6ème dimanche de Pâques – Année B – 6 mai 2018
Évangile de Jean 15, 9-17

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L’AUTHENTIQUE VIGNE DE DIEU : 2ème VOLET

Au cœur du grand discours où Jésus résume sa révélation (Jean 13 à 17), se dresse l’allégorie de la Vigne. Dimanche passé, nous en avons médité le premier volet ; aujourd’hui nous écoutons le second. Mais d’abord, nous lisons les trois premiers versets (9-11) qui jouent le rôle de pivot sur lequel les deux parties s’articulent.

PIVOT CENTRAL DU DISCOURS DE JESUS

« Comme le Père m’a aimé, moi aussi je vous ai aimés. Demeurez dans mon amour.
Si vous gardez mes commandements, vous demeurerez dans mon amour, comme moi, j’ai gardé les commandements de mon Père, et je demeure dans son amour.

La parabole de la vigne, comme celle du Bon Pasteur, n’est pas là d’abord pour nous dire ce que nous avons à faire mais ce que nous sommes. Et ce que nous sommes est d’abord ce que nous avons reçu.
Jésus nous dit : Lis l’évangile comme l’histoire du Fils comblé par l’amour de Dieu son Père et qui peut en vérité certifier à ses amis qu’il les aime en acte alors même qu’ils ne l’ont jamais bien compris et qu’ils l’ont laissé à ses ennemis.

Et il les aime de l’amour même que son Père a pour lui. « Comme » ne signifie pas seulement une comparaison mais désigne la source, la raison. Jésus n’imite pas Dieu : il épanche sur ses disciples l’amour divin qu’il a reçu et le fait vivre. En nous racontant la conduite de Jésus, l’évangile nous trace exactement la conduite de Dieu, il nous révèle le vrai Dieu Père. L’amour n’est donc pas d’abord un impératif mais un participe. Jésus ne dit pas : « Aimez » mais prenez conscience :« Vous êtes aimés »

Encore faut-il demeurer dans cet amour. Il ne reste don reçu que s’il devient don à donner Et la seule façon de demeurer aimé, c’est de mettre en pratique les commandements que Jésus nous a donnés, en faisant ce qu’il a fait et dit. C’est écrit clairement.

Evidemment la crainte nous saisit au souvenir des difficultés et même des dangers que Jésus et les siens ont dû affronter mais Jésus nous rassure :

Je vous ai dit cela pour que ma joie soit en vous, et que votre joie soit parfaite.

Paradoxe : l’Evangile – qui parle pourtant d’échecs, d’oppositions, de persécutions – apporte la joie. Non celle, superficielle et passagère du monde. Mais la joie de Jésus lui-même. Et elle est parfaite, elle comble totalement et rien ni personne ne pourra jamais nous l’enlever (16, 22).

LA VIGNE : 2ème VOLET.

Tous ses commandements se résument en un seul (répété au début et à la fin = « une inclusion »)

Mon commandement, le voici : Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés.
Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime.

Pour reprendre l’image : la joie du cep de vigne, c’est que ses sarments aspirent sa sève sans modération et se la communiquent sans retenue. Que chacun ne se veuille pas unique, fier de sa piété et de ses pratiques. Que tous se considèrent comme un ensemble, un corps dont chaque élément reçoit la vie et la transmet.
L’union des disciples dans l’amour fait la joie de Jésus parce que c’est pour cela qu’il a donné sa vie. Notre paix née de ses plaies témoigne qu’il est bien le Fils vivant, elle prouve que la croix n’est pas échec mais réussite. Au contraire nos jalousies, nos déchirures font douter de l’Evangile. Elles infligent au Christ l’atroce constatation qu’il a échoué et qu’il est mort pour rien.

Certains affirment que l’on ne peut « commander » l’amour. En effet s’il s’agit d’un lien affectif, un élan sentimental, un partage de famille, de nationalité, de goûts, de cultures….Mais Jésus parle de AGAPE, qui signifie une volonté de bienveillance, un refus d’animosité, un engagement de services. Cet amour ne décape pas les différences, n’empêche pas heurts, débats, énervements…

Paul a fait un célèbre portrait de l’AGAPE – CHARITE – où il montre qu’elle est acte, engagement, dépassement de l’indifférence et de la méfiance : « La charité est patiente.. » (1 Cor 13).
L’agapè peut se commander parce qu’elle est comme la sève unique que le cep envoie dans les sarments et qui les irrigue tous de la même façon. Elle n’est pas seulement tolérance mais elle devra aller au maximum jusqu’au don de sa vie pour l’autre.
Un long regard sur le crucifix permettra d’accepter ce qui au premier abord nous paraît impossible.

