5ème dimanche de Pâques – Année B – 2 mai 2021 – Évangile de Jean 15, 1 – 8

Évangile de Jean 15, 1 – 8

Jésus la Vraie Vigne

Au commencement de son histoire, Israël aimait se glorifier d’être comme la Vigne choisie de Dieu. Dieu l’avait libéré de l’esclavage en Égypte, avait fait Alliance avec lui et l’avait conduit dans la terre promise où il avait pu se développer. Au centre, dans le temple de Jérusalem, des liturgies chantaient sans cesse la louange de Dieu.

Mais la magnificence du culte n’empêchait pas les déchirures sociales. C’est pourquoi le prophète Isaïe se leva pour dénoncer avec violence les injustices. Oui, dit-il, Dieu nous a choisis et il nous a comblés de bienfaits mais c’est pour que nous soyons comme une vigne modèle. Or nous n’observons pas sa Loi : des orgueilleux édifient des fortunes tandis que des malheureux sont exploités comme des esclaves, des juges sont corrompus, des pauvres ont faim…

Oui, « la Vigne du Seigneur, c’est Israël. Il en attendait le droit : et c’est l’injustice. Il en attendait la justice et il ne trouve que les cris des malheureux » (Isaïe 5).

L’élection divine est une faveur mais qui oblige, elle n’est pas un privilège qui rassure mais une responsabilité. La foi ne place pas au-dessus mais devant les autres. Pas pour les diriger mais pour les entraîner, leur montrer l’exemple des rapports humains tels que Dieu les veut.

D’autres prophètes tonitruèrent ensuite de la même manière mais ce fut peine perdue.

JESUS LA VRAIE VIGNE DE DIEU

Dans les premiers évangiles (Marc, Matthieu et Luc), Jésus reprit l’image de la vigne dans plusieurs paraboles : Mon royaume, c’est comme une vigne où il faut travailler mais les vignerons (dirigeants, prêtres, scribes, pharisiens) refusent d’obéir et même projettent la mort du fils du propriétaire. Et en effet, sur le calvaire, les hommes plantèrent une poutre de bois mort pour y exécuter Jésus. Le refus de Dieu conduit toujours à la mort de l’homme.

Mais le propriétaire véritable de la vigne, c’est Dieu. Et il fut capable de transformer la poutre mortifère en Cep de Vie : Jésus fut ressuscité !

Dans l’évangile de Jean, le discours de la Vigne est « planté » au cœur du Discours d’adieu de Jésus, qui est bien plutôt Discours de sa Nouvelle Présence. La Vigne n’est plus un peuple dans un territoire, on n’en fait pas partie par hérédité : elle se déploie dans l’assemblée universelle des croyants. Elle n’est pas une organisation mais une Personne, Jésus ressuscité qui se prolonge dans les personnes par la foi.

Stupéfaits, bouleversés, les disciples apprennent qu’ils sont comme l’extension de Jésus, comme ses prolongements. « Vous êtes les sarments ». Sur les chemins de Galilée, Jésus était devant ou à côté d’eux : ressuscité, il communie à eux : « Tout sarment qui est en moi ». Déjà Saül, le persécuteur des chrétiens, n’avait-il pas été bousculé par une voix qui lui disait : « Saül, pourquoi me persécutes-tu ? » (Ac 9, 4)

LE VIGNERON TAILLE

La vigne n’est pas une plante décorative, elle est voulue, soignée et admirée non pour la valeur de son bois ni la splendeur de son feuillage mais pour son fruit. Pour le raisin qui donnera du vin. Aussi le Père soigne sa vigne, il la taille, l’émonde, coupe les surgeons superflus. Comment ? Par la Parole de Jésus. L’Évangile est un sécateur qui retranche mauvais désirs, rancunes, rivalités, méchancetés, cupidité.

Le sarment fidèle s’effraie des épreuves qui lui surviennent, des souffrances qui l’accablent, des échecs qui se succèdent : qu’il accepte avec patience et fidélité ce travail nécessaire qui lui fait perdre les boursouflures de son ego, ses envies d’accaparer. Pour être fécond, il doit nécessairement être dépouillé. Le vigneron n’attend pas des jolies feuilles mais du raisin. Et le jus coule comme le sang.

DEMEURER

Il ne suffit pas de faire partie de la vigne  mais il faut tenir, traverser l’épreuve du temps, DEMEURER : un des très grands mots de Jean qui ne l’emploie pas moins de 10 fois dans ce passage (40 fois au total dans son évangile)

Demeurez en moi, comme moi en vous. De même que le sarment ne peut pas porter de fruit par lui-même s’il ne demeure pas sur la vigne, de même vous non plus, si vous ne demeurez pas en moi.

Cette insistance sur DEMEURER prouve que notre tentation perpétuelle, tenace est, sans nous l’avouer, de nous lasser, de nous détacher. Car notre orgueil est tel que nous voulons toujours nous attribuer le bien que nous faisons.

Le monde n’est-il pas une immense tentative de vouloir se faire sans Dieu ? « Vous serez comme des dieux » sifflait le serpent originel. Le communisme voulait bâtir une société de « camarades » et il est tombé dans « des lendemains qui déchantent ». La grande surface qui se présente comme un paradis où tout est offert est inaccessible à des multitudes qui ont faim. Et plus personne ne croit que le progrès va apporter le bonheur : on se demande même où il nous conduit.

Si quelqu’un ne demeure pas en moi, il est, comme le sarment, jeté dehors, et il se dessèche. Les sarments secs, on les ramasse, on les jette au feu, et ils brûlent.

Il n’est même pas besoin d’envisager ici un enfer futur. Puisque le sarment ne peut produire sa propre vie, s’il se détache, il se dessèche. Si le désir qui nous habite se débranche du Seigneur vivant, il brûle sans objet, il brûle pour rien. Notre malheur n’est pas la croix – où la vie prend sens – mais l’existence insensée et la mort absurde.

LA PRIERE POUR SE BRANCHER

Si vous demeurez en moi, et que mes paroles demeurent en vous, demandez tout ce que vous voulez, et cela se réalisera pour vous.

Sous peine de s’édulcorer, de se confondre avec un mysticisme vaporeux ou de se cantonner dans des rites, la « demeure en Jésus » est précisée : elle se vérifie par la vie selon ses paroles. Le baptême doit s’écouler en pratique coûteuse des enseignements de l’Évangile. Le livre de l’Évangile ne « demeure » pas sur le lutrin ou le rayon de bibliothèque mais s’incarne dans les pensées, les paroles, les actions du croyant. L’Église se manifeste non dans un bâtiment – si splendide soit-il – mais dans la vie pratique. Sinon elle retombe dans le mensonge que dénonçait jadis Isaïe : un culte qui fait chanter certains et laisse pleurer d’autres.

D’où l’obligation formelle de DEMANDER. Non que Dieu se plaise à entendre ses enfants se traîner à ses pieds pour leur consentir quelque faveur. Mais pour combattre nos deux tentations : nous croire capables de réaliser par nous-mêmes le Dessein de Dieu et limiter nos projets à notre courte vue, à nos conceptions mesquines, à ce que nous croyons pouvoir faire.

La prière nous fait reprendre conscience de notre pauvreté, elle nous pousse à demander l’impossible, à ne pas nous enfermer dans notre minuscule pré-carré, à découvrir que même la croix n’est pas une fin.

