Homélies et commentaires par fr. Laurent Mathelot OP

Résurgences

31ème dimanche – Année B – 4 novembre 2018 – Évangile de Marc 12, 28-34

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ÉVANGILE DE MARC 12, 28-34

QUAND ON N’A QUE L’AMOUR …

Au terme d’un long voyage, Jésus, suivi de ses disciples, dont le nouveau Bartimée, est enfin arrivé à Jérusalem. En ses derniers jours, il oser dénoncer les dérives de sa religion et donne l’essentiel de son enseignement. L’issue inévitable sera la mort. Ces pages sont donc d’un intérêt capital non seulement pour comprendre les raisons de la croix mais aussi pour percevoir nos propres dérives et nous placer au centre de la foi sur laquelle on ne cède rien.

JESUS APPELLE A LA CONVERSION DE TOUS

D’abord il déçoit radicalement les attentes du peuple ravi de fêter un Messie qui allait rétablir le royaume de David : sur un âne, Jésus survient comme un Messie doux et pacifique.

D’emblée il dénonce le culte hypocrite du Temple dont il chasse les vendeurs: la maison de prière pour toutes les nations a été transformée en lieu de commerce, en caverne où les bandits se croient à l’abri. Le temple, avec sa décoration luxueuse, ses instruments en or, ses splendides liturgies est comme un beau figuier qui ne donne pas de fruit. Rites, fêtes, cantiques, sacrifices ne forment pas un vrai peuple de Dieu, dans le droit et la justice.

Il attaque les Autorités religieuses : responsables de la Vigne de Dieu, ces prélats ne rendent pas à Dieu le fruit qu’il exige. Ils vont même tuer le Fils envoyé par le Père : celui-ci les remplacera par d’autres.

Jésus déçoit les résistants juifs qui, ulcérés de voir les païens souiller la terre sainte, refusaient de payer le tribut annuel à Rome. « Rendez à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu ». La violence mène à la ruine. Il faut entamer une révolution plus radicale.

Jésus contredit de front les Grands Prêtres sadducéens en les accusant d’être complètement dans l’erreur : oui les Ecritures affirment bien que Dieu ressuscite les morts.

Lire l’ensemble : Mc 11, 1 à 12, 34. Dans ces altercations qui se succèdent et attisent la haine de tous contre Jésus, une question se pose : finalement qu’est-ce qui est important ? S’il est le Messie envoyé par Dieu, que veut-il ? La scène d’aujourd’hui va révéler l’essentiel.

LE CŒUR DE LA FOI

Un scribe s’avança pour demander à Jésus : « Quel est le premier de tous les commandements ? »

Depuis la destruction du premier temple, une caste d’érudits s’est constituée qui veille avec minutie sur la Torah, les rouleaux de la Loi, et enseigne leur interprétation exacte : ce sont les Scribes qui, avec les Grands Prêtres et les Anciens, forment les autorités religieuses et envoient leurs représentants pour siéger au tribunal suprême du Sanhédrin. Dès les débuts de sa mission, ils ont été très méfiants à l’égard de Jésus, l’accusant même d’avoir fait un pacte avec satan, si bien même que, selon Marc, certains ont eu l’intention de le tuer. Pourtant ici l’un d’eux accoste Jésus avec sympathie et va manifester son accord avec lui : comme quoi il faut prendre garde à ne jamais généraliser.

L’homme vient poser une question qui était débattue chez les rabbins (c’est ainsi qu’on les appellera plus tard). S’il y a, au sommet de la Loi, les Dix Commandements (le Décalogue), il y a aussi toutes les prescriptions concernant les fêtes, les sacrifices, la circoncision, etc. Toute législation ayant besoin d’un fil directeur qui donne sens à l’ensemble, le scribe demande à Jésus son avis sur cette question essentielle.

Jésus lui fit cette réponse : « Voici le premier : Écoute, Israël : le Seigneur notre Dieu est l’unique Seigneur. Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, de tout ton esprit et de toute ta force.

Jésus répond en citant le « shema » (Deutér. 6, 4) qui est la profession de foi fondamentale du peuple d’Israël, que tout Juif (encore aujourd’hui) doit prononcer chaque jour au lever et au coucher, première prière que Jésus enfant a apprise. A l’inverse de tous les autres peuples qui sont polythéistes, et donc adorent des forces conflictuelles, Israël « écoute » (shema) sans cesse son Dieu, YHWH, qui lui a révélé qu’il aimait son peuple. Cette profession de foi entraîne donc en retour l’appel à aimer son Dieu : cet amour pour le Dieu UN provoque un amour total qui rend l’homme UN. En prononçant sa prière, le fidèle se donne à son Dieu pour l’adorer, le craindre, le servir et même l’aimer. Non par des mots ou des rites mais de façon absolue par tout son être et toutes ses énergies.

