SI CHRIST N’EST PAS RESSUSCITÉ,VOTRE FOI EST VIDE
CHRIST EST RESSUSCITE. Moquée, critiquée, combattue, la nouvelle traverse les siècles. Nous-mêmes qui la proclamons, parfois nous la mettons en doute et toujours nous la vivons si mal.
Pourtant elle est le cœur et le fondement de la foi chrétienne.
Paul, qui d’abord voulait exterminer ceux qui la confessaient, brûlait du désir de la faire retentir jusqu’au bout du monde : « Christ est ressuscité…il est apparu à Pierre et aux Douze…Et il est aussi apparu à moi…Si Christ n’est pas ressuscité, notre prédication est vide, votre foi est illusoire, vous êtes encore dans vos péchés » (1 Cor 15).
En effet, s’il n’est pas ressuscité, l’histoire de Jésus se termine par son procès, son exécution et son ensevelissement. Comme Jean-Baptiste, Maximilien Kolbe, Gandhi, M.L. King, il n’est qu’un martyr, victime de ses ennemis. Et nous restons sous le régime de la Loi.
D’ailleurs, sans Pâques, nous ne le connaîtrions sans doute pas car ses disciples n’auraient pas rédigé les Evangiles. Nous porterions toujours le poids de nos fautes qu’aucun rite ne pourrait nous enlever et le désir de l’amour éternel que nous portons tous resterait un mirage, une incurable maladie de l’âme.
Nous continuerions à cheminer sur cette terre où Judas qui trahit son maître se pend par désespoir. Où des systèmes politiques et religieux tombent dans le fanatisme meurtrier. Où les puissants installés dans leur hypocrisie condamnent sans vergogne le juste qui dénonce leur mensonge. Où le juge signe un arrêt de mort pour un pauvre homme dont il a reconnu l’innocence. Où Pierre pleure sa lâcheté de n’avoir pas le courage de confesser sa foi.
Où les pierres nous enferment dans la mort.
Si c’est cela la vie, mangeons et buvons car demain nous mourrons. Consommons vite et beaucoup avant d’être consumés pour rien. Car nous n’avons d’autre horizon que la croix. Ou Hiroshima ou Auschwitz.
VOIR LES TEMOINS TRANSFORMES PAR LA FOI PASCALE
Que signifie « être ressuscité » ? Les évangiles eux-mêmes peinent à nous le dire, ils ne parviennent pas à situer un ancien mort qui n’est pas réanimé, qui ne jouit pas d’un prolongement de vie mais qui est, comme ils disent, « relevé…réveillé…debout », qui échappe à nos conditions spatio-temporelles. Comment exprimer l’indicible ?
Mais ce qui ne peut que frapper et interroger le lecteur honnête, c’est la transformation radicale des premiers disciples. Loin d’en tracer un portrait flatteur, les évangiles les montraient lourdauds, perplexes, bégayant des questions inadaptées, lâches devant la mort, fuyant le danger et abandonnant à son sort leur maître prisonnier.
Et même à Pâques, lorsqu’il a commencé à leur apparaître, que de réticences, de doutes, d’interrogations.
Mais lorsque la lumière de l’Esprit les a convaincus, quel retournement, quelle joie, quelle fraternité, quel élan pour porter la Bonne Nouvelle au monde entier !
Et pourtant la foi au Christ ressuscité les engageait sur un sentier dangereux.
La foi nouvelle des convertis n’en faisait pas des dignitaires que l’on admire, des hommes d’affaires fondant une nouvelle religion et faisant fortune avec un nouveau programme.
Aujourd’hui nous, chrétiens d’Europe, nous sommes désarçonnés de nous heurter à une société qui ne veut plus de nous, étonnés de ne pouvoir transmettre nos traditions aux nouvelles générations, soucieux devant nos églises de plus en plus vides.
Mais relisons le Nouveau Testament. Pour les premiers convertis, le danger était partout.