Amen, amen, je vous le dis : si vous demandez quelque chose à mon Père en mon Nom, il vous le donnera. Jusqu’ici vous n’avez rien demandé en mon Nom. Demandez et vous recevrez – si bien que votre joie sera parfaite » (16, 23)

A LA GLOIRE DU PÈRE

Le nom du Père ouvre et clôt le texte. Tout vient de lui et tout va à lui. Il est source et océan. Projet et accomplissement. Origine et terme. Il n’est pas un potentat ivre de prosternations obséquieuses, une idole folle de ses fans fanatiques. Un Dieu lointain et écrasant.

Car la réussite de l’histoire de l’homme est de ne pas se tromper de Dieu. Le Père n’a pas crucifié Jésus mais sa gloire est de ressusciter son Fils fidèle, de transfigurer son sang répandu en sève de vie, d’étendre la vigne qu’il est jusqu’au bout du monde.

ET LE FRUIT ?

Curieux : le fruit est absolument exigé mais il n’est pas précisé. La réponse nous sera donnée dans le second volet de l’allégorie dimanche prochain. Signe que le danger est de se jeter dans l’action, d’en rester à la philanthropie ou au culte. Le problème d’une branche n’est pas en aval mais en amont, à sa source. Pour faire sauter nos mesquineries et notre foi rabougrie, Jésus insiste : d’abord et avant tout et sans vous arrêter, demeurez des sarments avides de la vie de leur Seigneur.

Le premier jour de chaque semaine, Jour du Seigneur, l’allégorie de la Vigne apparaît réelle dans l’assemblée des sarments tout heureux de se souder à leur Seigneur : « Celui qui mange ma chair et boit mon sang demeure en Moi et Moi en lui » (Jn 6, 56) et ils se transmettent les uns aux autres la Vie ressuscitée, sève nécessaire à la survie du nouveau monde.

Fr. Raphaël Devillers, dominicain.

Une Histoire qui n’aurait jamais dû avoir lieu

Marcel GAUCHET, philosophe et historien. Fondateur et rédacteur en chef de la revue « Le débat ». Auteur de nombreux ouvrages dont « Le désenchantement du monde » avec sa formule devenue célèbre : Le Christianisme est « la religion de la sortie de la religion » (il contient en lui la dynamique de la sécularisation).

C’est à lui, agnostique, que les éditeurs de « Après Jésus » ont demandé d’écrire la postface dont voici le début.

Il n’est pas d’événement plus extraordinaire dans notre histoire, ni de plus mystérieux, que la naissance du christianisme – l’événement, pourtant, qui a décidé des destinées de notre monde. Comment la brève et obscure prédication d’un prophète juif parmi tant d’autres, dans une périphérie lointaine de l’Empire de Rome, a-t-elle pu devenir le point de départ d’une religion nouvelle, appelée un jour à conquérir l’Empire puis, de là, à changer le cours de l’histoire des hommes et la face du monde ? Par quelle alchimie du devenir un fait divers infinitésimal, l’exécution d’un agitateur religieux dans la miséreuse Palestine, a-t-il pu acquérir la portée maximale de fondation d’une religion universelle qui allait constituer la matrice de la bifurcation occidentale ?

C’est à ces interrogations aussi essentielles qu’abyssales que ce beau volume a la vertu de nous ramener. Il nous confronte à la part la plus énigmatique et pourtant la plus décisive de ce parcours, sa phase initiale, ces deux premiers siècles où la doctrine prend forme, où l’identité se dessine, où l’organisation s’ébauche. Ce sont ceux sur lesquelles nous en savons le moins, comme il n’est pas surprenant, en dépit des prodiges d’ingéniosité déployés par la science pour faire parler de fragiles témoignages.

Mais indépendamment des lacunes, pour beaucoup irrémédiables, de notre savoir, il y a quelque chose dans ce processus qui défie la manière dont nous nous nous expliquons ordinairement la marche des affaires humaines. A se fier à nos grilles de lecture habituelles, il n’aurait jamais dû avoir lieu (…)

La Conversion des Disciples

Tout ce parcours est suspendu à son épisode inaugural : la conversion des disciples de Jésus, au lendemain de sa crucifixion. Au lieu de se disperser après la mort ignominieuse de leur Maître, ils se soudent autour de la croyance dans sa résurrection.

Là réside proprement l’acte de naissance de la foi chrétienne, qui justifie d’employer le terme de conversion. Il introduit l’adepte à une dimension spirituelle inédite (…)

Jésus n’est pas venu pour triompher des puissances de la terre et manifester en sa personne la toute-puissance divine. Il a été homme jusqu’au bout, dans la souffrance et dans la mort. Sans cette mort, sans cette défaite et cette victoire, il n’y aurait pas eu l’incarnation, telle que l’idée allait en rayonner à travers la suite des siècles et bouleverser à jamais la pensée religieuse.

Que cette croyance ait pu s’imposer à ses disciples montre la puissance de la figure qui s’était introduite au travers de la parole et de l’exemple de Jésus et à laquelle il fallait la sanction de ceux qu’elle avait saisis pour se parachever. Car le prodige de cette histoire est que Jésus, au sens strict, n’a rien fondé du tout …

Il a dessiné la figure d’un messie à l’opposé de celle qu’on attendait, et avec elle une autre figure de Dieu que celle à laquelle on était accoutumé. Un dieu d’au-delà de toutes les dominations de ce monde, rendant celles-ci tellement dérisoires, avec l’ensemble des grandeurs et des valeurs du monde, qu’il n’y avait plus de sens à s’y opposer pour les dominer.

Mais cette perspective n’a pu prendre véritablement corps qu’avec la foi des disciples dans le Ressuscité. C’est elle qui a scellé sa portée fondatrice. La force de signification que sa cristallisation a libérée s’est tout de suite attestée dans l’énergie prosélyte qu’elle a mobilisée et les adhésions qu’elle a suscitées (…)

M. Gauchet pp. 621 – 622

4ème dimanche de Pâques – Année B – 25 avril 2021 – Évangile de Jean 10, 11 – 18

Évangile de Jean 10, 11 – 18

Jésus est le bon berger

En Occident, la coutume s’est installée depuis longtemps de représenter le Christ en croix. Dans nos églises et dans nos maisons, le symbole chrétien, c’est le crucifix : image émouvante du prix payé pour notre salut mais toujours Christ suspendu et mort. Or cette image est tardive : la plus ancienne qui ait été conservée date du 5ème siècle seulement, sur un portail de l’église dominicaine sainte Sabine à Rome. Et encore, le style n’en est pas réaliste mais symbolique, avec un Jésus plus grand que les deux larrons et dressé debout, bras ouverts, comme vivant.

Les toutes premières images du culte chrétien, sur les parois des catacombes romaines, sont celles de Jésus le Bon Pasteur. Nos ancêtres vivaient des moments très pénibles, souffraient de persécutions et risquaient la mort mais pour témoigner fièrement de leur foi, ils proclamaient de la sorte que Jésus était bien vivant au milieu d’eux, qu’il les gardait et les conduisait dans le Royaume de son Père.

Le crucifix proclame l’amour inoubliable que Jésus, dans le passé, a montré en donnant sa vie pour les hommes. Le Bon Pasteur proclame que Jésus est aujourd’hui vivant, présent au milieu des siens.

