31ème dimanche – Année B – 4 novembre 2018 – Évangile de Marc 12, 28-34

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ÉVANGILE DE MARC 12, 28-34

QUAND ON N’A QUE L’AMOUR …

Au terme d’un long voyage, Jésus, suivi de ses disciples, dont le nouveau Bartimée, est enfin arrivé à Jérusalem. En ses derniers jours, il oser dénoncer les dérives de sa religion et donne l’essentiel de son enseignement. L’issue inévitable sera la mort. Ces pages sont donc d’un intérêt capital non seulement pour comprendre les raisons de la croix mais aussi pour percevoir nos propres dérives et nous placer au centre de la foi sur laquelle on ne cède rien.

JESUS APPELLE A LA CONVERSION DE TOUS

D’abord il déçoit radicalement les attentes du peuple ravi de fêter un Messie qui allait rétablir le royaume de David : sur un âne, Jésus survient comme un Messie doux et pacifique.

D’emblée il dénonce le culte hypocrite du Temple dont il chasse les vendeurs: la maison de prière pour toutes les nations a été transformée en lieu de commerce, en caverne où les bandits se croient à l’abri. Le temple, avec sa décoration luxueuse, ses instruments en or, ses splendides liturgies est comme un beau figuier qui ne donne pas de fruit. Rites, fêtes, cantiques, sacrifices ne forment pas un vrai peuple de Dieu, dans le droit et la justice.

Il attaque les Autorités religieuses : responsables de la Vigne de Dieu, ces prélats ne rendent pas à Dieu le fruit qu’il exige. Ils vont même tuer le Fils envoyé par le Père : celui-ci les remplacera par d’autres.

Jésus déçoit les résistants juifs qui, ulcérés de voir les païens souiller la terre sainte, refusaient de payer le tribut annuel à Rome. « Rendez à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu ». La violence mène à la ruine. Il faut entamer une révolution plus radicale.

Jésus contredit de front les Grands Prêtres sadducéens en les accusant d’être complètement dans l’erreur : oui les Ecritures affirment bien que Dieu ressuscite les morts.

Lire l’ensemble : Mc 11, 1 à 12, 34. Dans ces altercations qui se succèdent et attisent la haine de tous contre Jésus, une question se pose : finalement qu’est-ce qui est important ? S’il est le Messie envoyé par Dieu, que veut-il ? La scène d’aujourd’hui va révéler l’essentiel.

LE CŒUR DE LA FOI

Un scribe s’avança pour demander à Jésus : « Quel est le premier de tous les commandements ? »

Depuis la destruction du premier temple, une caste d’érudits s’est constituée qui veille avec minutie sur la Torah, les rouleaux de la Loi, et enseigne leur interprétation exacte : ce sont les Scribes qui, avec les Grands Prêtres et les Anciens, forment les autorités religieuses et envoient leurs représentants pour siéger au tribunal suprême du Sanhédrin. Dès les débuts de sa mission, ils ont été très méfiants à l’égard de Jésus, l’accusant même d’avoir fait un pacte avec satan, si bien même que, selon Marc, certains ont eu l’intention de le tuer. Pourtant ici l’un d’eux accoste Jésus avec sympathie et va manifester son accord avec lui : comme quoi il faut prendre garde à ne jamais généraliser.

L’homme vient poser une question qui était débattue chez les rabbins (c’est ainsi qu’on les appellera plus tard). S’il y a, au sommet de la Loi, les Dix Commandements (le Décalogue), il y a aussi toutes les prescriptions concernant les fêtes, les sacrifices, la circoncision, etc. Toute législation ayant besoin d’un fil directeur qui donne sens à l’ensemble, le scribe demande à Jésus son avis sur cette question essentielle.

Jésus lui fit cette réponse : « Voici le premier : Écoute, Israël : le Seigneur notre Dieu est l’unique Seigneur. Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, de tout ton esprit et de toute ta force.

Jésus répond en citant le « shema » (Deutér. 6, 4) qui est la profession de foi fondamentale du peuple d’Israël, que tout Juif (encore aujourd’hui) doit prononcer chaque jour au lever et au coucher, première prière que Jésus enfant a apprise. A l’inverse de tous les autres peuples qui sont polythéistes, et donc adorent des forces conflictuelles, Israël « écoute » (shema) sans cesse son Dieu, YHWH, qui lui a révélé qu’il aimait son peuple. Cette profession de foi entraîne donc en retour l’appel à aimer son Dieu : cet amour pour le Dieu UN provoque un amour total qui rend l’homme UN. En prononçant sa prière, le fidèle se donne à son Dieu pour l’adorer, le craindre, le servir et même l’aimer. Non par des mots ou des rites mais de façon absolue par tout son être et toutes ses énergies.

TOUT TON CŒUR. En hébreu, le cœur ne désigne pas l’affectivité, la sentimentalité mais le centre de la personne qui pense, réagit, raisonne, décide, projette.

TOUTE TON ÂME. C’est-à-dire le principe vital, la vie.

TOUT TON ESPRIT. (ajouté au texte du Deutéronome) La faculté de réfléchir, de raisonner.

TOUTE TA FORCE L’ensemble de tes moyens d’agir, tes talents, et les moyens dont tu disposes (argent, possessions, …).

Mais Jésus enchaîne immédiatement en ajoutant un second :

Et voici le second : Tu aimeras ton prochain comme toi-même. Il n’y a pas de commandement plus grand que ceux-là. »

Ici Jésus cite un verset pris ailleurs : Lévit. 19, 18. L’amour de Dieu ne doit pas tomber dans une fausse spiritualité qui verserait dans l’aliénation religieuse ; la relation de foi est toujours « moi et mon Dieu et mon prochain » envers lequel nous devons agir comme nous aimons que l’on agisse envers nous.

La psychologie nous a appris que le problème premier était d’abord « comme toi-même » : il est plus difficile que l’on croit de s’aimer. C’est pourquoi la source de l’amour n’est pas en nous mais en Dieu qui, de la Genèse à l’Evangile de la croix, ne cesse de nous marteler qu’il nous aime, nous veut du bien, nous accepte, nous pardonne.

AMOUR ET CULTE

Le scribe reprit : « Fort bien, Maître, tu as dit vrai : Dieu est l’Unique et il n’y en a pas d’autre que lui. L’aimer de tout son cœur, de toute son intelligence, de toute sa force, et aimer son prochain comme soi-même, vaut mieux que toute offrande d’holocaustes et de sacrifices. »

Admirable accord des deux hommes. L’érudit reconnaît que Jésus – que ses confrères accusent – est en accord parfait avec la foi essentielle de son peuple. Et il ajoute même que ce double amour est plus important que le culte du temple et les rites. Le prophète Osée n’avait-il pas affirmé jadis que Dieu préfère l’amour aux offrandes sacrificielles (Osée 6, 6) – verset que Jésus répète à deux reprises dans l’évangile de Matthieu (9, 13 et 11, 7) pour justifier sa miséricorde à l’endroit des pécheurs.

Jésus et le scribe pharisien sont d’accord avec les anciens prophètes qui dénonçaient le danger d’enfermer la foi dans les fastes du temple, les sacrifices d’animaux, les fumées d’encens, les processions et les cantiques. Le culte d’action de grâce à Dieu ne reste authentique que s’il se diffuse en action de charité envers le prochain.

Jésus approuve la position du scribe mais termine par une remarque qui intrigue.

Jésus, voyant qu’il avait fait une remarque judicieuse, lui dit : « Tu n’es pas loin du royaume de Dieu. » Et personne n’osait plus l’interroger.

Nous sommes tous les deux d’accord que la profession et la pratique de ces deux commandements constituent le cœur de la foi d’Israël….mais cela ne fait pas que tu es dans le Royaume de Dieu.

Car l’événement capital va se produire 2 ou 3 jours plus tard. Le complot contre Jésus va réussir et il va être condamné et crucifié. Le scribe saura-t-il alors reconnaître en ce Jésus non seulement un homme qui enseigne bien la loi d’amour mais le Messie qui aime son Père et les hommes jusqu’à donner sa vie pour eux ? Un Messie ressuscité qui donne l’Esprit-Saint afin de combler nos cœurs de cet amour divin qui nous assure que nous sommes aimés au-delà de toute mesure, que nous pouvons nous aimer nous-mêmes, que nous pouvons nous aimer les uns les autres non par devoir mais en partageant un amour reçu.

Alors dans ce Royaume enfin ouvert par la croix, nous accédons à la liberté plénière, dans un au-delà de toute loi qui est la Loi suprême de l’amour divin, le culte unifié dans sa double dimension : glorification du Père et charité pour tous ses enfants.[/fusion_text][/one_full][one_full last= »yes » spacing= »yes » center_content= »no » hide_on_mobile= »no » background_color= » » background_image= » » background_repeat= »no-repeat » background_position= »left top » hover_type= »none » link= » » border_position= »all » border_size= »0px » border_color= » » border_style= » » padding= » » margin_top= » » margin_bottom= » » animation_type= » » animation_direction= » » animation_speed= »0.1″ animation_offset= » » class= » » id= » »][fusion_text]

Raphaël Devillers,  dominicain
Tél. : 04 / 220 56 93   –   Courriel :   r.devillers@resurgences.be

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Quand la société ouverte devient l’Ordre du consommateur

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L’AMOUR DE DIEU ET DU PROCHAIN EST-IL MENACÉ DANS NOTRE SOCIETE ?