LE PRIVILEGE DE CONNAITRE LA BONNE NOUVELLE

Vous êtes mes amis si vous faites ce que, moi, je vous commande. Je ne vous appelle plus serviteurs, car le serviteur ne sait pas ce que fait son maître ; je vous appelle mes amis, car tout ce que j’ai entendu de mon Père, je vous l’ai fait connaître.

Savons-nous apprécier à sa valeur extraordinaire la Révélation reçue par l’Evangile ? C’est un privilège qu’il faudrait nous rappeler lorsque nous sommes embourbés dans une pratique routinière, ulcérés par les fautes de l’Eglise, aigris par les dysfonctionnements de la paroisse, assaillis par les doutes et les moqueries des autres. Il faut lire certains récits de convertis racontant comment, après des années d’absurdité, de tentations de suicide, ils ont découvert l’Evangile. A en pleurer de bonheur.
Saint Thomas d’Aquin, le grand théologien, se réjouissait de la foi d’une vieille paysanne inculte qui en savait beaucoup plus sur la vie que certains grands esprits.

« Je vous ai tout fait connaître » : il n’y a pas d’évangile ésotérique, il n’y a pas quelque part des révélations que Jésus aurait cachées à ses disciples. Tout a été dit. L’Evangile n’est pas une énigme indéchiffrable mais un puits de lumière sur lequel nous n’aurons jamais fini de nous pencher pour en extraire toute la clarté.
Si nous étions heureux de cette connaissance, nous comprendrions mieux le manque, le vide, la tristesse des multitudes immenses qui ignorent tout de la Bonne Nouvelle et qui, dans le barnum et le bling-bling de notre société se perdent dans les dédales des divertissements ou des caricatures de Dieu. Et, sans prosélytisme, nous témoignerions tout bonnement de ce bonheur de croire.
Faisons-nous envie ? Plus que d’essence, l’humanité manque de sens.

Ce n’est pas vous qui m’avez choisi, c’est moi qui vous ai choisis et établis,
afin que vous alliez, que vous portiez du fruit, et que votre fruit demeure.

Que nos réalisations, nos réussites, nos progrès ne nous montent pas le col. C’est le Seigneur qui a toujours l’initiative de la vocation et non nos qualités ou notre intelligence.. Le groupe des premiers apôtres ne ressemblait pas à une académie de gens cultivés, de scribes futés, de prédicateurs éloquents.
Et ce choix de Jésus n’est pas une récompense mais confère une mission.
« Aller » : se remettre toujours en route, oser de nouveaux chemins, entrer dans « les périphéries » chères à notre pape.
« Porter du fruit » : ne pas se limiter à une inscription, à une pratique rituelle, à une opinion privée mais, en communion avec ses frères, témoigner du Seigneur, vivre le mystère pascal, agir, faire, être comme le sel qui donne le goût de vivre, comme la lumière qui chasse le désespoir.
Et « demeurer » : ne pas en rester à un catéchisme scolaire, à quelques années de dévouement dans un mouvement de jeunesse mais persévérer jusqu’à la mort.

Alors, tout ce que vous demanderez au Père en mon nom, il vous le donnera.

Le second volet se termine, comme le premier, par la recommandation de la prière mais elle est précisée : « en mon Nom » et elle est répétée à plusieurs reprises au long du grand discours d’adieu (14, 13.14 ; 16, 24). La position de Jésus en croix, bras étendus, était celle de la supplication intense : elle donnera tout de suite de l’assurance aux disciples qui termineront leurs prières « …Par Jésus-Christ ton Fils notre Seigneur… ». Ils ne s’appuient plus sur leurs mérites mais sur l’intercession certaine du Seigneur qui les a tant aimés qu’il a donné sa vie pour eux.
Nous objectons : « J’ai tant prié et je n’ai pas reçu ». Rappelons-nous les gémissements, les cris, les larmes de Jésus à l’agonie : il a été exaucé. Non en évitant la mort mais en la vivant comme un don pour les autres. Son Père lui a donné la Vie.
Dieu ne nous promet pas des cadeaux. Son grand don, sa grande promesse (5 x détaillée dans ce grand discours) c’est Son ESPRIT.