L’Occident rappelle la mort ; l’Orient, avec ses icônes, présente la Vie. Pâques est ainsi proclamé sous ses deux faces inséparables.

DEUX DANGERS DE L’IMAGE DU BERGER

Le premier est la mièvrerie. Des images pieuses donnent encore une représentation en tons de pastel du « Doux Jésus » caressant un agneau mignon. Insupportable !

Le métier de berger, en ce temps-là et en ces pays, était rude, pénible, dangereux même. Rareté des herbages, manque de précipitations, sources taries, chaleur, soin des animaux blessés, recherche des bêtes égarées… Sans compter la menace des voleurs et le péril des prédateurs. La vie chrétienne n’est pas « un long fleuve tranquille ».

Le second est celui de l’aliénation. En nous faisant chanter « Le Seigneur est mon berger » et en parlant de sa « pastorale », l’Eglise peut hérisser certains. Serions-nous des moutons de panurge, embrigadés dans un système de croyances et de rites et tenus de suivre à la lettre tous les règlements ? Au contraire personne n’est plus libre que le croyant. Jésus dit qu’il « « appelle chacun par son nom ». La foi est réponse libre, vocation personnelle. Les moutons de panurge sont plutôt les gogos matraqués par les slogans publicitaires, hypnotisés par les spectacles, esclaves des modes.

FUIR OU DONNER SA VIE

Démunies de moyens de défense, sans crocs ni griffes, lents à la course, promesses de délicieux gigots, les brebis sont vulnérables. A l’approche du loup, elles s’égaillaient dans tous les sens, ce qui causait leur perte. Le mercenaire, payé pour ce travail, sauvait sa peau en s’enfuyant au plus vite.

Le siècle dernier a vu paraître les plus ignobles spécimens de ces hommes qui prétendaient être « le guide », « le petit père des peuples », « le grand timonier », « le Führer » et qui fascinaient les masses crédules par leur éloquence enflammée, leurs promesses mensongères. Staline, Hitler, Mao, Pol Pot promettaient bonheur et vie et ils ont causé la mort, dit-on, de plus de 75 millions de leurs compatriotes. Et que dire du système actuel du capitalisme sans limites, avec l’exploitation des misérables, la destruction des ressources, l’élimination d’espèces animales ? De combien de victimes se paient l’enrichissement et le confort de certains pays ? Les paradis fiscaux des uns jettent des masses silencieuses dans les enfers des tropiques.

En contradiction totale avec cette idolâtrie mortelle, Jésus affirme qu’il défend les siens jusqu’à accepter de mourir pour eux. Et il le prouve.

« Je donne ma vie pour » : l’expression centrale est répétée 5 fois dans le texte.

Pourquoi ? Parce qu’il y a une relation spéciale, tout à fait unique, entre Jésus et ses disciples. Ils ne sont pas seulement ses adeptes, des élèves qui marchent derrière lui :

Je suis le bon pasteur ; je connais mes brebis, et mes brebis me connaissent, comme le Père me connaît, et que je connais le Père ; et je donne ma vie pour mes brebis.

Attention à la signification profonde des mots.

« Connaître » a un sens très fort : il ne s’agit pas seulement de savoir les noms, de reconnaître les visages. Mais d’une union, d’une comm-union profonde.

Et le « comme » n’indique pas une simple comparaison (« Il en va de même … ») mais une cause : c’est le lien d’amour qui unit le Père à Jésus son Fils.

Jésus ne copie pas avec nous le lien qu’il a avec son Père : le Fils prolonge en nous la communion qui l’unit à son Père. Si bien qu’à notre tour, nous pouvons être unis à lui comme à son Père.

UN AMOUR UNIVERSEL

J’ai encore d’autres brebis, qui ne sont pas de cet enclos : celles-là aussi, il faut que je les conduise. Elles écouteront ma voix. Il y aura un seul troupeau et un seul pasteur.

Jésus est né et a inauguré son Royaume en Israël mais, par ses disciples, il va pénétrer dans tous les enclos, tous les pays du monde. L’Évangile est la Bonne Nouvelle qui peut rejoindre tous les humains de toutes conditions et les unir en une seule communauté fraternelle.

L’Évangile est par essence universel, œcuménique. Il ne supprime pas les différences, il laisse chaque « enclos » exprimer et chanter sa foi à sa manière, selon sa culture. Qu’ils soient juifs, chinois, congolais, mexicains, canadiens, tous ceux qui écoutent la Voix de Jésus et le suivent sont frères et sœurs. Toute rivalité entre eux est interdite, toute scission arrête la course de l’Évangile.

MORT ET RESURRECTION

Voici pourquoi le Père m’aime : parce que je donne ma vie, pour la recevoir de nouveau. Nul ne peut me l’enlever : je la donne de moi-même. J’ai le pouvoir de la donner, j’ai aussi le pouvoir de la recevoir de nouveau : voilà le commandement que j’ai reçu de mon Père. 

Dès le début on a tenté d’expliquer la Passion en insinuant que Jésus avait été victime inconsciente d’un complot tramé par les grands prêtres. Accusation très grave car alors il n’y aurait eu au Golgotha que l’exécution d’un juste. Jésus restait, comme Jean-Baptiste ou M.L. King, un prophète assassiné donc un modèle de courage et d’héroïsme.

Or si ses ennemis ont manigancé dans l’ombre pour se saisir de lui par ruse, Jésus affirme haut et fort qu’en réalité c’est lui qui s’est donné. Au Golgotha on a vu l’exécution d’un homme condamné : en réalité, Jésus se donnait, il faisait de sa mort un don, un sacrifice par amour des hommes. Derrière l’image d’un supplice barbare se révélait, aux yeux des croyants, le plus grand amour du monde. Tellement grand, tellement divin, que le Père a rendu la vie à son Fils qu’il aime. Ce ne fut pas une restitution de vie charnelle ni une réincarnation mais la Vie éternelle, la Vie au sens divin, la Vraie Vie, la Vie que Dieu est.

JE SUIS LE BON BERGER : UNE AFFIRMATION SCANDALEUSE

Le prophète Ezéchiel avait écrit une charge terrible contre les rois d’Israël, mauvais bergers, corrompus, exploiteurs des pauvres et finalement causes de la dispersion du peuple. Mais ensuite il avait prophétisé qu’un jour Dieu lui-même viendrait prendre soin de son troupeau (Ez 34, 11) et qu’il délèguerait le Messie, descendant de David pour réunir les brebis dispersées et les conduire dans l’unité, la paix et la justice (Ez 34, 23)

En affirmant « Je suis le Bon Pasteur », Jésus pose une revendication messianique, il affirme que c’est bien lui qui réalise la prophétie. Il y a là tout autre chose qu’une gentille image poétique. D’ailleurs les Pharisiens l’ont bien compris : ils ne lui répondent pas par la dérision et la moquerie, au contraire ils sont excédés, ils brûlent de rage, convaincus qu’il faut au plus tôt exécuter ce fou, ce blasphémateur. Et mystérieusement, devant ces « loups », Jésus sera l’AGNEAU DE LA PAQUE pour devenir, ressuscité, le PASTEUR plein de miséricorde qui unit autour de sa croix la multitude des brebis égarées.

CONCLUSION

Heureux sommes-nous d’avoir été appelés et de suivre celui qui, par amour pour nous, a donné sa vie et est désormais à tout jamais le seul vrai Berger, le Guide sûr qui nous rassemble et nous conduit à notre destination finale : dans la Maison du Père.