 

Nous sommes habitués à considérer que notre société occidentale constitue une société « ouverte », n’imposant rien à personne car laissant chacun libre de choisir de façon autonome ses convictions et ses pratiques, tant que celles-ci n’empêchent pas autrui de jouir de la même liberté. Tel est le regard officiel que notre société porte sur elle-même, et tel est le regard qu’elle veut que nous portions sur elle. Force est de constater, pourtant, que la réalité est tout autre : nous sommes en permanence conditionnés par des forces, dont le conditionnement publicitaire n’est que la plus visible, mais dont « l’opinion commune » ou ce que l’on représente comme tel, est sans doute la plus efficace, qui forgent nos pensées et cadrent nos actions, nous incitant ainsi constamment à penser et à agir dans une certaine direction.

Un rapport au monde

Cette direction n’est pas arbitraire. Elle répond à une logique centrale du fonctionnement de notre société qui promeut ainsi, sans en avoir elle-même toujours clairement conscience, un ordre d’ensemble, mêlant à la fois injonctions morales (ce qu’il est souhaitable de penser, de dire et de faire pour aller dans le sens du « bien »), formation du goût (ce qui plaît, ce qui déplaît, ce qui est à la mode, ce qui est démodé) et construction de nos pratiques (ce qu’il est normal de faire dans telle situation, avec tel interlocuteur … ). J’ai nommé cet ordre, dans mes ouvrages, l’ordre du Consommateur.

De quoi s’agit-il ? Ce n’est pas seulement désigner, par là, notre « société de consommation », comme beaucoup l’ont déjà fait, en soulignant l’importance que nous consacrons à l’achat d’objets ou de services, aux marques dans notre existence, à la visite aux temples de la consommation que constituent les hypermarchés et autres galeries commerçantes…

C’est dire, plus largement, que la consommation est devenue, pour nous autres Occidentaux, notre rapport exclusif au monde, aux autres et à nous-mêmes, que nous ne savons plus que consommer, à toute heure et en quelque lieu et circonstance que nous nous trouvions.

La domination de la consommation

Mais qu’est-ce que consommer ? C’est l’action d’un sujet individuel qui se représente tout ce qui est extérieur à lui (y compris lui-même lorsqu’il se projette sa propre image) comme une longue liste d’objets isolés et passifs avec lesquels il ne conçoit qu’un rapport de jouissance intéressée et qui n’ont d’ailleurs de valeur que dans la mesure où il espère en retirer une jouissance et tant que durent cette espérance et la jouissance effectivement retirée. La consommation ainsi définie va donc beaucoup plus loin que l’acte économique par lequel on achète un bien ou service. Elle nous accompagne de la conception à la mort sans nous laisser de répit. Elle n’est pas seulement une économie ; elle est une anthropologie.

La domination de la consommation rend compte des caractéristiques fondamentales de la société occidentale contemporaine. En premier lieu, la prégnance absolue d’un sujet tyrannique et isolé, qui ne conçoit les autres sujets que comme des concurrents potentiels, convaincu de la légitimité de principe de ses désirs parce que ce sont ses désirs, et qui a donc le droit absolu de réaliser ceux-ci, quels qu’ils soient, pourvu qu’il n’empiète pas sur le droit de ses concurrents à consommer. En second lieu, un monde d’objets qui ne sont rien en eux mêmes, qui n’ont donc aucun droit au respect, à la vénération ou à la simple attention, et qui ne valent qu’à travers le prix, quantifié ou non, que je suis prêt à payer pour pouvoir en jouir. Enfin, entre le sujet et les objets, précisément, une relation unique qui est une relation d’intérêt subjectif, différente d’un sujet à un autre sujet et d’ailleurs continûment réversible : l’objet qui me promettait une jouissance infinie, hier, ne m’intéressera plus du tout demain, de même que le goût de cette crème au chocolat m’est passé.

La rotation du désir

Car le désir mute. Nous sommes sans cesse menacés par les monstres jumeaux de la frustration lorsque nous échouons à réaliser notre désir et de la satiété, lorsque, à force de se réaliser, notre désir s’anémie et meurt. Il faut donc, pour que le système continue de fonctionner, organiser une rotation du désir de plus en plus rapide … De même que les fabricants de smartphones s’échinent à produire régulièrement la version n+1 de leurs petites merveilles, laquelle ne se distingue véritablement de la version n que dans la mesure où elle est la version n+1, notre monde nous repasse en permanence le même désir, sous un packaging différent, escomptant, à juste titre, que nous nous laisserons prendre à la forme pour oublier l’identité du fond.

La vision du monde que je viens de décrire rend compte d’une multitude de certitudes presque universellement partagées dans notre monde, depuis la conviction que le désir est toujours légitime, dès lors qu’il est majeur et vacciné, jusqu’à l’assurance avec laquelle nous affirmons que nos corps nous appartiennent et que nous pouvons en faire ce que bon nous semble, ou bien jusqu’à l’idée que ce qui me gêne est nécessairement illégitime et doit donc, d’une manière ou d’une autre, s’effacer.

Le regard critique du chrétien

Quelles conclusions un chrétien peut-il tirer de ce rapide tableau ? D’abord que la société occidentale contemporaine est décidément moins neutre, « tolérante » et « ouverte » qu’elle ne l’affirme et que, en conséquence, plutôt qu’un besoin paniqué de se conformer à son ordre, de peur de passer pour passéiste ou mauvais joueur, elle requiert, au contraire, du chrétien un regard critique, lucide et courageux, à la lumière des Évangiles.

Ensuite, précisément, il faut s’interroger sur la compatibilité de cet ordre, fondé sur l’arbitraire d’un sujet tout puissant et sur la hantise de l’appropriation des choses — toujours plus de choses, toujours plus intensément consommées — avec l’essence même du message chrétien, qui est l’amour, donc le don, la désappropriation voulue de soi au service des autres.

Laurent FOURQUET, agrégé de Sciences Sociales

AUTEUR DE :

L’ère du consommateur (éd. du Cerf 2011)

Le christianisme n’est pas un humanisme (éd. P.G. De Roux 2018)

(Paru dans Aleteia le 22 10 2018)

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FÊTE DE LA TOUSSAINT – 1er NOVEMBRE 2018

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FÊTE DE LA TOUSSAINT – 1er NOVEMBRE 2018

LA MORT ET LA VIE

Trois fois hélas, TOUSSAINT est devenu un mot triste qui verse des larmes dans le brouillard, sent l’odeur âcre des chrysanthèmes et fait entendre le froissement des feuilles mortes dans les allées des cimetières. A l’orée des premiers frimas, l’Eglise proposait la fête joyeuse de TOUS-LES-SAINTS, donc des vivants et elle est devenue la TOUS-MORTS jusqu’à basculer maintenant dans Halloween, TOUS-SQUELETTES. Otez Dieu, on tombe dans le guignol des fantômes. L’acide de la dérision moderne bafoue la mort comme il corrode l’amour.

LA MORT

Immense et lancinante énigme. Elle a fasciné l’Egypte où tout commence avec les trois pyramides de Gizeh: tombes indestructibles des pharaons, fils de Dieu, momifiés sous des millions de blocs de pierre, au prix de l’exploitation et de la mort des esclaves. Fuyant ce pays, les esclaves hébreux renoncèrent à ce culte des morts : Patriarches, Moïse, David, les Prophètes, tous, si grands soient-ils, errent là-dessous dans un fond immense, le shéol, zombies sans paroles, sans relations ni avec Dieu ni avec les vivants.

Ce n’est qu’au 2ème siècle avant Jésus, que la persécution causa une faille dans le mur de l’absurde. Victimes d’un ennemi qui voulait éradiquer la religion d’Israël, les martyrs ne pouvaient disparaître à jamais sinon l’injustice l’emportait sur Dieu. Oui, il y aurait résurrection des morts et les relations n’étaient pas brisées : on pouvait prier pour le salut des défunts et, dans l’autre sens, Samuel, Jérémie et d’autres intercédaient pour leur peuple cheminant dans les épreuves (Daniel 12, 2 ; 2 Macc 7, 9 ; 12, 43 ; 15, 12)

La foi nouvelle, adoptée par les Pharisiens, fut refusée par les Sadducéens, les prêtres du temple. Mais lorsqu’ils vinrent solliciter Jésus au sujet de cette question débattue, celui-ci leur affirma nettement que, selon les Ecritures, il y avait résurrection des morts car « Dieu n’est pas le Dieu des morts mais le Dieu des vivants » (Marc 12, 27)

Annonçant aux disciples la mort atroce qui l’attendait à Jérusalem, il affirma sa certitude que son Père lui rendrait la vie (8, 31…). Stupéfaits, incrédules, les disciples se demandaient ce qu’il voulait dire par « résurrection d’entre les morts » (9, 10)

Quelques semaines plus tard, à la veille de la Pâque, Jésus mourait sur le gibet de la croix ; en hâte, quelques amis déposaient le cadavre dans une grotte proche et roulaient la pierre. La grande fête commençait dans la ville qui suppliait Dieu d’envoyer un Messie pour libérer Israël. Effondrés, les disciples avaient disparu. Une fois encore, comme toujours, la mort avait triomphé.