CONCLUSION

Les répétitions de vocabulaire nous ancrent l’image de la Vigne dans le cœur :

1er volet  : LA FOI  : EN MOI (7 x), DEMEURER (8 x)
2ème volet : LA CHARITE : AIMER (6 x), AMOUR (4x)

Aux liturgies de ce temps pascal, resserrons notre union au Christ, goûtons la joie de la Parole, accueillons son Pain vivant. Laissons-nous devenir UN corps, UNE vigne en Lui.
Dans le quotidien, nous porterons du fruit. Et nous donnerons aux hommes l’ESPERANCE
A LA GLOIRE DE NOTRE PERE.[/fusion_text][/one_full][one_full last= »yes » spacing= »yes » center_content= »no » hide_on_mobile= »no » background_color= » » background_image= » » background_repeat= »no-repeat » background_position= »left top » hover_type= »none » link= » » border_position= »all » border_size= »0px » border_color= » » border_style= » » padding= » » margin_top= » » margin_bottom= » » animation_type= » » animation_direction= » » animation_speed= »0.1″ animation_offset= » » class= » » id= » »][fusion_text]

Raphaël Devillers,  dominicain
Tél. : 04 / 220 56 93   –   Courriel :   r.devillers@resurgences.be

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5ème dimanche de Pâques – Année B – 29 avril 2018
Évangile de Jean 15, 1-8

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L’AUTHENTIQUE VIGNE DE DIEU

Au commencement de son histoire, Israël aimait se vanter d’être comme la Vigne choisie de Dieu.
Dieu l’avait libéré de l’esclavage en Egypte, avait fait Alliance avec lui et l’avait conduit dans la terre promise où il avait pu se développer. Au centre, dans le temple de Jérusalem, des liturgies chantaient sans cesse la louange de Dieu.

Mais la magnificence du culte n’empêchait pas les déchirures sociales. C’est pourquoi le grand prophète Isaïe se leva pour dénoncer avec violence les injustices. Oui, dit-il, Dieu nous a choisis et il nous a comblés de bienfaits mais c’est pour que nous soyons comme une vigne modèle. Or nous n’observons pas sa Loi : des orgueilleux édifient des fortunes tandis que des malheureux sont exploités comme des esclaves, des juges sont corrompus, des pauvres ont faim…

Oui, « la Vigne du Seigneur, c’est Israël. Il en attendait le droit : et c’est l’injustice. Il en attendait la justice et il ne trouve que les cris des malheureux » (Isaïe 5).

L’élection divine est une faveur mais qui oblige, elle n’est pas un privilège qui rassure mais une responsabilité. La foi ne place pas au-dessus mais devant les autres. Pas pour les diriger mais pour les entraîner, leur montrer l’exemple des rapports humains tels que Dieu les veut.
D’autres prophètes tonitruèrent ensuite de la même manière mais ce fut peine perdue.

JESUS LA VRAIE VIGNE DE DIEU

Dans les premiers évangiles (Marc, Matthieu et Luc), Jésus reprit l’image de la vigne dans plusieurs paraboles : Mon royaume, c’est comme une vigne où il faut travailler mais les vignerons (dirigeants, prêtres, scribes, pharisiens) refusent d’obéir et même projettent la mort du fils du propriétaire. Et en effet, sur le calvaire, les hommes plantèrent une poutre de bois mort pour y exécuter Jésus. Le refus de Dieu conduit toujours à la mort de l’homme.

Mais le propriétaire véritable de la vigne, c’est Dieu. Et il fut capable de transformer la poutre mortifère en Cep de Vie : Jésus fut ressuscité !

Et voici, dans l’évangile de Jean, la Vigne « plantée » au cœur du Discours d’adieu de Jésus, qui est bien plutôt Discours de sa Nouvelle Présence. La Vigne n’est plus un peuple dans un territoire, on n’en fait pas partie par hérédité : elle se déploie dans l’assemblée universelle des croyants. Elle n’est pas une organisation mais un organisme vivant, fait de personnes.

