Homélies et commentaires par fr. Laurent Mathelot OP

Résurgences

Angelus Silesius : Un chemin vers la joie

Christ serait-il né mille fois à Bethléem,
S’il s’est pas né en toi , c’est ta perte à jamais

Johannès Scheffler est né à Breslau (Silésie) le 25 12 1624. Médecin de profession, protestant, il se convertit au catholicisme et entre dans l’ordre franciscain où il devient prêtre. Dans le courant des mystiques Maître Eckart, J. Tauler, Suso, J. Boehme, il publie un livre d’aphorismes « Le pèlerin chérubinique » qui va devenir une œuvre célèbre. L’écho de son œuvre sur la pensée moderne n’a fait que s’amplifier, jusque Schopenhauer et Heidegger.

Quelques citations :

Mystère impénétrable ! Dieu s’est perdu lui-même,
Et, pour ce, veut en moi être un enfant nouveau-né.

Puisque Dieu lui-même, le plus grand, s’est fait petit,
tout mon désir sera d’être comme un enfant.

Homme, si tu t’y prêtes, Dieu engendrera en toi
Son Fils tout-puissant, aussi bien qu’en son trône.

Jésus est le plus haut délice. Pour y goûter,
pénètre dans la naissance du Fils de Dieu.

Ah mon frère, deviens ! Qu’as-tu à rester pensées, apparences ?
Nous avons essentiellement à devenir un être nouveau.

Fou l’homme qui embrasse un nuage.
Fou, toi qui te fais joie de vaine gloire.

On n’apprécie rien de ce monde si on ne le contemple pas ;
Ce qui manque au monde, c’est la contemplation.

Partager donne la paix. C’est de la propriété seule
que naissent tous les maux, toutes les persécutions, les guerres et les luttes.

L’homme riche qui parle sans cesse de sa misère :
N’hésite pas à le croire.
La vérité, c’est qu’il ne ment pas.

Meurs avant de mourir pour ne pas mourir quand tu devras mourir
sinon tu périras.

Et la plus célèbre :

La rose est sans pourquoi,
Elle fleurit parce qu’elle fleurit,
n’a pour elle aucun souci,
ne demande pas : suis-je regardée ?


Poète et mystique du XVIIe siècle, Angelus Silesius (1624-1677) a composé Le Pélerin chérubinique comme un écrin à mille facettes, ciselant plus de 1600 distiques, quatrains ou courts poèmes.

Il faut qu’en toi Dieu naisse

Christ serait-il né mille fois à Bethléem,
S’il n’est pas né en toi, c’est ta perte à jamais. (I, 61) …

Tu dois l’être en retour

Dieu s’est fait homme en toi ; si tu ne te fais Dieu,
Tu moques sa naissance et te ris de sa mort. (I, 124) …

La Sagesse

La Sagesse a plaisir d’être avec ses enfants.
Pourquoi donc ? O merveille ! Elle-même est un enfant. (I, 165) …

Pourquoi Dieu est-il né ?

Mystère impénétrable ! Dieu s’est perdu Lui-même,
Et, pour ce, veut en moi être enfant nouveau-né. (I, 201) …

Le Royaume des Cieux est aux enfants

Chrétien, si tu peux être enfant du fond du cœur,
Dès cette terre est tien le Royaume des cieux. (I, 253) …

Enfant et Dieu

Enfant et Dieu, c’est un : si tu m’appelles enfant,
Tu as reconnu Dieu en moi et moi en Dieu. (I, 255) …

La Déité et l’humanité

L’éternelle Déité doit tant aux hommes
Que, sans eux, Elle aussi perd cœur, courage et sens. (I, 259) …

Le meilleur est d’être un enfant

Puisque Dieu même, le plus grand, s’est fait petit,
Tout mon désir sera d’être comme un enfant. (III, 25) …

Le ciel se fait terre

Le ciel s’abaisse, il vient à nous et se fait terre ;
Quand, s’élevant, la terre sera-t-elle ciel ? (III, 111) …

En toi naît le Fils de Dieu

Homme, si tu t’y prêtes, Dieu engendre en toi
Son Fils à tout instant, aussi bien qu’en son trône. (V, 252) …

Le seul délice de Dieu

Donner naissance est bienheureux. Le seul délice
De Dieu est d’engendrer son Fils éternellement. (VI, 132) …

Comment avoir part au délice de Dieu

Dieu est le plus haut délice. Pour y goûter,
Pénètre dans la naissance du Fils de Dieu. (VI, 133)


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