Fête de l’Assomption de Marie – Année C – 15 août 2022

Évangile de Luc 1, 39-56

Fête de l’Assomption de Marie

La figure de Marie est très importante pour ma piété personnelle depuis mon enfance. En effet, j’ai grandi dans une famille chrétienne qui était et est toujours très fervente, pieuse et croyante. La prière du rosaire et la dévotion à la Mère de Jésus ont toujours été essentielles au sein de ma famille. Ce chemin de foi m’a personnellement marqué et m’a conduit à l’autel du Seigneur Jésus-Christ. C’est ainsi que j’ai été ordonné prêtre dominicain.

Nous célébrons chaque année le 15 août l’Assomption de la Vierge Marie. Cette tradition, bien qu’ancienne, a été célébrée par les premiers chrétiens d’Orient depuis le Ve siècle à Jérusalem. Ce n’est que le 1er novembre 1950 que l’Assomption de Marie est proclamée comme dogme par le Pape Pie XII (1939-1958) : « La Vierge Marie a été élevée en corps et en âme à la gloire du Ciel ».

Comme cette fête n’est pas mentionnée dans les Saintes Écritures, on écoute un extrait de l’Évangile de Luc qui commence par le récit de la Visitation et qui se termine par le Magnificat. Après la visite de l’Ange Gabriel, Marie part vers sa cousine Elisabeth, à qui elle exprime sa joie de porter l’enfant de Dieu (Lc 1, 39-55).

Lors de l’Annonciation, Marie avait répondu à l’Ange Gabriel avec humilité : « Je suis la servante du Seigneur ; qu’il m’advienne selon ta parole » (Lc 1, 38). Ainsi, la Vierge Marie dit son « Oui » à la Parole de Dieu, et devint Mère de Jésus, se mettant au service du projet de Dieu. Par son « Oui » et son obéissance à la Parole de Dieu, la Vierge Marie est entrée dans le ciel, corps et âme.

Sens de l’Assomption pour nous

La Vierge Marie est pour nous « un signe d’espérance et une source de réconfort. » Elle représente la voie à suivre : s’unir à son Fils ressuscité. La fête de l’Assomption est une invitation pour nous à vivre notre vie de foi et notre avenir sous « le manteau » de la Vierge Marie, sous sa protection. C’est elle qui nous mène par le chemin de la foi à la promesse d’une vie éternelle.

Célébrer l’Assomption de la Vierge Marie signifie aussi que nous ne devons jamais séparer la mort de la vie. La figure de la Vierge Marie me fait penser à une petite histoire :

Une dame riche, qui avait joué un grand rôle sur terre, est décédée. L’Apôtre Pierre l’accueillit et lui montra une belle villa : « Voici l’appartement de votre servante. ». La dame riche se dit alors : « Si ma servante a déjà un si bel appartement, qu’est-ce que je vais bien avoir ? » Peu après, l’Apôtre Pierre lui montra une autre maison, toute petite et misérable, et lui dit : « Là, c’est votre appartement ». Indignée, la dame riche répondit : « Je ne peux quand même pas habiter là. » L’Apôtre Pierre répliqua : « Je suis désolé, mais avec les matériaux que vous nous avez envoyés, nous n’avons pas pu construire davantage. » La dame riche n’avait pas fourni suffisamment de matériaux de construction et a dû se contenter d’une pauvre habitation au ciel.

La Vierge Marie, en revanche, a suffisamment pris ses dispositions dans sa vie. Elle a dit « Oui » lorsque Dieu l’a choisie pour être la Mère de son Fils, elle s’est entièrement épanouie dans son rôle de Mère de Jésus, elle a connu les joies d’une Mère. Mais aussi les souffrances ; et sa souffrance a été encore plus grande lorsqu’elle a été témoin de la mort de son Fils sur la Croix.

Mais, quoi qu’il en soit, la Vierge Marie a persévéré dans sa foi. Sa confiance en l’amour de Dieu et en sa miséricorde n’a jamais vacillé. Marie est pour nous non seulement la grande croyante, mais aussi elle est l’image de l’Église, qui garde la Parole dans son cœur et la transmet. Elle savait que Dieu n’abandonnerait pas ceux et celles qui lui font confiance. Bien plus, il a pitié d’eux et fait de grandes choses pour eux. Tout comme il a fait de grandes choses pour la Vierge Marie.

