La Joie de l’Evangile

1ère Encyclique du Pape François

1. La joie de l’Évangile remplit le cœur et toute la vie de ceux qui rencontrent Jésus. Ceux qui se laissent sauver par lui sont libérés du péché, de la tristesse, du vide intérieur, de l’isolement. Avec Jésus Christ la joie naît et renaît toujours.

Une joie qui se renouvelle et se communique

2. Le grand risque du monde d’aujourd’hui, avec son offre de consommation multiple et écrasante, est une tristesse individualiste qui vient du cœur bien installé et avare, de la recherche malade de plaisirs superficiels, de la conscience isolée.

Quand la vie intérieure se ferme sur ses propres intérêts, il n’y a plus de place pour les autres, les pauvres n’entrent plus, on n’écoute plus la voix de Dieu, on ne jouit plus de la douce joie de son amour, l’enthousiasme de faire le bien ne palpite plus.

Même les croyants courent ce risque, certain et permanent. Beaucoup y succombent et se transforment en personnes vexées, mécontentes, sans vie. Ce n’est pas le choix d’une vie digne et pleine, ce n’est pas le désir de Dieu pour nous …

Faire de petits pas vers Jésus

3. J’invite chaque chrétien à renouveler aujourd’hui même sa rencontre personnelle avec Jésus Christ ou, au moins, à prendre la décision de se laisser rencontrer par lui, de le chercher chaque jour sans cesse.

Il n’y a pas de motif pour lequel quelqu’un puisse penser que cette invitation n’est pas pour lui, parce que « personne n’est exclus de la joie que nous apporte le Seigneur ». 

Quand quelqu’un fait un petit pas vers Jésus, il découvre que celui-ci attendait déjà sa venue à bras ouverts.

C’est le moment pour dire à Jésus Christ : « Seigneur, je me suis laissé tromper, de mille manières j’ai fui ton amour, cependant je suis ici une fois encore pour renouveler mon alliance avec toi. J’ai besoin de toi. Rachète-moi de nouveau Seigneur, accepte-moi encore une fois entre tes bras rédempteurs ». Cela nous fait tant de bien de revenir à lui quand nous nous sommes perdus !

J’insiste encore une fois : Dieu ne se fatigue jamais de pardonner, c’est nous qui nous fatiguons de demander sa miséricorde. Celui qui nous a invités à pardonner « soixante-dix fois sept fois » (Mt 18, 22) nous donne l’exemple : il pardonne soixante-dix fois sept fois. Il revient nous charger sur ses épaules une fois après l’autre.

Personne ne pourra nous enlever la dignité que nous confère cet amour infini et inébranlable. Il nous permet de relever la tête et de recommencer, avec une tendresse qui ne nous déçoit jamais et qui peut toujours nous rendre la joie.

Etre plus qu’humains

Ne fuyons pas la résurrection de Jésus, ne nous donnons jamais pour vaincus, advienne que pourra. Rien ne peut davantage que sa vie qui nous pousse en avant.

Nous parvenons à être pleinement humains quand nous sommes plus qu’humains, quand nous permettons à Dieu de nous conduire au-delà de nous-mêmes pour que nous parvenions à notre être le plus vrai.

Là se trouve la source de l’action évangélisatrice. Parce que, si quelqu’un a accueilli cet amour qui lui redonne le sens de la vie, comment peut-il retenir le désir de le communiquer aux autres ?

Ce discours programme du Pape
demeure fondamental.
A lire et à méditer.
Ed. Fidélité – 10 €.

Le Pape exhorte à se convertir à l’écologie du cœur

Le Pape François a adressé, en 2021, un message aux participants à la 49e Semaine sociale des catholiques italiens, convoquée à Tarente dans les Pouilles en Italie. Il y développe sa vision de l’engagement social chrétien, appelant à créer «des réseaux de rédemption».