Stupéfaits, bouleversés, les disciples apprennent qu’ils sont comme l’extension de Jésus, comme ses prolongements. « Vous êtes les sarments ». Sur les chemins de Galilée, Jésus était devant ou à côté d’eux : ressuscité, il communie à eux : « Tout sarment qui est en moi ». Déjà Saül, le persécuteur des chrétiens, n’avait-il pas été bousculé par une voix qui lui disait : « Saül, pourquoi me persécutes-tu ? » (Ac 9, 4)

LE VIGNERON TAILLE

La vigne n’est pas une plante décorative, elle est voulue, soignée et admirée non pour la valeur de son bois ni la splendeur de son feuillage mais pour son fruit. Pour le raisin qui donnera du vin. Aussi le Père soigne sa vigne, il la taille, l’émonde, coupe les surgeons superflus. Comment ? Par la Parole de Jésus. L’Evangile est un glaive qui retranche mauvais désirs, rancunes, rivalités, méchancetés, cupidité.

Le sarment fidèle s’effraie des épreuves qui surviennent, des souffrances qui l’accablent, des échecs qui se succèdent : qu’il accepte avec patience et fidélité ce travail nécessaire qui lui fait perdre les boursouflures de son ego, les envies d’accaparer. Pour être fécond, il doit nécessairement être dépouillé. Le vigneron n’attend pas des jolies feuilles mais du raisin. Et le jus coule comme le sang.

DEMEURER

Il ne suffit pas de faire partie de la vigne  mais il faut tenir, traverser l’épreuve du temps, DEMEURER : un des très grands mots de Jean qui ne l’emploie pas moins de 10 fois dans ce passage (40 fois au total dans son évangile)

Demeurez en moi, comme moi en vous. De même que le sarment ne peut pas porter de fruit par lui-même s’il ne demeure pas sur la vigne, de même vous non plus, si vous ne demeurez pas en moi.

Cette insistance sur DEMEURER prouve que notre tentation perpétuelle, tenace est, sans nous l’avouer, de nous lasser, de nous détacher. Car notre orgueil est tel que nous voulons toujours nous attribuer le bien que nous faisons.

Le monde n’est-il pas une immense tentative de vouloir se faire sans Dieu ? « Vous serez comme des dieux » sifflait le serpent originel. Le communisme voulait bâtir une société de « camarades » et il est tombé dans « des lendemains qui déchantent ». La grande surface qui se présente comme un paradis où tout est offert est inaccessible à des multitudes qui ont faim. Et plus personne ne croit que le progrès va apporter le bonheur : on se demande même où il nous conduit.

Si quelqu’un ne demeure pas en moi, il est, comme le sarment, jeté dehors, et il se dessèche. Les sarments secs, on les ramasse, on les jette au feu, et ils brûlent.

Il n’est même pas besoin d’envisager ici un enfer futur. Puisque le sarment ne peut produire sa propre vie, s’il se détache, il se dessèche. Si le désir qui nous habite se débranche du Seigneur vivant, il brûle sans objet, il brûle pour rien. Notre malheur n’est pas la croix – où la vie prend sens – mais l’existence insensée et la mort absurde.

LA PRIERE POUR SE BRANCHER

Si vous demeurez en moi, et que mes paroles demeurent en vous, demandez tout ce que vous voulez, et cela se réalisera pour vous.

Sous peine de s’édulcorer, de se confondre avec un mysticisme vaporeux ou de se cantonner dans des rites, la « demeure en Jésus » est précisée : elle se vérifie par la vie selon ses paroles. Le baptême doit s’écouler en pratique coûteuse, réelle, des enseignements de l’Evangile. Le livre de l’Evangile ne « demeure » pas sur le lutrin ou le rayon de bibliothèque mais s’incarne dans les pensées, les décisions, les paroles, les actions du croyant. L’Eglise se manifeste non dans un bâtiment – si splendide soit-il – mais dans la vie pratique. Sinon elle retombe dans le mensonge que dénonçait jadis Isaïe : un culte qui fait chanter certains et laisse pleurer d’autres.

