Homélies et commentaires par fr. Laurent Mathelot OP

Résurgences

28ème dimanche – Année B – 14 octobre 2018 – Évangile de Marc 10, 17-30

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ÉVANGILE DE MARC 10, 17-30

L’ARGENT, NÉCESSITÉ ET PRISON

Vraiment un garçon épatant. Bon chic, bon genre. Sympathique, affectueux avec ses parents, juste avec ses ouvriers, pieux et riche. Le gendre idéal pour toutes les mères de l’endroit qui avaient une fille à marier.
Pourtant il est tracassé par un certain malaise qu’il a du mal à cerner. Prévenu du passage de Jésus, ce prophète qu’il admire, il l’aborde avec grand respect : « Je veux recevoir la Vie divine, aller au ciel : que dois-je faire ? ». Il pose le problème essentiel de l’homme, il sait que la réussite de la vie dépend des actes. Il ne s’agit pas de théorie mais de sa propre façon de vivre, de ses engagements.

Jésus le renvoie au catéchisme qu’il doit bien connaître : pour vivre, l’homme n’a qu’à obéir aux commandements de Dieu. Respecter la vie, le mariage, les biens, la réputation du prochain. Tu es jeune : est-ce que tu respectes tes parents ? Tu sembles riche : as-tu été juste vis-à-vis de tes ouvriers, les as-tu bien traités ? Oui le Décalogue est bien le chemin de la vie.

Et comme le jeune homme affirme qu’il a toujours bien observé ces préceptes, Jésus ne lui reproche pas sa vanité et il le fixe avec affection. Si tu connaissais et pratiquais la réponse, pourquoi es-tu venu me poser la question ? C’est donc que tu es insatisfait, en quête d’autre chose, d’un je ne sais quoi. La simple morale ne te comble pas. Alors je ne te donne pas d’ordre mais je te propose :

« Une seule chose te manque : va, vends tout, donne aux pauvres et tu auras un trésor au ciel puis viens et suis-moi ».

Il avait tout : la jeunesse, de bons parents, la richesse, la droiture morale, la conscience d’être en règle avec Dieu. Il semblait comblé. Et voilà que Jésus l’invite à se désencombrer totalement, à renoncer en bloc à tout. Cinq impératifs : va, vends, donne, viens, suis-moi. Mais qui ne sont qu’une invitation car Jésus ne force jamais personne.
Tout au long de sa mission, Jésus ne lance jamais de telles exigences à ses auditoires. En annonçant l’Evangile et en appelant à la conversion, il laisse les gens se marier, gagner leur vie, élever leurs enfants, exercer leurs métiers, remplir leurs obligations sociales. L’Évangile n’est pas un appel au dénuement total et à la mendicité.
Mais Jésus a besoin de collaborateurs directs et il invite parfois certains, jeunes et non mariés, à tout lâcher et à l’accompagner dans sa vie itinérante. Ils ne sont pas meilleurs que les autres : simplement ils reçoivent un appel, une vocation particulière.

LE RICHE PRISONNIER

Ce brave garçon se croyait libre et tout à coup, à la parole de Jésus, il découvre que l’attachement à l’argent, au confort, aux propriétés est une chaîne qu’il n’a pas la force de briser. Il n’accuse pas Jésus d’en demander trop, il pressent dans le fond de son cœur qu’il a raison, qu’il lui a lancé l’appel qui répondait au désir secret de son cœur et le rendrait heureux. Mais hélas, il ne se résout pas à y répondre :

« A ces mots, il devint sombre et il s’en alla tout triste car il avait de grands biens ».

Jésus le regarde s’éloigner, les épaules basses : il ne se moque pas, ni ne le condamne, ni ne lui lance des concessions pour le retenir à tout prix. Va, tu seras un brave homme, tu mèneras une vie pieuse et paisible. Mais tu as raté l’aventure, tu es resté sourd à l’appel de l’absolu qui te demandait tout. Je t’offrais le dépouillement et la joie : tu as préféré la propriété et la tristesse.

La richesse est une prison terrible car elle empêche le possédant d’entrer dans le Royaume de Dieu. A deux reprises, Jésus répète : « Comme il sera difficile … » : cet obstacle se dressera toujours. Un chameau passerait plus facilement dans le chas de l’aiguille : l’image est forte, on a souvent tenté de la supprimer mais elle est bien écrite. Il y a des péchés qui font tomber lourdement, qui souillent, qui humilient mais dont l’auteur a honte et contre lesquels il lutte ardemment, avec la grâce de Dieu, pour s’en débarrasser. Mais comment franchir la porte étroite si nous tenons à nos surcharges de biens ?

