Homélies et commentaires par fr. Laurent Mathelot OP

Résurgences

6ème dimanche de Pâques – Année B – 6 mai 2018
Évangile de Jean 15, 9-17

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L’AUTHENTIQUE VIGNE DE DIEU : 2ème VOLET

Au cœur du grand discours où Jésus résume sa révélation (Jean 13 à 17), se dresse l’allégorie de la Vigne. Dimanche passé, nous en avons médité le premier volet ; aujourd’hui nous écoutons le second. Mais d’abord, nous lisons les trois premiers versets (9-11) qui jouent le rôle de pivot sur lequel les deux parties s’articulent.

PIVOT CENTRAL DU DISCOURS DE JESUS

« Comme le Père m’a aimé, moi aussi je vous ai aimés. Demeurez dans mon amour.
Si vous gardez mes commandements, vous demeurerez dans mon amour, comme moi, j’ai gardé les commandements de mon Père, et je demeure dans son amour.

La parabole de la vigne, comme celle du Bon Pasteur, n’est pas là d’abord pour nous dire ce que nous avons à faire mais ce que nous sommes. Et ce que nous sommes est d’abord ce que nous avons reçu.
Jésus nous dit : Lis l’évangile comme l’histoire du Fils comblé par l’amour de Dieu son Père et qui peut en vérité certifier à ses amis qu’il les aime en acte alors même qu’ils ne l’ont jamais bien compris et qu’ils l’ont laissé à ses ennemis.

Et il les aime de l’amour même que son Père a pour lui. « Comme » ne signifie pas seulement une comparaison mais désigne la source, la raison. Jésus n’imite pas Dieu : il épanche sur ses disciples l’amour divin qu’il a reçu et le fait vivre. En nous racontant la conduite de Jésus, l’évangile nous trace exactement la conduite de Dieu, il nous révèle le vrai Dieu Père. L’amour n’est donc pas d’abord un impératif mais un participe. Jésus ne dit pas : « Aimez » mais prenez conscience :« Vous êtes aimés »

Encore faut-il demeurer dans cet amour. Il ne reste don reçu que s’il devient don à donner Et la seule façon de demeurer aimé, c’est de mettre en pratique les commandements que Jésus nous a donnés, en faisant ce qu’il a fait et dit. C’est écrit clairement.

Evidemment la crainte nous saisit au souvenir des difficultés et même des dangers que Jésus et les siens ont dû affronter mais Jésus nous rassure :

Je vous ai dit cela pour que ma joie soit en vous, et que votre joie soit parfaite.

Paradoxe : l’Evangile – qui parle pourtant d’échecs, d’oppositions, de persécutions – apporte la joie. Non celle, superficielle et passagère du monde. Mais la joie de Jésus lui-même. Et elle est parfaite, elle comble totalement et rien ni personne ne pourra jamais nous l’enlever (16, 22).

LA VIGNE : 2ème VOLET.

Tous ses commandements se résument en un seul (répété au début et à la fin = « une inclusion »)

Mon commandement, le voici : Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés.
Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime.

Pour reprendre l’image : la joie du cep de vigne, c’est que ses sarments aspirent sa sève sans modération et se la communiquent sans retenue. Que chacun ne se veuille pas unique, fier de sa piété et de ses pratiques. Que tous se considèrent comme un ensemble, un corps dont chaque élément reçoit la vie et la transmet.
L’union des disciples dans l’amour fait la joie de Jésus parce que c’est pour cela qu’il a donné sa vie. Notre paix née de ses plaies témoigne qu’il est bien le Fils vivant, elle prouve que la croix n’est pas échec mais réussite. Au contraire nos jalousies, nos déchirures font douter de l’Evangile. Elles infligent au Christ l’atroce constatation qu’il a échoué et qu’il est mort pour rien.

Certains affirment que l’on ne peut « commander » l’amour. En effet s’il s’agit d’un lien affectif, un élan sentimental, un partage de famille, de nationalité, de goûts, de cultures….Mais Jésus parle de AGAPE, qui signifie une volonté de bienveillance, un refus d’animosité, un engagement de services. Cet amour ne décape pas les différences, n’empêche pas heurts, débats, énervements…

Paul a fait un célèbre portrait de l’AGAPE – CHARITE – où il montre qu’elle est acte, engagement, dépassement de l’indifférence et de la méfiance : « La charité est patiente.. » (1 Cor 13).
L’agapè peut se commander parce qu’elle est comme la sève unique que le cep envoie dans les sarments et qui les irrigue tous de la même façon. Elle n’est pas seulement tolérance mais elle devra aller au maximum jusqu’au don de sa vie pour l’autre.
Un long regard sur le crucifix permettra d’accepter ce qui au premier abord nous paraît impossible.

LE PRIVILEGE DE CONNAITRE LA BONNE NOUVELLE

Vous êtes mes amis si vous faites ce que, moi, je vous commande. Je ne vous appelle plus serviteurs, car le serviteur ne sait pas ce que fait son maître ; je vous appelle mes amis, car tout ce que j’ai entendu de mon Père, je vous l’ai fait connaître.

