L’Épiphanie du Seigneur – Année C – 25 décembre 2021

La « Manifestation » du Fils aux nations

Les siècles passent et ne parviennent pas à ternir la beauté de ces deux récits qui racontent la naissance de Jésus. La Noël de Luc et l’Épiphanie de Matthieu constituent un diptyque dont on ne se lasse pas.

Parmi les textes de l’antiquité, Platon et Aristote sont lus et étudiés par une minorité dans les milieux universitaires en quête de culture : le récit de la naissance de Jésus, lui, est lu et célébré dans les mégapoles occidentales comme dans des milliers de villages chinois où les chrétiens le fêtent en cachette pour échapper à la surveillance de la police, aussi bien que dans le Sahel où l’on pleure les frères décapités au nom d’Allah et où l’on demande au Fils de Dieu de pardonner à leurs bourreaux.

Un même événement mais l’essentiel y est raconté selon deux desseins différents. Jésus n’est pas un sauveur surgi d’ailleurs : il est un homme né d’une femme comme chacun de nous. Il s’appelle Iéshouah – qui en hébreu signifie Sauveur- et il est né à Bethléhem – qui signifie « maison du pain ». Or justement le nouveau-né a été placé sur la paille de la crèche, c.à.d. la mangeoire, comme si déjà il était offert à être mangé.

Et en effet il perpétuera sa naissance en étant accueilli dans le cœur de tout croyant qui le consommera comme son Pain de Vie. Et les premiers à venir à lui seront de petits bergers, des pauvres qui n’observent guère la Loi mais qui veillent dans la nuit. Ainsi Noël éclaire le mystère de l’Eucharistie, laquelle, dans la maison du Pain qu’est l’Église, sera reçue par les cœurs pauvres qui restent éveillés dans la nuit du monde. Elle les fera chanter d’une joie inaliénable. On retrouve donc les grands thèmes de la Bonne Nouvelle chez Luc.

L’Épiphanie chez Matthieu

Ce beau mot signifie « manifestation » : Matthieu est préoccupé par l’ouverture universelle de la mission de Jésus. Si, au début, il déclare à ses apôtres qu’il n’a été envoyé qu’aux brebis perdues d’Israël », toutefois il les assure qu’ils sont « la lumière du monde » ; il rencontre des païens pour qui il exerce des miracles : le démoniaque de Guédara, le fils du centurion, la syro-phénicienne… Et il finira son évangile par le grand envoi du Ressuscité : «  Allez ! De toutes les nations faites des disciples…Je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde ».

Ainsi dès sa naissance, Jésus attire à lui des étrangers. Les mages n’étaient pas des rois mais des sortes de savants de l’époque qui étudiaient les mouvements des astres et autres phénomènes cosmiques afin d’y lire des messages divins. Il est vain d’essayer de calculer l’année où se serait produite une curieuse déflagration astrale ou la naissance d’une nouvelle étoile. Dans leurs recherches et leurs lectures, les mages apprirent que le petit peuple d’Israël attendait une personnalité spéciale, un roi que l’on appelait messie et la rumeur courait que ce messie était survenu. Curieux ils décidèrent de se mettre en route pour saluer ce fils royal.

Parvenus en Israël, ils se dirigèrent donc vers le palais d’Hérode. Stupeur à la Cour où rien de tel n’était signalé. Mais les scribes rappelèrent que les prophètes avaient prévu la naissance du messie dans le petit village de Bethléem en Judée. Les païens peuvent trouver des signes dans l’univers mais le signe de la Bible est ultime et décisif.

Sceptique mais jaloux de cet éventuel enfant qui serait roi et donc qui le supplanterait, Hérode ordonna que l’on indique la route à ces étrangers qui reviendraient expliquer et lui permettre d’honorer ce soi-disant messie. En fait il projetait de le faire mettre à mort. Renseignés, les mages reprirent la route, découvrirent la maison et rendirent hommage à l’enfant. Avertis en songe, ils repartirent en évitant Jérusalem.

La foi dépassée ou prophétique ?

L’homme moderne est fier d’être libéré de ces antiques superstitions bonnes pour les enfants. Et pourtant !

Dieu le Père nous a envoyé son Fils pour nous apprendre à vivre, à affronter les dures circonstances de la vie, à recevoir la joie divine au cœur des ténèbres. Et vous avez préféré demeurer des enfants qui croient au père Noël qui comble de cadeaux … ceux qui ont de l’argent et qui sont de vos parents et amis.

La fête des Mages est l’adoration du Sauveur qui vient nous libérer de nos péchés et donc nous offrir la véritable royauté. Elle est devenue l’occasion de partager un bon gâteau, d’y trouver la figurine enfouie et pouvoir se pavaner, hilare, sous une couronne de carton doré. Ridicule !

Ces fêtes nous offrent un diamant, la vraie liberté, la confiance dans l’avenir et vous avez préféré le cirque en carton plâtre de la consommation. Bergers et mages chantent d’allégresse dans la communion retrouvée et vous, vous vous éclatez !

Les mages nous apprennent à discerner les signes de Dieu, à scruter le cosmos pour en discerner le sens. Mais ils doivent passer par les oracles prophétiques d’Israël qui précisent où est la vérité, là où on ne l’attend pas, à trouver le roi Messie du monde au fond d’un village plutôt qu’un prince dans un lieu royal où règnent le luxe, la violence, le crime.

Les mages nous pressent de ne plus croire aux horoscopes et autres fadaises pour accepter de vivre en suivant l’étoile de l’Évangile. Et vous préférez vous jeter sur les prévisions de Madame Soleil ou les élucubrations du mage Uscule, diplômé en voyance.

Vous organisez de temps en temps de grandes opérations à but philanthropique – signe de votre bon cœur et des appels universels de l’amour – , mais vous faites silence sur les milliers de « bergères » religieuses qui travaillent, à longueur de vie, dans les coins les plus perdus, et parfois les plus dangereux de la planète pour soigner les malades, éduquer des enfants, recueillir des filles violées, nourrir les affamés.