«La pandémie a mis à jour l’illusion de notre époque selon laquelle nous pouvons nous croire omnipotents, en foulant aux pieds les territoires que nous habitons et l’environnement dans lequel nous vivons», a affirmé le Saint-Père, préconisant que «pour nous remettre sur pied, nous devons nous convertir à Dieu et apprendre à faire bon usage de ses dons, en premier lieu la création».

Le visage et l’histoire des souffrants

Pour cela, il faut écouter les souffrances des pauvres, des derniers, des désespérés, des familles fatiguées de vivre dans des lieux pollués, exploités, brûlés, dévastés par la corruption et la dégradation, a plaidé l’évêque de Rome, rappelant le titre significatif choisi pour cette semaine sociale à Tarente, ville qui symbolise les espoirs et les contradictions de notre époque: «La planète que nous espérons. Environnement, travail, avenir. Tout est lié». «Il y a un désir de vie, une soif de justice, une aspiration à la plénitude qui jaillit des communautés touchées par la pandémie», a-t-il en effet relevé.

Le Pape a souhaité partager plusieurs réflexions, la première étant l’attention portée «aux croisements». Il a déploré les situations suivantes: «Trop de gens traversent nos vies alors qu’ils sont désespérés: des jeunes contraints de quitter leur pays d’origine pour émigrer ailleurs; des femmes qui ont perdu leur emploi en période de pandémie ou qui sont obligées de choisir entre maternité et profession; des travailleurs laissés à la maison sans opportunités; des pauvres et des migrants non accueillis et non intégrés; des personnes âgées abandonnées à leur solitude; des familles victimes de l’usure, des jeux d’argent et de la corruption; des entrepreneurs en difficulté et soumis aux abus de la mafia; des communautés détruites par les incendies…»

Ce sont des visages et des histoires qui interpellent: nous ne pouvons pas rester indifférents. Nos frères et sœurs sont crucifiés et attendent la résurrection, a poursuivi François.

Des chrétiens en mouvement

Second point évoqué, quand nous voyons des diocèses, des paroisses, des communautés, des associations, des mouvements, des groupes ecclésiaux fatigués et découragés, parfois résignés face à des situations complexes, «nous voyons un Évangile qui tend à s’effacer», a-t-il constaté. «Au contraire, l’amour de Dieu n’est jamais statique ou renonçant, « tout croit, tout espère » (1 Co 13,7): il nous pousse à avancer et nous interdit de nous arrêter.»

Et le Saint-Père d’exhorter à ne pas rester dans les sacristies, ne pas former des groupes élitistes qui s’isolent et se referment sur eux-mêmes. «Comme il serait merveilleux que, dans les zones les plus marquées par la pollution et la dégradation, les chrétiens ne se limitent pas à dénoncer, mais prennent la responsabilité de créer des réseaux de rédemption. Il s’agit de redéfinir le progrès», a-t-il souligné, ajoutant que le développement technologique et économique qui ne laisse pas un monde meilleur et une qualité de vie totalement supérieure ne peut être considéré comme un progrès » (n° 194).

Troisième point, «l’obligation du tournant», imposé par lecri des pauvres et de la Terre. «L’espoir nous invite à reconnaître que nous pouvons toujours changer de cap, que nous pouvons toujours faire quelque chose pour résoudre les problèmes». (n. 61). Mgr Tonino Bello, évêque prophète de la terre des Pouilles, aimait à répéter: «Nous ne pouvons pas nous limiter à l’espérance. Nous devons organiser l’espoir!». Ainsi une conversion profonde nous attend, qui touche l’écologie humaine, l’écologie du cœur, avant même l’écologie environnementale, a plaidé le Souverain Pontife, rappelant combien le changement d’époque que nous traversons exige un tournant.

www.vaticannews.va

La Mort fait la Vérité sur la Vie

par le pape François

« De simples disciples du Maître, nous devenons des maîtres de complexité, qui discutent beaucoup et font peu », a mis en garde le pape François lors de l’homélie de la messe pour les cardinaux et évêques disparus au cours de l’année passée. S’exprimant sur le Jugement dernier qui attend tout homme après son trépas, le pontife a rappelé que « devant le tribunal divin, le seul chef de mérite et d’accusation est la miséricorde envers les pauvres et les exclus ».