D’où l’obligation formelle de DEMANDER. Non que Dieu se plaise à entendre ses enfants se traîner à ses pieds pour leur consentir quelque faveur. Mais pour combattre nos deux tentations :

  • nous croire capables de réaliser par nous-mêmes le Dessein de Dieu
  • limiter nos projets à notre courte vue, à nos conceptions mesquines, à ce que nous croyons pouvoir faire.

La prière nous fait reprendre conscience de notre pauvreté, elle nous pousse à demander l’impossible, à ne pas nous enfermer dans notre minuscule pré-carré, à découvrir que même le mur de la croix peut être traversé.

Amen, amen, je vous le dis : si vous demandez quelque chose à mon Père en mon Nom, il vous le donnera. Jusqu’ici vous n’avez rien demandé en mon Nom. Demandez et vous recevrez – si bien que votre joie sera parfaite » (Jean 16, 23)

A LA GLOIRE DU PÈRE

Le nom du Père ouvre et clôt le texte. Tout vient de lui et tout va à lui. Il est source et océan. Projet et accomplissement. Origine et terme. Il n’est pas un potentat ivre de prosternations obséquieuses, une idole folle de ses fans fanatiques. Un Dieu lointain et écrasant.
Car la réussite de l’histoire de l’homme est de ne pas se tromper de Dieu. Le Père n’a pas crucifié Jésus mais sa gloire est de ressusciter son Fils fidèle, de transfigurer son sang répandu en sève de vie, d’étendre la vigne qu’il est jusqu’au bout du monde.

ET LE FRUIT ?

Curieux : le fruit est absolument exigé mais il n’est pas précisé. La réponse nous sera donnée dans le second volet de l’allégorie dimanche prochain. Signe que le danger est de se jeter dans l’action, d’en rester à la philanthropie ou au culte.

Le problème d’une branche n’est pas en aval mais en amont, à sa source.
Pour faire sauter nos mesquineries et notre foi rabougrie, Jésus insiste : d’abord et avant tout et sans vous arrêter, demeurez des sarments avides de la vie de leur Seigneur.

Le Premier jour de chaque semaine, Jour du Seigneur, l’allégorie de la Vigne apparaît dans l’assemblée des sarments tout heureux de se souder à leur Seigneur : « Celui qui mange ma chair et boit mon sang demeure en Moi et Moi en lui » (Jn 6, 56) et ils se transmettent les uns aux autres la Vie ressuscitée, sève nécessaire à la survie du nouveau monde.[/fusion_text][/one_full][one_full last= »yes » spacing= »yes » center_content= »no » hide_on_mobile= »no » background_color= » » background_image= » » background_repeat= »no-repeat » background_position= »left top » hover_type= »none » link= » » border_position= »all » border_size= »0px » border_color= » » border_style= » » padding= » » margin_top= » » margin_bottom= » » animation_type= » » animation_direction= » » animation_speed= »0.1″ animation_offset= » » class= » » id= » »][fusion_text]

Raphaël Devillers,  dominicain
Tél. : 04 / 220 56 93   –   Courriel :   r.devillers@resurgences.be

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Psaume 22

PRIERE EN REPONSE A LA BONNE NOUVELLE DU JOUR

Ritournelle tant de fois « bêlée » par nos assemblées assoupies au point qu’on ne veut plus l’entendre. Or ce poème est un chef-d’œuvre. Utilisant la parabole du berger, le croyant se compare à une brebis et constate: “Oui au fond j’ai l’essentiel, je ne manque de rien”. Et il énumère dix bienfaits dont son Seigneur le comble.
Tant d’hommes n’ont pas trouvé de guide sûr, ou ils ont suivi des mercenaires cupides  qui les conduisaient à la catastrophe. Arrêtons un peu nos prières de demande, jouissons du bonheur de croire et disons au Seigneur notre reconnaissance.

Le Seigneur est mon berger : je ne manque de rien.
Sur des prés d’herbe fraîche, il me fait reposer.
Il me mène vers les eaux tranquilles et me fait revivre ;
il me conduit par le juste chemin pour l’honneur de son nom.
Si je traverse les ravins de la mort, je ne crains aucun mal,
car tu es avec moi :
ton bâton me guide et me rassure.
Tu prépares la table pour moi devant mes ennemis ;
tu répands le parfum sur ma tête,
ma coupe est débordante.
Grâce et bonheur m’accompagnent tous les jours de ma vie ;
j’habiterai la maison du Seigneur pour la durée de mes jours.

