Message du pape François pour le 800e jubilé de la mort de saint Dominique (6 août 1221)
En cette année qui souligne le huitième centenaire de la mort de saint Dominique, je me joins volontiers aux Frères Prêcheurs pour rendre grâce pour la fécondité spirituelle de ce charisme et de cette mission, qui se sont manifestés au cours de siècles à travers la riche diversité de la famille dominicaine…
Dominique a répondu au besoin urgent de son temps non seulement au moyen d’une prédication renouvelée et vivante de l’Évangile, mais, et c’est tout aussi important, en livrant le témoignage convaincant de son appel à la sainteté dans la communion vivante de l’Église. Comme dans toute réforme authentique, il cherchait à revenir à la pauvreté et à la simplicité de la première communauté chrétienne, rassemblée autour des apôtres et fidèle à leur enseignement (cf. Ac 2, 42).
En notre temps, caractérisé par un changement d’époque et de nouveaux défis pour la mission évangélisatrice de l’Église, Dominique peut donc être une source d’inspiration pour tous les baptisés qui sont appelés, en tant que disciples missionnaires, à rejoindre toutes les « périphéries » de notre monde en diffusant la lumière de l’Évangile et l’amour miséricordieux du Christ.
Le grand appel reçu par Dominique était de prêcher l’Évangile de l’amour miséricordieux de Dieu….
L’unité de la vérité et de la charité a peut-être trouvé son expression la plus ajustée dans l’école dominicaine de Salamanque, en particulier dans les travaux du frère Francisco de Vitoria, qui a proposé un cadre de droit international enraciné dans les droits universels de l’être humain. Ce cadre a servi de base philosophique et théologique aux efforts héroïques des frères Antonio Montesinos et Bartolomeo de Las Casas dans les Amériques comme de Dominique de Salazar en Asie, pour défendre la dignité et les droits des peuples indigènes.
Le message de l’Évangile qui affirme notre dignité humaine inaliénable en tant qu’enfants de Dieu et membres de l’unique famille humaine interpelle l’Église de notre temps qui est invitée à renforcer les liens d’amitié sociale, pour dépasser les structures économiques et politiques injustes et œuvrer au développement intégral de chaque individu et de chaque peuple.
Le zèle de saint Dominique pour l’Évangile et son désir d’une vie véritablement apostolique l’ont conduit à souligner l’importance de la vie communautaire… Cet idéal de fraternité devait trouver son expression dans une forme de gouvernance inclusive de tous et à laquelle tous prendraient part dans un processus de discernement et de prise de décision tenant compte du rôle et de l’autorité de chacun, grâce à des chapitres organisés à tous les niveaux. Ce processus « synodal » a permis à l’Ordre d’adapter sa vie et sa mission à des contextes historiques changeants tout en maintenant la communion fraternelle.
Le charisme dominicain de la prédication a fleuri très tôt avec la mise en place des diverses branches de la grande famille dominicaine qui embrasse tous les états de vie dans l’Église. Au cours des siècles qui ont suivi Dominique, ce charisme a trouvé une expression éloquente dans les écrits de sainte Catherine de Sienne, les peintures du bienheureux Fra Angelico et les œuvres de charité de sainte Rose de Lima, du bienheureux Jean Macias et de sainte Marguerite de Castello. De même, à notre époque, il continue à inspirer le travail des artistes, des chercheurs, des enseignants et des communicants.
En cette année anniversaire, nous ne pouvons manquer de nous souvenir des membres de la famille dominicaine. …Je pense ici en particulier au témoignage discret donné par des milliers de tertiaires dominicains et des membres du Mouvement de la Jeunesse Dominicaine, qui reflète le rôle important et même indispensable du laïcat dans le travail d’évangélisation.
En ce jubilé de la naissance de saint Dominique à la vie éternelle, je voudrais exprimer de manière particulière ma gratitude aux Frères Prêcheurs pour la contribution exceptionnelle qu’ils ont apportée à la prédication de l’Évangile à travers l’exploration théologique des mystères de la foi. En envoyant les premiers frères dans les universités qui naissaient alors en Europe, Dominique a reconnu l’importance vitale qu’il y avait de former les futurs prêcheurs au moyen d’une formation théologique saine et solide,
Lors de ma visite à Bologne, il y a cinq ans, j’ai eu la grâce de passer quelques moments en prière devant la tombe de saint Dominique… En remerciant le Saint pour tout le bien que ses fils et ses filles accomplissent dans l’Église, j’ai demandé que croisse le nombre des vocations sacerdotales et religieuses.
Puisse la célébration de cette année jubilaire répandre une abondance de grâces sur les Frères Prêcheurs et sur toute la Famille Dominicaine, et puisse-t-elle annoncer un nouveau printemps pour l’Évangile.
FRANÇOIS. (28 05 2021)