appelés, en tant que disciples missionnaires, à rejoindre toutes les « périphéries » de notre monde en diffusant la lumière de l’Évangile et l’amour miséricordieux du Christ.

Le grand appel reçu par Dominique était de prêcher l’Évangile de l’amour miséricordieux de Dieu….

L’unité de la vérité et de la charité a peut-être trouvé son expression la plus ajustée dans l’école dominicaine de Salamanque, en particulier dans les travaux du frère Francisco de Vitoria, qui a proposé un cadre de droit international enraciné dans les droits universels de l’être humain. Ce cadre a servi de base philosophique et théologique aux efforts héroïques des frères Antonio Montesinos et Bartolomeo de Las Casas dans les Amériques comme de Dominique de Salazar en Asie, pour défendre la dignité et les droits des peuples indigènes.

Le message de l’Évangile qui affirme notre dignité humaine inaliénable en tant qu’enfants de Dieu et membres de l’unique famille humaine interpelle l’Église de notre temps qui est invitée à renforcer les liens d’amitié sociale, pour dépasser les structures économiques et politiques injustes et œuvrer au développement intégral de chaque individu et de chaque peuple.

Le zèle de saint Dominique pour l’Évangile et son désir d’une vie véritablement apostolique l’ont conduit à souligner l’importance de la vie communautaire… Cet idéal de fraternité devait trouver son expression dans une forme de gouvernance inclusive de tous et à laquelle tous prendraient part dans un processus de discernement et de prise de décision tenant compte du rôle et de l’autorité de chacun, grâce à des chapitres organisés à tous les niveaux. Ce processus « synodal » a permis à l’Ordre d’adapter sa vie et sa mission à des contextes historiques changeants tout en maintenant la communion fraternelle.

Le charisme dominicain de la prédication a fleuri très tôt avec la mise en place des diverses branches de la grande famille dominicaine qui embrasse tous les états de vie dans l’Église. Au cours des siècles qui ont suivi Dominique, ce charisme a trouvé une expression éloquente dans les écrits de sainte Catherine de Sienne, les peintures du bienheureux Fra Angelico et les œuvres de charité de sainte Rose de Lima, du bienheureux Jean Macias et de sainte Marguerite de Castello. De même, à notre époque, il continue à inspirer le travail des artistes, des chercheurs, des enseignants et des communicants.

En cette année anniversaire, nous ne pouvons manquer de nous souvenir des membres de la famille dominicaine. …Je pense ici en particulier au témoignage discret donné par des milliers de tertiaires dominicains et des membres du Mouvement de la Jeunesse Dominicaine, qui reflète le rôle important et même indispensable du laïcat dans le travail d’évangélisation.

En ce jubilé de la naissance de saint Dominique à la vie éternelle, je voudrais exprimer de manière particulière ma gratitude aux Frères Prêcheurs pour la contribution exceptionnelle qu’ils ont apportée à la prédication de l’Évangile à travers l’exploration théologique des mystères de la foi. En envoyant les premiers frères dans les universités qui naissaient alors en Europe, Dominique a reconnu l’importance vitale qu’il y avait de former les futurs prêcheurs au moyen d’une formation théologique saine et solide,

Lors de ma visite à Bologne, il y a cinq ans, j’ai eu la grâce de passer quelques moments en prière devant la tombe de saint Dominique… En remerciant le Saint pour tout le bien que ses fils et ses filles accomplissent dans l’Église, j’ai demandé que croisse le nombre des vocations sacerdotales et religieuses.

Puisse la célébration de cette année jubilaire répandre une abondance de grâces sur les Frères Prêcheurs et sur toute la Famille Dominicaine, et puisse-t-elle annoncer un nouveau printemps pour l’Évangile.

FRANÇOIS. (28 05 2021)

ThéoDom

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frère Emmanuel Dumont
Responsable des formations en ligne ThéoDom

Retrouvez les 5 modules de notre série sur le Christ

1er module : Jésus, c’est 2 en 1

2e module : Le Jésus de l’Histoire

3e module : Jésus, c’est Dieu qui sauve !

4e module : A la rencontre de Jésus..

5e module : Et maintenant ?