Mais si les pyramides colossales emprisonnent la momie du roi sous les tonnes de pierres, la pierre du Golgotha, elle, a roulé, découvrant un lieu vide : « Vous cherchez Jésus le crucifié ? Il est ressuscité, il n’est pas ici ! » (Marc 16, 6). La mort ne peut retenir le vrai roi dans sa prison. Dans le courant d’air de la porte ouverte, le Seigneur, qui n’est pas une momie, est sorti. Le Golgotha, où Pierre, Paul et Marie-Madeleine ne sont jamais retourné, n’est pas un musée pour touristes mais une piste d’où le Ressuscité s’est élancé afin de rejoindre les hommes et les femmes de tous pays et de toutes conditions. C’est là où les hommes vivent qu’on le découvre. Non plus près d’eux mais en eux, dans la communion.

Peu après, en effet, les disciples réapparaissent sur la scène publique et, toute peur vaincue, circulent en proclamant l’incroyable : Jésus est ressuscité. Non réanimé mais Seigneur du monde. La condition humaine reste mortelle – comment pourrait-il en être autrement ? – mais celui qui croit en Jésus, qui se donne à lui sous l’Evangile, est libéré de ses péchés, il a la Vie divine et, après la mort, il sera avec son Seigneur.

Ce message, on le sait, ne va pas susciter l’enthousiasme ; pour la majorité ce n’est pas une Bonne Nouvelle ; et les disciples qui osent affirmer qu’il y a Dieu et la Vie après la mort, rencontrent sarcasmes, refus, menaces, rupture avec leurs proches et leur peuple, surveillance policière, arrestations, tortures et parfois la mort.

Toussaint nous redit d’abord la certitude de l’espérance.

LA MORT … ET APRES ?

Mais qu’est-ce donc que l’après-mort ? Les premiers documents chrétiens sont très discrets sur ce sujet : comment exprimer en mots ce qui échappe au temps ? Nous avons copie des lettres de Paul et, dès la première (qui date de l’an 51, soit 21 ans après la crucifixion), on voit que la résurrection et le sort des défunts soulèvent beaucoup d’interrogations. Paul répond :

« Nous ne voulons pas vous laisser dans l’ignorance au sujet de ceux qui dorment afin que vous ne soyez pas dans la tristesse comme les autres qui n’ont pas d’espérance ».

Donc la mort est comme un sommeil – d’où le nom de « cimetière » qui signifie dortoir. Et si les chrétiens en deuil sont évidemment tristes et en larmes, cette tristesse est animée par l’espérance et ne s’abîme pas dans le désespoir absolu.

Et Paul dit l’essentiel :

« Et ainsi nous serons toujours avec le Seigneur. Réconfortez-vous donc les uns les autres par cet enseignement ».

Telle est notre espérance : avec Jésus Seigneur – nous – toujours – en communion. Voilà le réconfort que nous avons toujours à recevoir, à partager et à transmettre.

Les premiers chrétiens n’auraient jamais tendu les tentures noires et, dans les larmes, ils chantaient ALLELUIA.

LA MORT … ET AVANT ?

Ce message extraordinaire de la Résurrection n’entrouvre pas seulement la porte de l’avenir mais il éclaire l’existence terrestre d’aujourd’hui. La foi en Jésus se projette dans l’espérance dans l’au-delà et, du coup, elle mobilise l’amour tout de suite, ici dans l’en-deçà. C’est pourquoi Paul poursuit sa lettre en recommandant aux chrétiens de ne pas spéculer sur le « Jour du Seigneur » et les événements de la fin mais à diriger leur vie par la lumière de la résurrection :

« Vous n’êtes pas dans les ténèbres…Vous êtes tous fils de la lumière; nous ne sommes ni de la nuit ni des ténèbres. Donc ne dormons pas comme les autres, soyons vigilants et sobres…revêtus de la cuirasse de la foi et de l’amour, avec le casque de l’espérance du salut … Dieu nous a destinés à posséder le salut par notre Seigneur Jésus Christ, mort pour nous afin que nous vivions unis à lui. Réconfortez-vous mutuellement et édifiez-vous l’un l’autre (3, 11) … Que le Seigneur fasse croître l’amour que vous avez les uns pour les autres et pour tous…La volonté de Dieu, c’est que vous viviez dans la sainteté…(4, 3)

L’espérance de la vie après la mort n’a donc rien d’un calmant pour se résigner aux épreuves du présent. Elle est tout au contraire force de conversion pour un engagement renouvelé. Le départ du défunt aimé déchire le cœur pour en faire sortir de nouvelles forces d’amour.

Les apôtres ne se sont pas figés dans la nostalgie et la rumination des souvenirs anciens : au contraire leur amour de Jésus vivant s’est démultiplié en amour universel au point de quitter leur pays, emportés par le désir de le faire connaître et donc, par là-même, de susciter une humanité qui ici et maintenant apprend à aimer. La résurrection n’est pas un mirage mais un virage. L’absent disparu provoque à aimer les présents pour que croisse l’amour les uns pour les autres. Il y a une vie avant la mort. Les yeux qui pleurent voient mieux l’essentiel.

TOUS LES SAINTS

Combien étaient-ils dans cette minuscule communauté de Salonique ? Une vingtaine ? Juifs rejetés de la synagogue et païens suspects à leurs proches. Perdus dans une grande ville avec ses écoles philosophiques, ses temples majestueux, ses théâtres et ses stades. Situation analogue à la nôtre aujourd’hui.

Paul était sûr d’y avoir allumé, par l’Esprit, une lumière qui allait se répandre et que rien ni personne ne pourrait éteindre. A condition que les « éveillés » dans la foi en la résurrection demeurent vigilants dans l’espérance. C’est là, et seulement là, qu’étaient leurs armes – car la vie chrétienne est un combat – pour résister à la dérision, au fatalisme où l’homme, comme Œdipe, est condamné à accomplir son destin de mort.

La Toussaint nous parle de sainteté, du tragique de la mort, de communion indéchirable, de joie. Elle est grâce de Dieu. Bonne Nouvelle.

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Raphaël Devillers,  dominicain
Tél. : 04 / 220 56 93   –   Courriel :   r.devillers@resurgences.be

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SAINT IGNACE D’ANTIOCHE – UN GEANT DE LA FOI

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Ignace d’Antioche
Lettre aux Romains (extraits)

 

… Enchaîné dans le Christ Jésus, j’espère vous saluer, si du moins c’est la volonté de Dieu que je sois trouvé digne d’aller jusqu’au terme.

… Ne demandez pour moi que la force intérieure et extérieure, pour que non seulement je parle mais que je veuille, pour que non seulement on me dise chrétien, mais que je le sois trouvé de fait. Si je le suis de fait, je pourrai être un « vrai » croyant.

Moi, j’écris à toutes les Églises que c’est de bon cœur que je vais mourir pour Dieu, si du moins vous ne m’en empêchez pas. Je vous en supplie, n’ayez pas pour moi une bienveillance inopportune.

Laissez-moi être la pâture des bêtes, par lesquelles il me sera possible de trouver Dieu … Je suis le froment de Dieu, et je suis moulu par la dent des bêtes, pour être trouvé un pur pain du Christ.

Flattez plutôt les bêtes, pour qu’elles soient mon tombeau, et qu’elles ne laissent rien de mon corps … C’est alors que je serai vraiment disciple de Jésus-Christ, quand le monde ne verra même plus mon corps. Implorez le Christ pour moi, pour que, par l’instrument des bêtes, je sois une victime offerte à Dieu … Si je souffre, je serai un affranchi de Jésus-Christ et je renaîtrai en lui, libre.

Puissé-je jouir des bêtes qui me sont préparées. Je souhaite qu’elles soient promptes pour moi. Et je les flatterai, pour qu’elles me dévorent promptement.

… C’est maintenant que je commence à être un disciple. Que rien, des êtres visibles et invisibles, ne m’empêche de trouver le Christ.

Il est bon pour moi de mourir pour m’unir au Christ Jésus, plus que de régner sur les extrémités de la terre. C’est lui que je cherche, qui est mort pour nous ; lui que je veux, qui est ressuscité pour nous. Mon enfantement approche … Laissez-moi recevoir la pure lumière ; quand je serai arrivé là, je serai un homme.

Permettez-moi d’être un imitateur de la passion de mon Dieu.

Et si, quand je serai près de vous, je vous implore, ne me croyez pas. Croyez plutôt à ce que je vous écris.

Mon désir terrestre a été crucifié, et il n’y a plus en moi de feu pour aimer la matière, mais en moi une « eau vive » qui murmure et qui  dit au-dedans de moi : « Viens vers le Père ».

Je ne me plais plus à une nourriture de corruption ni aux plaisirs de cette vie ; c’est le pain de Dieu que je veux, qui est la chair de Jésus-Christ, de la race de David et pour boisson je veux son sang, qui est l’amour incorruptible.

 

Tout le petit livre est à lire, à méditer,

à prier pour les innombrables martyrs de notre temps

et pour obtenir, nous, la force de témoigner dans les épreuves.

IGNACE D’ANTIOCHE : Lettres aux Eglises (éd. poche – Cerf)

Biographie et texte disponibles sur le net.

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GEORGES BERNANOS

[one_full last= »yes » spacing= »yes » center_content= »no » hide_on_mobile= »no » background_color= » » background_image= » » background_repeat= »no-repeat » background_position= »left top » hover_type= »none » link= » » border_position= »all » border_size= »0px » border_color= » » border_style= » » padding= » » margin_top= » » margin_bottom= » » animation_type= » » animation_direction= » » animation_speed= »0.1″ animation_offset= » » class= » » id= » »][fusion_text]Il y a en ce moment dans le monde,
au fond de quelque église perdue,
ou même dans une maison quelconque…
tel pauvre homme qui joint les mains et, du fond de sa misère,
sans bien savoir ce qu’il dit, ou sans rien dire,
remercie le bon Dieu de l’avoir fait « libre », de l’avoir fait « capable d’aimer ».