« Les disciples étaient effrayés (rectifier la traduction liturgique émolliente: « stupéfaits ») … de plus en plus déconcertés ; ils se demandaient : « Mais alors qui peut être sauvé ? » Jésus les regarde : « Pour les hommes, cela est impossible mais pas pour Dieu : car tout est possible à Dieu »

Exigence terrible ! Le sol s’effondre sous leurs pieds : en effet la richesse n’est-elle pas normale, don de Dieu ? Les grands Patriarches Abraham, Isaac, Jacob, les grands rois David et Salomon regorgeaient de biens et ils en rendaient grâce à Dieu car c’était le signe de sa bénédiction, une récompense de leur foi. Aussi s’il faut renoncer à tout, qui donc alors peut être sauvé ?

Le salut n’est pas œuvre humaine, réussite de nos efforts et de nos sacrifices. « Que dois-je faire ? » demandait le jeune homme. La vraie question est : « Que dois-je demander et recevoir ? ». Dieu est bon, rappelait Jésus au début, il veut le salut de tout homme, et par des moyens que lui seul connaît. C’est en le priant, en nous laissant remplir de la richesse de son amour que nous chercherons moins notre bonheur dans les biens de ce monde. Le salut est toujours grâce.

Pierre dit alors à Jésus : «  Et nous, nous avons tout quitté pour te suivre… »

Mais alors que deviennent ceux qui ont reçu la grâce de tout quitter ? Jésus explique qu’il y aura compensation en deux temps.

« En ce temps-ci ». Celui qui aura tout quitté pour l’Evangile recevra dès maintenant le centuple : maison, frères, etc.…Ce qui signifie que les communautés devront aimer les apôtres itinérants comme des membres de la famille, les héberger, subvenir à leurs besoins, collaborer à leur mission. Remarquons que, dans la liste, ces missionnaires retrouveront mère, frères, sœurs mais non « père » puisque c’est l’ensemble des croyants qui prie le « Notre Père aux cieux » et qui peut être une communauté fraternelle, comme une famille de Dieu.

Mais en outre, et du fait même, les apôtres recevront les attaques des persécuteurs car le monde n’acceptera jamais des hommes qui apportent un message de conversion radicale. Les ténèbres refusent la lumière. Tous les évangiles s’accordent à répéter cet avertissement de Jésus.

« Dans le monde à venir ». Les pauvres apôtres recevront la richesse incommensurable de la Vie divine. Et n’oublions pas que le monde futur n’est pas seulement celui qui s’ouvre après la mort terrestre mais est, déjà tout de suite, la réalité mystérieuse présente dans le cœur du croyant

CONCLUSION

La richesse : le grand sujet dont Jésus sans cesse dénonce le danger mortel pour la foi. « Vous ne pouvez servir Dieu et l’Argent » (Matt 6, 24). Il est normal de « s’en servir » : il est terriblement tentant de « le servir ».
Lorsque Moïse, au mont Sinaï, est redescendu avec les tables de la Loi de Dieu, il a découvert, épouvanté, que son peuple dansait autour de l’effigie du taureau doré (appelé par dérision un veau d’or). Alors, furieux, il brisa les tables. L’Alliance avec Dieu est rompue quand l’humanité idolâtre la force sexuelle et l’or : là est le péché originel, source de tous les crimes, suicide moral.

Grand sujet pour nous Occidentaux qui avons accédé à un niveau de bien-être extraordinaire.
Sans trop regarder les exclus de la croissance qui parfois meurent dans la rue.
Sans être dérangés par les centaines de millions d’êtres humains qui souffrent de la faim.

Sans nous apercevoir qu’en exploitant la terre à outrance nous allions crouler sous les déchets, anéantir les ressources naturelles et la biodiversité, causer une pollution dramatique, provoquer les gaz à effet de serre et peu à peu conduire la planète au cataclysme.
Et l’argent manifeste sa puissance diabolique puisque, en dépit des prévisions les plus affinées et les avertissements les plus stridents, nous faisons la sourde oreille.

Déjà là-bas, des îles disparaissent, des tsunamis se déchaînent…..Les nouvelles des catastrophes lointaines nous arrachent des soupirs ; les serpents publicitaires nous fascinent et nous forcent aux achats compulsifs.
Après nous le déluge !… Nos petits enfants – déjà – payeront la note et nous demanderont pourquoi nous n’avons pas réagi.

Que puis-je, moi, petit citoyen impuissant ?

Jésus ne mobilisait pas un peuple : il appelait Pierre, Jean, Zachée….Un puis un puis un puis un…Ensuite Paul entrait à Corinthe : 500.000 habitants et il appelait…25 personnes acceptaient….et la Grèce deviendrait non pas platonicienne mais chrétienne.
Il ne faut pas maudire la pâte du monde mais y glisser le sel et le levain de la Bonne Nouvelle.

Pourtant le péril éveille partout les réactions de beaucoup, croyants ou non. L’heure de la décision, du changement de la façon de vivre sonne. Des initiatives foisonnent.

« Que dois-je faire pour avoir la vie ? ». Que devons-nous faire pour que les enfants vivent ?

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Raphaël Devillers,  dominicain
Tél. : 04 / 220 56 93   –   Courriel :   r.devillers@resurgences.be

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