Chaque croyant a un lien personnel au Christ : il est « mon » berger. Donc il m’offre – il doit m’offrir -tout ce dont j’ai besoin pour m’épanouir et réussir ma vie.

  1. Je me nourris de la vérité dans les champs magnifiques des Ecritures. Car l’homme ne vit pas seulement de pain mais de toute Parole de Dieu.
  2. Il m’a plongé dans les eaux du baptême, et cette eau de miséricorde sans cesse me purifie.
  3. Il me conduit par des chemins de justice. Non à cause de mes qualités mais pour son Honneur, pour qu’il soit reconnu comme un Dieu qui aime les hommes.
  4. Parfois je dois traverser des moments difficiles, subir des épreuves où ma vie est menacée. Mais dans les ornières et les ténèbres, je n’ai pas peur. Car – et ici nous sommes au cœur du psaume : TU ES AVEC MOI !! Je ne suis jamais seul, tu ne me lâcheras jamais.
  5. Le berger va avec un grand bâton pour défendre son troupeau. La houlette du Christ, c’est sa croix : en regardant à quel point il m’aime, je reprends courage.
  6. Il m’invite à la table de son Eucharistie : je mange son Pain qui me donne vie.
  7. Du baptême jusqu’à ma dernière heure, il me oint d’huile sainte : l’Esprit-Saint me pénètre et me remplit de force. Je suis consacré pour travailler au salut du monde.
  8. Je m’enivre d’allégresse en buvant à la Coupe « le sang de l’Alliance nouvelle…versé pour le pardon de la multitude ».
  9. Pas de jour où mon Bon Pasteur me quitte. Aucun risque qu’il me rejette. Chaque instant de ma vie est une grâce.
  10. Déjà je suis dans sa Maison où il soigne les blessures de mes fautes. Et je suis sûr qu’il me conduit, avec les autres, vers la Maison du Père qui guette le retour de ses fils prodigues pour chanter éternellement ses merveilles.

ALLELUIA. ALLELUIA. ALLELUIA.

R. Devillers o.p.

4ème dimanche de Pâques – Année B – 22 avril 2018
Évangile de Jean 10, 11-18

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JESUS EST LE BON BERGER, LE VERITABLE GUIDE DES HOMMES

En Occident, la coutume s’est installée depuis longtemps de représenter le Christ en croix. Dans nos églises et dans nos maisons, le symbole chrétien, c’est le crucifix : image émouvante du prix payé pour notre salut mais toujours Christ suspendu et mort. Or cette image est tardive : la plus ancienne qui ait été conservée date du 5ème siècle seulement, sur un portail de l’église dominicaine sainte Sabine à Rome. Et encore, le style n’en est pas réaliste mais symbolique, avec un Jésus plus grand que les deux larrons et dressé debout, bras ouverts, comme vivant.

Les toutes premières images du culte chrétien, sur les parois des catacombes romaines, sont celles de Jésus le Bon Pasteur. Nos ancêtres vivaient des moments très pénibles, souffraient de persécutions et risquaient la mort mais pour témoigner fièrement de leur foi, ils proclamaient de la sorte que Jésus était bien vivant au milieu d’eux, qu’il les gardait et les conduisait dans le Royaume de son Père.

Le crucifix proclame l’amour inoubliable que Jésus, dans le passé, a montré en donnant sa vie pour les hommes. Le Bon Pasteur proclame que Jésus est aujourd’hui vivant, présent au milieu des siens.
L’Occident rappelle la mort ; l’Orient, avec ses icones, présente la Vie. Pâques est ainsi proclamé sous ses deux faces inséparables.

