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21ème dimanche ordinaire – Année C – 25 août 2019
Évangile de Luc 13, 22-30

IRONS-NOUS TOUS AU PARADIS ?

21ème dimanche ordinaire – Année C – 25 août 2019 – Évangile de Luc 13, 22-30

LE ROYAUME COMME UN FESTIN


Le Seigneur va donner un festin pour tous les peuples,
Un festin de viandes grasses et de vins vieux,
De viandes grasses succulentes et de vins vieux décantés.
Il fera disparaître sur cette montagne
Le voile tendu sur tous les peuples,
L’enduit plaqué sur toutes les nations.
Il fera disparaître la mort pour toujours.
Il essuiera les larmes sur tous les visages
Et dans tout le pays il enlèvera la honte de son peuple. (Isaïe 25, 6)

Je viens pour rassembler toutes les nations,
Elles viendront et verront ma gloire.
Je mettrai au milieu d’elles un Signe. (Isaïe 66, 18)

ÉVANGILE DE LUC 13, 22-30

IRONS-NOUS TOUS AU PARADIS ?


Aujourd’hui nos assemblées vont tout de suite tressaillir en entendant la célèbre question qu’un homme a lancée un jour à Jésus et qui nous taraude encore aujourd’hui :

« Seigneur, n’y aura-t-il que peu de gens à être sauvés ? »


Dans nos souvenirs d’école rôde encore la terrible expression de saint Augustin (fête ce 28 août) qui dénonçait la « massa damnata » : des multitudes innombrables d’êtres humains sont condamnées par Dieu et vouées au châtiment éternel. Et nous avons tous frémi devant les terrifiantes représentations du Jugement dernier chez les peintres de la fin du Moyen-Age.

Heureusement les variétés modernes nous rassérènent et nous fredonnons, tranquilles, le refrain bien connu d’un chanteur qui ne manquait pas de lunettes :

« Nous irons tous au paradis,
tout’s les bonnes sœurs et tous les voleurs,
tout’s les brebis et tous les bandits,
on ira tous au paradis , même moi… »

Alors qui a raison, le théologien ou le chanteur, Tintin ou Michel ? En tout cas, à cette question, Jésus, lui, refuse de répondre. Et à la place, il nous interpelle :

Efforcez-vous d’entrer par la porte étroite, car beaucoup chercheront à entrer et ne le pourront pas.


Donc plutôt que de spéculer sur les statistiques des damnés, le Seigneur nous exhorte à lutter, à faire des efforts. Car devant nous il y a une entrée et elle n’est pas automatique. De même que l’embryon a dû souffrir pour passer le goulot étroit et venir en ce monde, ainsi, devenu adulte, doit-il mener un combat incessant contre son égoïsme, son orgueil, sa rage d’assouvir tous ses besoins à son profit. Il doit cesser d’être un bébé qui se croit le roi de la maison, le centre du monde et comprendre que la vie humaine consiste à aimer, donc à servir, à partager, à pardonner, à faire la justice et la paix. Ce passage étroit dans le Royaume du Père où tous sont fils dans une union fraternelle n’est pas ascèse gratuite ni torture mais naissance à l’humanité véritable.

Tous les hommes désirent entrer dans cet état de bonheur et de plénitude mais ils n’y parviennent pas tous parce qu’ils refusent de fixer des limites à leur égocentrisme


CONVERSION URGENTE

Renoncer à des plaisirs même légitimes, mettre un frein à ses envies, convertir l’amour de soi en amour pour Dieu et les autres : nous en admettons peut-être la grandeur et nous entendons la voix du Seigneur qui nous y invite. Mais notre tentation permanente est de remettre à plus tard notre décision. Nos ornières sont tellement profondes que nous y sommes englués et nos bonnes résolutions sont toujours retranscrites dans l’agenda de l’année suivante.
Le Seigneur nous avertit :

Quand le maître aura fermé la porte, si vous, dehors, vous frappez à la porte en disant : « Seigneur, ouvre-nous ! », il vous répondra : « Je ne vous connais pas ». Alors vous direz : « Nous avons mangé et bu avec toi, tu as enseigné chez nous ». Il vous répondra : « Eloignez-vous de moi car vous faites le mal ».


Donc non seulement la porte du Royaume est étroite mais en outre, à un moment, elle sera fermée par le Maître.

Et ne restera que l’effrayant et mystérieux « dehors ». Qu’est-ce à dire ? Un vide. Pas de diables fourchus ni de fournaise de soufre. Mais, pire sans doute, la fixation dans un échec irrémédiable. « J’aurais dû, j’aurais pu…Si c’était à refaire… ». L’image terrifiante du dehors indique le pire : la mort de l’espérance.