Il y a quelque part ailleurs, je ne sais où,
une maman qui cache pour la dernière fois son visage
au creux d’une petite poitrine qui ne battra plus,
une mère près de son enfant mort,
qui offre à Dieu le gémissement d’une résignation exténuée,
Comme si la voix qui a jeté les soleils dans l’étendue…
venait de lui murmurer doucement à l’oreille :
« Pardonne-moi. Un jour tu sauras, tu comprendras, tu me rendras grâce.
Mais maintenant, ce que j’attends de toi, c’est ton pardon, pardonne ».

Ceux-là, cette femme harassée, ce pauvre homme
se trouvent au creux du mystère, au cœur de la création universelle,
et dans le secret même de Dieu.

Georges BERNANOS : Liberté pourquoi faire ?

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30ème dimanche – Année B – 28 octobre 2018 – Évangile de Marc 10, 46-52

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ÉVANGILE DE MARC 10, 46-52

QUE JE VOIE !…

Depuis quelques dimanches, nous suivons Jésus qui monte vers Jérusalem en imposant de dures exigences à ses disciples. Descendant par la route longeant le Jourdain, il est repassé à l’endroit où Jean l’avait baptisé : il lui faut aller jusqu’au bout de l’engagement pris ce jour-là. La dernière étape a lieu à Jéricho.

Jésus et ses disciples arrivent à Jéricho. Et tandis que Jésus sortait de Jéricho avec ses disciples et une foule nombreuse, le fils de Timée, Bartimée, un aveugle qui mendiait, était assis au bord du chemin. Quand il entendit que c’était Jésus de Nazareth, il se mit à crier : « Fils de David, Jésus, prends pitié de moi ! » Beaucoup de gens le rabrouaient pour le faire taire, mais il criait de plus belle : « Fils de David, prends pitié de moi ! »
Jésus s’arrête et dit : « Appelez-le. » On appelle donc l’aveugle, et on lui dit : « Confiance, lève-toi ; il t’appelle. » L’aveugle jeta son manteau, bondit et courut vers Jésus qui lui dit : « Que veux-tu que je fasse pour toi ? » L’aveugle lui dit : « Rabbouni, que je retrouve la vue ! » Et Jésus lui dit : « Va, ta foi t’a sauvé. » Aussitôt l’homme retrouva la vue, et il suivait Jésus sur le chemin.

Marc insiste beaucoup sur la marginalité de cet infirme. Isolé dans les ténèbres, il est exclu du monde des voyants. Incapable de travailler, il est chômeur. De condition modeste, sans personne pour subvenir à ses besoins, il est obligé de mendier. Les gens vont et viennent : il est assis sur le bord de la route. La cécité empêchant tout contact avec des choses impures, il est catalogué « impur » et ne peut entrer dans le temple et y faire un sacrifice (Lév. 21, 18). Et – paradoxe – ce marginal, ce S.D.F., porte un nom honorifique : Bar (fils de) Timée (valeur, considération). Comme si ce misérable en détresse s’appelait Baron ou Leprince !

Sans yeux, il a de bonnes oreilles : un tintamarre de cortège s’approche. Il s’informe. On lui apprend que c’est le fameux Jésus qui passe avec une foule pleine d’allégresse. Bartimée a une bonne voix : il se met à crier : « Fils de David, aie pitié de moi ». Si beaucoup de gens restent encore perplexes sur l’identité de l’ancien charpentier de Nazareth, Bartimée, lui, sait : Oui il est le Messie, descendant de David, et donc il peut me sauver. Choqués par ses cris, certains rabrouent ce brailleur qui a l’outrecuidance de perturber le chant des cantiques. Mais l’aveugle multiplie ses appels. Jésus les perçoit et s’arrête. Amenez-le-moi. On prévient Bartimée qui, d’un bond, se redresse, rejette son pauvre manteau qui l’entrave et s’avance à tâtons vers Jésus.
– Que veux-tu ? – QUE JE VOIE ! – Va, ta foi t’a sauvé. Et Bartimée, guéri, fou de joie, ne découvre pas seulement le monde : il VOIT qu’il faut SUIVRE JESUS.

Cet aveugle a VU qui était Jésus, il a VU qu’il pouvait le guérir, il a VU qu’il fallait gu… fort quitte à crisper certains, il a Vu qu’il ne pouvait se taire, il a VU qu’il fallait se débarrasser de son manteau, sa seule protection, au contraire du jeune homme incapable de se libérer de ses biens. Il a VU qu’il fallait rencontrer Jésus et lui jeter sa supplication.
Et Jésus, VOYANT sa foi, son malheur, son dénuement, son désir l’a guéri.

Prenons garde que le chant de nos cantiques nous empêche de percevoir les appels de détresse des pauvres, que nos yeux clos dans la piété ne voient pas ceux qui attendent notre pitié, que nos pèlerinages s’affadissent en tourisme religieux. Que nos églises restent ouvertes pour laisser entrer les cris d’un monde en agonie.

La route avec Jésus est consolante mais la priorité est à garder pour les fossés latéraux où gisent ceux que l’on a rejetés.

ENFIN JE VOIS CE QUE JESUS VEUT ME DIRE

Ce miracle de Jéricho, dernier de l’évangile de Marc, termine le récit de la longue montée de Jésus à Jérusalem. En relisant tout le texte, on constate qu’il a été précédé par une autre guérison d’un aveugle à Bethsaïde en Galilée. Si bien que l’ensemble est encadré :

* 8, 22 : Jésus guérit un aveugle à Bethsaïde.

8, 27 : à Césarée, Jésus décide monter à Jérusalem et annonce sa Passion. Pierre s’y oppose mais Jésus le repousse : « Derrière moi, satan ! »

9, 30 : VANITE DES DISCIPLES Jésus annonce à nouveau sa Passion. Les disciples se querellent entre eux. Jésus leur apprend que le premier doit être le serviteur de tous.

10, 1 : MARIAGE Contre les pharisiens, Jésus refuse toute répudiation dans le mariage. Les disciples restent incrédules.

10, 13 : ENFANTS Les disciples rabrouent les mamans avec leurs petits mais Jésus leur ordonne de devenir comme des enfants pour entrer dans le Royaume.

10, 17 : ECONOMIE, ARGENT Jésus invite en vain le jeune homme à renoncer à ses biens ; il souligne l’immense danger de l’attachement à l’argent. Les disciples en sont effrayés.

10, 32 : CARRIERISME DES DISCIPLES Jésus annonce encore sa Passion proche. Les disciples sont effrayés. Les frères Zébédée complotent pour court-circuiter Pierre. Mais Jésus martèle à tous que le premier doit être le serviteur. Et il annonce qu’il va donner sa vie pour libérer les hommes de l’esclavage de la jalousie, de la cupidité.

* 10, 42 : Jésus guérit un aveugle à Jéricho. Celui-ci marche derrière Jésus.

On le voit : la montée à Jérusalem n’est pas seulement un voyage géographique mais une métaphore pour une montée spirituelle, une succession d’exigences pénibles.

Cet enseignement nouveau (8, 31) tranche avec les débuts où Jésus attirait le succès des foules par sa promesse du Royaume et surtout ses guérisons qui étaient vues comme des signes de puissance. Maintenant Jésus annonce qu’il va se heurter au refus catégorique des autorités, qu’il devra subir la Passion mais ce sera un don d’amour dans l’accès à son Père pour la libération des cœurs. Et cette œuvre messianique devra se prolonger jusqu’à la fin des temps : les disciples, à leur tour, devront renoncer à leurs conceptions humaines de gloire, de victoire, d’enrichissement.

Or, à chaque annonce, on note le refus, la stupeur, l’incrédulité, l’effroi des disciples – même du chef Simon-Pierre. Tous renâclent et voudraient une autre manière de changer le monde. Mais Jésus leur répète qu’il n’y a pas de « plan B ». La preuve est donnée par l’histoire : tant de rois, de révolutionnaires, d’idéologues, de conquérants ont affirmé le contraire ; même à l’intérieur de l’Eglise, de hauts prélats ont prôné gloire, grandeur, richesses. Tous se sont fourvoyés et ont conduit les peuples à l’affrontement et à la guerre.

Paul de Tarse, Ignace d’Antioche, François d’Assise, Jean de la Croix, Vincent de Paul, la petite Thérèse, Damien, Maximilien Kolbe, Popeliusko, Martin Luther King, Oscar Romero ont voulu l’Evangile. Ils l’ont payé cher. Mais ils nous ont ouvert un avenir de Vie.