Oui Noël et l’Épiphanie peuvent demeurer des anecdotes infantiles pour amuser les enfants crédules. Mais si l’on restitue leur sens profond, ces fêtes nous rendent adultes, elles dérangent notre tranquillité, nous font réfléchir et prendre des décisions.

Il y est question d’un jeune couple bousculé par l’administration anonyme, d’une jeune femme obligée d’accoucher dans des conditions pénibles de pauvreté, de gamins qui accourent dans la nuit pour s’émerveiller devant un bébé sur la paille, de savants qui osent se mettre en voyage pour trouver la vérité, qui préfèrent offrir leurs cadeaux à un enfant pauvre plutôt qu’à un prince, qui évitent que se réalisent les desseins meurtriers du roi, qui décident de « partir pour un autre chemin », c.à.d. de changer de conduite parce qu’ils ont découvert que la véritable étoile de leur existence était ce Jésus de Nazareth.

Et surtout ces fêtes nous stupéfient et nous émerveillent par leur révélation de Dieu. Il n’est pas une Puissance éclatante de majesté et qui nous fait peur. Il apparaît sous l’image d’un nouveau-né, l’être le plus fragile qui soi. Il ne tempête pas : silencieux, il nous attend, il accueille tous ceux et celles qui viennent à lui, incultes et savants, juifs et païens, riches et pauvres.

Hélas la multitude de ceux et celles qui se sont détournés de ces récits ne fait que croître. La foi qui était tombée dans le folklore s’est dissoute dans « la magie ». Seule solution : mieux percevoir leur vérité, les connaître en profondeur. Et pour cela imiter Marie dont on nous disait : « Tous étaient étonnés de ce que racontaient les bergers. Quant à Marie, elle retenait tous ces événements et les méditait dans son cœur » (Luc 2, 19).

Plus l’Église approfondira le sens de l’Évangile, plus elle décidera de le vivre, plus elle sera missionnaire.

Fr. Raphaël Devillers, dominicain.

Fête de la Nativité du Seigneur – Année C – 25 décembre 2021

Noël va-t-il disparaître ?

Un document interne de la Communauté européenne vient d’inviter – au nom de l’inclusivité –  à ne pas utiliser certains noms dont Noël. Il serait ainsi préférable d’utiliser « période de vacances » plutôt que « période de Noël ». Cette révélation a suscité une vive réaction du côté du Vatican. Mgr Parolin, secrétaire d’État, a signifié sa désapprobation : « Il y a l’annulation de nos racines chrétiennes, …la dimension chrétienne de notre Europe ». La commissaire européenne a promis de mettre à jour son document mais toujours est-il que l’événement est significatif.

En cette fin d’année, notre Occident semble-t-il célébrer une fête chrétienne ? Le mot Noël apparaît encore à l’entrée des « villages » ou sur certains tracts publicitaires mais sans aucune référence à son origine. Il n’est absolument pas question d’avènement, de nativité mais d’une explosion de lumières pour marquer la victoire sur les ténèbres et d’une gigantesque pression pour déclencher une frénésie d’achats et faire déguster plaisirs gastronomiques et alcooliques.

Seuls les chrétiens pratiquants prient encore devant leur crèche et chantent leurs vieux cantiques dans des assemblées qui s’étiolent et donc vieillissent d’année en année. Le malheur serait qu’ils se contentent de pester contre l’évolution du monde, qu’ils s’enferment dans le regret du passé et attendent le retour de l’Église telle qu’ils l’ont connue jadis. Or faire mémoire d’un enfant qui naît, c’est s’attendre à des changements perpétuels d’autant que, devenu adulte, il se heurtera durement à ceux qui refusent la nouveauté qu’il apportait.

Naturellement c’est la scène célèbre telle qu’elle est racontée par Luc qui attire toutes les attentions des croyants : le bébé endormi sur la paille de la crèche, les parents à genoux devant lui, les animaux paisibles dans l’ombre, les petits bergers accourus et ravis. Nul ne se lasse de chanter : « Les Anges dans nos campagnes » et de contempler Marie. Mais le pittoresque de la scène ne risque-t-il pas de nous arrêter dans son ambiance poétique ?

L’extraordinaire grandeur de Noël n’est pas due aux circonstances mais à la personnalité de celui qui vient de naître. C’est pourquoi je vous invite à méditer comment Paul puis Jean ont présenté « le sens » de l’événement.

Noël selon Paul (Galates 4, 4-7)

« Quand est venu l’accomplissement du temps, Dieu a envoyé son Fils, né d’une femme et assujetti à la Loi,
pour payer la libération de ceux qui sont assujettis à la Loi,
pour qu’il nous soit donné d’être fils adoptifs.
« Fils » vous l’êtes bien : Dieu a envoyé en nos cœurs l’Esprit de son Fils qui crie « Abba – Père ».
Tu n’es plus esclave mais fils ; comme fils tu es héritier : ainsi c’est l’œuvre de Dieu ».

Peu importe la date du calendrier ( d’ailleurs l’Église ne fixera Noël au 25 décembre que pour manifester que Jésus est le véritable soleil, l’authentique Lumière des hommes) : l’essentiel est que l’événement survienne au moment de la plénitude de l’attente. Alors Dieu décide d’envoyer son Fils : il est bien né dans notre humanité, il est issu d’une femme mais il est infiniment plus qu’un prophète.

Et Noël annonce immédiatement son œuvre : ses croyants seront libérés du joug du péché par l’infinie miséricorde de Dieu et ils communieront à la vie même de Dieu. Si Jésus reste le Fils unique, inimitable, les croyants recevront aussi l’Esprit de Dieu et ils pourront en toute vérité prier Dieu comme leur Père : « Abba, père »et donc légitimement recevoir l’héritage de la Vie éternelle.