Mais osons-nous vraiment suivre le Christ, pratiquer l’Evangile, refuser des conduites présentées comme normales par la société, opter pour un style de vie différent, alerter sur les périls encourus par le monde ? Les « mercenaires » qui veulent guider le peuple pour des motivations financières et politiques restent à l’affût. Le chrétien doit veiller, demeurer sur ses gardes.

Nous sommes tristes de voir tant de jeunes appelés par les slogans menteurs, séduits par les maîtres du mensonge et des tyrans qui les entraînent à la drogue, au désastre, à la guerre, à la mort.

Et nous prions pour ceux et celles qui ont reçu mission en Église d’être des pasteurs et de conduire leurs frères : qu’ils soient à l’image de notre Seigneur.

Fr. Raphaël Devillers, dominicain.

Psaume 22

PRIÈRE EN RÉPONSE A LA BONNE NOUVELLE DU JOUR

Ritournelle tant de fois « bêlée » par nos assemblées routinières, ce poème est un chef-d’œuvre. Utilisant la parabole du berger, le croyant se compare à une brebis et constate : “Oui au fond j’ai l’essentiel, je ne manque de rien”. Et il énumère dix bienfaits dont son Seigneur le comble.

Tant d’hommes n’ont pas trouvé de guide sûr, ou ils ont suivi des mercenaires cupides qui les conduisaient à la catastrophe. Arrêtons un peu nos prières de demande, jouissons du bonheur de croire et disons au Seigneur notre reconnaissance.

Le Seigneur est mon berger : je ne manque de rien.
Sur des prés d’herbe fraîche, il me fait reposer.
Il me mène vers les eaux tranquilles et me fait revivre ;
il me conduit par le juste chemin pour l’honneur de son nom.
Si je traverse les ravins de la mort, je ne crains aucun mal,
car tu es avec moi.
Ton bâton me guide et me rassure.
Tu prépares la table pour moi devant mes ennemis ;
tu répands le parfum sur ma tête,
ma coupe est débordante.
Grâce et bonheur m’accompagnent tous les jours de ma vie.
J’habiterai la maison du Seigneur pour la durée de mes jours.

Chaque croyant a un lien personnel au Christ : il est « mon » berger. Donc il m’offre – il doit m’offrir -tout ce dont j’ai besoin pour m’épanouir et réussir ma vie.

  1. Je me nourris de la vérité dans les champs magnifiques des Écritures. Car l’homme ne vit pas seulement de pain mais de toute Parole de Dieu.
  2. Il m’a plongé dans les eaux du baptême, et l’eau vive de la vérité me désaltère.
  3. Il me conduit par des chemins de justice. Non à cause de mes qualités mais pour son Honneur, pour qu’il soit reconnu comme un Dieu qui aime les hommes.
  4. Parfois je dois traverser des moments difficiles, subir des épreuves où ma vie est menacée. Mais dans les ornières et les ténèbres, je n’ai pas peur. Car – et ici nous sommes au cœur du psaume : TU ES AVEC MOI !! Je ne suis jamais seul, tu ne me lâcheras jamais.
  5. Le berger va avec un grand bâton pour défendre son troupeau. La houlette du Christ, c’est sa croix : en regardant à quel point il m’aime, je reprends courage.
  6. Il m’invite à la table de son Eucharistie : je mange son Pain qui me donne vie.
  7. Du baptême jusqu’à ma dernière heure, il me oint d’huile sainte : l’Esprit-Saint me pénètre et me remplit de force. Je suis consacré pour travailler au salut du monde.
  8. Je m’enivre d’allégresse en buvant à la Coupe « le sang de l’Alliance nouvelle…versé pour le pardon de la multitude ».
  9. Pas de jour où mon Bon Pasteur me quitte. Aucun risque qu’il me rejette. Chaque instant de ma vie est une grâce.
  10. Déjà je suis dans sa Maison où il soigne les blessures de mes fautes. Et je suis sûr qu’il me conduit, avec les autres, vers la Maison du Père qui guette le retour de ses fils prodigues pour chanter éternellement ses merveilles.

ALLELUIA. ALLELUIA. ALLELUIA.

R. Devillers o.p.

Pape François : Suivre Jésus par intérêt ou par amour ?

… Dans son homélie, le pape a médité sur une autre attitude, celle d’Etienne, dans la Première lecture (Ac 6,8-15) : « Il suivait Jésus sans soupeser les conséquences : cela me convient, cela ne me convient pas … Ce n’était pas un intéressé. Il aimait. Et il suivait Jésus, certain ; et il termina ainsi. Ils lui ont tendu le piège des calomnies… et il finit lapidé. Mais en rendant témoignage à Jésus. »

Pour suivre Jésus à l’exemple d’Etienne et sans « l’intérêt personnel » de la foule, le pape a recommandé de « se rafraîchir la mémoire » : « Nous trouverons beaucoup de grandes choses que Jésus a données gratuitement, parce qu’il nous aime : chacun de nous.

Une fois que je vois ce que Jésus a fait pour moi, je me pose une deuxième question : et moi, que dois-je faire pour Jésus ? ». En effet, a-t-il ajouté, « quand je vois tout ce que Jésus m’a donné, la générosité du cœur devient : “Oui, Seigneur, je donne tout ! Et je ne ferai plus ces erreurs, ces péchés …” ». C’est « le chemin de la conversion par amour : tu m’as donné tant d’amour, moi aussi je te donne cet amour ».

« C’est un beau test sur la façon dont nous suivons Jésus, a conclu le pape François : intéressés ou non ? … Qu’est-ce qu’a fait Jésus pour moi, dans ma vie, par amour ? Et en voyant cela, que dois-je faire moi, pour Jésus, comment répondre à cet amour. Et ainsi nous serons capables de purifier notre foi de tout intérêt. »

Homélie du 16 avril 2018.

3ème dimanche de Pâques – Année B – 18 avril 2021 – Évangile de Luc 24, 35 – 48

Évangile de Luc 24, 35 – 48

Tombe vide : Présence dans la Parole

Si tous les évangiles du temps pascal proviennent de Jean, celui d’aujourd’hui est un extrait du dernier chapitre de l’évangile de Luc. Pas plus que ses confrères, il ne raconte la résurrection de Jésus – tâche impossible -, mais quatre scènes qui se déroulent à Jérusalem et en une même journée : le lendemain du sabbat, donc le 3ème jour après la mort de Jésus en croix, donc le premier jour de la semaine.

L’Aube : Le Corps disparu : Désarroi

Dès l’aube, les femmes découvrent le tombeau vide. Elles s’encourent chez les apôtres et leur affirment que deux anges leur ont annoncé que Jésus est vivant, ressuscité comme il le leur avait dit naguère. Les hommes ne les croient pas et qualifient leur discours de « délire ». Pierre court à la tombe ouverte mais reste perplexe. La tombe ouverte et la disparition du corps ne constituent pas une « preuve » : on a pu subtiliser le corps la nuit afin de lancer la légende de la résurrection.