Le drame, c’est que ces exclus –Juifs d’alors ou chrétiens d’aujourd’hui - ont eu l’occasion de connaître Jésus, ils ont entretenu avec lui des relations familières, ils ont écouté et apprécié ses enseignements. Mais hélas, cette croyance est demeurée stérile, même les repas eucharistiques et les prédications n’ont pas changé la vie. Et ils ont continué à « faire le mal ».

La porte fermée n’est pas une décision arbitraire du Seigneur ni la somme dérisoire de nos peccadilles mais la décision de faire le mal tout en refusant le pardon.

Tous les prophètes et les évangiles le martèlent : la foi n’est pas connaissance théorique, croyance vague, pratique rituelle mais obéissance, engagement concret. Son test est l’acte. Entrer dans l’Evangile, c’est entrer dans « l’âge du faire ».


EVANGILE DU BANQUET UNIVERSEL


« Il y aura pleurs et grincements de dents quand vous verrez les Patriarches et les Prophètes dans le Royaume de Dieu et que vous serez dehors.
Et on viendra de l’orient et de l’occident, du nord et du midi, prendre place au festin dans le Royaume de Dieu. Oui il y aura des derniers qui seront premiers, et des premiers qui seront derniers ».


S’adressant à des Juifs, Jésus les met en garde contre une assurance religieuse trop facile. Avoir eu le privilège d’être parmi les premiers appelés, membres du peuple élu, ne garantit pas le salut : si les grands Saints de jadis en Israël sont entrés dans le Royaume, leurs descendants ne les suivent pas d’office. Eux aussi doivent faire effort et mettre en pratique les enseignements de Jésus comme Seigneur.

Et par ailleurs, des païens de toutes les nations du monde vont, au cours de l’histoire, entendre la proclamation de la Bonne Nouvelle, ils se convertiront à Jésus et agiront comme il l’a enseigné. L’appel de la mission retentit de plus en plus loin, la réponse est toujours libre et personnelle, et le Royaume devient universel.

Et pour évoquer ce qu’est ce mystérieux Royaume, Jésus reprend une image employée par les Prophètes : le festin.

Que sera l’accomplissement du projet de Dieu, la réalisation de l’Alliance ? Ce sera comme un grand banquet où, sans distinction de classes, tous vêtus de blanc, on se délecte de goûter des mets délicieux, où les grands crus remplissent de joie, où l’on veille à partager entre convives, où l’on dialogue, où l’on rit ensemble. Il n’y a plus des repus et des affamés, des renfrognés et des jaloux. Ensemble on rend grâce à Dieu et on chante ses merveilles au son de la musique.

Le festin : ce grand acte d’humanité où communient Dieu, les hommes et la nature constitue un reflet lointain mais réel de ce que Jésus appelle le Royaume du Père. Et l’Eucharistie du dimanche devrait en être une représentation où l’allégresse partagée nous unit dans un amour sans frontières.


JESUS CIRCULE ET ENSEIGNE

Pour finir, il importe de revenir à la première phrase du texte lu ce jour :

Dans sa marche vers Jérusalem, Jésus passait par les villes et les villages en enseignant.


Luc nous l’a dit : en montant à Jérusalem pour appeler les autorités du temple à la conversion, Jésus sait ce qui l’attend. On va lui fermer le chemin de la vie mais, par la clef de la croix, il ouvrira la porte étroite et renaîtra à la Vie éternelle avec son Père.

Le bon larron pourra entrer au paradis, le fils prodigue pourra se jeter dans les bras de son Père fou de joie de le retrouver, Marie-Madeleine sera purifiée de toutes ses fautes, les apôtres renégats verront les plaies et seront remplis de la paix messianique, Paul le persécuteur voudra dire au monde entier qu’il a été pardonné.

Si la croix du Golgotha est le don suprême de l’amour, ne peut-on espérer que la porte du Royaume ne soit demeurée quand même, un peu, entrouverte et que tous puissent entrer – même moi ?
Mais n’est-ce pas là contredire ce que Jésus nous enseigne aujourd’hui ?
Il n’y a qu’une réponse : « Efforcez-vous d’entrer ». Et dans ce vous, il y a d’abord moi.

Frère Raphaël Devillers, dominicain

« Comment supporterais-je, Seigneur, qu’un seul de ceux que tu as faits comme moi à ton image et à ta ressemblance, aille se perdre et s’échappe de tes mains ?
Non, en aucun cas, je ne veux qu’un seul de mes frères se perde, un seul de ceux qui me sont unis par une identique naissance pour la nature et pour la grâce »

SAINTE CATHERINE DE SIENNE
IL N’Y A QUE LES PAROISSES MISSIONNAIRES QUI SURVIVRONT,  LES AUTRES VONT S’EFFONDRER
Canadien d'origine écossaise, le père James Mallon est l'auteur du fameux « Manuel de survie pour les paroisses ». Dans son nouveau livre, « Réveillez votre paroisse » (Artège), cet apôtre de l'évangélisation insiste sur la nécessité de s'appuyer sur des leaders. Alors qu'il donne ce week-end une formation à Paris devant 700 personnes, Aleteia l'a rencontré.