On comprend pourquoi Marc a encadré cette montée par des guérisons d’aveugles. Nous ne voyons pas le bien-fondé des enseignements de Jésus, nous ne comprenons pas que la grandeur est dans le service, nous jouissons de voir augmenter nos biens, nous voulons être adultes affirmés et non des enfants. Imitons Bartimée :

Ne pas nous culpabiliser sur notre état, peu importe le fossé dans lequel nous gisons – Reconnaître notre cécité – Appeler, crier notre désir de voir – Ne pas nous taire si l’entourage de Jésus nous reproche nos appels – Lâcher ce qui nous encombre – Aller vers Jésus – Le suivre sur le chemin qu’il nous indique.[/fusion_text][/one_full][one_full last= »yes » spacing= »yes » center_content= »no » hide_on_mobile= »no » background_color= » » background_image= » » background_repeat= »no-repeat » background_position= »left top » hover_type= »none » link= » » border_position= »all » border_size= »0px » border_color= » » border_style= » » padding= » » margin_top= » » margin_bottom= » » animation_type= » » animation_direction= » » animation_speed= »0.1″ animation_offset= » » class= » » id= » »][fusion_text]

Raphaël Devillers,  dominicain
Tél. : 04 / 220 56 93   –   Courriel :   r.devillers@resurgences.be

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DIETRICH BONHOEFFER – LA GRÂCE Â BON MARCHÉ ET LA GRÂCE QUI COÛTE

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LA GRÂCE Â BON MARCHÉ
ET LA GRÂCE QUI COÛTE

 

La grâce à bon marché est l’ennemie mortelle de notre Eglise…
La grâce à bon marché, c’est la grâce considérée comme une marchandise à liquider, le pardon au rabais, la consolation au rabais, le sacrement au rabais … ; la grâce non tarifiée, la grâce qui ne coûte rien…

La grâce à bon marché c’est la grâce envisagée en tant que doctrine, en tant que principe, en tant que système ; c’est le pardon des péchés considéré comme une vérité universelle ; c’est l’amour de Dieu pris comme idée chrétienne de Dieu. L’affirmer, c’st posséder déjà le pardon de ses péchés…

Dans cette Eglise le monde trouve, à bon marché, un voile pour couvrir ses péchés, péchés dont il ne se repent pas et dont, à plus forte raison, il ne désire pas se libérer. De ce fait la grâce à bon marché est la négation de la Parole vivante de Dieu, la négation de l’incarnation de la Parole de Dieu.

La grâce à bon marché, c’est la justification du péché et non point du pécheur. Puisque la grâce fait tout toute seule, tout n’a qu’à rester comme avant …

Que le chrétien vive donc dans le monde, qu’il soit en toutes choses semblable au monde et qu’il ne s’avise surtout pas de mener sous la grâce une vie différente de celle qu’on mène sous le péché !

 


 

La grâce qui coûte, c’est le trésor caché dans le champ : à cause de lui, l’homme va et vend joyeusement tout ce qu’il a… ;
c’est la royauté du Christ : à cause d’elle, l’homme s’arrache l’œil qui est pour lui une occasion de chute ;
c’est l’appel de Jésus Christ : l’entendant, le disciple abandonne ses filets et suit.

La grâce qui coûte, c’est l’évangile qu’il faut toujours chercher à nouveau ; c’est le don pour lequel il faut prier, c’est la porte à laquelle il faut frapper.
Elle coûte parce qu’elle appelle à l’obéissance ;
elle est grâce parce qu’elle appelle à l’obéissance à Jésus-Christ …

La grâce coûte cher d’abord parce qu’elle a coûté cher à Dieu, parce qu’elle a coûté à Dieu la vie de son Fils.

Cette Parole nous atteint sous la forme d’un appel miséricordieux à suivre Jésus sur la voie de l’obéissance, elle se présente à l’esprit angoissé et au cœur abattu sous la forme d’une parole de pardon.

La grâce coûte cher parce qu’elle contraint l’homme à se soumettre au joug de l’obéissance à Jésus-Christ.
Mais c’est une grâce que Jésus dise : « Mon joug est doux et mon fardeau léger »

D. BONHOEFFER : Le prix de la grâce – éd. du Cerf

[/fusion_text][/one_full][one_full last= »yes » spacing= »yes » center_content= »no » hide_on_mobile= »no » background_color= »#d69c93″ background_image= » » background_repeat= »no-repeat » background_position= »left top » hover_type= »none » link= » » border_position= »all » border_size= »0px » border_color= » » border_style= »solid » padding= »25px » margin_top= » » margin_bottom= » » animation_type= »0″ animation_direction= »down » animation_speed= »0.1″ animation_offset= » » class= » » id= » »][fusion_text]

Les chrétiens sont avec Dieu dans sa Passion.
Voilà ce qui distingue les chrétiens des païens.
« Ne pouvez-vous veiller une heure avec moi ? » demande Jésus à Gethsémani.
C’est le renversement de tout ce que l’homme religieux attend de Dieu.
L’homme est appelé à souffrir avec Dieu
de la souffrance que le monde sans Dieu inflige à Dieu »

 

D. Bonhoeffer : Résistance et soumission – Lettres de captivité
Ed. Labor et fides

[/fusion_text][/one_full][one_full last= »yes » spacing= »yes » center_content= »no » hide_on_mobile= »no » background_color= »#edaa5a » background_image= » » background_repeat= »no-repeat » background_position= »left top » hover_type= »none » link= » » border_position= »all » border_size= »0px » border_color= » » border_style= »solid » padding= »20px » margin_top= » » margin_bottom= » » animation_type= »0″ animation_direction= »down » animation_speed= »0.1″ animation_offset= » » class= » » id= » »][fusion_text]

SI UN HOMME COMME JESUS A VECU,
ALORS IL VAUT LA PEINE
QUE NOUS VIVIONS,
NOUS, LES AUTRES HOMMES
 

D. Bonhoeffer

[/fusion_text][/one_full][one_full last= »yes » spacing= »yes » center_content= »no » hide_on_mobile= »no » background_color= » » background_image= » » background_repeat= »no-repeat » background_position= »left top » hover_type= »none » link= » » border_position= »all » border_size= »0px » border_color= » » border_style= »solid » padding= »20px » margin_top= » » margin_bottom= » » animation_type= »0″ animation_direction= »down » animation_speed= »0.1″ animation_offset= » » class= » » id= » »][fusion_text]

Lire aussi : Prier 15 jours avec D. Bonhoeffer ( éd. Nouvelle Cité)

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29ème dimanche – Année B – 21 octobre 2018 – Évangile de Marc 10, 35-45

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ÉVANGILE DE MARC 10, 35-45

LA PASSION DU POUVOIR ou LE POUVOIR DE LA PASSION

Tout avait bien commencé et en quelque temps toute la Galilée parlait de ce jeune prophète sorti de Nazareth. Il parlait la langue du peuple, sans abstractions théologiques ni complications juridiques. Il racontait des histoires qui touchaient les cœurs, par exemple l’amour du bon samaritain, le retour du fils prodigue. Il s’approchait de tous, même des femmes et des enfants. Il assurait qu’un voleur pouvait devenir un missionnaire de Dieu. Il libérait du carcan des observances, il offrait le pardon aux pécheurs. Il annonçait l’arrivée d’un nouveau monde où l’on s’aimerait et, plein de compassion, il guérissait les malades et les handicapés. Lui qui s’appelait IESHOUAH « Dieu sauve », n’était-il pas le Messie promis qui allait apporter, enfin, la libération tant attendue ?

Et puis il y eut ce tournant radical à Césarée : la nouvelle ville dédiée à l’Empereur, témoignait de l’expansion irrésistible de la civilisation « gréco-romaine » comme nous l’appelons encore. Devinant à l’horizon de la Méditerranée cet immense monde païen avec ses réalisations prestigieuses, Athènes, Rome, Alexandrie, Ephèse…, Jésus ne fulmina aucun anathème contre ce monde païen, ses idoles, son faste, ses spectacles, ses jeux. Au contraire il y perçut la même humanité avec sa quête de bonheur, ses désirs d’amour, ses interrogations, ses maladies, ses souffrances, son immense besoin de salut.

Et au lieu d’appeler Césarée, la ville impériale, à se convertir, Jésus au contraire se retourna et décida de monter à Jérusalem, la ville de Dieu et du Temple, afin de l’appeler, elle la première, à se convertir. Coup de tonnerre pour les apôtres totalement déconcertés !

LA MONTEE A JERUSALEM ET LES EXIGENCES RADICALES

Depuis quelques dimanches, Marc nous raconte cette montée à Jérusalem au long de laquelle Jésus donne un nouvel enseignement à ses disciples. A chaque révélation, c’est la même stupeur, la même incompréhension mais, chaque fois, Jésus balaie les objections et formule ses exigences indiscutables. Rappelons-nous.

+ D’abord Jésus écarte tout rêve de triomphe : il sait que sa prédication sera inacceptable et que les autorités du Temple décideront sa mort. Il y aura souffrances et croix. Mais le Père glorifiera son Fils.

Immédiatement le brave Pierre se dresse contre cette éventualité : « Jamais, Seigneur ! ». Mais Jésus l’écarte avec violence : « Passe derrière, satan ! Pas de Royaume sans croix ! ».

+ Dès le point de départ, Jésus prévient que tout disciple qui veut le suivre doit renoncer à ses conceptions, accepter les croix des hostilités et des condamnations. Mais « celui qui perdra sa vie à cause de moi et l’Evangile, la sauvera ».

A l’étape, les apôtres, tout penauds, n’osent avouer qu’ils se disputaient en route pour désigner lequel d’entre eux était le plus grand. Jésus torpille ces mesquineries : « Le premier sera le dernier et le serviteur de tous ». Et plaçant un enfant au milieu du groupe, il leur demande de l’accueillir en sa personne.

+ En Galilée, on retrouve la foule et Jésus édicte que si Moïse a autorisé la répudiation de l’épouse, ce n’était qu’une concession. Le mariage d’un homme et d’une femme, l’amour conjugal, est une merveille voulue du Créateur et que l’homme ne peut rompre.

Les apôtres sont choqués par ce blocage (Le père de Simon et André n’est-il pas remarié ?) mais Jésus ne revient pas en arrière : les premières pages de la Bible sont formelles.