La journée : L’apparition à deux Disciples

Ce matin-là, deux disciples, abattus par l’échec de la croix, retournent chez eux. Un homme les rejoint qu’ils ne reconnaissent pas : ils lui racontent les derniers événements, le procès, la mort de Jésus et avouent que l’affirmation des femmes ne les a pas convaincus. Alors l’anonyme leur explique que les Écritures d’Israël parlaient de tout cela qui concernait Jésus. Lentement la lumière se rallume dans le cœur des deux disciples. Le soleil baisse quand ils approchent d’Emmaüs et ils invitent l’inconnu à demeurer dans leur maison. A table, étonnamment l’invité prend le pain, prononce la bénédiction, le rompt et leur donne leur part. C’est le choc : ils reconnaissent enfin Jésus mais il leur devient invisible. Hors d’eux-mêmes, les disciples refont la route inverse, retournent à Jérusalem, trouvent la communauté réunie qui leur annonce que le Seigneur (et non plus le prophète) est bien ressuscité et qu’il est apparu à Simon.

La soirée : L’apparition à la Communauté – Lecture de ce jour

Les deux disciples racontaient aux Onze et aux compagnons ce qui s’était passé et comment ils avaient reconnu le Seigneur à la fraction du pain quand Lui-même était là au milieu et il leur dit : « Shalôm – La Paix ».

Le Ressuscité est d’abord une présence d’emblée douce et bienveillante. Absolument pas l’apparition fulgurante d’un Tout-Puissant qui déchaîne sa colère contre des disciples qui l’ont lâchement abandonné aux mains de ses bourreaux. Mais un Seigneur de tendresse et de miséricorde qui offre la paix, la réconciliation, la plénitude de vie : « Shalôm ».

C’est bien le même Jésus qui a subi la crucifixion et qui est mort sur la croix. Les disciples seraient portés à voir en lui un fantôme, un esprit mais il insiste : « Regardez : c’est bien moi. Voyez mes plaies ». Elles sont les signes que le ressuscité est bien le même que le crucifié. Elles vous rappellent votre lâcheté : considérez-les désormais comme la source de votre pardon. Par amour, j’ai transformé la volonté criminelle de mes ennemis en don de moi-même pour que mon Père vous donne le pardon et la vie.

Cependant Luc insiste beaucoup sur l’immense difficulté à accueillir le Ressuscité et, à 7 reprises, il note les réactions incrédules des disciples : « ils étaient effrayés – remplis de crainte – ils pensaient voir un esprit – ils étaient troublés – ils se faisaient des tas d’objections – ils étaient encore incrédules – ils s’étonnaient … ». Néanmoins une « joie » nouvelle les envahissaient (24, 41). Devant leurs réticences, Jésus aurait même proposé de manger un morceau de poisson grillé devant eux : mais Luc est le seul évangéliste à pousser à ce point le réalisme du corps et d’ailleurs ce signe ne semble pas avoir plus d’effets que les autres.

Alors Jésus révèle à toute la communauté le chemin de la foi qu’il avait déjà expliqué aux disciples d’Emmaüs  :

« Il déclara : rappelez-vous les paroles que je vous ai dites quand j’étais encore avec vous : il faut que s’accomplisse tout ce qui a été écrit de moi dans la Loi de Moïse, les Prophètes et les Psaumes. ». Alors il leur ouvrit l’intelligence pour comprendre les Écritures.

Dans son passé antique, Israël avait tout perdu – son indépendance, sa royauté, son temple, son sacerdoce – et il s’était toujours préservé en se forgeant autour de la Torah. Ce Livre est constitué de trois parties : la Torah proprement dite avec ses 5 livres attribués à Moïse, puis les oracles des Prophètes, et le recueil des Écrits divers, que l’on dénomme aussi « Psaumes » qui en est son premier élément. Ce Livre saint raconte l’histoire telle qu’elle est traversée par l’espérance du Messie, un roi qui sera envoyé par Dieu pour être l’unique acteur de la libération et de l’accomplissement de l’histoire. Le peuple était évidemment porté à rêver d’un Messie triomphant de tous les ennemis. Mais le Ressuscité rappelle d’autres oracles qu’on laissait de côté et qui annonçaient un tout autre Libérateur, tel l’étonnant Isaïe 53 « Il était méprisé, homme de douleurs…Or ce sont nos souffrances qu’il a portées. Dans ses plaies se trouve notre guérison. Il n’ouvre pas la bouche comme un agneau traîné à l’abattoir…Mais mon Serviteur verra une descendance car il s’est dépouillé jusqu’à la mort »

Le Ressuscité démontre que dans les trois parties de la Torah, on peut découvrir des oracles qui laissaient entrevoir une tout autre image du Messie et du salut du monde.

Ensuite, Jésus demande à ses disciples de se rappeler que, pendant le temps de mission avec lui, il leur avait, à bien des reprises, expliqué qu’il ne conduisait pas sa vie à sa guise mais qu’il n’enseignait et n’agissait que pour accomplir la volonté de son Père telle qu’elle lui était révélée par les Écritures. Combien de fois ne leur a-t-il pas dit : « Il faut que s’accomplisse ce qui est écrit de moi » ?.

Encore faut-il que le Ressuscité « ouvre l’intelligence pour comprendre les Écritures »( 24, 45). Le mystère pascal – Jésus est mort et ressuscité – est la lumière qui permet de relire toute l’histoire et d’en comprendre le sens. C’est pourquoi l’Église a greffé les Évangiles sur la Torah car ils en sont l’accomplissement plénier. Si bien que l’on ne peut comprendre en profondeur l’Évangile de Jésus qu’en relisant et en scrutant le livre d’Israël.

Pour l’Église, le Livre de la Nouvelle Alliance ( le Nouveau Testament) suit et termine le Livre de l’Ancienne Alliance ( l’Ancien Testament). Cette interprétation respecte évidemment la liberté du lecteur, elle ne s’impose pas.

Pâques : Le salut à annoncer au monde

Et Jésus leur dit : «  C’est comme il a été écrit : le Christ souffrira et ressuscitera des morts le troisième jour. Et on prêchera en son Nom la conversion et le pardon des péchés à toutes les nations, à commencer par Jérusalem. C’est vous qui en êtes les témoins. Et moi, je vais envoyer sur vous ce que mon Père a promis. Pour vous, demeurez dans la ville jusqu’à ce que vous soyez d’en haut, revêtus de puissance »

La foi en la Pâque de Jésus ne peut rester une conviction privée, la dévotion d’une communauté religieuse puisqu’elle apporte le salut définitif aux hommes de tous pays. Donc la foi pascale devient message prêché c.à.d. proclamation annoncée en paroles, donc en toute liberté, à toute l’humanité. Israël a donné le Messie mais c’est un libérateur universel. Tous les hommes de toutes les nations, et jusqu’à la fin du monde, doivent entendre cette annonce qui peut provoquer la conversion – c.à.d. le renouveau des idées, le changement des comportements – et le pardon des péchés.

« Vous en êtes les témoins » déclare Jésus à ses disciples. Ce que vous avez entendu et vu de moi, ma mort en croix et mon état de ressuscité, vous devez à présent le raconter. Il s’agit de l’ultime message de Dieu, il y va de la justice et de la paix mondiales, de l’ultime révélation de Dieu et du Sauveur.

Tâche essentielle à laquelle les témoins doivent se vouer d’urgence et en s’y donnant totalement. Cette mission dépasse toutes les forces humaines et exige une force divine. C’est pourquoi, si la lecture de ce jour s’arrête ici, il faut poursuivre la suite : Jésus leur promet la venue prochaine de l’Esprit-Saint. Ce sera la Pentecôte qui commencera le second livre de Luc : les « Actes des Apôtres ».