Dans son homélie, le pontife a enjoint à ne pas « perdre de vue le sens du voyage » qu’est la vie. Il a rappelé qu’au moment de la mort, « les meilleures carrières, les plus grands succès, les titres et les récompenses les plus prestigieux, les richesses accumulées et les gains terrestres, tout cela disparaîtra en un instant ».

Ne « pas édulcorer le goût de l’Évangile »

« La mort vient faire la vérité sur la vie et supprime toutes les circonstances atténuantes », a insisté le pape François. « Devant le tribunal divin, le seul chef de mérite et d’accusation est la miséricorde envers les pauvres et les exclus », François rappelant qu’en ce monde, Dieu « habite parmi les plus insignifiants ».

« Sa mesure est un amour qui dépasse nos mesures, et son critère de jugement est la gratuité », a affirmé le pontife. Il a insisté sur le fait que tout chrétien savait ce qui lui restait à faire : « aimer gratuitement et sans attente de réciprocité ceux qui sont sur la liste de ses préférences », c’est-à-dire « ceux qui ne peuvent rien nous donner en retour, ceux qui ne nous attirent pas ».

François a enjoint à ne « pas édulcorer le goût de l’Évangile », critiquant durement ceux qui, « par commodité ou par confort », font toujours des compromis afin de ne pas s’occuper des migrants, des pauvres ou des malades. « De simples disciples du Maître, nous devenons des maîtres de la complexité, qui discutent beaucoup et font peu », a-t-il déploré.

Ceux qui cherchent des réponses sur Internet

Le pontife a en particulier critiqué ceux « qui cherchent des réponses plus devant l’ordinateur que devant le Crucifix, sur Internet plutôt que dans les yeux de nos frères et sœurs ». Ceux-ci, a-t-il insisté, sont prompts à débattre mais « ne connaissent même pas le nom d’un pauvre ».

Fustigeant cette attention pour les « analyses raffinées » et les « justifications individuelles ou sociales », François a rappelé en citant Benoît XVI que « le programme du chrétien est un cœur qui voit », et insisté sur le fait que le temps de l’action en vue du Salut devait commencer « maintenant ».

Le Pape a donné en exemple un pasteur luthérien qui s’occupe d’enfants en Ukraine, dont il a reçu une lettre le matin même. Cet homme « fait ce que Dieu lui demande », décrivant son action comme un « signe » que Dieu continue « à inspirer les valeurs du Royaume ».

Dans « Lettre d’Aleteia » 3 10 2022

Pape François

L’Economie de François

Ils étaient plus de 1.000 jeunes du monde entier à s’être retrouvés à Assise du 22 au 24 septembre pour trois jours de rencontre, de travail, de conférences. Ces jeunes, qui ont reçu la visite du pape François le 24, ont été invités par le pontife à réfléchir à l’économie de demain.

Dans son discours, le pontife a donné trois conseils tirés de la vie de saint François d’Assise aux jeunes venus de plus de cent pays.

Le premier est de « regarder le monde à travers les yeux des pauvres » et des plus faibles. « Tant que notre système produira des déchets et que nous fonctionnerons selon ce système, nous serons complices d’une économie qui tue », a-t-il insisté. Il a invité à faire en sorte que ceux qui sont rejetés par la société soient les moteurs du changement d’économie, parce que « sans valoriser les pauvres, on ne combat pas la misère ». 