+ Peu après, voilà des mamans tout heureuses qui demandent à Jésus de bénir leurs petits. Toujours imbus de leur importance, les apôtres écartent toute cette marmaille mais Jésus s’indigne : « Lourdauds ! Il vous faut être comme ces petits pour entrer dans le Royaume ! ».

+ Et puis survient le jeune homme riche, son incapacité de tout laisser et surtout la nouvelle affirmation de Jésus : « Qu’il sera difficile à ceux qui ont des richesses d’entrer dans le Royaume ». Les apôtres qui ont appris dans les Ecritures que la richesse était une récompense de Dieu pour les justes sont sciés, effrayés : qui donc sera sauvé ? « A Dieu tout est possible » répond Jésus. L’homme ne fait pas son salut, il le demande et il l’accueille.

Et nous voici au dernier épisode raconté ce dimanche.

LA MANŒUVRE DES ZEBEDEE

Quand les deux frères Jacques et Jean présentent discrètement leur demande à Jésus, c’est donc qu’en dépit des affirmations répétées du Maître, ils restent persuadés qu’à Jérusalem il va instaurer un royaume glorieux dont ils convoitent d’occuper les places d’honneur. Ce qui est une remise en question du primat de Simon que Jésus a surnommé Pierre et mis en tête de la liste des Douze (3, 16) ! Pourquoi donc cette manœuvre ? N’est-ce pas parce que Simon et André étaient de pauvres types qui pêchaient à l’épervier tandis que Jacques et Jean étaient les fils du patron bien connu, senior Zébédée, qui dirigeait une entreprise de pêche avec des ouvriers (1, 20) ? Etant donné que nous sommes de condition sociale plus élevée, à nous les premières places. Mais Jésus ne range pas les gens par ordre de richesse ou de diplômes : ainsi le plus grand théologien du 19ème siècle est une petite femme qui a tout juste fait ses études primaires : sainte Thérèse de Lisieux, « Docteur de l’Eglise » !!

Jésus ramène les deux ambitieux à la dure réalité: il vous faudra subir un baptême épouvantable – c.à.d. être plongé dans le gouffre de la souffrance, de la torture et de la mort. Et boire la coupe jusqu’à la lie – c.à.d. aller au fond de l’amertume et de l’ignominie.

Et puisqu’ils auront lâché leur Seigneur emporté par sa Passion, ce n’est pas eux mais deux inconnus, deux prisonniers qui, à gauche et à droite, entoureront Jésus devenu roi au Golgotha sur le trône de sa Croix (15, 27)

Les dix autres apôtres ont perçu le complot des Zébédée, et ils sont furieux…car eux aussi briguaient les places honorifiques. Alors Jésus convoque l’assemblée générale : Les amis, comprenez bien la différence radicale entre le monde et mon Eglise.

Dans le monde de la politique ou des affaires, c’est la lutte acharnée, la loi de la jungle et parfois tous les coups sont permis : flatteries, mensonges, croche-pieds, corruption et même, en certains lieux, poison, poignard et meurtres.

Pour vous, apôtres, responsables des communautés, il doit en aller à l’inverse : Vous voulez être grand ? Servez les autres. Vous voulez être le premier ? Faites-vous esclave de tous.

Ainsi l’ultime instruction sur le chemin reprend le thème de la première (9, 35). Si Marc se permet de dénoncer l’ambition et la jalousie qui gangrenaient le coeur des Douze, c’est pour montrer la faiblesse de ceux-là même que Jésus avait choisis et surtout pour mettre en garde leurs successeurs, tous les responsables de communautés qui sont encore et toujours titillés par les mêmes envies.

Combien de fois le pape François n’a-t-il pas répété: le désir de pouvoir, le carriérisme rôde à l’intérieur de la Curie. Qui donc pourrait l’en extirper ?…Jésus le dit pour terminer :

CAR LE FILS DE L’HOMME N’EST PAS VENU POUR ETRE SERVI, MAIS POUR SERVIR,
ET DONNER SA VIE EN RANÇON POUR LA MULTITUDE.

Depuis Césarée, il avait annoncé à plusieurs reprises sa Passion prochaine à Jérusalem.

Ici maintenant il donne le sens de cette Passion : il ne sera pas une victime capturée par surprise ni un objet que l’on maltraite. Il sera un sujet qui se donne librement et offre sa vie, tel le Serviteur dont parlait Isaïe (1ère lecture).

Il sera le nouvel agneau qui s’immole pour accomplir la Pâque de « la multitude » c.à.d. pour libérer son peuple universel, les juifs et les païens, de l’esclavage du péché, de la prison de la cupidité, de l’égoïsme, de l’ambition, de la jalousie.

Païens d’Athènes, Prêtres de Jérusalem et même Apôtres de Jésus, tous sont pécheurs, passionnés de cupidité, de pouvoir, de jalousie.

Passionné d’amour de son Père et des hommes, Jésus – l’enfant, le serviteur, le fils, le dernier, l’humilié – va devenir Roi sur le trône de la Croix.[/fusion_text][/one_full][one_full last= »yes » spacing= »yes » center_content= »no » hide_on_mobile= »no » background_color= » » background_image= » » background_repeat= »no-repeat » background_position= »left top » hover_type= »none » link= » » border_position= »all » border_size= »0px » border_color= » » border_style= » » padding= » » margin_top= » » margin_bottom= » » animation_type= » » animation_direction= » » animation_speed= »0.1″ animation_offset= » » class= » » id= » »][fusion_text]

Raphaël Devillers,  dominicain
Tél. : 04 / 220 56 93   –   Courriel :   r.devillers@resurgences.be

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YANN ARTHUS-BERTRAND : « Ceux qui aident sans rien attendre en retour rayonnent d’une joie intérieure »

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Agnès Pinard Legry/Domitille Farret d’Astiès | 09 octobre 2018

 

Aleteia : Pourquoi avoir mis votre art au service de Laudato Si’ ?

Yann Arthus-Bertrand : J’étais en déplacement à Brazzaville où je connais très bien une dominicaine, sœur Ida. Elle vit au Congo avec les enfants dont personne ne veut : les handicapés mentaux, les autistes… À chaque fois que je lui rends visite, je suis ému aux larmes. Parfois, il lui faut un an pour apprendre à ces gosses à s’asseoir sur une chaise. Mais quand elle les regarde, c’est avec une tendresse immense. La dernière fois elle m’a confié que dans dix ans, ils sauraient tous lire. Elle souhaite créer pour eux une belle école avec un internat. Que répondre à tant de patience et de force de conviction ? J’ai donc cherché un moyen de financer son projet. Je n’avais pas lu l’encyclique Laudato Si’ mais je savais que c’était un texte révolutionnaire, qui correspondait à mes valeurs. C’est ainsi que m’est venue l’idée de l’illustrer et de reverser l’intégralité des droits d’auteur à sœur Ida.

Maintenant que vous l’avez illustré et préfacé, qu’en pensez-vous ?

La compassion, l’honnêteté, l’éthique, la morale. Toutes ces valeurs chrétiennes sont essentielles. Elles doivent être encouragées et nourries. Ce sont ces valeurs qui seront une des réponses au changement climatique. Personnellement, j’ai l’impression de devenir chrétien de plus en plus : je ne crois pas en Dieu, mais je suis chrétien par les valeurs que porte le christianisme. La solution ne sera pas politique et elle ne sera pas non plus scientifique ou économique : même si on parle de greentech, on ne va pas remplacer des barils de pétrole par des panneaux solaires. Non, je pense que la prochaine révolution sera spirituelle. Spirituelle dans le sens suivant : nous sommes tous dépassés par le changement climatique et c’est peut-être grâce à la spiritualité, et à la prise de conscience que nous sommes de passage sur terre et que nous devons respecter notre maison commune, que la réponse viendra.


Le pape François vous inspire-t-il ?

« Laudato Si’ » est un texte extrêmement courageux. Le pape François fait partie de ces grands hommes, de ces grandes âmes qui habitent le monde. Mais si on parle d’admiration et d’inspiration, parlons de ces missionnaires ! Je croise énormément de monde quand je pars en voyage et je dois dire que les religieux font partie des personnes qui me marquent le plus. Je me souviens par exemple d’une religieuse rencontrée en Inde, à Ahmedabad. J’allais faire un sujet sur les chevaux, mais l’Alliance française m’a conseillé d’y faire un tour. Et là, j’ai eu un véritable coup de cœur : je suis tombée sur une religieuse française qui devait avoir autour de 80 ans. Pendant deux heures, je suis resté avec elle, alors qu’elle avait un lépreux dans les bras, défiguré, qui était en train de mourir. Elle l’embrassait et lui caressait le visage. Je crois que, finalement, accompagner une personne dans ses derniers instants, c’est la plus belle chose que l’on puisse faire. Pendant longtemps, j’ai conservé sa photo sur moi. C’est un peu le même choc que j’ai eu avec sœur Ida au Congo. Beaucoup gueulent contre les missionnaires, mais ils n’ont pas compris leur rôle incroyable ! Aujourd’hui, s’ils n’étaient pas là, le continent africain s’écroulerait ! Cette espèce de tradition d’aider les autres est formidable. Je ne sais si c’est la foi, mais ces religieuses et religieux sont resplendissants. Leur famille, ce sont les pauvres. Je pense à ma tante religieuse : elle a 100 ans et vit dans une maison de retraite. La dernière fois que je suis allé la voir, je lui ai demandé comment elle faisait pour être si joyeuse. Et là, elle m’a répondu : ce n’est pas difficile, j’essaye de ne pas penser à moi, mais aux autres.