La nuit : Le Corps disparu : Louange

« Il les emmena jusque Béthanie et il les bénit. Il se sépara d’eux et fut emporté au ciel. Ils se prosternèrent, retournèrent à Jérusalem, pleins de joie. Dans le Temple, sans cesse ils bénissaient Dieu »

Conclusion

La résurrection de Jésus n’est pas la prolongation de la vie d’un homme mort de maladie mais la transfiguration surnaturelle d’un condamné à mort, injustement, par les tribunaux religieux et politique. Jésus a été exécuté précisément parce qu’il ne voulait que dire et faire la volonté de Dieu de sauver les hommes. Ils l’ont rejeté et il a fait de ce rejet l’offre de leur pardon.

La foi reste un débat contre les doutes, mais elle est recherche à travers l’ensemble des Écritures où elle découvre la venue de ce Messie, Serviteur et Seigneur, dans l’histoire chaotique des hommes. Sur ce chemin de la vie, les croyants se rassemblent chaque premier jour de la semaine afin de reconnaître, « pleins de joie », leur Seigneur dans la fraction des paroles et du Pain. Alléluia !!

Fr. Raphaël Devillers, dominicain.

Pape François : Lettre à un Jeune

« Cherche et tu trouveras »

Dans son introduction au livre du cardinal Cantalamessa, « François, le jongleur de Dieu »

«  Ce livre a été écrit pour toi, mon jeune frère de recherche. Peut-être as-tu ouvert les Évangiles et écouté ce que Jésus a dit un jour: «Demandez, on vous donnera; cherchez, vous trouverez; frappez, on vous ouvrira. En effet, quiconque demande reçoit; qui cherche trouve; à qui frappe, on ouvrira.» (Mt 7,7-8). Est-il vrai que si je demande au Seigneur, il écoutera ma requête, que si je le cherche, je le trouverai, et que si je frappe, il m’ouvrira?

Je comprends tes doutes et j’apprécie tes questions – malheur si je n’en n’avais pas ! – mais elles m’interrogent aussi et me font penser à un autre passage de l’Écriture. Le Seigneur dit par l’intermédiaire du prophète: «Vous me chercherez et vous me trouverez ; oui, recherchez-moi de tout votre cœur. Je me laisserai trouver par vous»  (Jérémie 29, 13-14).

Ouvre les Évangiles, lis les rencontres de Jésus avec les personnes qui venaient à lui et tu verras comment, pour certaines d’entre elles, ses promesses se sont réalisées. Ce sont celles pour qui trouver une réponse était devenu une question essentielle. Le Seigneur s’est laissé trouver par l’insistance de la veuve, par la soif de vérité de Nicodème, Chacun de ces personnages aurait pu, à juste titre, prononcer les mots du psaume 63 : «Mon âme a soif de toi [Seigneur], ma chair a soif de toi, comme une terre aride sans eau».

L’Amour veut être aimé

Celui qui cherche trouve s’il cherche de tout son cœur, si pour lui le Seigneur devient vital comme l’eau pour le désert, comme la terre pour une graine, comme le soleil pour une fleur. Et ceci, si l’on y réfléchit bien, est très beau et très respectueux de notre liberté: la foi n’est pas donnée de manière automatique, comme un don indifférent de ta participation, mais te demande de t’impliquer en première personne et avec toute ta personne. C’est un don qui veut être désiré. C’est, par essence, l’Amour qui veut être aimé.

Tu as peut-être cherché le Seigneur et tu ne l’as pas trouvé, mais permet-moi de te poser une question: quel était ton désir pour Lui? Cherche-le de tout l’élan de ton cœur, prie, demande, crie, et tu le trouveras, comme il l’a promis. été trouvé.

Cela nous montre une vérité encore plus profonde: le Seigneur désire que tu le cherches  pour qu’il te trouve. « Deus sitit sitiri » disait saint Grégoire de Nazianze : Dieu a soif que nous ayons soif de lui, afin qu’en nous trouvant ainsi, il puisse enfin nous rencontrer. Celui qui nous invite à frapper, se présente en réalité le premier à la porte de notre cœur: «Voici que je me tiens à la porte, et je frappe. Si quelqu’un entend ma voix et ouvre la porte, j’entrerai chez lui; je prendrai mon repas avec lui, et lui avec moi» (Ap 3,20).

Lorsque le Seigneur nous appelle à Lui, il ne veut pas de compromis ou d’hésitation de notre part, mais une réponse radicale. Jésus disait: «Suis-moi, et laisse les morts enterrer leurs morts.»(Mt 8,22).

Dieu appelle aujourd’hui

Rappelle-toi: Dieu n’a pas cessé d’appeler, en effet, peut-être aujourd’hui plus qu’hier, il fait entendre sa voix.

Si tu ne fais que baisser les autres volumes et augmenter celui de tes plus grands désirs, tu l’entendras clairement et nettement en toi et autour de toi. Le Seigneur ne se lasse pas de venir à notre rencontre, de nous chercher comme le berger cherche la brebis perdue, comme la femme de la maison cherche la pièce dispersée, comme le Père cherche ses enfants.

Il continue à appeler et attend patiemment que nous répondions comme Marie: «Voici la servante du Seigneur; que tout m’advienne selon ta parole»(Lc 1, 38).  Si tu as le courage de quitter tes sécurités et de t’ouvrir à Lui, un nouveau monde s’ouvrira à toi et tu deviendras à ton tour une lumière pour les autres.

Merci de ton écoute. J’invoque le Saint-Esprit de Dieu sur toi, et toi aussi, si tu le peux, n’oublie pas de prier pour moi.

Ton Pape François

2ème dimanche de Pâques – Année B – 11 avril 2021 – Évangile de Jean 20, 19-31

Évangile de Jean 20, 19-31

Dimanche de la Miséricorde

Lorsque quelqu’un, même par inadvertance, nous a causé quelque tort, nous aimons lui rappeler sa responsabilité, mettre sous ses yeux le dommage subi, en exagérer même les proportions afin que l’auteur ne se disculpe pas trop vite : « Regarde ce que tu m’as fait. C’est de ta faute ». Pâques révèle aux disciples que le Seigneur agit tout au contraire de nous : la croix sur laquelle ils l’ont laissé mourir devient la source de leur pardon.

Paix et Joie du Ressuscité

Terrés dans la maison d’un ami à Jérusalem, au lendemain du sabbat, les disciples vivent dans la tourmente et la perplexité.. Les autorités qui ont jugé et exécuté Jésus ne vont-elles pas fouiller partout pour retrouver et arrêter ses collaborateurs ? Par ailleurs Marie Madeleine, hors d’elle, est survenue ce matin pour assurer que le tombeau est vide, que le cadavre a disparu : plus stupéfiant encore, elle est revenue affirmer qu’elle avait vu Jésus ressuscité et qu’il l’avait envoyée à eux.

Que va-t-il se produire ? Les hommes se souviennent de leur vie avec le Maître : comme ils ont été lourdauds ! Que de fautes ils ont commises : leur manque de confiance envers lui, leur lenteur à le comprendre, leurs rivalités jalouses pour occuper les premières places : « Qui est le plus grand ? ». Enfin et surtout leur lâcheté ignoble : tous avaient juré de donner leur vie pour lui…et tous ont fui comme des lâches à l’approche des soldats. C’est même l’un d’eux qui l’avait dénoncé. Et Pierre avait juré ne pas même connaître ce prisonnier.