Du côté de leurs frères juifs qui étaient scandalisés : les familles se déchiraient, des liens se rompaient, les synagogues leur refusaient l’entrée, le temple les chassait, les grands maîtres ouvraient des procès, menaçaient, flagellaient, emprisonnaient, tuaient.
Du côté romain, on se méfiait de ces hommes dont le maître avait été condamné à la croix, donc comme un dangereux révolutionnaire. Ses disciples ne préparaient-ils pas une sédition ?
Ni juifs ni païens, ultra minoritaires, les chrétiens étaient une question insoluble. Et c’est bien ce que nous devons continuer d’être.
LA RESURRECTION ABOUTISSEMENT
Et cependant ils étaient ancrés dans une certitude : Christ est mort pour moi et il est vivant. Ils brûlaient d’une joie toute neuve, indicible, comprenant que la libération n’était pas d’abord politique mais spirituelle.
Si Jésus était vivant, c’est donc que sa mort n’était pas que la fin d’un martyr. Qui donc était-il ? En lui convergeaient toutes les grandes promesses des Ecritures et le dessein de Dieu enfin s’éclairait.
Jésus était le mystérieux Serviteur souffrant : « Méprisé, homme douloureux,…En fait ce sont nos souffrances qu’il porte…il est transpercé à cause nos révoltes… Mais dans ses plaies se trouve notre guérison…Sa vie est un sacrifice de réparation et il verra une descendance…il dispensera la justice aux multitudes…puisqu’il s’est dépouillé jusqu’à la mort » ( Isaïe 53)
Il était l’Agneau préfiguré par celui que les esclaves hébreux avaient immolé et consommé en Egypte à la fête de Pessah (Pâque), sacrifice qui avait donné le signal de leur fuite sur les chemins de la liberté (Exode 12). Grâce à lui, on était libéré des chaînes de la culpabilité et on pouvait marcher en toute confiance à la rencontre de Dieu.
Il était le Bon Pasteur à qui chaque fidèle peut dire : « Le Seigneur est mon berger, je ne manque de rien. Sur de bons pâturages, il me fait reposer…Même si je traverse les ravins de la mort, je ne crains aucun mal car tu es avec moi… ». ( Psaume 23)
Grâce à lui était inaugurée la nouvelle relation que Dieu avait jadis promise : « Je conclurai une Nouvelle Alliance ; je déposerai mes directives au fond d’eux-mêmes…Je vous donnerai un cœur nouveau … Je mettrai en vous mon propre Esprit… Je vous ferai marcher selon mes lois … Je vous délivrerai de toutes vos souillures… » (Jérémie 31 et Ezéchiel 36)
DIMANCHE ACTUALITE DE PÂQUES
Quand on se mettait à croire à la Résurrection de Jésus, que fallait-il faire ? Comment cet événement allait-il changer le monde ?
En le célébrant chaque semaine. Le lendemain du shabbat qui clôturait la semaine juive, donc le 1er jour de la semaine, les disciples se rassemblaient chez l’un d’entre eux qui disposait d’une maison plus spacieuse. Femmes et hommes, juifs et païens, riches et dockers, notables et esclaves s’accueillaient les uns les autres par des baisers ; ils partageaient leurs joies et leurs peines, les échecs et les réussites de la mission. Puis ils écoutaient des lectures d’Ecritures qui étaient ensuite commentées et discutées. Enfin le président bénissait le pain et la coupe de vin que l’on se partageait. La communion reconstituait le Corps du Christ vivant.
C’était en même temps jour de l’assemblée, jour de la Parole, jour de la réconciliation, jour de l’Eucharistie, jour d’allégresse et de paix. C’était le JOUR DU SEIGNEUR, le DIMANCHE.
Chaque dimanche, le Christ ressuscité vient à nous. ALLELUIA. ALLELUIA. ALLELUIA.
Frère Raphaël Devillers, dominicain