Pour Paul, Noël est bien plus que le souvenir émouvant de la naissance de Jésus : déjà Noël annonce la plénitude de l’accomplissement du Dessein de Dieu, la Pâque de la Miséricorde divine qui nous libère de tout esclavage afin de vivre l’amour. Paul continuera : « Frères, c’est à la liberté que vous avez été appelés…Par l’amour mettez-vous au service les uns des autres » (Gal 5, 13)

Noël n’est pas une fête nostalgique mais annonce et promet notre renouvellement, notre renaissance.

Noël selon Jean ( Jean 1)

Au commencement était le Logos et le Logos était Dieu…
En lui était la Vie et la Vie était la Lumière des hommes…
Le Logos était la vraie Lumière qui, en venant dans le monde, illumine tout homme…
Et le Logos fut chair, et il a habité parmi nous
et nous avons vu sa Gloire, cette Gloire que, Fils unique plein de grâce et de vérité, il tient du Père…
Si la Loi fut donnée par Moïse, la grâce et la vérité sont venues par Jésus Christ.
Personne n’a jamais vu Dieu : le Fils unique, qui est dans le sein du Père, nous l’a dévoilé » (Jean 1, 13)

Jean commence son évangile en reprenant l’expression inaugurale de la Bible qui ouvre le récit de la création : « Au commencement Dieu créa le ciel et la terre. La terre était déserte et nue ; la ténèbre à la surface de l’abîme ; le souffle de Dieu planait à la surface des eaux. Et Dieu dit : « Que la Lumière soit ! » et la Lumière fut…Il y eut un soir, il y eut un matin : premier jour. »

Depuis toujours les maîtres se sont interrogés sur la nature de cette lumière mystérieuse puisque le soleil, la lune et les astres ne seront créés qu’au 4ème jour. Et beaucoup ont répondu qu’il s’agissait de la Lumière du Messie qui a jailli comme un éclair pour disparaître et devenir la lumière de l’espérance qui dynamise la vie d’Israël jusqu’à l’apparition glorieuse de ce Messie Sauveur.

Pour tenter de dire le mystère de Jésus, Jean remonte jusqu’à ce récit de la création. La première action attribuée à Dieu est de parler : « Dieu dit… ». Si nous-mêmes nous nous distinguons de ce que nous disons (car nous changeons d’expressions, nous nous trompons, nous mentons), il n’ en est pas ainsi de Dieu. Dieu est sa Parole, son Logos ; et ce Logos est créateur de toutes choses.

Événement extraordinaire, mais le seul qui rend raison de la personne de Jésus : le Logos de Dieu s’est fait homme, il a demeuré parmi nous. Méconnu et rejeté par beaucoup de son peuple, il a été reconnu par certains. Ils l’ont compris comme la Parole créatrice, comme la Lumière du Messie qui cherche à illuminer tous les hommes. En première étape, Moïse avait apporté la révélation de la Loi : en notre temps, dit Jean, nous avons reçu la révélation ultime en et par Jésus : il est le Fils dans le sein du Père, il nous a apporté « la grâce et la vérité ». « Personne n’a jamais vu Dieu : le Fils unique, qui est dans le sein du Père, nous l’a fait connaître » (1, 18).

La foi en Jésus « Verbe fait chair » recrée l’homme. « Tu dois renaître de l’Esprit » disait Jésus au pharisien Nicodème qui voulait se perfectionner par la pratique des lois.

Conclusion : Réflexion du pape François

Notre réponse à toute critique du monde n’est pas la colère mais l’effort de notre conversion pour vivre plus authentiquement ce que nous croyons et célébrons. Il est faux de croire que le monde a trouvé la vraie manière de fêter Noël alors même qu’il refuse catégoriquement le Messie sauveur et veut un Noël réduit à une réjouissance païenne. Écoutons encore notre Pape :

« Noël nous invite à réfléchir, d’une part, sur le caractère dramatique de l’histoire, dans laquelle les hommes, blessés par le péché, sont sans cesse à la recherche de vérité, à la recherche de miséricorde, à la recherche de rédemption; et, de l’autre, sur la bonté de Dieu, qui est venu à notre rencontre pour nous communiquer la Vérité qui sauve et nous rendre participants de son amitié et de sa vie.

Et ce don de grâce, nous le recevons à travers la simplicité et l’humanité de Noël, et il peut faire disparaître de nos cœurs et de nos esprits le pessimisme qui s’est aujourd’hui diffusé encore davantage à cause de la pandémie. Nous pouvons surmonter ce sens d’égarement inquiétant, ne pas nous laisser submerger par les défaites et par les échecs, dans la conscience retrouvée que cet Enfant humble et pauvre, caché et sans défense, est Dieu lui-même, qui s’est fait homme pour nous.

Mais Jésus est né il y a deux mille ans et cela me concerne ? — Oui, cela concerne toi et moi, chacun de nous. Jésus est l’un de nous: Dieu, en Jésus, est l’un de nous.

Cette réalité nous donne beaucoup de joie et beaucoup de courage. Dieu ne nous a pas regardés d’en-haut, de loin, il n’est pas passé à côté de nous, il n’a pas eu horreur de notre misère, il ne s’est pas revêtu d’un corps apparent, mais il a assumé pleinement notre nature et notre condition humaine. Il n’a rien laissé de côté, à l’exception du péché. Toute l’humanité est en Lui. Il a pris tout ce que nous sommes, tels que nous sommes. Cela est essentiel pour comprendre la foi chrétienne. Saint Augustin écrit : «Je n’avais pas encore assez d’humilité pour posséder mon Dieu, l’humble Jésus, et je ne connaissais pas encore les enseignements de sa faiblesse» (Confessions VII,8).