IL N’Y A QUE LES PAROISSES MISSIONNAIRES QUI SURVIVRONT, LES AUTRES VONT S’EFFONDRER

propos recueillis par Domitille Farret d'Astiès, le 6 avril 2019



Aleteia : Pensez-vous que nos paroisses soient vraiment en danger ?

Père James Mallon : Absolument. Nos paroisses existent encore sur un modèle chrétien ancien. Aujourd’hui, elles ne vivent pas du tout leur identité missionnaire. Elles attendent que les gens viennent à elles. Or, un missionnaire va dehors, il dépasse les obstacles culturels. La plupart des paroisses ne font pas cela et s’attendent à ce que l’on vienne à elles. C’est exactement le contraire.

En raison de changements profonds dans notre culture, dans une génération, il n’y aura plus que les paroisses missionnaires qui survivront. Les autres s’effondreront. Si nous n’allons pas vers les gens, l’Église mourra. Seules les paroisses missionnaires ne tomberont pas.

Une communauté qui prie, c’est d’une importance fondamentale mais ce n’est pas suffisant en tant que tel. La prière doit conduire à l’action. L’action sans la prière ne fonctionnera pas mieux. Les deux sont nécessaires.



Quelles sont les clefs du changement ?


J’en vois trois. La première, c’est de donner la priorité à l’évangélisation car c’est elle qui change les cœurs. L’Église publie des recommandations sur ce sujet, elle en parle volontiers, elle fait de la théologie. Mais il ne se passe finalement rien de bien concret. Nous prions, nous célébrons les sacrements, mais nous ne savons pas vraiment comment mobiliser.

La deuxième clef, c’est la question du leadership. Il est nécessaire de passer de la maintenance à la mission. La « maintenance », c’est lorsque l’on ne s’occupe que des paroissiens. Déplaçons le focus vers ceux qui ne sont pas paroissiens, vers l’extérieur. Ce mouvement doit être conduit par des leaders, que ce soient des prêtres ou des laïcs engagés dans des équipes pastorales…Ces leaders, il faut qu’ils soient serviteurs. Aujourd’hui, il faut complètement renouveler nos modèles et développer la co-responsabilité.

Le cœur d’un leader, ce n’est pas d’être une figure forte qui a des suiveurs, mais d’être quelqu’un qui fait se lever d’autres leaders. C’est ce que dit Paul à Timothée dans sa deuxième lettre : « Ce que tu m’as entendu dire en présence de nombreux témoins, confie-le à des hommes dignes de foi qui seront capables de l’enseigner aux autres, à leur tour » (2 Tm, 2, 2).

Il est important de mobiliser toute la paroisse et de permettre aux paroissiens d’entrer dans une vision qui les inspire.

Enfin, la troisième clef, c’est la puissance de l’Esprit saint. C’est un point qui énerve souvent les catholiques. Pourtant, il est absolument indispensable. Avant la Pentecôte, les disciples avaient peur, ils restaient au Cénacle, repliés vers l’intérieur. Quand le Saint-Esprit est venu, ils ont ouvert les portes et ils ont proclamé. C’est une loi spirituelle. L’Église est conduite par le Saint-Esprit à sortir. Actuellement, on ne va pas dehors, on reste trop au cénacle.



Pourtant, il existe bien des mouvements missionnaires comme le Congrès Mission, Anuncio et d’autres ?


Bien sûr, mais ce que l’on voit dans ces mouvements d’Église est trop peu présent dans nos paroisses. Ce n’est pas suffisant.

Il faut du leadership pour déplacer la parole vers la mission, pour demander aux paroissiens d’aller dans des territoires nouveaux. Quand on est confortablement installé dans ses activités paroissiales, on ne sent pas que l’on a besoin de l’aide de l’Esprit saint. Mais quand on est dans une zone que l’on ne connaît pas, on le ressent bien plus.

Beaucoup de personnes recherchent une expérience de Dieu. Or, souvent, dans l’Église, on est suspicieux par rapport à cette recherche d’expérience spirituelle. On se réclame plutôt de la vérité. Pourtant, les gens qui font une expérience spirituelle seront conduits à la vérité. C’est l’expérience de l’amour de Dieu, de l’œuvre de l’Esprit saint, qui les mettra en route.



Réveillez votre paroisse : formez des responsables et évangélisez avec le parcours Alpha,
par le père James Mallon.
Éditions Artège, avril 2019.

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