Les disciples qui voulaient tant libérer Israël étaient à présent prisonniers, tremblant de peur et écrasés par la culpabilité. Ils se sentaient impardonnables, voués à la haine des hommes et à la vengeance de Dieu. Or …

Le lendemain du sabbat, au soir, 3ème jour après la mort de Jésus, premier jour de la semaine juive, dans la maison aux portes verrouillées, Jésus vient et se tient au milieu d’eux. Il leur dit : « Paix à vous – Shalom ». Et en leur parlant, il leur montre ses mains et son côté. En voyant le Seigneur, les disciples furent tout à la joie.

Tout à coup une présence au milieu. Ils ne l’appelaient pas puisqu’ils la craignaient. Le Vivant n’émanait pas du groupe comme une projection consolatrice : il venait. Il devenait « leur milieu ».

Au lieu de déchaîner reproches et courroux, et sans même exiger de pénitence, il dit « shalom ». Ce n’est plus seulement le salut habituel : c’est un don qui montre sa source : les plaies. Ma croix, subie dans l’horreur, je la fais croix sur vos péchés. Ma croix, infligée par les hommes, devient miséricorde pour les hommes. Aussitôt, avec la surprise jaillit un torrent de joie dans leurs cœurs libérés, comme il le leur avait promis lors du dernier soir : « Je vous reverrai, votre cœur alors se réjouira ; et cette joie, nul ne vous la ravira » (16, 3)

Croire à la résurrection, c’est d’abord recevoir le pardon, si nombreux et si lourds soient nos péchés. Le « milieu » de l’Église est le visage souriant de la Miséricorde. La fausse projection, c’était la terreur devant un Dieu vengeur.

Recréation par l’Esprit

Alors à nouveau, Jésus leur dit : « La paix à vous. Comme le Père m’a envoyé, à mon tour je vous envoie ». Ayant ainsi parlé, il souffla sur eux et dit : « Recevez l’Esprit-Saint. Ceux à qui vous remettrez les péchés, ils leur seront remis. Ceux à qui vous les retiendrez, ils leur seront retenus »

Le Ressuscité met fin à tout confinement car il ne crée pas un groupe clos sur lui-même. Anticipant la Pentecôte racontée par Luc, Jean montre le lien immédiat et insécable entre le Jésus pascal et l’Esprit de Dieu. Celui-ci est donné sur le champ par le Ressuscité.

On sait en effet aujourd’hui les tentations de parler de « spiritualité » pour désigner des émotions et des faits miraculeux qui n’ont rien à voir avec la vérité de l’Évangile. C’est bien la foi dans le Christ ressuscité – parce qu’il a été crucifié – qui autorise à croire que l’on vit de l’Esprit. Pratique de la Parole évangélique, croix, résurrection, don de l’Esprit : l’enchaînement révèle qu’il n’y a qu’une mission qui vient du Père, s’accomplit par le Fils pascal et s’épanouit dans l’histoire par l’Esprit. Toute inspiration n’est pas celle de l’Esprit.

Et la mission n’est pas un ordre, une obligation que certains ont à assumer. « Jésus souffle sur eux » : le geste symbolique s’exprime de la même manière que dans le récit de la création au 2ème chapitre de la Genèse (2, 7) et en outre il évoque la célèbre scène du peuple écrasé en exil et comparé à des ossements desséchés sur lesquels Dieu ordonne d’envoyer le souffle : « Souffle sur ces morts et ils vivront…Le souffle entra en eux et il vécurent, ils se tinrent debout…Ainsi parle le Seigneur Dieu : je vais ouvrir vos tombeaux, je vous ferai remonter de vos tombeaux… Alors vous connaîtrez que je suis le Seigneur qui parle et accomplit » (Ez 37, 9 …).

La mission est donc comme un fleuve unique : Père, Fils, apôtres …avec une destination unique : le monde. Elle n’est pas prosélytisme acharné, désir de recrutement, obsession de la perdition, comptabilité des effectifs, comparution devant le bureau de douane (pape François). Elle est offre d’hommes et femmes libres à des hommes et femmes libres. Elle est proposition d’Évangile par des envoyés qui débordent de la joie d’avoir eux-mêmes été pardonnés et qui désirent offrir la même joie aux autres.

Elle est mouvement universel de re-création. Le salut du monde ne sera jamais œuvre d’hommes mais de la puissance récréative de l’Esprit de Miséricorde.

La rage de voir

Rien ne montre mieux la difficulté de la mission que la scène célèbre de Thomas. Absent de la communauté au soir de Pâques, il refuse catégoriquement de croire aux affirmations unanimes de ses collègues. Il veut voir et toucher.

Devant l’échec, une solution : demander à l’incrédule de se joindre à la communauté lorsqu’elle se réunira « huit jours plus tard ». Affirmation la plus forte faite à tous ceux qui doutent : la foi ne naît pas de discussions intellectuelles mais à partir d’une démarche. Demander l’accueil de la communauté le premier jour de la semaine (qui n’est pas le lundi mais le dimanche), jour de la résurrection, donc jour du Seigneur, donc jour de l’assemblée qui rayonne de la joie inaltérable du pardon en partageant la Parole du Seigneur et en rompant son Pain qui donne la Vie éternelle.

Alors, s’il en est ainsi, si l’incrédule découvre non un assemblage de gens recueillis et pieusement moroses, mais des croyants qui manifestement rayonnent de la joie du pardon et sont une communauté ressuscitée par l’Esprit, alors il lui est possible de ne plus chercher à voir les plaies de Jésus mais à voir des croyants dont les plaies du péché sont guéries par l’Esprit.

Et l’admirable, c’est que le plus réticent à croire va être celui qui ira le plus loin dans la foi en confessant le sommet de l’évangile : « Mon Seigneur et mon Dieu ». Accepterons-nous d’être « dépassés » bientôt par ces nouvelles générations sceptiques devant l’Église et qui peut-être vont comprendre que la victoire sur tous les confinements et le don de la joie authentique sont donnés par le Seigneur présent au milieu de ceux qui chantent sa Vie ? Les nouveaux ne nous demanderont pas de retourner en arrière mais de sortir de nos ornières et, avec eux, d’inventer du neuf.

But de l’Évangile

Et voici la conclusion finale de l’évangile de Jean car le chapitre 21 qui suit dans nos éditions est manifestement l’œuvre de disciples de Jean qui l’ont ajouté à son livre. Ces quelques lignes sont très importantes car l’auteur y note sa méthode et son but.

« Il y a encore beaucoup d’autres signes que Jésus a faits en présence des disciples et qui ne sont pas mis par écrit dans ce livre. Ceux-ci y ont été mis par écrit afin que vous croyiez que Jésus est le Messie, le Fils de Dieu, et afin que, en croyant, vous ayez la Vie en son Nom ».

Donc Jean a fait un tri dans les paroles et œuvres de Jésus et il en a choisi quelques-unes en tant que « signes ». Donc l’évangile n’est pas la biographie de Jésus rédigée par un historien mais une rédaction qui « signifie », qui tente d’orienter le lecteur vers la découverte de la personnalité de Jésus et de l’inviter à croire qu’il est bien Messie, Fils de Dieu et donc à lui faire confiance. Ainsi en interprétant les signes, le lecteur pourra croire et il recevra la Vie de Dieu.