DEUX DANGERS DE L’IMAGE DU BERGER

Le premier est la mièvrerie. Des images pieuses donnent encore une représentation en tons de pastel du « Doux Jésus » caressant un agneau mignon. Insupportable !
Le métier de berger, en ce temps-là et en ces pays, était rude, pénible, dangereux même.
Rareté des herbages, manque de précipitations, sources taries, chaleur, soin des animaux blessés, recherche des bêtes égarées… Sans compter la menace des voleurs et le péril des prédateurs. La vie chrétienne n’est pas « un long fleuve tranquille ».
Le second est celui de l’aliénation. En nous faisant chanter « Le Seigneur est mon berger » et en parlant de sa « pastorale », l’Eglise peut hérisser certains. Serions-nous des moutons de panurge, embrigadés dans un système de croyances et de rites et tenus de suivre à la lettre tous les règlements ? Au contraire personne n’est plus libre que le croyant. Jésus dit qu’il « « appelle chacun par son nom ». La foi est réponse libre, vocation personnelle. Les moutons de panurge sont plutôt les gogos matraqués par les slogans, hypnotisés par les spectacles, esclaves des modes.

FUIR OU DONNER SA VIE

Démunies de moyens de défense, sans crocs ni griffes, lents à la course, promesses de délicieux gigots, les brebis sont vulnérables. A l’approche du loup, elles s’égaillaient dans tous les sens, ce qui causait leur perte. Le mercenaire, payé pour ce travail, sauvait sa peau en s’enfuyant au plus vite.

Le siècle dernier a vu paraître les plus ignobles spécimens de ces hommes qui prétendaient être « le guide », « le petit père des peuples », « le grand timonier », « le Führer » et qui fascinaient les masses crédules par leur éloquence enflammée, leurs promesses mensongères.
Staline, Hitler, Mao, Pol Pot promettaient bonheur et vie et ils ont causé la mort, dit-on, de plus de 75 millions de leurs compatriotes.
Et que dire du système actuel du capitalisme sans limites, avec l’exploitation des misérables, la destruction des ressources, l’élimination d’espèces animales ? De combien de victimes se paient l’enrichissement et le confort de certains pays ? Les paradis fiscaux des uns jettent des masses silencieuses dans les enfers des tropiques.

En contradiction totale avec cette idolâtrie mortelle, Jésus affirme qu’il défend les siens jusqu’à accepter de mourir pour eux. Et il le prouve.
« Je donne ma vie pour » : l’expression centrale est répétée 5 fois dans le texte.
Pourquoi ? Parce qu’il y a une relation spéciale, tout à fait unique, entre Jésus et ses disciples. Ils ne sont pas seulement ses adeptes, des élèves qui marchent derrière lui :

Je suis le bon pasteur ; je connais mes brebis, et mes brebis me connaissent, comme le Père me connaît, et que je connais le Père ; et je donne ma vie pour mes brebis.

Attention à la signification profonde des mots.
« Connaître » a un sens très fort : il ne s’agit pas seulement de savoir les identités, de reconnaître les visages. Mais d’une union, d’une comm-union profonde.

Et le « comme » n’indique pas une simple comparaison (« Il en va de même … ») mais une cause : c’est le lien d’amour qui unit le Père à Jésus son Fils.
Jésus ne copie pas avec nous le lien qu’il a avec son Père : le Fils prolonge en nous la communion qui l’unit à son Père. Si bien qu’à notre tour, nous pouvons être unis à lui comme à son Père.

UN AMOUR UNIVERSEL

J’ai encore d’autres brebis, qui ne sont pas de cet enclos : celles-là aussi, il faut que je les conduise. Elles écouteront ma voix. Il y aura un seul troupeau et un seul pasteur.

Jésus est né et a inauguré son Royaume en Israël mais, par ses disciples, il va pénétrer dans tous les enclos, tous les pays du monde. L’Evangile est la Bonne Nouvelle qui peut rejoindre tous les humains de toutes conditions et les unir en une seule communauté fraternelle.
L’Evangile est par essence universel, œcuménique. Il ne supprime pas les différences, il laisse chaque « enclos » exprimer et chanter sa foi à sa manière, selon sa culture. Qu’ils soient juifs, chinois, congolais, mexicains, canadiens, tous ceux qui écoutent la Voix de Jésus et le suivent sont frères et sœurs. Toute rivalité entre eux est interdite, toute scission arrête la course de l’Evangile.

