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LA FORCE DE LA PRIERE


29ème dimanche ordinaire – Année C – 20 octobre 2019
Évangile de Luc 18, 1-8

29ème dimanche ordinaire – Année C – 20 octobre 2019 – Évangile de Luc 18, 1-8

PAPE FRANCOIS : PRIER SANS NOUS DECOURAGER


« …Jésus nous exhorte à prier « sans se décourager ». Nous traversons tous des moments de fatigue et de découragement, en particulier quand notre prière semble inefficace. Mais Jésus nous l’assure : à la différence du juge malhonnête, Dieu exauce rapidement ses enfants, même si cela ne signifie pas qu’il le fasse au moment ni de la manière que nous souhaiterions.

La prière n’est pas une baguette magique ! Elle aide à garder la foi en Dieu, à nous en remettre à lui, même quand nous ne comprenons pas sa volonté. Jésus lui-même en est un bon exemple, lui qui priait tant !

A Gethsémani, assailli par l’angoisse, Jésus prie son Père de lui épargner l’amer calice de la passion, mais sa prière est empreinte de confiance envers lui et d’un abandon sans réserve à sa volonté : « Cependant non pas comme moi, je veux, mais comme toi, tu veux » (Mt 26, 39). L’objet de sa prière passe au second plan ; ce qui importe avant tout, c’est la relation avec le Père. C’est bien ce que fait la prière : elle transforme le désir et le rend conforme à la volonté de Dieu, quelle qu’elle soit, car celui qui prie aspire avant tout à l’union avec Dieu, lui qui est amour miséricordieux.

La parabole se termine par une question : « Cependant, le Fils de l’homme, quand il viendra, trouvera-t-il la foi sur la terre ? ». Et par cette question, nous sommes tous mis en garde : nous ne devons pas renoncer à la prière, même si elle n’est pas payée en retour. C’est la prière qui entretient notre foi, sans elle la foi vacille ! Demandons au Seigneur une foi qui se fasse prière incessante, persévérante, comme celle de la veuve de la parabole, une prière qui se nourrit du désir de sa venue. Et que dans la prière, nous vivions la compassion de Dieu, qui, tel un Père, vient au-devant de ses enfants plein d’amour miséricordieux.

ÉVANGILE DE LUC 18, 1-8

LA FORCE DE LA PRIERE

Chacun des évangélistes raconte la vie de Jésus à sa façon, en mettant en évidence tel ou tel trait qui lui paraît important. C’est ainsi que Luc est considéré comme l’évangéliste de la prière dont il parle très souvent dans les deux tomes de son œuvre : « son Evangile » et « Les Actes des Apôtres ». Profitons-en aujourd’hui pour en rappeler les lignes essentielles.


1. LA VENUE DE JESUS SUSCITE UN JAILLISSEMENT DE PRIERE JOYEUSE

Son Evangile commence par une grande scène de prière : le prêtre Zacharie, dans le temple, célèbre la liturgie de l’encens (toujours symbole de prière qui monte vers Dieu) et « toute la multitude du peuple est en prière en-dehors » (1, 10). C’est alors que l’ange Gabriel lui annonce que sa prière est exaucée et qu’il aura un garçon qui sera Jean-Baptiste (1, 14).

Peu après le même Gabriel rejoint Marie dans son pauvre village de Nazareth. Dans le dialogue de la prière, Marie accepte la Bonne Nouvelle : « Je viens servir : que la Parole de Dieu s’accomplisse (1, 38). Sans tarder, elle s’en va apporter la nouvelle à Elisabeth et chante sa reconnaissance dans l’hymne du Magnificat (1, 46).

Peu après l’épouse de Zacharie enfante Jean et le père, ravi, entame le cantique du Benedictus (1, 68).

Marie, à son tour, accouche de Jésus : les petits bergers en sont prévenus par les Anges qui exultent en lançant le « Gloire à Dieu» (2, 14). Emerveillés par le nouveau-né, les bergers « chantent la gloire et les louanges de Dieu » (2, 20).

Lorsque les parents viennent présenter l’enfant au temple, les anciens, Syméon et Anne, bénissent et célèbrent Dieu ( 2, 22-38)

Ainsi tout ce prologue, l’évangile de l’enfance, retentit de louanges et de bénédictions : c’est vraiment l’arrivée de la Bonne nouvelle, l’éclosion de l’espérance, le chant de reconnaissance pour la libération.
Accueillir le Sauveur qui, sans mérites, vient nous pardonner et nous unir dans son amour doit susciter une communauté joyeuse, toute heureuse de chanter sa reconnaissance. Tirer la tête parce qu’on doit remplir l’obligation d’aller à la messe, ça n’a pas de sens.


2. TOUTE LA VIE DE JESUS EST PORTEE PAR LA PRIERE

Jésus, devenu homme, se rend près de Jean-Baptiste et Luc est le seul à raconter l’événement comme ceci : « Jésus, baptisé lui aussi, priait » (3, 21). Il ne se soumet pas à un rite mécanique: très conscient, il se soumet à son Père qui l’interpelle : « Tu es mon Fils ». Sa vocation naît dans sa prière.

