Notre modernité retourne à l’antique : nous revoilà sous César ou Néron lorsque la population en liesse célébrait le solstice d’hiver. Après des semaines de froid, de pluie, d’enténèbrement, enfin, vers le 25 décembre, on voyait les jours s’allonger, la chute dans la nuit était arrêtée.
Et pour célébrer la Victoire du Soleil, on faisait trois choses que l’on refait aujourd’hui : on dressait un arbre vert, on allumait des braseros et on s’échangeait des cadeaux.
Dans ma jeunesse, décembre était le mois de l’ « Avent » car il fallait se préparer à l’ « Avènement » de Jésus et Jean-Baptiste nous invitait à quelques renoncements. Les commerçants préparaient dans leurs vitrines une crèche constituée des marchandises qu’ils vendaient.
Et en plein milieu de la nuit, le 25, dans le froid glacial, on se hâtait vers l’église comble où devant le « petit Jésus qui venait d’arriver », on exultait en chantant « Minuit chrétiens » et « Les anges dans nos campagnes ».
Aujourd’hui tout cela a disparu : maintenant décembre voit l’édification du « village de Noël » où, autour d’un immense sapin couvert de guirlandes, les maisonnettes illuminées offrent mille objets ; Un seul but : acheter. Consommer. Boire.
Jésus (le fils pauvre) a disparu pour faire place à Noël (le père riche), figure coca-alcoolisée et hilare qui hurle que la vie est belle, qu’il faut en profiter, rire, boire et s’empiffrer.
Le paganisme est de retour. Le premier Evangile de l’année n’a rien perdu de sa pertinence.