« N’oubliez pas le travail, n’oubliez pas les travailleurs », a-t-il donné ensuite comme second conseil, leur demandant de « créer du travail, du bon travail, du travail pour tous ». Le pontife a mis en avant la réflexion menée par les participants sur le développement d’un « paradigme végétal » de l’économie, considérant que l’économie actuelle avait beaucoup à gagner à apprendre de « la douceur des plantes ».

Comme dernier conseil, François a demandé aux jeunes universitaires, entrepreneurs et activistes présents d’incarner leur combat parce que « la réalité est toujours supérieure à l’idée ». « Vous changerez le monde économique si, en plus de votre cœur et de votre tête, vous utilisez également vos mains », a-t-il insisté, mettant en garde contre la « tentation gnostique ». Il a mis en garde notamment contre l’ »état gazeux » de la finance dans le monde actuel.

Aleteia Newsletter – 26 09 2022

Le Pape contre le gaspillage alimentaire

« Dans le moment si dur que nous traversons, les aliments ne peuvent pas être objet de spéculation », écrit le pape François dans un message adressé au directeur général de la FAO, le Chinois Qu Donyu, à l’occasion ce jeudi de la Journée internationale de la prise de conscience des pertes et du gaspillage alimentaire. Le Pape dresse aussi, en filigrane, une sévère critique de l’inefficacité des organisations internationales face à cette crise.

« Il est vraiment honteux et inquiétant de voir des aliments jetés à la poubelle ou gâchés par manque de ressources pour les acheminer vers leurs destinataires », avertit le Pape. Une « alimentation adéquate » est « un droit basique et prioritaire de chaque personne », particulièrement dans le « moment si dur que nous sommes en train de vivre ».

Ces pertes « divisent l’humanité entre ceux qui ont trop et ceux qui manquent de l’essentiel », avertit le Pape. « Le cri des affamés, privés d’une forme ou d’une autre du pain quotidien, doit résonner dans les centres où se prennent les décisions ».

Une dénonciation du « consumérisme compulsif »

En reprenant une expression de Jean Paul II, le pape François dénonce le « paradoxe de l’abondance » qui marque le monde actuel, avec des ressources suffisantes pour nourrir huit milliards de personnes, mais de graves inégalités dans leur gestion et leur répartition. 

« C’est un scandale que les grands producteurs encouragent le consumérisme compulsif pour s’enrichir, sans même considérer les besoins réels des êtres humains », s’insurge le Pape venu d’Argentine qui exporte une grande partie de sa production agricole alors qu’une partie de sa population souffre de la faim. 

Face « au cri déchirant des affamés qui réclament justice », « nous ne pouvons pas nous contenter d’exercices rhétoriques, qui terminent dans des déclarations qui ne sont pas respectées par oubli, mesquinerie ou cupidité ». Il demande aux dirigeants internationaux d’assumer leurs responsabilités vis-à-vis de l’humanité actuelle comme vis-à-vis des « générations futures » et de ceux qui sont « frappés par la misère économique et existentielle ». 

Site Aleteia 30 9 22

Pape François : « Comprendre la foi n’est pas optionnel »

Le pape François a reçu en audience les participants au XIe Congrès thomiste annuel organisé par l’Académie pontificale Saint Thomas d’Aquin et par l’Institut thomiste Angelicum, ce 22 septembre 2022.

« Poursuivre humblement, sous la conduite de l’Esprit Saint, la compréhension de la foi n’est pas optionnel pour le croyant, mais cela fait partie du dynamisme même de sa foi », a affirmé le pape.

Rappelant que saint Thomas fut un « homme passionné de la vérité », « un chercheur inlassable du visage de Dieu », le pape a souligné que la recherche de la vérité sur Dieu « est mue par l’amour » : ainsi, a-t-il expliqué, la Parole de Dieu « déjà accueillie dans le cœur » doit rejoindre l’intelligence pour « renouveler notre façon de penser » afin de « tout évaluer à la lumière de la Sagesse éternelle ».