Et quelle est la faiblesse de Jésus? La “faiblesse” de Jésus est un “enseignement”! Parce qu’elle nous révèle l’amour de Dieu. Noël est la fête de l’Amour incarné, de l’amour né pour nous en Jésus Christ. Jésus Christ est la lumière des hommes qui resplendit dans les ténèbres, qui donne son sens à l’existence humaine et à l’histoire tout entière… » ( Audience du 13 Décembre 2020)

Fr. Raphaël Devillers, dominicain.

Faut-il sauver Noël ?

La vidéo de François-Xavier Bellamy

Réagissant à la volonté d’une commissaire européenne de proscrire en interne l’usage de certains mots dont « Noël », l’eurodéputé français François-Xavier Bellamy a tenu à lui répondre lors d’une intervention devant le Parlement européen le 15 décembre. La vidéo a déjà été visionnée près de 368.000 fois.

Le document interne de la Commission européenne invitant à ne pas utiliser certains termes, dont « Noël », car jugés non inclusifs n’en finit pas de faire réagir. Si la commissaire européenne à l’Égalité, Helena Dalli, a promis de revoir sa copie, le député européen François-Xavier Bellamy a tenu à lui répondre directement lors de son intervention au Parlement mercredi 15 décembre. Un message rapidement devenu viral : en moins de trois jours sa vidéo a été vue près de 400.000 fois et relayée par milliers.

« Incroyable mais vrai il faut maintenant tenter de sauver Noël que la Commission européenne avait prévu de condamner » car pas assez inclusif, démarre-t-il. « Folie d’atteindre ainsi la haine des racines qui ont fait l’Europe. » Et de reprendre : « Helena Dalli l’a peut-être oublié mais Noël n’est pas seulement le prétexte des vacances d’hiver comme elle dit, c’est le jour où est né le monde dont nous héritons, le début de notre ère, la référence à partir de laquelle nous comptons nos années ».

Nous parlons ici mais en réalité nous n’avons pas besoin de sauver Noël, c’est Noël qui, cette année encore, nous sauvera autant que durera l’Europe.

« Madame Dalli, prétendez-vous nous retirer jusqu’à ce repère commun ? », l’interpelle François-Xavier Bellamy. Supprimer ce mot est une folie car « nier ce qui nous relie c’est détruire toute possibilité d’appartenir à une culture commune […] c’est ouvrir la voie à l’éclatement de nos sociétés ».

Mais, finalement, Noël a-t-il vraiment besoin d’être sauvé, s’interroge encore le député européen. « Toutes les madame Dalli de Bruxelles n’empêcheront jamais que le jour de Noël les bureaux de la commission seront vides à cause de l’infinie espérance dont parlait Hannah Arendt, preuve que Noël est inclusif, à travers ce qu’elle décrivait comme la plus grande des bonnes nouvelles, la bonne nouvelle des évangiles, un enfant nous est né », résume-t-il.

« Madame Dalli nous parlons ici mais en réalité nous n’avons pas besoin de sauver Noël, c’est Noël qui, cette année encore, nous sauvera autant que durera l’Europe. »

Agnès Pinard Legry – publié le 17/12/21 – dans Aleteia
Site où l’on peut voir et entendre la video.

4ème dimanche de l’Avent – Année C – 19 décembre 2021 – Évangile de Luc 1, 39 – 45

Évangile de Luc 1, 39 – 45

Marie nous Visite

Pour réussir l’organisation de la plus grande fête de l’année, notre société a déployé, comme toujours, les seuls moyens qu’elle connaisse : multiplier les illuminations dans la nuit, danser autour d’un arbre de vie, présenter des multitudes de choses dans le décor le plus attrayant, offrir les banquets les plus succulents, ouvrir les meilleures bouteilles, entasser les paquets dans des emballages-cadeaux, revêtir les convives des vêtements les plus chics, faire éclater les rires les plus exubérants. Ainsi ça coûte un peu …mais on est certain (à peu près) de jouir des heures les plus heureuses.

Puis le temps de se remettre des excès, de ranger le décor dans le placard : la parenthèse sera fermée et on reprendra la vie ordinaire. On s’est bien amusé, n’est-ce pas ? On a vécu « la magie de Noël » : ce slogan mille fois répété en dit long sur la force de corruption spirituelle.de notre société

Par contre, pour les chrétiens pratiquants, lors des liturgies, les prophètes, d’Isaïe à Jean-Baptiste, nous ont fait la morale : préparez le chemin du Seigneur, changez de conduite, faites des actes de justice et de droit, rabotez votre orgueil, sortez de vos ornières, apaisez votre violence, demandez pardon de vos fautes. Un jour éclatera l’apparition fulgurante du grand juge. Mais il est si difficile d’obéir à ces recommandations, les échecs restent nombreux, la conversion paraît impossible. Et mon baptême, avoue Jean, ne peut vous offrir qu’un signe de votre purification.

Oui il faut faire et refaire sans cesse des actes car nous avons à bâtir un monde meilleur. Oui il nous est permis de faire la fête et jouir ensemble de la joie. Oui un jour sonnera l’heure du jugement.

Mais aujourd’hui, en la 4ème et dernière étape de l’Avent, à notre grande surprise nous apparaît un tout autre moyen de fêter un authentique Noël à la joie durable : voici une menue silhouette, fragile et souriante. Elle est toute jeune encore, vêtue comme une pauvre petite paysanne. Elle s’appelle Marie.

Luc nous a déjà parlé d’elle, de l’événement bouleversant qu’elle vient de vivre. Dans son village de Nazareth en Galilée, le messager de Dieu est survenu et lui a proposé d’accueillir l’Esprit-Saint qui la rendra enceinte d’un fils qui sera le Messie et que l’on appellera le Fils de Dieu. « Magie de Noël » s’exclameront nos contemporains. Non : « Foi » réplique Marie. Et sans tout comprendre, sans exiger de preuves ni délai de réflexion, elle a accepté sur le champ le sur-réel. « Voici la servante du Seigneur : que tout se passe pour moi comme tu l’as dit ».