MORT ET RESURRECTION

Voici pourquoi le Père m’aime : parce que je donne ma vie, pour la recevoir de nouveau. Nul ne peut me l’enlever : je la donne de moi-même. J’ai le pouvoir de la donner, j’ai aussi le pouvoir de la recevoir de nouveau : voilà le commandement que j’ai reçu de mon Père.

Dès le début on a tenté d’expliquer la Passion en insinuant que Jésus avait été victime inconsciente d’un complot tramé par les grands prêtres. Accusation très grave car alors il n’y aurait eu au Golgotha que l’exécution d’un juste. Jésus restait, comme Jean-Baptiste ou M.L. King, un prophète assassiné donc un modèle de courage et d’héroïsme.
Or si ses ennemis ont manigancé dans l’ombre pour se saisir de lui par ruse, Jésus affirme haut et fort qu’en réalité c’est lui qui s’est donné. Au Golgotha on a vu l’exécution d’un homme condamné : en réalité, Jésus se donnait, il faisait de sa mort un don, un sacrifice par amour des hommes.
Derrière l’image d’un supplice barbare se révélait, aux yeux des croyants, le plus grand amour du monde. Tellement grand, tellement divin, que le Père a rendu la vie à son Fils qu’il aime.
Ce ne fut pas une restitution de vie charnelle ni une réincarnation mais la Vie éternelle, la Vie au sens divin, la Vraie Vie, la Vie que Dieu est.

JE SUIS LE BON BERGER : UNE AFFIRMATION SCANDALEUSE.

Le prophète Ezéchiel avait écrit une charge terrible contre les rois d’Israël, mauvais bergers, corrompus, exploiteurs des pauvres et finalement causes de la dispersion du peuple. Mais ensuite il avait prophétisé qu’un jour Dieu lui-même viendrait prendre soin de son troupeau (Ez 34, 11) et qu’il délèguerait le Messie, descendant de David pour réunir les brebis dispersées et les conduire dans l’unité, la paix et la justice (Ez 34, 23)

En affirmant « Je suis le Bon Pasteur », Jésus pose une revendication messianique, il affirme que c’est bien lui qui réalise la prophétie. Il y a là tout autre chose qu’une gentille image poétique. D’ailleurs les Pharisiens l’ont bien compris : ils ne lui répondent pas par la dérision et la moquerie, au contraire ils sont excédés, ils brûlent de rage, convaincus qu’il faut au plus tôt exécuter ce fou, ce blasphémateur.

Et mystérieusement, devant ces « loups », Jésus sera l’AGNEAU DE LA PAQUE pour devenir, ressuscité, le PASTEUR plein de miséricorde qui unit autour de sa croix la multitude des brebis égarées.

CONCLUSION

Heureux sommes-nous d’avoir été appelés et de suivre celui qui, par amour pour nous, a donné sa vie et est désormais à tout jamais le seul vrai Berger, le Guide sûr qui nous rassemble et nous conduit à notre destination : dans la Maison du Père.
Mais osons-nous vraiment suivre le Christ, pratiquer l’Evangile, refuser des conduites présentées comme normales par la société, opter pour un style de vie différent, alerter sur les périls encourus par le monde ? Les « mercenaires » qui veulent guider le peuple et qui, au fond, ont des motivations financières sont légion. Le chrétien de demain sera de plus en plus un « original ».
Nous sommes tristes de voir tant de jeunes appelés par les slogans menteurs, séduits par les maîtres du mensonge et des tyrans qui les entraînent à la drogue, au désastre, à la guerre, à la mort.

Et nous prions pour ceux et celles qui ont reçu mission en Eglise d’être des pasteurs et de conduire leurs frères : qu’ils soient à l’image de notre Seigneur.[/fusion_text][/one_full][one_full last= »yes » spacing= »yes » center_content= »no » hide_on_mobile= »no » background_color= » » background_image= » » background_repeat= »no-repeat » background_position= »left top » hover_type= »none » link= » » border_position= »all » border_size= »0px » border_color= » » border_style= » » padding= » » margin_top= » » margin_bottom= » » animation_type= » » animation_direction= » » animation_speed= »0.1″ animation_offset= » » class= » » id= » »][fusion_text]

Raphaël Devillers,  dominicain
Tél. : 04 / 220 56 93   –   Courriel :   r.devillers@resurgences.be

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