François a cité le pape Paul VI, pour qui l’enseignement de saint Thomas a su concilier « la dimension séculière du monde et la radicalité de l’évangile ». C’est pourquoi, a-t-il ajouté, « le chrétien ne craint pas d’entrer dans un dialogue rationnel sincère avec la culture de son temps », mais il est « convaincu, que “toutes les vérités, quel que soit celui qui les exprime, viennent de l’Esprit Saint“ ».

« Arrêtons ce naufrage de civilisation »

Pape François à Lesbos, Grèce (5 12 2021)

Chères sœurs, chers frères, je suis de nouveau là pour voir vos visages, pour vous regarder dans les yeux. Des yeux remplis de peur et d’attente, des yeux qui ont vu la violence et la pauvreté, des yeux embués par trop de larmes

Une crise qui nous concerne tous

…Nous avons compris que les grandes questions doivent être abordées ensemble. …L’avenir de tout le monde est en jeu, il ne sera serein que s’il est intégré. Ce n’est qu’en étant réconcilié avec les plus faibles que l’avenir sera prospère. Parce que lorsque les pauvres sont rejetés, c’est la paix qui est rejetée. Le repli sur soi et les nationalismes – comme l’histoire nous l’enseigne – mènent à des conséquences désastreuses.

Elie Wiesel, témoin de la plus grande tragédie du siècle dernier, a écrit : « C’est parce que je me souviens de notre origine commune que je m’approche de mes frères, les hommes. C’est parce que je refuse d’oublier que leur avenir est aussi important que le mien »..

En ce dimanche, je prie Dieu de nous réveiller de l’oubli de ceux qui souffrent, de nous secouer de l’individualisme qui exclut, de réveiller les cœurs sourds aux besoins des autresurmontons la paralysie de la peur, l’indifférence qui tue, le désintérêt cynique qui, avec ses gants de velours, condamne à mort ceux qui sont en marge ! Luttons à la racine contre cette pensée dominante, cette pensée qui se concentre sur son propre moi, sur les égoïsmes personnels et nationaux qui deviennent la mesure et le critère de toute chose.

Arrêtons ce naufrage de civilisation !

Regardons le visage des enfants. Ayons le courage d’éprouver de la honte devant eux, qui sont innocents et représentent l’avenir. Ils interpellent nos consciences et nous interrogent : “Quel monde voulez-vous nous donner ?” Ne fuyons pas trop vite les images crues de leurs petits corps gisants sur les plages. La Méditerranée, qui a uni pendant des millénaires des peuples différents et des terres éloignées, est en train de devenir un cimetière froid sans pierres tombales. Ce grand plan d’eau, berceau de tant de civilisations, est désormais comme un miroir de la mort.

Ne permettons pas que la mare nostrum se transforme en une désolante mare mortuum, que ce lieu de rencontre ne devienne pas le théâtre de conflits ! Ne laissons pas cette “mer des souvenirs” devenir la “mer de l’oubli”. Frères et sœurs, je vous en prie, arrêtons ce naufrage de civilisation !

C’est Dieu que l’on offense en méprisant l’homme créé à son image, en le laissant à la merci des vagues, dans le clapotis de l’indifférence, parfois même justifié au nom de prétendues valeurs chrétiennes. La foi, au contraire, exige compassion et miséricorde – ne l’oublions pas que c’est le style de Dieu : proximité, compassion et tendresse.

La foi exhorte à l’hospitalité, Jésus affirme solennellement qu’il est là, dans l’étranger, dans le réfugié, dans celui qui est nu et affamé. Et le programme chrétien, c’est d’être là où est Jésus. Oui, parce que le programme chrétien, a écrit le Pape Benoît, c’« est un cœur qui voit »…

Prions maintenant la Vierge Marie pour qu’elle ouvre nos yeux sur les souffrances de nos frères.