Savons-nous apprécier à sa valeur extraordinaire la Révélation reçue par l’Evangile ? C’est un privilège qu’il faudrait nous rappeler lorsque nous sommes embourbés dans une pratique routinière, ulcérés par les fautes de l’Eglise, aigris par les dysfonctionnements de la paroisse, assaillis par les doutes et les moqueries des autres. Il faut lire certains récits de convertis racontant comment, après des années d’absurdité, de tentations de suicide, ils ont découvert l’Evangile. A en pleurer de bonheur.
Saint Thomas d’Aquin, le grand théologien, se réjouissait de la foi d’une vieille paysanne inculte qui en savait beaucoup plus sur la vie que certains grands esprits.

« Je vous ai tout fait connaître » : il n’y a pas d’évangile ésotérique, il n’y a pas quelque part des révélations que Jésus aurait cachées à ses disciples. Tout a été dit. L’Evangile n’est pas une énigme indéchiffrable mais un puits de lumière sur lequel nous n’aurons jamais fini de nous pencher pour en extraire toute la clarté.
Si nous étions heureux de cette connaissance, nous comprendrions mieux le manque, le vide, la tristesse des multitudes immenses qui ignorent tout de la Bonne Nouvelle et qui, dans le barnum et le bling-bling de notre société se perdent dans les dédales des divertissements ou des caricatures de Dieu. Et, sans prosélytisme, nous témoignerions tout bonnement de ce bonheur de croire.
Faisons-nous envie ? Plus que d’essence, l’humanité manque de sens.

Ce n’est pas vous qui m’avez choisi, c’est moi qui vous ai choisis et établis,
afin que vous alliez, que vous portiez du fruit, et que votre fruit demeure.

Que nos réalisations, nos réussites, nos progrès ne nous montent pas le col. C’est le Seigneur qui a toujours l’initiative de la vocation et non nos qualités ou notre intelligence.. Le groupe des premiers apôtres ne ressemblait pas à une académie de gens cultivés, de scribes futés, de prédicateurs éloquents.
Et ce choix de Jésus n’est pas une récompense mais confère une mission.
« Aller » : se remettre toujours en route, oser de nouveaux chemins, entrer dans « les périphéries » chères à notre pape.
« Porter du fruit » : ne pas se limiter à une inscription, à une pratique rituelle, à une opinion privée mais, en communion avec ses frères, témoigner du Seigneur, vivre le mystère pascal, agir, faire, être comme le sel qui donne le goût de vivre, comme la lumière qui chasse le désespoir.
Et « demeurer » : ne pas en rester à un catéchisme scolaire, à quelques années de dévouement dans un mouvement de jeunesse mais persévérer jusqu’à la mort.

Alors, tout ce que vous demanderez au Père en mon nom, il vous le donnera.

Le second volet se termine, comme le premier, par la recommandation de la prière mais elle est précisée : « en mon Nom » et elle est répétée à plusieurs reprises au long du grand discours d’adieu (14, 13.14 ; 16, 24). La position de Jésus en croix, bras étendus, était celle de la supplication intense : elle donnera tout de suite de l’assurance aux disciples qui termineront leurs prières « …Par Jésus-Christ ton Fils notre Seigneur… ». Ils ne s’appuient plus sur leurs mérites mais sur l’intercession certaine du Seigneur qui les a tant aimés qu’il a donné sa vie pour eux.
Nous objectons : « J’ai tant prié et je n’ai pas reçu ». Rappelons-nous les gémissements, les cris, les larmes de Jésus à l’agonie : il a été exaucé. Non en évitant la mort mais en la vivant comme un don pour les autres. Son Père lui a donné la Vie.
Dieu ne nous promet pas des cadeaux. Son grand don, sa grande promesse (5 x détaillée dans ce grand discours) c’est Son ESPRIT.

CONCLUSION

Les répétitions de vocabulaire nous ancrent l’image de la Vigne dans le cœur :

1er volet  : LA FOI  : EN MOI (7 x), DEMEURER (8 x)
2ème volet : LA CHARITE : AIMER (6 x), AMOUR (4x)

Aux liturgies de ce temps pascal, resserrons notre union au Christ, goûtons la joie de la Parole, accueillons son Pain vivant. Laissons-nous devenir UN corps, UNE vigne en Lui.
Dans le quotidien, nous porterons du fruit. Et nous donnerons aux hommes l’ESPERANCE
A LA GLOIRE DE NOTRE PERE.[/fusion_text][/one_full][one_full last= »yes » spacing= »yes » center_content= »no » hide_on_mobile= »no » background_color= » » background_image= » » background_repeat= »no-repeat » background_position= »left top » hover_type= »none » link= » » border_position= »all » border_size= »0px » border_color= » » border_style= » » padding= » » margin_top= » » margin_bottom= » » animation_type= » » animation_direction= » » animation_speed= »0.1″ animation_offset= » » class= » » id= » »][fusion_text]

Raphaël Devillers,  dominicain
Tél. : 04 / 220 56 93   –   Courriel :   r.devillers@resurgences.be

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