Et vous, quelle est votre mission ?

Quand on y réfléchit, réussir ma vie professionnelle n’a pas été le plus dur. Réussir sa vie d’homme, ça c’est plus compliqué ! J’aime aider, cela me rend heureux. Avec la photographie, je voyage, je contemple la maison du monde et je croise tous ces gens qui donnent sans compter, qui aident sans rien attendre en retour. Ceux qui font tout cela rayonnent d’une joie intérieure. Et en les contemplant, on a envie de faire pareil et de rayonner, comme eux. Est-ce par égoïsme ? Peut-être un peu car on aimerait avoir ce qu’ils ont. Alors quand sœur Ida me parle de sa maison pour aider tous ces gamins, je veux l’aider. Ça, ça me rend heureux.

Quelle est votre espérance pour les prochaines années ?

Je pense que les gens ont conscience de la crise écologique que nous vivons. L’envie d’aider et de participer à la protection de notre environnement est là. Mon espérance est de voir tout ce petit monde se mettre en mouvement et passer de l’intention à l’action.

Laudato Si’, Pape François, illustré par Yann Arthus-Bertrand,
éditions Première Partie, parution le 15 novembre 2018.

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Frère Alois, responsable de la communauté de Taizé : « Répondre à la soif spirituelle des jeunes et à leur recherche de communion »

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Avec mes frères nous sommes souvent étonnés d’entendre des jeunes que nous accueillons à Taizé dire qu’ils s’y sentent « comme à la maison » et nous nous demandons pourquoi. C’est peut-être que, pour être vraiment eux-mêmes, ils ont besoin de se sentir utiles, de voir leur créativité encouragée, de recevoir des responsabilités.

Alors leur soif spirituelle s’éveille et il importe d’aller patiemment, ensemble avec eux, aux sources de la foi. Ils savent qu’ils sont accueillis par une communauté, d’abord dans la prière commune où tous participent activement, par le chant, l’écoute d’une brève lecture biblique, un long moment de silence.

Et souvent, ils approfondissent ainsi une relation personnelle avec le Christ.

Nous veillons à ce que les signes liturgiques évitent le formalisme, mais soient beaux et simples. Par exemple, nous voyons avec quelle profondeur les jeunes participent, chaque vendredi soir, à une prière autour de la croix, pour déposer auprès du Christ ce qui est trop lourd pour eux.

Nous nous disons : comme le Christ, écoutons-les avec le cœur en nous rappelant qu’il est déjà à l’œuvre en leur vie – et respectons le sanctuaire de leur conscience.

Ceux qui écoutent doivent être eux-mêmes accompagnés. Il manque dans l’Église des accompagnateurs : est-ce qu’un ministère d’écoute pourrait être confié, non seulement aux prêtres, aux religieux et religieuses, mais aussi à des laïcs, hommes et femmes ?

À Taizé, les jeunes découvrent aussi que l’Église est communion. Sans créer un mouvement organisé, nous renvoyons toujours les jeunes vers leurs paroisses et leurs lieux de vie. Tant d’entre eux aiment prier ensemble avec des jeunes de diverses confessions. Ils comprennent, ne serait-ce qu’implicitement, l’appel du Christ à nous réconcilier sans retard.

Nous avons fait tout récemment l’expérience d’une telle communion lors d’une rencontre asiatique de jeunes à Hong-Kong, une étape de notre pèlerinage de confiance. Parmi les jeunes participants, 700 ont pu venir de la Chine continentale – c’était la joie de l’Esprit Saint.

J’aimerais encore faire une proposition concrète. Bien souvent, le vocabulaire et la manière de parler sont des obstacles qui empêchent un grand nombre de jeunes d’entendre ce que dit l’Église. Le document final ne pourrait-il pas être accompagné d’une courte lettre, rédigée dans un style simple, adressée à un jeune qui cherche un sens à sa vie ?

Je voudrais résumer ce que je viens de dire avec une parole de frère Roger, le fondateur de notre communauté :

« Quand l’Église écoute, guérit, réconcilie,
elle devient ce qu’elle est au plus lumineux d’elle-même,
une communion d’amour, de compassion, de consolation,
limpide reflet du Christ ressuscité.
Jamais distante, jamais sur la défensive,
libérée des sévérités,
elle peut rayonner l’humble confiance de la foi
jusque dans nos cœurs humains. »

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28ème dimanche – Année B – 14 octobre 2018 – Évangile de Marc 10, 17-30

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ÉVANGILE DE MARC 10, 17-30

L’ARGENT, NÉCESSITÉ ET PRISON

Vraiment un garçon épatant. Bon chic, bon genre. Sympathique, affectueux avec ses parents, juste avec ses ouvriers, pieux et riche. Le gendre idéal pour toutes les mères de l’endroit qui avaient une fille à marier.
Pourtant il est tracassé par un certain malaise qu’il a du mal à cerner. Prévenu du passage de Jésus, ce prophète qu’il admire, il l’aborde avec grand respect : « Je veux recevoir la Vie divine, aller au ciel : que dois-je faire ? ». Il pose le problème essentiel de l’homme, il sait que la réussite de la vie dépend des actes. Il ne s’agit pas de théorie mais de sa propre façon de vivre, de ses engagements.

Jésus le renvoie au catéchisme qu’il doit bien connaître : pour vivre, l’homme n’a qu’à obéir aux commandements de Dieu. Respecter la vie, le mariage, les biens, la réputation du prochain. Tu es jeune : est-ce que tu respectes tes parents ? Tu sembles riche : as-tu été juste vis-à-vis de tes ouvriers, les as-tu bien traités ? Oui le Décalogue est bien le chemin de la vie.

Et comme le jeune homme affirme qu’il a toujours bien observé ces préceptes, Jésus ne lui reproche pas sa vanité et il le fixe avec affection. Si tu connaissais et pratiquais la réponse, pourquoi es-tu venu me poser la question ? C’est donc que tu es insatisfait, en quête d’autre chose, d’un je ne sais quoi. La simple morale ne te comble pas. Alors je ne te donne pas d’ordre mais je te propose :

« Une seule chose te manque : va, vends tout, donne aux pauvres et tu auras un trésor au ciel puis viens et suis-moi ».

Il avait tout : la jeunesse, de bons parents, la richesse, la droiture morale, la conscience d’être en règle avec Dieu. Il semblait comblé. Et voilà que Jésus l’invite à se désencombrer totalement, à renoncer en bloc à tout. Cinq impératifs : va, vends, donne, viens, suis-moi. Mais qui ne sont qu’une invitation car Jésus ne force jamais personne.
Tout au long de sa mission, Jésus ne lance jamais de telles exigences à ses auditoires. En annonçant l’Evangile et en appelant à la conversion, il laisse les gens se marier, gagner leur vie, élever leurs enfants, exercer leurs métiers, remplir leurs obligations sociales. L’Évangile n’est pas un appel au dénuement total et à la mendicité.
Mais Jésus a besoin de collaborateurs directs et il invite parfois certains, jeunes et non mariés, à tout lâcher et à l’accompagner dans sa vie itinérante. Ils ne sont pas meilleurs que les autres : simplement ils reçoivent un appel, une vocation particulière.

LE RICHE PRISONNIER

Ce brave garçon se croyait libre et tout à coup, à la parole de Jésus, il découvre que l’attachement à l’argent, au confort, aux propriétés est une chaîne qu’il n’a pas la force de briser. Il n’accuse pas Jésus d’en demander trop, il pressent dans le fond de son cœur qu’il a raison, qu’il lui a lancé l’appel qui répondait au désir secret de son cœur et le rendrait heureux. Mais hélas, il ne se résout pas à y répondre :

« A ces mots, il devint sombre et il s’en alla tout triste car il avait de grands biens ».

Jésus le regarde s’éloigner, les épaules basses : il ne se moque pas, ni ne le condamne, ni ne lui lance des concessions pour le retenir à tout prix. Va, tu seras un brave homme, tu mèneras une vie pieuse et paisible. Mais tu as raté l’aventure, tu es resté sourd à l’appel de l’absolu qui te demandait tout. Je t’offrais le dépouillement et la joie : tu as préféré la propriété et la tristesse.

La richesse est une prison terrible car elle empêche le possédant d’entrer dans le Royaume de Dieu. A deux reprises, Jésus répète : « Comme il sera difficile … » : cet obstacle se dressera toujours. Un chameau passerait plus facilement dans le chas de l’aiguille : l’image est forte, on a souvent tenté de la supprimer mais elle est bien écrite. Il y a des péchés qui font tomber lourdement, qui souillent, qui humilient mais dont l’auteur a honte et contre lesquels il lutte ardemment, avec la grâce de Dieu, pour s’en débarrasser. Mais comment franchir la porte étroite si nous tenons à nos surcharges de biens ?

« Les disciples étaient effrayés (rectifier la traduction liturgique émolliente: « stupéfaits ») … de plus en plus déconcertés ; ils se demandaient : « Mais alors qui peut être sauvé ? » Jésus les regarde : « Pour les hommes, cela est impossible mais pas pour Dieu : car tout est possible à Dieu »

Exigence terrible ! Le sol s’effondre sous leurs pieds : en effet la richesse n’est-elle pas normale, don de Dieu ? Les grands Patriarches Abraham, Isaac, Jacob, les grands rois David et Salomon regorgeaient de biens et ils en rendaient grâce à Dieu car c’était le signe de sa bénédiction, une récompense de leur foi. Aussi s’il faut renoncer à tout, qui donc alors peut être sauvé ?