Manifeste du pape François pour « sauver la biodiversité »

22 juillet 2022

« Réfléchir urgemment à un soutien financier supplémentaire pour la conservation de la biodiversité ». Tel est l’appel du pape François dans son message à l’occasion de la Journée mondiale de prière pour la sauvegarde de la Création, qui sera célébrée le 1er septembre 2022.

Dans un message rendu public ce 21 juillet, le pontife détaille les cris amers de la Création, à commencer par celui de la « mère terre » qui « nous supplie d’arrêter nos abus ». Il mentionne aussi le cri des pauvres, des peuples autochtones et des enfants qui « nous demandent avec anxiété, à nous adultes, de faire tout notre possible pour empêcher ou du moins limiter l’effondrement des écosystèmes de notre planète ».

Le pape François évoque également le cri des créatures, alors que « d’innombrables espèces sont en voie de disparition, cessant à jamais leurs hymnes de louange à Dieu ». Plaidant leur cause, il enjoint les nations à « adopter un nouvel accord multilatéral pour arrêter la destruction des écosystèmes et l’extinction des espèces ».

Le pontife donne quatre principes clés pour cet accord: « construire une base éthique claire »« lutter contre la perte de biodiversité, soutenir sa conservation et son rétablissement » ; « promouvoir la solidarité mondiale » ; et « mettre au centre les personnes en situation de vulnérabilité ».

Des plans climatiques « plus ambitieux »

Au fil de son message, le pape demande des plans climatiques « plus ambitieux » pour atteindre l’objectif de l’Accord de Paris (2015) – limiter l’augmentation de la température à 1,5°C.

Afin de « convertir les modèles de consommation et de production », il encourage la mobilisation pour les deux grands sommets des Nations unies à venir: la COP27 sur le climat, prévue en Égypte en novembre 2022, et le sommet de la COP15 sur la biodiversité, qui se tiendra en décembre au Canada. 

Le pape s’adresse aussi aux grandes entreprises d’extraction – minières, pétrolières – forestières, immobilières et agroalimentaires, les suppliant « au nom de Dieu », d’arrêter « de détruire les forêts, les zones humides et les montagnes, d’arrêter de polluer les rivières et les mers, d’arrêter d’intoxiquer les gens et les aliments ».

Par ailleurs, le pape demande aux nations plus riches, qui ont le plus pollué au cours des deux derniers siècles, « de tenir leurs promesses de soutien financier et technique aux nations économiquement plus pauvres »; et aux pays économiquement moins riches de ne pas rester dans l’inaction.

Rappelons que c’est depuis 2015 que l’Église catholique célèbre chaque année, le 1er septembre, une journée mondiale de prière pour la Création.

Publié le 22 juillet 2022 par Cath.ch

Comment allons-nous appliquer l’évangile de ce jour : « Gardez-vous de toute avidité » ????

Contre le « restaurationnisme »

Pape François

« Le concile dont certains pasteurs se souviennent le mieux est le concile de Trente », déplore le pape François dans un grand entretien accordé aux directeurs des revues jésuites le 18 mai 2022 et publié par la Civiltà Cattolica le 14 juin.

« Le restaurationnisme est venu bâillonner le Concile », regrette-t-il, expliquant qu’il est « très difficile d’envisager un renouveau spirituel en utilisant des schémas très démodés ». Il évoque le cas d’un diocèse en Argentine « tombé entre les mains » d’un groupe animé par cet esprit préconciliaire ou encore le nombre « impressionnant » de ces mouvances aux États-Unis. 

Le Pape rappelle les difficultés dont il avait été témoin pendant la période post-conciliaire, citant le cas du père Pedro Arrupe, ancien supérieur général des Jésuites qui avait été combattu par un groupe de jésuites espagnols « qui se considéraient comme les vrais orthodoxes ». 