La grande action de Dieu en faveur de Marie a commencé par son élection en tant que Mère de Dieu et s’est poursuivie par son Assomption, corps et âme, dans le ciel, dans la gloire du Dieu.

Nous ne pouvons que dire merci à Marie du fond du cœur. Elle nous oriente sur notre chemin vers la vie éternelle. Par sa vie, Marie nous montre le bon chemin.

Par son soutien et son exemple, la Vierge Marie ne cesse de nous rappeler que nous devons fournir à temps suffisamment de matériaux de construction.

Si nous en prenons conscience aujourd’hui, ce jour de fête de l’Assomption pourrait prendre un nouveau sens, peut-être même pour ceux et celles qui ne la connaissent pas bien. C’est une fête d’espérance, de réconfort et de joie. Que la Vierge Marie nous aide à reconnaître et à faire la volonté de Dieu dans les situations complexes de notre vie quotidienne. Amen.

Fr Jean-Bertrand Madragule, dominicain.

Fête de l’Assomption de Marie – Année B – 15 août 2021 – Évangile de Luc 1, 39 – 56

Évangile de Luc 1, 39 – 56

Fête de l’Assomption de Marie

Nulle femme n’a été glorifiée comme elle. Nulle n’a inspiré autant de chefs-d’œuvre. En peinture (icônes orthodoxes, Fra Angelico, Raphaël…) ; en sculpture (Pietà de Michel-Ange…) ; en architecture (les cathédrales « Notre-Dame ») ; en musique (Monteverdi, Bach, Verdi…). L’art populaire l’a rendue présente et vénérée dans toutes les églises et chapelles du monde. Les foules viennent la chanter et la supplier dans tous les sanctuaires. Y a-t-il quelque part un lieu où ne s’élève sans arrêt le murmure des « Ave Maria », le chant du Magnificat ? Et cependant, comme disait Bernanos : « Personne n’a vécu, n’a souffert, n’est mort aussi simplement … ». A côté d’elle, combien paraissent ridicules et dérisoires ces vedettes qui, pour un instantané de gloire, s’abaissent à devenir des objets.

Le Commencement

L’évangile ne dit rien sur ses origines, sa condition, son apparence. Une fille de la campagne, promise à un artisan d’un village sans histoire. Elle ne devait pas avoir 15 ans lorsque tout à coup la Parole de Dieu lui fut adressée : Dieu la respectait comme une personne, lui parlait dans la solitude, à l’écart des siens, sollicitait sa réponse. Bouleversée, elle posait des questions, interrogeait sur le « comment ? ». Sans être manipulée, elle acceptait dans la liberté la vocation qui lui était offerte : « Je suis la servante du Seigneur. Que tout se passe pour moi comme tu l’as dit » ».

La grandeur de l’homme selon la Bible est d’obéir à Dieu et de le servir. Si le culte aux idoles déforme, enferme dans la prison de l’aliénation, l’obéissance au Dieu amour dilate le cœur, libère la conscience et se traduit dans le service du prochain. Marie ne se crispe pas dans l’inquiétude, elle se met en route. Car elle a appris que sa cousine, son aînée, avait, elle aussi, reçu une vocation. L’Ange était venue chez elle : à son tour, en hâte, elle entre chez Élisabeth et éveille en elle la présence de l’Esprit. Et elle « demeura trois mois » : elle vient soutenir son aînée dans ses derniers mois de sa grossesse. Et les deux femmes s’étreignent, comblées de l’allégresse de l’Esprit tandis que Marie exulte dans la louange de son Magnificat.

La Fin

L’évangile de Luc ne dit rien non plus sur la fin de vie terrestre de Marie. Si bien que l’ultime image que l’on a d’elle est sa présence priante au sein du groupe des apôtres et des femmes qui ont vu le Ressuscité et qui attendent la réalisation proche de sa promesse : « L’Esprit-Saint viendra sur vous ». Son cœur poignardé par l’horreur de la croix s’ouvre d’allégresse de voir ces hommes et ces femmes transfigurés par la puissance de l’Esprit et qui, à présent, comme elle jadis, deviennent les serviteurs du Seigneur Vivant et sortent dehors à la rencontre des hommes. La grande aventure du salut du monde initiée par son Fils va rayonner dans le monde entier.