Je vous invite à poursuivre la lecture et à noter le nombre de fois où Luc mentionne que Jésus priait, ce qui est beaucoup plus fréquent que chez ses trois collègues.

Et il terminera son livre sur la prière : ressuscité, Jésus conduit ses apôtres sur le mont des Oliviers et il les quitte « en les bénissant » et, en réponse, les hommes « bénissent », louent Dieu dans le temple (24, 50-53)

Ainsi tout l’évangile de Luc est encadré par la prière et montre Jésus en perpétuelle liaison avec son Père, attentif à l’écouter, à le bénir afin d’accomplir fidèlement sa volonté à travers tous les événements de sa vie.

Nous, de même, c’est dans la prière que nous resterons attentifs à réaliser en tout la volonté du Père.


3. JESUS DONNE UNE LECON DE PRIERE À SES DISCIPLES

Au chapitre 11, Jésus donne une leçon de prière aux disciples. Elle se résume en 4 points :
  • Il leur apprend une prière brève qui sera caractéristique de leur groupe : la merveille du PATER.
  • Une parabole nous presse d’intercéder sans nous lasser afin de nourrir un ami survenu en pleine nuit.
  • La certitude de l’exaucement : « Demandez : on vous donnera ! Cherchez, vous trouverez…A qui frappe on ouvrira »
  • Cela ne signifie pas que l’on peut tout demander. Un père refuse de donner à son enfant quelque chose qui lui ferait du tort. De même le Père du ciel ne donne rien de nocif : « il donnera le Saint-Esprit à ceux qui le lui demandent ».
Il y a deux merveilles : la PAROLE, résumée dans le Notre Père et qui donne la Lumière – et le PAIN EUCHARISTIQUE qui donne la Vie. Gare à la routine, au rabâchage, à la dévaluation. Prière et Pain se dégustent, se ruminent. Dieu ne cède pas aux gamins gâtés : son grand cadeau est celui de l’Esprit de Dieu.


4. 2ème LECON

Au chapitre 18, vers la fin de son long voyage vers Jérusalem, Jésus ajoute une nouvelle leçon aux disciples qui le suivent : elle consiste en deux paraboles qui sont lues aujourd’hui et dimanche prochain. Luc les introduit pour préciser la raison pour laquelle Jésus les raconte à ce moment.


4/1 : PARABOLE DE LA VEUVE TENACE : CONTRE LE DECOURAGEMENT


« Jésus leur dit une parabole sur la nécessité pour eux de prier constamment et de ne pas se décourager ».


« Toujours prier » et « Ne pas se décourager » sont des expressions caractéristique de Paul, dont on sait que Luc a été un fervent disciple et collaborateur. (Phil 1, 4 ; Rom 1, 10 ; 2 Cor 4, 1 ; Gal 6, 9…).

Il y avait dans une ville un juge sans foi et sans respect des hommes. Une veuve venait sans cesse le supplier : « Rends-moi justice contre mon adversaire ». Longtemps il s’y refusa.
Mais un jour, il finit pas céder : « Je ne crains pas Dieu et n’ai aucun respect des hommes mais puisque cette veuve m’ennuie, je vais lui rendre justice pour qu’elle ne vienne plus sans fin me casser la tête »


La plus pauvre des femmes : veuve seule, sans enfants ni parents qui pourraient intervenir en sa faveur, sans relations qui pourraient faire pression sur le juge. Totalement démunie, elle ne se bat pas pour des détails : elle a absolument besoin du bien qu’elle revendique. Pour elle c’est une question de vie. Or elle se heurte à un mur !

Et cependant elle va l’emporter. Quelle est sa force, sa puissance ? Uniquement sa ténacité, son acharnement, sa volonté sans faille, inébranlable. Finalement ses plaintes vont parvenir à fendre l’armure réputée inaltérable.

Et Jésus en tire la leçon :

« Ecoutez tout ce que dit ce juge sans justice. Et Dieu ne ferait pas justice à ses élus qui crient vers lui jour et nuit ? Et il les fait attendre ?...Je vous le déclare : il leur fera justice bien vite ! »


Si un juge à la conscience blindée et méchant comme une teigne finit quand même par céder devant les démarches incessantes d’une pauvre vieille, a fortiori Dieu qui est la Justice même et qui aime les hommes et notamment les pauvres, va écouter les disciples malheureux qui souffrent violence et persécution.

Certes ceux-ci se demandent souvent et longuement pourquoi Dieu les laisse dans cet état, ils s’angoissent devant son silence jusqu’à se demander s’il existe vraiment. Jésus les assure que Dieu prête l’oreille à leurs cris. Il ne donne pas les raisons de son retard ni « pourquoi il les fait attendre ». Mais il leur promet son intervention certaine : « Il leur fera justice bien vite ».

Mais en pensant à cette terrifiante épreuve, à ces cris interminables de disciples plongés dans l’enfer de la souffrance sous un ciel qui paraît vide et silencieux, Jésus ne peut s’empêcher d’évoquer une tragique éventualité.