« Cela se produit de nouveau », insiste-t-il, invitant à se libérer d’une « pensée fermée, rigide, plus instructive-ascétique que mystique ». Il estime néanmoins qu’ »il faut un siècle pour qu’un Concile prenne racine » et considère qu’il reste encore « quarante ans » à l’Église pour l’intégrer. (…)

Site Aleteia – Lettre du Vatican

L’Eucharistie : Souci des autres

Pape François

Comment vivons-nous l’Eucharistie ? Quand nous allons à la Messe le dimanche, comment la vivons-nous ? Est-ce seulement un moment de fête, est-ce une tradition consolidée, est-ce une occasion pour se retrouver ou pour se sentir en règle, ou bien quelque chose de plus?

Il existe des signaux très concrets pour comprendre comment nous vivons tout cela, comment nous vivons l’Eucharistie ; des signaux qui nous disent si nous vivons bien l’Eucharistie ou si nous ne la vivons pas si bien que cela. Le premier indice est notre manière de regarder et de considérer les autres. 

Dans l’Eucharistie, le Christ accomplit toujours à nouveau le don de soi qu’il a fait sur la Croix. Toute sa vie est un acte de partage total de soi par amour ; c’est pourquoi Il aimait être avec ses disciples et avec les personnes qu’il avait l’occasion de connaître. Cela signifiait pour Lui partager leurs désirs, leurs problèmes, ce qui tourmentait leur âme et leur vie.

Or, lorsque nous participons à la Messe, nous nous retrouvons avec des hommes et avec des femmes de tout type : des jeunes, des personnes âgées, des enfants ; des pauvres et des nantis ; originaires du lieu ou étrangers ; accompagnés par leurs familles ou seuls…

Mais l’Eucharistie que je célèbre me conduit-elle vraiment à les sentir tous comme des frères et des sœurs ? Fait-elle croître en moi la capacité de me réjouir avec celui qui se réjouit et de pleurer avec celui qui pleure ? Me pousse-t-elle à aller vers les pauvres, les malades, les exclus ? M’aide-t-elle à reconnaître en eux la face de Jésus ?

Nous allons tous à la Messe parce que nous aimons Jésus et nous voulons partager, dans l’Eucharistie, sa passion et sa résurrection. Mais aimons-nous, comme Jésus le veut, nos frères et nos sœurs les plus indigents ? Par exemple, à Rome ces jours derniers nous avons vu de nombreuses situations de difficultés sociales, que ce soit en raison de la pluie, qui a causé tant de dégâts à des quartiers entiers, ou du manque de travail, conséquence de la crise économique dans le monde entier.

Je me demande, et que chacun de nous se demande : Moi qui vais à la Messe, comment est-ce que je vis cela ? Est-ce que je me soucie d’aider, de m’approcher, de prier pour ceux qui ont ce problème ? Ou bien suis-je un peu indifférent ? Ou peut-être est-ce que je ne me soucie que de faire des bavardages : tu as vu comment celle-là est habillée, ou comment celui-là est habillé ? Parfois c’est ce que l’on fait après la Messe, et on ne doit pas le faire ! Nous devons nous soucier de nos frères et de nos sœurs qui en ont besoin à cause d’une maladie, d’un problème.

Pape François
Audience générale – Mercr. 12 02 2014

« Une Pensée Incomplète »

« Il n’y a rien de plus dangereux pour la synodalité que de penser que nous comprenons déjà tout, […] que nous contrôlons déjà tout », prévient le pape François dans un message à la Commission pontificale pour l’Amérique latine rendu public ce 26 mai 2022. Évoquant la spiritualité des peuples du continent, le pontife argentin explique qu’elle est « liée à la terre ».

Au fil du message, le Pape demande aux membres de la commission réunis en assemblée plénière de continuer à promouvoir « la véritable synodalité » dans l’Église latino-américaine où elle « s’enracine depuis un certain temps ». La synodalité, précise-t-il, n’est pas une méthode « plus ou moins démocratique », ni un « projet de réinvention humaine du peuple de Dieu », mais un chemin de l’Église des commencements, « qu’elle a ensuite perdu ».