Cette annonciation personnelle s’est accompagnée d’une nouvelle familiale: « Ta cousine Élisabeth est enceinte et elle en est à son 6ème mois ». Alors du coup, sans attendre, sans se calfeutrer dans un refuge de prière, « la servante du Seigneur » a compris qu’elle devait d’urgence partir de chez elle et se faire « la servante de sa parente ».

Écouter Dieu pour servir le Prochain

En ces jours-là, Marie se mit en route rapidement vers une ville de la montagne de Judée. Elle entra dans la maison de Zacharie et salua Élisabeth.

Or quand Élisabeth entendit la salutation de Marie, l’enfant tressaillit en elle, elle fut remplie de l’Esprit-Saint et s’écria d’une voix forte : « Tu es bénie entre toutes les femmes et le fruit de ton sein est béni !…

Comment ai-je ce bonheur qua la mère de mon Seigneur vienne jusqu’à moi ?…

Car lorsque j’ai entendu tes paroles de salutation, l’enfant a tressailli d’allégresse au-dedans de moi !

Heureuse, celle qui a cru à l’accomplissement des paroles qui lui furent dites de la part du Seigneur ».

En ultime préparation à Noël, prêtons l’oreille : quelqu’un frappe à notre porte. Nous ne l’avons pas convoquée, nous l’avons même souvent oubliée. Ce n’est plus un Jean-Baptiste qui nous accable d’exhortations et nous menace d’un jugement. C’est pas un marchand qui nous presse de consommer. C’est la douce voix d’une toute jeune femme qui nous appelle par notre nom et nous demande de l’accueillir.

Si nous lui ouvrons notre cœur, une vie nouvelle s’agite en nous : notre accueil nous fait immédiatement partager l’Esprit qui l’habite. Les images scintillantes et charlatanesques de toutes les femmes que l’on appelle idoles, s’effondrent devant l’unique qui est la Bénie de Dieu, la seule que l’on peut nommer « la Mère de mon Seigneur ».

Et nous pouvons chanter le bonheur de cette petite paysanne inconnue qui a écouté la Parole que Dieu lui adressait et qui a fait confiance par le don de sa vie : « Les paroles de Dieu s’accompliront ». Cette foi n’a rien de magique puisqu’elle bouscule sa vie : elle commence à quitter sa maison et les siens pour se rendre au loin chez sa vieille parente. En hâte – car la charité presse toujours

Conclusion

Comment mieux préparer ces derniers jours qu’en méditant comment l’aventure a commencé au creux d’un minuscule village perdu, avec une jeune femme. Il n’ y a qu’une manière de répondre à ceux qui défigurent Noël en un spectacle magique : écouter le doux appel de Marie qui désire vivre chez nous, reconnaître sa grandeur, imiter son écoute et – ainsi que le répète si souvent le cher pape François : SORTIR !

Aller vers ceux qui ne disent rien mais qui ont besoin de nous. Ne pas les accabler de bonnes paroles mais, comme Marie, les écouter.

Y a-t-il plus grande allégresse que celle de ces deux femmes qui s’étreignaient et qui n’en revenaient pas d’avoir été choisies pour faire l’avenir de Dieu parmi les hommes.

Chacune ne se croyait pas tenue de combler l’autre de cadeaux : elles se comblaient par leurs présences.

Elles n’avaient pas besoin de s’enivrer pour être remplies de joie : l’Esprit jaillissait en elles comme une source.

On ne parlait pas d’elles dans les médias : car les choses de Dieu se déroulent dans le silence.

Derniers jours de sa grossesse : vivons-les avec elle.

Fr. Raphaël Devillers, dominicain.

« Arrêtons ce naufrage de Civilisation ! »

A Lesbos, le pape a poussé un grand cri…Un cri de froide colère et d’incompréhension, un cri de foi et d’appel au sursaut…Un puissant appel à l’Occident…

Il a une nouvelle fois tonné contre « les égoïsmes personnels et nationaux » des États européens…Une nouvelle fois il a prié Dieu de « nous réveiller de l’oubli…de nous secouer de l’individualisme qui exclut ». Il a encore prié « l’homme, tous les hommes », « de surmonter la paralysie de la peur, l’indifférence qui tue, le désintérêt cynique ».

Cinq ans après sa première visite à Lesbos en 2016, François a semblé prendre acte d’un échec « Peu de choses ont changé sur la question migratoire »…Un échec collectif, celui d’une Europe incapable de l’organiser. Mais aussi peut-être sa propre impuissance de pape à réveiller les consciences, malgré des prises de parole fortes et régulières. Comme si le pape avait perçu la lassitude produite chez certains par ses propos, si souvent renouvelés, qu’ils ont fini par faire l’objet, eux aussi, de l’indifférence qu’ils ne cessent de dénoncer.

Ce naufrage de civilisation : quelle honte !

« « Ne laissons pas cette « mer des souvenirs » devenir « la mer de l’oubli »… ». Je vous en prie, arrêtons ce naufrage de civilisation ». La Méditerranée n’est-elle pas en train de devenir « un cimetière froid sans pierres tombales…et même un miroir de la mort ».

Le pape a redit sa honte. La honte de cette « mare nostrum » devenue « mare mortuum ». Celle ressentie devant le visage de ces enfants qui se trouvaient devant lui. « Ils sont innocents et représentent l’avenir. Ils interpellent nos consciences et nous interrogent : « Quel monde voulez-vous nous donner ? ».

Le pape a placé l’Europe face à ses contradictions, le Vieux Continent étant incapable de garantir « le respect des personnes et des droits humains…alors qu’il les promeut dans le monde entier. Les États en première ligne, comme Chypre et la Grèce, ont accueilli bien plus qu’ils ne le pouvaient. Les autres pays doivent désormais prendre la relève.