Conclusion

Au milieu des disciples le Seigneur diffuse son pardon et sa paix. Et il nous souffle à la rencontre de tous les hommes pour agir comme lui : consoler, soigner, relever, nourrir, révéler le Père, ouvrir les yeux, faire entendre la vérité.

Pandémie, pauvreté grandissante, planète en péril, conflits partout, gaspillage : la tâche est immense. Mais l’Esprit est puissant et nous fait traverser la mort. Heureux ceux qui croient sans avoir vu le Ressuscité et qui le voient encore souffrant sa passion chez les pauvres.

Fr. Raphaël Devillers, dominicain.

Pape François : Partager les vaccins avec les pauvres

Ni « fantôme », ni « mirage », ni « échappatoire », le Christ ressuscité est « espérance » et « réconfort ». En présidant la bénédiction « Urbi et Orbi » – à la ville et au monde – en ce jour de Pâques, 4 avril 2021, le pape François a invoqué la bonne nouvelle de la résurrection pour tous ceux qui souffrent de la pandémie. Il a appelé notamment à accélérer les campagnes de vaccination, « un instrument essentiel pour cette lutte ».

Le Christ ressuscité, a-t-il dit, est espérance « pour les malades et pour ceux qui ont perdu une personne chère » : « Que le Seigneur les réconforte et qu’il soutienne les efforts des médecins et des infirmiers. »

Le pape a également évoqué les jeunes « qui ont été contraints de passer de longues périodes sans aller à l’école ou à l’université ni partager le temps avec leurs amis » : « Nous avons tous besoin de vivre des relations humaines réelles et pas seulement virtuelles, particulièrement à l’âge où se forme le caractère et la personnalité », a-t-il souligné.

Internationalisme des vaccins

Pour sortir de la crise sanitaire, il a souhaité un  “internationalisme des vaccins”, exhortant la Communauté internationale « à un engagement partagé afin de surmonter les retards dans leur distribution et en favoriser le partage, en particulier avec les pays les plus pauvres ».

La pandémie, s’est aussi attristé le pape argentin , « a malheureusement augmenté dramatiquement le nombre de pauvres et le désespoir de milliers de personnes ». Il a souhaité que la résurrection soit « un réconfort pour ceux qui ont perdu leur travail ou traversent de graves difficultés économiques et qui sont privés de protections sociales adéquates ».

« Que le Seigneur inspire l’action des autorités publiques afin qu’à tous, en particulier aux familles les plus nécessiteuses, soient offertes les aides nécessaires à une subsistance suffisante », a-t-il ajouté.

Marche pour le climat

La loi Climat du gouvernement n’est pas à la hauteur. C’est ce qu’ont clamé les manifestants du dimanche 28 mars dans toute la France. 110 000 personnes (selon les organisateurs, 44 000 selon la police) ont répondu à l’appel de nombreuses associations comme Alternatiba, Greenpeace, Oxfam France et ATD-Quart monde.

Des « cortèges de croyants »

Du côté des chrétiens, certaines organisations catholiques et protestantes avaient bien l’intention de se montrer solidaires de ce mouvement. Ainsi, les Chrétiens unis pour la Terre (CUT), la Mission populaire évangélique, le Mouvement du christianisme social, la Fédération protestante de France, le CCFD-Terre solidaire, le Ceras, le Réseau Foi & Justice Afrique Europe et les Éclaireuses et Éclaireurs Unionistes de France ont appelé conjointement à constituer un « cortège des croyants ». Un petit groupe d’une trentaine de personnes a ainsi répondu à l’appel à Paris. D’autres groupes d’une dizaine de personnes se sont formés à Valence, Nîmes, Strasbourg, Nice et Rennes.

Coïncidence : le jour de la manifestation correspondait au dimanche des Rameaux. Pour marquer le coup, les chrétiens étaient invités à venir marcher avec leurs rameaux bénis. « Les rameaux sont un signe de la gloire de Dieu, explique Priscille de Poncins, C’est un symbole d’espoir. Si tous les hommes de bonne volonté s’unissent, on peut changer la donne. Cela signifie aussi que c’est l’ensemble de la Création qui doit être sauvé, et pas simplement les humains. »

Thibault, 28 ans, poursuit le parallèle entre la commémoration de la Passion et le combat politique pour l’écologie : « Cette crise qui nous touche est la mort de la société actuelle. Nous espérons, avec le Christ, faire advenir une nouvelle société, plus sobre et plus heureuse ». 

Un signe pour les politiques

Les Rameaux, c’est aussi le signe de la foule, fait remarquer Alexia, elle voit dans cette marche pour le climat « l’occasion de s’unir entre chrétiens sur des valeurs communes que nous ne mettons pas assez au centre de nos vies ».

Mais au-delà du symbole spirituel, le cortège des croyants a un sens plus politique. C’est la conviction de Laura Morosini :« C’est d’abord un signe pour les autres croyants, pour leur montrer qu’ils ont une place dans ces manifestations. C’est aussi un signe pour les politiques : pour qu’ils sentent que les croyants ne se mobilisent pas que « pour la boutique », pour leur demander de réparer les églises, pour manifester sur la bioéthique ou pour les écoles catholiques. Enfin, c’est un signe pour le monde militant. Parmi eux, beaucoup finissent par se décourager et laisser tomber le militantisme…

« J’assume la référence à Laudato si’ »

L’ancienne ministre de l’écologie Delphine Batho, aujourd’hui député des Deux-Sèvres, reconnaît le rôle que peuvent jouer les chrétiens. N’a-t-elle pas intitulé son manifeste politique « Écologie intégrale » en 2019 ? « J’assume la référence à Laudato si’ », confie-t-elle en marchant, reconnaissant dans le texte du pape « une des contributions les plus importantes et les plus profondes à la réflexion sur le lien entre la destruction de la nature et les inégalités sociales ».

Elle ajoute : « Moi qui suis athée, j’assume totalement la dimension spirituelle de la transformation écologique : l’humilité, le refus du sur-consumérisme, l’importance donnée aux valeurs morales par rapport à la possession des choses. »

Une voie étroite

Le fondateur de « Coexister » S. Grzybowski, qui a rendu visite au pape quelques jours plus tôt le confirme : « Beaucoup de croyants sont engagés sur ces questions mais ils ne le font pas de façon « identitaire », ils sont disséminés un peu partout. Sur la question écologique, je ne vois pas l’intérêt de participer à un cortège des croyants. En revanche, cela a du sens de se structurer au sein de nos communautés pour les faire bifurquer vers l’écologie. »

Action locale et réflexion intellectuelle

Laura Morosini et les Chrétiens unis pour la Terre semblent se contenter de leur rôle : être présent dans les cortèges. « On est convaincu que même à 10, avec une banderole ou des gilets, c’est très utile. »

Le renfort d’une prise de parole officielle des Églises, notamment des évêques, serait une bonne ressource pour la cause. « Il faut que les Eglises prennent la parole, estime Laura Morosini. Le pape ne peut pas faire tout le boulot ! On a dix ans pour changer. »

Par Sixtine Chartier
Publié le 30/03/2021 dans LA VIE (extraits)