TOUT TON CŒUR. En hébreu, le cœur ne désigne pas l’affectivité, la sentimentalité mais le centre de la personne qui pense, réagit, raisonne, décide, projette.

TOUTE TON ÂME. C’est-à-dire le principe vital, la vie.

TOUT TON ESPRIT. (ajouté au texte du Deutéronome) La faculté de réfléchir, de raisonner.

TOUTE TA FORCE L’ensemble de tes moyens d’agir, tes talents, et les moyens dont tu disposes (argent, possessions, …).

Mais Jésus enchaîne immédiatement en ajoutant un second :

Et voici le second : Tu aimeras ton prochain comme toi-même. Il n’y a pas de commandement plus grand que ceux-là. »

Ici Jésus cite un verset pris ailleurs : Lévit. 19, 18. L’amour de Dieu ne doit pas tomber dans une fausse spiritualité qui verserait dans l’aliénation religieuse ; la relation de foi est toujours « moi et mon Dieu et mon prochain » envers lequel nous devons agir comme nous aimons que l’on agisse envers nous.

La psychologie nous a appris que le problème premier était d’abord « comme toi-même » : il est plus difficile que l’on croit de s’aimer. C’est pourquoi la source de l’amour n’est pas en nous mais en Dieu qui, de la Genèse à l’Evangile de la croix, ne cesse de nous marteler qu’il nous aime, nous veut du bien, nous accepte, nous pardonne.

AMOUR ET CULTE

Le scribe reprit : « Fort bien, Maître, tu as dit vrai : Dieu est l’Unique et il n’y en a pas d’autre que lui. L’aimer de tout son cœur, de toute son intelligence, de toute sa force, et aimer son prochain comme soi-même, vaut mieux que toute offrande d’holocaustes et de sacrifices. »

Admirable accord des deux hommes. L’érudit reconnaît que Jésus – que ses confrères accusent – est en accord parfait avec la foi essentielle de son peuple. Et il ajoute même que ce double amour est plus important que le culte du temple et les rites. Le prophète Osée n’avait-il pas affirmé jadis que Dieu préfère l’amour aux offrandes sacrificielles (Osée 6, 6) – verset que Jésus répète à deux reprises dans l’évangile de Matthieu (9, 13 et 11, 7) pour justifier sa miséricorde à l’endroit des pécheurs.

Jésus et le scribe pharisien sont d’accord avec les anciens prophètes qui dénonçaient le danger d’enfermer la foi dans les fastes du temple, les sacrifices d’animaux, les fumées d’encens, les processions et les cantiques. Le culte d’action de grâce à Dieu ne reste authentique que s’il se diffuse en action de charité envers le prochain.

Jésus approuve la position du scribe mais termine par une remarque qui intrigue.

Jésus, voyant qu’il avait fait une remarque judicieuse, lui dit : « Tu n’es pas loin du royaume de Dieu. » Et personne n’osait plus l’interroger.

Nous sommes tous les deux d’accord que la profession et la pratique de ces deux commandements constituent le cœur de la foi d’Israël….mais cela ne fait pas que tu es dans le Royaume de Dieu.

Car l’événement capital va se produire 2 ou 3 jours plus tard. Le complot contre Jésus va réussir et il va être condamné et crucifié. Le scribe saura-t-il alors reconnaître en ce Jésus non seulement un homme qui enseigne bien la loi d’amour mais le Messie qui aime son Père et les hommes jusqu’à donner sa vie pour eux ? Un Messie ressuscité qui donne l’Esprit-Saint afin de combler nos cœurs de cet amour divin qui nous assure que nous sommes aimés au-delà de toute mesure, que nous pouvons nous aimer nous-mêmes, que nous pouvons nous aimer les uns les autres non par devoir mais en partageant un amour reçu.

Alors dans ce Royaume enfin ouvert par la croix, nous accédons à la liberté plénière, dans un au-delà de toute loi qui est la Loi suprême de l’amour divin, le culte unifié dans sa double dimension : glorification du Père et charité pour tous ses enfants.[/fusion_text][/one_full][one_full last= »yes » spacing= »yes » center_content= »no » hide_on_mobile= »no » background_color= » » background_image= » » background_repeat= »no-repeat » background_position= »left top » hover_type= »none » link= » » border_position= »all » border_size= »0px » border_color= » » border_style= » » padding= » » margin_top= » » margin_bottom= » » animation_type= » » animation_direction= » » animation_speed= »0.1″ animation_offset= » » class= » » id= » »][fusion_text]

Raphaël Devillers,  dominicain
Tél. : 04 / 220 56 93   –   Courriel :   r.devillers@resurgences.be

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