A travers ses propos exceptionnellement forts, c’est ainsi au sursaut que le pape a appelé l’Europe et en particulier « à l’union des forces pour prendre soin des autres ».

Il a fustigé les dirigeants : « Il est facile de mener l’opinion publique en diffusant la peur de l’autre. Pourquoi au contraire ne pas parler avec la même rigueur de l’exploitation des pauvres ?… Il n’y a pas de réponses faciles aux problèmes complexes ».

Aux chrétiens refusant l’accueil des migrants au nom d’une identité chrétienne dont ils craignent la disparition, il a également adressé un message on ne peut plus clair : «  C’est Dieu que l’on offense en méprisant l’homme créé à son image, à en le laissant à la merci des vagues dans le clapotis de l’indifférence, parfois même justifié au nom de prétendues valeurs chrétiennes. La foi au contraire exige compassion et miséricorde. Elle nous exhorte à l’hospitalité…. »

« Ce n’est pas de l’idéologie religieuse, ce sont les racines chrétiennes concrètes. Jésus affirme solennellement qu’il est là dans l’étranger…Et le programme chrétien, c’st d’être là où Jésus est ».

La grande colère de Chypre

Deux jours avant, à la fin d’une prière œcuménique dans l’église de la Ste Croix à Chypre, une autre colère, inattendue, avait éclaté. Le pape était sorti de son texte et avait témoigné de sa profonde exaspération : « Excusez-moi mais je voudrais dire ce que j’ai sur le cœur ».

Il avait alors porté un jugement on ne peut plus dur sur le sort réservé à ceux qui, partant de chez eux, de nuit et en bateau, se retrouvaient nez à nez avec des barbelés, contraints de rebrousser chemin pour finalement se retrouver dans des camps « vrais lieux de confinement, de torture et d’esclavage ». Allusion aux camps libyens constituant un système redoutable qui s’apparente , selon François, à un mécanisme équivalent à ceux mis en œuvre par les pires régimes totalitaires, ceux de Hitler et Staline.

« Cela, c’est l’histoire de cette civilisation développée que nous appelons Occident !! » a-t-il lancé.

Article de L.B. de Senneville in « La Croix » 6 12 21


Pape François : Petits gestes pour préparer Noël

« Nous sommes affairés dans de nombreux préparatifs de cadeaux et de choses qui passent, mais demandons-nous que faire pour Jésus et pour les autres »

« Que devons-nous faire ? » : question posée par les foules à Jean le Baptiste, dans l’Évangile du jour.  Le pontife a adressé cette même question aux fidèles rassemblés sous ses fenêtres, les exhortant à prendre « un engagement concret, même petit, qui s’adapte à notre situation de vie », pour préparer la fête du 25 décembre.

La foi en effet « n’est pas une théorie abstraite », a poursuivi l’évêque de Rome en donnant des exemples d’actions à mener : téléphoner à une personne seule, visiter une personne âgée ou malade, faire quelque chose pour une personne dans le besoin.

« Peut-être, a-t-il ajouté, ai-je un pardon à demander, un pardon à donner, une situation à éclaircir, une dette à régler. Peut-être ai-je oublié la prière […]. Trouvons quelque chose de concret et faisons-le ! »

« Découvre qui tu es »

Le pape François a aussi élargi cette question au sens de la vie, qui n’est pas donnée « au hasard », a-t-il affirmé. L’existence est « un don que le Seigneur nous confie en nous disant : découvre qui tu es, et donne-toi de la peine pour réaliser le rêve qu’est ta vie ! ».

« À quoi suis-je appelé ? Qu’est-ce qui me réalise ? […] Qu’est-ce qu’il serait bon que je fasse pour moi et pour mes frères ? Comment puis-je contribuer au bien de l’Église, au bien de la société ? »

Tout autant d’interrogations qui pour le pape ne naissent pas « d’un sens du devoir », mais de « l’enthousiasme ».

Pape François lors de l’Angélus ce 12 décembre 2021.

3ème dimanche de l’Avent – Année C – 12 décembre 2021 – Évangile de Luc 3, 10-18

Évangile de Luc 3, 10-18

« Soyez Toujours dans la Joie du Seigneur » (Paul)

En dépit de la crise du covid, notre société réussit vaille que vaille son grand show de fin d’année . On y parle aussi un peu de Noël mais le mot a perdu à peu près toute référence chrétienne : la fête est redevenue ce qu’elle était à l’origine : la célébration du solstice d’hiver. Les nuits diminuent, les jours allongent, fêtons le retour de la lumière et de la vie par un sapin toujours vert, des lampions, des cadeaux, des banquets, des « réveillons » qui, par leurs excès, ont plutôt l’effet de « roupillons. Toute une ambiance que les communautés chrétiennes voient comme un beau rêve d’un monde pacifié et éclairé. Un rêve, une parenthèse car comment faire un monde si on enlève le Christ, le Messie qui doit le sauver ?

Nous, l’Avent nous a réveillés depuis quelques semaines. Le premier dimanche nous a révélé le sens d’une histoire chaotique et dangereuse mais où le Seigneur vient accomplir un monde de paix, de grâce, de fraternité. La foi ne nous fait plus rêver mais nous arme d’une espérance solide. Le 2ème dimanche, un grand prophète nous a exhortés à changer de vie, à aplanir le chemin du Seigneur qui vient.

Mais que signifie « travailler à tracer ce chemin » ? Aujourd’hui, 3ème étape, le même prophète Jean nous précise le sens concret de cette expression et esquisse la figure du futur Messie. Admirons donc la pédagogie de la liturgie qui nous fait progresser pas à pas dans le vrai sens de Noël.

Que devons-nous faire ?