La tradition catholique confessera plus tard « l’Assomption de Marie » : Marie a été « assumée » dans tout son être afin d’être éternellement près de son Fils Seigneur. Loin d’être éloignée de nous, elle nous est la plus proche. Mère du Christ, elle est notre Mère ainsi que Jean l’a dit.

Du haut de la croix, « voyant ainsi sa mère et près d’elle le disciple qu’il aimait, Jésus dit à sa mère : « Femme, voici ton Fils ». Il dit ensuite au disciple : « Voici ta mère ». Et depuis cette heure-là, le disciple la prit chez lui ». (Jn 19, 26).

Marie devient la mère de tous ceux qui croient en son Fils, mère de l’Église. Nous pouvons donc toujours la prier, elle veille sur chacun de nous avec une tendresse maternelle mais elle ne cesse de nous rappeler ce qu’elle disait à Cana : « Faites tout ce qu’il vous dira ».

Le concile Vatican II déclarait :

« Après son Assomption au ciel, son rôle dans le salut ne s’interrompt pas : par son intercession répétée, elle continue à nous obtenir les dons qui assurent notre salut éternel. Son amour maternel la rend attentive aux frères de son Fils dont le pèlerinage n’est pas achevé, ou qui se trouvent engagés dans les périls et les épreuves, jusqu’à ce qu’ils parviennent à la patrie bienheureuse » (« L’Église » – § 65)

« Tout comme dans la ciel où elle est déjà glorifiée corps et âme, la Mère de Jésus représente et inaugure l’Église en son achèvement dans le siècle futur, de même, sur cette terre, en attendant la venue du jour du Seigneur, elle brille déjà comme un signe d’espérance assurée et de consolation devant le peuple de Dieu en pèlerinage » (§ 68)

Fr. Raphaël Devillers, dominicain.

Fête de l’Assomption – année A – 15 août 2020

En relisant le Concile Vatican II
Constitution sur l’Église – Chap. 8 : Marie (extraits)

La Vierge immaculée, préservée de toute atteinte de la faute originelle, ayant accompli le cours de sa vie terrestre, fut élevée corps et âme à la gloire du ciel et exaltée par le Seigneur comme la Reine de l’univers…

La maternité de Marie se continue sans interruption jusqu’à la consommation définitive de tous les élus.

En effet, après son Assomption au ciel, son rôle dans le salut ne s’interrompt pas. Par son intercession répétée, elle continue à nous obtenir les dons qui assurent notre salut éternel. Son amour maternel la rend attentive aux frères de son Fils dont le pèlerinage n’est pas achevé, ou qui se trouvent engagés dans les périls et les épreuves, jusqu’à ce qu’ils parviennent à la Patrie bienheureuse…

Le Culte authentique à Marie

Marie est légitimement honorée par l’Église d’un culte spécial. De fait, depuis les temps les plus reculés, la bienheureuse Vierge est honorée sous le titre de « Mère de Dieu » et les fidèles se réfugient sous sa protection, l’implorant dans tous leurs dangers et leurs besoins.

Ce culte présente un caractère absolument unique : il n’en est pas moins essentiellement différent du culte d’adoration qui est rendu au Verbe incarné, au Père et à l’Esprit-Saint. Mais il est éminemment apte à le servir.

Que les fidèles se souviennent qu’une dévotion véritable ne consiste pas dans un mouvement stérile et éphémère de la sensibilité ni dans une vaine crédulité. La vraie dévotion procède de la vraie foi qui nous conduit à reconnaître la dignité éminente de la Mère de Dieu, et nous pousse à aimer cette Mère d’un amour filial, et à poursuivre l’imitation de ses vertus.

Dans le ciel où elle est déjà glorifiée corps et âme, la Mère de Jésus représente et inaugure l’Église en son achèvement dans la siècle futur ; sur cette terre, en attendant la venue du jour du Seigneur. (2 Pi 3, 10), elle brille déjà comme un signe d’espérance assurée et de consolation devant le peuple de Dieu en pèlerinage.

Que tous les fidèles adressent à la Mère de Dieu et des hommes des supplications instantes afin qu’elle continue d’intercéder près de son Fils jusqu’à ce que toutes les familles des peuples soient enfin heureusement rassemblées dans la paix et la concorde en un seul Peuple de Dieu… »