LA FOI VA-T-ELLE TENIR ?


« Mais le Fils de l’homme, quand il viendra, trouvera-t-il la foi sur la terre ? »


Croire en Jésus, lui faire confiance, devenir son disciple engage à vivre sur un chemin ardu. Comme il l’a ordonné, il va falloir renoncer à soi-même, à toute cupidité, à toute violence porter sa croix, cesser de servir l’argent, pardonner sans arrêt, soutenir les pauvres, subir des avanies, faire communauté avec les autres disciples, demeurer en éveil.

Comme vient de dire la parabole, on pourra même, comme la veuve, être victime d’injustice, tomber dans le gouffre de la souffrance et crier toute sa souffrance sans que Dieu intervienne sur le champ. Devant ces épreuves, dans le silence de Dieu, les chrétiens ne vont-ils pas perdre la foi ?

Jésus est sûr, lui, qu’il va aller jusqu’au bout et qu’il reviendra comme Fils de l’homme chargé du jugement définitif.

Mais serait-il possible que l’humanité tombe dans l’apostasie générale, que son œuvre ait échoué, qu’il ait vécu l’épouvantable souffrance de la croix pour rien ?

Éventualité folle. Mais qui nous rappelle pour finir que tout n’est pas acquis d’avance, que l’on n’est pas installé dans la foi, qu’il faut toujours veiller, faire confiance et prier sans relâche.

Frère Raphaël Devillers, dominicain

Ce que je demande au Seigneur n’arrive jamais…

Ce que je demande au Seigneur n’arrive jamais…

La prière de demande soulève beaucoup de questions. Il faut reconnaître qu’elle est parfois mal comprise. On peut sourire de la grand-mère qui prie pour que son petit-fils réussisse ses examens, alors qu’il n’a pas travaillé de toute l’année. On peut s’inquiéter quand des gens prient pour gagner au Loto. On est là dans un univers magique, qui n’a rien à voir avec l’Évangile.
On le dit souvent : Dieu n’est pas un distributeur automatique. Il n’est pas chargé de suppléer à notre incompétence ou à notre paresse. Il ne viendra certainement pas à la rescousse de nos lubies ou de nos passions. Ce serait l’inversion païenne du Notre Père : « Que notre volonté soit faite, que notre règne vienne, que notre nous soit Dieu ». Nos demandes sont bien ambiguës. Faut-il les supprimer ? Bien sûr que non !

« Votre Père sait de quoi vous avez besoin »

La Bible est remplie d’appels et de supplications. C’est l’exhortation de saint Paul : « J’encourage, avant tout, à faire des demandes, des prières, des intercessions et des actions de grâce pour tous les hommes » (1Tim 2, 1). Jésus Lui-même a des intentions de prière : pour que la foi de Simon Pierre ne sombre pas, pour que Lazare ressuscite, pour que ses disciples soient gardés dans l’unité et protégés du Mal… Par des paraboles et par des encouragements, Il enseigne qu’il faut prier sans se lasser. « Ce que vous demanderez au Père en mon nom, il vous le donnera » (Jn 16, 23).

Si les pères de la terre sont capables de donner de bonnes choses à leurs enfants, à plus forte raison, à ceux qui Le prient, le Père du Ciel donnera de « bonnes choses », et la plus précieuse de toutes, « l’Esprit saint ». Mais l’Esprit saint n’exclut pas le reste.

Dieu s’intéresse-t-Il aux détails de nos vies et à nos soucis ? Il faut répondre oui sans hésiter. C’est un Père, pas un Principe abstrait. Agit-Il à ce niveau pratique ? Oui, on peut l’affirmer. Mais comment agit-Il ? Très rarement par des miracles, c’est-à-dire une intervention directe — mais cela peut arriver ! Habituellement en inclinant de l’intérieur, avec la force et la douceur de l’Esprit saint, les causes secondes, en particulier nos libertés. Mais souvent aussi en permettant ces heureuses rencontres et ces étonnantes coïncidences que le païen attribue au hasard, et où nous reconnaissons la Providence.

Mais, dira-t-on, pourquoi demander ?

La prière serait-elle une information, pour mettre Dieu au courant de nos besoins ? Non, « car votre Père sait de quoi vous avez besoin, avant même que vous l’ayez demandé » (Mt 6, 8). La prière serait-elle alors une sorte de pression exercée sur Dieu, pour Lui arracher une grâce ? Non ! Dans la prière de demande, ce n’est pas Dieu qui change, c’est nous. C’est pourquoi il faut persévérer. Ce n’est pas Dieu qui est sourd, c’est notre prière qui n’est pas encore assez profonde, pure, forte, humble. La supplication ouvre notre cœur, elle ouvre en nous et en ce monde des passages à la grâce.

Dieu pourrait faire tout tout seul, Il préfère agir avec nous, à travers nous, et en particulier à travers notre prière.

Père Alain Bandelier
In ALETEIA 11 10 2019

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