Les foules qui venaient se faire baptiser par Jean lui demandaient : « Que devons-nous faire ? ». Jean leur répondait : «  Celui qui a deux vêtements, qu’il partage avec celui qui n’en a pas. Et celui qui a de quoi manger, qu’il fasse de même. »

La pitié naturelle nous incite – de temps en temps – à faire un don à un démuni ou un affamé ; les fêtes nous poussent à offrir des cadeaux à nos parents et amis ; nous écoutons les appels des organisations humanitaires et nous donnons des sacs de vêtements. C’est bien. Mais Jean nous commande de pratiquer une miséricorde bien plus généreuse, un partage plus large. Non selon nos envies occasionnelles ou sous le choc des photos dramatiques. Mais parce que le don aux pauvres est la méthode habituelle d’ « aplanir le chemin du Seigneur ».

Cette première exigence dictée par Jean fait naturellement basculer l’envie de toujours acheter et d’accumuler sans cesse que la publicité est si habile à instiller au fond de nous. Le matraquage est tel qu’il est bien difficile d’y résister mais l’obéissance à l’ordre d’un prophète de Dieu est beaucoup plus importante que l’imitation des modes. Un vrai chrétien est obligé de se démarquer de pratiques qui attaquent sa foi.

Refus de la concussion

Des publicains vinrent aussi se faire baptiser et lui dirent : « Maître, que devons-nous faire ? ». Il leur répondit : «  N’exigez rien de plus que ce qui vous est fixé ».

Ces hommes étaient exécrés par le peuple d’autant qu’ils récoltaient les impôts au profit des occupants romains et que beaucoup d’entre eux se remplissaient les poches en exigeant plus qu’il n’était dû. La concussion ! Aujourd’hui les ordinateurs les plus modernes ont beau traqué cette tentation, y a-t-il une semaine où n’éclate un scandale : tel comptable, tel secrétaire, tel Ministre ( !!) est dévoilé comme ayant détourné des sommes parfois astronomiques !! L’obsession de la fortune torture certains cœurs. L’impôt est à payer mais il faut observer la justice.

Refus de la Violence

A leur tour, des soldats lui demandaient : «  Et nous que devons-nous faire ? ». Il leur répondit : «  Ne faites ni violence ni tort à personne ; et contentez-vous de votre solde ».

Quelle jouissance de parader en uniforme, de porter des armes, de représenter la force, d’impressionner, de faire des opérations musclées ! Et en outre d’en profiter pour spolier des faibles, subtiliser des biens ! Jean n’interdit pas l’armée, pas plus que la perception d’impôts, mais il refuse tout emploi de violence et tout enrichissement indu.

En demandant le partage avec les pauvres, en refusant la violence et l’injustice, en mettant en garde contre la passion de l’argent, Jean est bien le « précurseur », celui qui précise la route que Jésus reprendra. Heureux déjà ceux et celles qui suivent cette conduite morale. Mais Jean va poursuivre en annonçant un au-delà.

Le Plus Puissant vient

Le peuple était en attente, tous se demandaient en eux-mêmes si Jean n’était pas le Messie.

Jean alors s’adressa à tous : « Moi je vous baptise avec de l’eau ; mais il vient, celui qui est plus puissant que moi. Je ne suis pas digne de défaire la courroie de ses sandales. Lui vous baptisera dans l’Esprit-Saint et dans le Feu.

Il tient à la main la pelle à vanner pour nettoyer son aire à battre le blé et il amassera le grain dans son grenier ; quant à la paille, il la brûlera dans un feu qui n’éteint pas ». Par ces exhortations et bien d’autres encore, Jean annonçait au peuple la Bonne Nouvelle »

Jean effectivement a rencontré un grand succès populaire, très nombreux étaient ceux qui venaient l’écouter et demandaient son baptême ; au point que, après un si long temps de silence de Dieu, on se demandait si Jean n’était pas le mystérieux Messie promis par les Écritures. C’est alors que Jean se dresse vigoureusement pour détromper cette opinion et lancer sa grande nouvelle.

Moi, dit-il, je vous rappelle les préceptes de la Loi et mon baptême est seulement un acte significatif de la demande de pureté des gens qui se reconnaissent pécheurs devant Dieu. Mais effectivement le Messie va venir après moi. Il reprendra bien des points de mon message – au point que certains le prendront pour un prophète qui est mon disciple – mais en fait il sera une personne d’une tout autre envergure que la mienne, si bien que je ne suis même pas digne d’être son esclave.

Il reprendra le rite du baptême dans l’eau mais il détient une telle puissance divine que, par ce passage dans l’eau, il plongera les hommes dans le Feu de l’Esprit-Saint. Les baptisés par lui non seulement recevront le pardon de leurs fautes mais, par le don de l’Esprit, ils seront en communion avec Dieu.

Enfin le Messie opérera le jugement final de l’humanité. Marqué par les anciennes prophéties, Jean semble voir que ce jugement définitif et irrémédiable s’effectuera immédiatement dès la venue du messie et il reprend les anciennes images du tri : le bon grain dans le grenier, la paille au feu.

En fait, nous savons que les choses ne se passeront pas de cette façon instantanée : Jésus va agir de façon bien plus patiente. « Je ne suis pas venu pour les justes mais pour les pécheurs » dira-t-il. Il multipliera les efforts pour faire comprendre car il est « un Messie doux et humble de cœur ». Lorsque Jean-Baptiste, en prison, s’inquiètera de ne pas voir Jésus intervenir pour le sauver, il le renverra au réel : « Les handicapés marchent…La Bonne nouvelle est annoncée aux pauvres ». Le jugement ne sera pas une déflagration foudroyante car l’annonce de l’Évangile devra d’abord se répandre à travers le monde. Et même – événement inimaginable pour Jean – le Messie donnera sa vie en croix pour sauver les pécheurs.

Annoncer la Bonne Nouvelle Aujourd’hui

Par ces exhortations et bien d’autres encore, Jean annonçait au peuple la Bonne Nouvelle.