Pour retrouver ce chemin, le chef de l’Église catholique invite à abandonner « certaines de nos coutumes et habitudes cléricales » et à garder « une pensée incomplète ». Et le pape de 85 ans de confier : « Je suis allergique aux pensées déjà complètes et fermées ».

Alors que le Synode sur la synodalité suit son cours partout dans le monde et doit aboutir en 2023, le pape souhaite que l’Église latino-américaine soit ouverte à l’Esprit saint qui « n’est pas une force du passé ».

« La Pentecôte se déroule encore à notre époque », affirme-t-il, avec « un certain désordre initial » avant de trouver « l’harmonie de toutes les différences ». Et le pape d’ajouter : l’Esprit saint agit « en bougeant, en innovant ».

A la Curie

Enfin, François rappelle à la commission de la Curie romaine sa mission : non pas être « un bureau de douane qui contrôle les choses en Amérique latine ou dans le monde hispanique du Canada et des États-Unis » mais « montrer l’affection et l’attention que le Pape porte à la région ».

Atmosphère de fin de règne au Vatican ?

Le pape malade a dû se résoudre à se déplacer en chaise roulante mais dit pourtant qu’il va bien et veut toujours réformer l’Église.

Atmosphère délétère de « fin de règne » au Vatican où certains cardinaux préparent l’avenir ou plutôt… le prochain conclave estime Le Figaro dans un long article. Mais le pape rappelle qu’il est toujours là…

Le pape François lui-même l’a reconnu dans la revue jésuite, La Civiltà cattolica : « Je suis encore vivant, leur a-t-il dit, nonobstant ceux qui voudraient me voir mort. Je sais que se sont tenues des rencontres entre prélats qui pensaient que le pape allait plus mal que ce que l’on disait. Ils préparaient le conclave. ­Patience ! Grâce à Dieu, je vais bien. » Tout en reconnaissant que sa santé lui donne des soucis.

Dans un livre de dialogue, Des pauvres au pape, du pape au monde publié au Seuil le 1er avril, François a confié : « Jusqu’à il y a trois ans, je mangeais de tout. Maintenant, malheureusement, j’ai une sérieuse complication intestinale, une diverti­culite aiguë, et je dois me nourrir de riz bouilli, de pommes de terre bouillies, de poisson grillé ou de poulet. Du simple, simple, simple… »

Sans oublier qu’il souffre d’une ­gonalgie, inflammation aiguë des ­ligaments au genou droit, conséquence directe de son problème structurel de sciatique à la hanche (…) Il a même longtemps refusé d’apparaître en public avec une béquille et pire, en chaise roulante. Mais un pas devenait un supplice. (…) Le 5 mai, il a fini par céder et se laisser conduire en fauteuil roulant devant les caméras, ce qu’il faisait avant mais hors champs des objectifs.

Mais François veut quand même aller de l’avant, « il  est dans le parti de la réforme, comme il l’a confié en septembre dernier à des jésuites slovaques qu’il rencontrait à Bratislava. Il leur a dit sa « souffrance » de voir s’installer dans l’Église « l’idéologie du retour en arrière » spécialement « dans certains pays » ».

C’est le combat contre cette « idéologie du retour en arrière » qui a aussi motivé, leur a-t-il confié, sa décision de donner un coup d’arrêt réglementaire en juillet 2021 afin de stopper le développement des paroisses selon le rite tridentin, un phénomène français et américain. Ce qui n’est pas passé dans le monde traditionaliste. Il sera toutefois intraitable. « Je continuerai dans cette voie », a-t-il confié à ces jésuites, s’insurgeant contre les jeunes prêtres qui, « à peine ordonnés » demandent l’autorisation à l’évêque « de célébrer en latin ». Il faut les faire « atterrir sur la terre », a-t-il martelé selon Le Figaro.

Atlantico, 13 mai 2022