Le salut n’est pas œuvre humaine, réussite de nos efforts et de nos sacrifices. « Que dois-je faire ? » demandait le jeune homme. La vraie question est : « Que dois-je demander et recevoir ? ». Dieu est bon, rappelait Jésus au début, il veut le salut de tout homme, et par des moyens que lui seul connaît. C’est en le priant, en nous laissant remplir de la richesse de son amour que nous chercherons moins notre bonheur dans les biens de ce monde. Le salut est toujours grâce.

Pierre dit alors à Jésus : «  Et nous, nous avons tout quitté pour te suivre… »

Mais alors que deviennent ceux qui ont reçu la grâce de tout quitter ? Jésus explique qu’il y aura compensation en deux temps.

« En ce temps-ci ». Celui qui aura tout quitté pour l’Evangile recevra dès maintenant le centuple : maison, frères, etc.…Ce qui signifie que les communautés devront aimer les apôtres itinérants comme des membres de la famille, les héberger, subvenir à leurs besoins, collaborer à leur mission. Remarquons que, dans la liste, ces missionnaires retrouveront mère, frères, sœurs mais non « père » puisque c’est l’ensemble des croyants qui prie le « Notre Père aux cieux » et qui peut être une communauté fraternelle, comme une famille de Dieu.

Mais en outre, et du fait même, les apôtres recevront les attaques des persécuteurs car le monde n’acceptera jamais des hommes qui apportent un message de conversion radicale. Les ténèbres refusent la lumière. Tous les évangiles s’accordent à répéter cet avertissement de Jésus.

« Dans le monde à venir ». Les pauvres apôtres recevront la richesse incommensurable de la Vie divine. Et n’oublions pas que le monde futur n’est pas seulement celui qui s’ouvre après la mort terrestre mais est, déjà tout de suite, la réalité mystérieuse présente dans le cœur du croyant

CONCLUSION

La richesse : le grand sujet dont Jésus sans cesse dénonce le danger mortel pour la foi. « Vous ne pouvez servir Dieu et l’Argent » (Matt 6, 24). Il est normal de « s’en servir » : il est terriblement tentant de « le servir ».
Lorsque Moïse, au mont Sinaï, est redescendu avec les tables de la Loi de Dieu, il a découvert, épouvanté, que son peuple dansait autour de l’effigie du taureau doré (appelé par dérision un veau d’or). Alors, furieux, il brisa les tables. L’Alliance avec Dieu est rompue quand l’humanité idolâtre la force sexuelle et l’or : là est le péché originel, source de tous les crimes, suicide moral.

Grand sujet pour nous Occidentaux qui avons accédé à un niveau de bien-être extraordinaire.
Sans trop regarder les exclus de la croissance qui parfois meurent dans la rue.
Sans être dérangés par les centaines de millions d’êtres humains qui souffrent de la faim.

Sans nous apercevoir qu’en exploitant la terre à outrance nous allions crouler sous les déchets, anéantir les ressources naturelles et la biodiversité, causer une pollution dramatique, provoquer les gaz à effet de serre et peu à peu conduire la planète au cataclysme.
Et l’argent manifeste sa puissance diabolique puisque, en dépit des prévisions les plus affinées et les avertissements les plus stridents, nous faisons la sourde oreille.

Déjà là-bas, des îles disparaissent, des tsunamis se déchaînent…..Les nouvelles des catastrophes lointaines nous arrachent des soupirs ; les serpents publicitaires nous fascinent et nous forcent aux achats compulsifs.
Après nous le déluge !… Nos petits enfants – déjà – payeront la note et nous demanderont pourquoi nous n’avons pas réagi.

Que puis-je, moi, petit citoyen impuissant ?

Jésus ne mobilisait pas un peuple : il appelait Pierre, Jean, Zachée….Un puis un puis un puis un…Ensuite Paul entrait à Corinthe : 500.000 habitants et il appelait…25 personnes acceptaient….et la Grèce deviendrait non pas platonicienne mais chrétienne.
Il ne faut pas maudire la pâte du monde mais y glisser le sel et le levain de la Bonne Nouvelle.

Pourtant le péril éveille partout les réactions de beaucoup, croyants ou non. L’heure de la décision, du changement de la façon de vivre sonne. Des initiatives foisonnent.

« Que dois-je faire pour avoir la vie ? ». Que devons-nous faire pour que les enfants vivent ?

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Raphaël Devillers,  dominicain
Tél. : 04 / 220 56 93   –   Courriel :   r.devillers@resurgences.be

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RAPPORT DU GIEC 2018

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paru cette semaine 8 octobre

De profonds changements s’imposent !

Quels seront les impacts d’un réchauffement climatique supérieur à 1,5°C ? Le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) publie ce 8 octobre 2018 son nouveau rapport. Il y brosse le portrait sombre d’un monde en surchauffe. Il établit surtout les mesures indispensables à mettre en œuvre pour être, enfin, à la hauteur de l’urgence de la situation. 

 


REACTION

19 organisations catholiques de développement lancent un appel urgent pour le climat et une économie de la post-croissance .
Il ne reste en effet que peu de temps pour faire face à la crise
avant d’être confrontés à de terribles conséquences.

Face aux résultats du dernier rapport spécial du Groupe d’experts Intergouvernemental sur l’Evolution du Climat (GIEC), nous, dirigeants d’organisations catholiques de développement qui travaillons ensemble dans plus de 120 pays pour promouvoir la justice sociale, appelons à une réaction urgente contre les dérèglements climatiques.

La prochaine Conférence des Nations unies sur les changements climatiques (COP 24, Katowice, Pologne, en décembre 2018) doit constituer une étape primordiale dans la mise en œuvre de l’Accord de Paris, signé il y a trois ans.

En outre, comme le souligne le rapport du GIEC, il est impératif que les gouvernements rehaussent rapidement leurs ambitions : la réalité est que nous nous engageons sur la voie d’un réchauffement climatique d’au moins 3.5°C.

Nous sommes donc encore très loin de l’objectif de 1.5°C.
Limiter le réchauffement climatique à 1.5°C est une question de survie pour l’ensemble de l’Humanité

Nous pouvons atteindre cet objectif grâce à des décisions politiques courageuses. Les obstacles à la lutte contre les dérèglements climatiques sont politiques ! Il est maintenant plus que jamais nécessaire que nos dirigeants le reconnaissent et prennent les mesures qui s’imposent pour limiter nos émissions de gaz à effet de serre.

Il s’agit là d’un impératif moral.

Les risques dramatiques pour la planète et les êtres humains, que les plus vulnérables subissent déjà, doivent nous le rappeler.

Nos émissions actuelles ont de graves impacts, parmi lesquels :

  • la perte de la biodiversité,
  • les déplacements forcés de millions de personnes,
  • une diminution des rendements agricoles qui menace la sécurité alimentaire,
  • l’élévation du niveau des mers et le réchauffement des océans qui portent atteinte à la vie marine et ont des conséquences directes sur la pêche…

Nous appelons à un changement radical de paradigme : les dérèglements climatiques ne peuvent être combattus de façon isolée.

Notre récent rapport, intitulé « Urgence Climatique : mettre le cap sur un nouveau paradigme », analyse comment une modification profonde et rapide de nos systèmes alimentaires et énergétiques, soutenue par des changements structurels de nos sociétés et modes de vie, peut contribuer à limiter l’augmentation globale des températures moyennes à 1.5°C.
Et ce, sans s’appuyer sur la géo-ingénierie ou les technologies d’émissions négatives, mentionnées dans le rapport du GIEC mais qui n’ont pas encore fait leurs preuves et comportent des risques.

Nous devons sortir des énergies fossiles et opérer la transition vers les énergies renouvelables. Les flux financiers doivent se tourner vers ces alternatives viables. Les niveaux actuels de consommation d’énergie doivent être reconsidérés afin que nous réalisions la finitude de notre planète et en respections les limites.

Nous devons nous tourner vers l’agriculture biologique, repenser nos écosystèmes agricoles pour les diversifier et les intégrer, modifier notre alimentation en réduisant notamment, la production et la consommation de viande et de produits laitiers, relocaliser les systèmes alimentaires pour réduire le gaspillage alimentaire et les déchets et bâtir une véritable souveraineté alimentaire.

Notre responsabilité commune est de préserver la Création

Inspirés par nos partenaires sur le terrain, nous reconnaissons le besoin de remettre en question la vision actuelle du développement et du progrès qui a mené à la destruction de notre planète.

Une économie affranchie de l’impératif de croissance et qui cesse d’épuiser les richesses de la Terre, peut remédier aux crises environnementales, sociales, économiques et politiques que nous traversons.

Les pays les plus riches doivent passer d’un impératif de croissance à celui de décroissance et bâtir des communautés florissantes, basées sur le principe de suffisance.

Notre vision est celle d’un bien-vivre pour tous, qui ne peut cependant être réalisée que par le partage. Notre responsabilité commune est de préserver la Création pour que les prochaines générations puissent vivre en paix et en harmonie avec la nature.

Le pape François nous dit dans l’encyclique ‘Laudato Si‘ :

« […] l’heure est venue d’accepter une certaine décroissance dans quelques parties du monde, mettant à disposition des ressources pour une saine croissance en d’autres parties », un appel vibrant pour la justice écologique et sociale, qui a ouvert la voie à une approche systémique du changement climatique.

Signé par 19 Organisations catholiques européennes de développement

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