Ainsi donc, pour Luc, si Jean n’est que le « pré-curseur », il fait partie déjà de l’Évangile. Annoncer que Jésus le Messie s’approche et va venir, exhorter au changement, à une pratique de la justice, au refus de la cupidité et de la violence, c’ est déjà l’aurore de la Bonne Nouvelle.

C’est bien ce que nous avons à vivre aujourd’hui pour être, nous aussi, des « précurseurs » authentiques. Et c’est ce qui nous démarque des fausses promesses du monde. Celui-ci étale ses images de banquets mirifiques, de voyages de rêve sur « les plages paradisiaques » ou de glisses sur les pentes neigeuses, de cadeaux somptueux, de visages illuminés sous les sapins et rayonnant de bonheur.

Mais aucune publicité ne dit que ce bonheur n’est réservé qu’à une minorité. Et on a vite oublié les milliers de réfugiés que les États les plus opulents laissent couler dans les eaux. Allons, pas de grise mine, c’est Noël ! , portons nos robes de fête, que sautent les bouchons de champagne, ouvrons le coffret de notre Rolex.

A l’écoute de Jean et de la liturgie, nous tressaillons de la vraie joie. Nous demandons : « Que devons-nous faire ? ». Et nous nous appliquons à lui obéir et à ouvrir le chemin qui va, incessamment, nous faire découvrir celui qui nous aime, nous pardonne, nous réveille.

Ce 3e dimanche est celui de la Joie : « Pousse des cris de joie, tressaille d’allégresse…Le Seigneur ton Dieu t’apporte le salut…Il te renouvellera par son amour » (1ère lect)

Fr. Raphaël Devillers, dominicain.

Noël : l’envers du décor

274 millions : Le nombre de personnes à aider dans le monde

C’est, en millions, le nombre de personnes qui devraient avoir besoin d’une aide d’urgence en 2022, a annoncé le 2 décembre le Bureau de coordination des affaires humanitaires de l’ONU (OCHA). Cela représente une hausse de 17% en un an, 2021 ayant déjà été un record. En d’autres termes, une personne sur 29 dans le monde aura besoin d’une aide urgente en 2022. Multiplication des conflits, troisième année de pandémie, précarité qui s’installe… Les raisons d’une telle hausse sont nombreuses. Face à cette situation, la journée mondiale du bénévolat célébrée ce dimanche 5 décembre rappelle que chacun est invité à prendre sa part et se mettre au service de son prochain. Il y a de multiples manières d’y arriver : s’investir dans une association, sa paroisse ou une œuvre caritative, faire un don…

Le pape François a dénoncé à plusieurs reprise l’indifférence des sociétés envers les plus démunis. Parce qu’ils ne parlent pas « la langue du je », parce qu’ils ont besoin d’être soutenus, les pauvres rappellent à tous que les chrétiens doivent vivre tels des « mendiants tendus vers Dieu », a-t-il déclaré. Lorsque les pauvres frappent à « nos portes », il s’agit donc pour chacun d’écouter leur cri tel un appel à « sortir de notre moi », a considéré le pontife romain. Dans nos cœurs, ils doivent en effet occuper la « place » qu’ils occupent dans le cœur de Dieu. En les servant, les chrétiens apprennent ainsi les « goûts » de Dieu, a-t-il considéré.

Site Aleteia 5 12 21

Noël : près de trois Français sur dix se disent « attristés » ou « inquiets » à l’approche des fêtes de fin d’année

Si la majorité des personnes interrogées se réjouit de cette période festive, de nombreux ménages font part de leur inquiétude, notamment liée au pouvoir d’achat.

Noël n’est pas forcément un moment de joie pour tout le monde. Près de trois Français sur dix se disent « attristés » (29% des personnes interrogées) ou « inquiets » (28%) à l’évocation des fêtes de fin d’année, selon un sondage Ifop pour l’association « Dons solidaires », publié jeudi 2 décembre. Ils sont 34% à ne pas « se réjouir » de cette période, que d’autres célèbrent comme un moment de retrouvailles familiales, de magie et de partage.

Les personnes isolées et les ménages à faibles revenus sont les plus concernés par ces sentiments négatifs, liés notamment à la perspective d’un réveillon seul (21%) ou à des difficultés pour finir le mois (53%).

Des sacrifices, voire des renoncements

A l’approche du réveillon, les parents affichent plus d’excitation que la moyenne. Pourtant, une majorité d’entre eux se serrent la ceinture. Ils sont 57% à prévoir de se priver d’autres achats (loisirs, vêtements, alimentation…) et 55% à préparer de plus petits cadeaux que ce qu’ils aimeraient pouvoir offrir.

Plus d’un quart des parents (29%) entend même renoncer à acheter des cadeaux, contre 20% l’an dernier. « Cette hausse de neuf points est significative, dans un contexte marqué par des tensions sur le pouvoir d’achat et une inflation inédite depuis des années », souligne François Legrand, de l’Ifop. De manière globale, les Français sont 57% à estimer que leur pouvoir d’achat a « plutôt diminué » depuis le début de la crise sanitaire, contre 10% à ressentir le contraire.

« Cette année, la proportion de parents qui vont faire des concessions pour les cadeaux augmente partout. »

François Legrand, chef de groupe au département Opinion de l’Ifop à franceinfo : 

Ces arbitrages budgétaires en vue des fêtes sont particulièrement douloureux dans les familles les plus démunies, confrontées aux décisions les plus drastiques. Ainsi, près de six sondés sur 10 (58%), parmi les catégories les plus pauvres, disent parfois éprouver un sentiment de honte ou de culpabilité lié au fait de ne pas gâter leurs enfants comme ils le souhaiteraient. 

Sondage réalisé en ligne du 10 au 15 novembre auprès d’un échantillon de 2 003 personnes, représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus, selon la méthode des quotas. – Yann Thompson. – 2 12 21