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Fête du Corps et du Sang du Christ – Année B – 6 juin 2021

Évangile de Marc 14, 12 - 26

Célébration et Adoration

Fête du Corps et du Sang du Christ - Année B – 6 juin 2021 – Évangile de Marc 14, 12 - 26

Charles de Foucauld : l’Adoration Eucharistique


" L'action de grâce doit tenir une très grande place dans nos prières, car la bonté de Dieu précède tous nos actes; elle environne tous les instants de notre vie. Quand nous sommes devant le Saint-Sacrement surtout, que notre premier mot soit toujours : «Merci, merci d'être à vos pieds ! Que je suis heureux.."

Aimons à prier prosternés, à genoux, dans les postures les plus pénitentes, les plus humbles, les plus suppliantes : ce sont, de toutes les manières, celles qui nous conviennent le mieux, et ce sont aussi les plus douces, pour nous, car ce sont les plus amoureuses."

"Vous êtes, mon Seigneur Jésus, dans la Sainte Eucharistie, vous êtes là, à un mètre de moi ! Votre corps, votre âme, votre humanité, votre divinité, votre être tout entier est là, dans sa double nature. Que vous êtes près, mon Dieu, mon Sauveur, mon Jésus, mon Frère, mon Époux, mon Bien-aimé..."

"La foi me manque si souvent pour deux causes : parce que je me regarde trop et je ne regarde pas assez Dieu; j'ai les yeux sur mon indignité au lieu de les avoir sur Sa bonté, sur Son amour, sur Son Cœur ouvert pour moi...

Notre Seigneur nous apprend à prier : il faut d'abord demander à Dieu ce que nous désirons, avec la simplicité de l'enfant qui parle à son père, et après cela, ajouter : "Cependant non ma volonté mais la Vôtre".

Ce lundi 3 mai, le Pape François a validé officiellement sept causes de canonisation
dont celle de Charles de Foucauld. La date de la cérémonie n’a pas été précisée.

Évangile de Marc 14, 12 - 26

Célébration et Adoration


Sur la colline qui s’élève en face de notre couvent de Liège se dresse la Collégiale St Martin où Sœur Julienne, augustinienne du mont Cornillon, inspirée, disait-elle, par une révélation, obtint, en 1246, l’instauration d’une nouvelle fête en l’honneur de l’Eucharistie, bientôt appelée « la Fête-Dieu ». Le pape Urbain IV en étendit la célébration à l’Église universelle en 1264.

Le besoin populaire de « voir » et d’adorer l’Hostie consacrée, qui avait débuté très tôt, avec le rite de l’élévation qui suit la consécration, se développa dès lors de façon très spectaculaire. De même que l’on avait inventé des processions où l’on transportait des reliquaires avec les restes des martyrs, on inventa de même des processions du Saint-Sacrement. D’abord réservées au jour de la Fête-Dieu, elles furent organisées aussi aux grandes solennités et aux fêtes paroissiales.

Une grande Hostie consacrée, sous deux verres transparents, était exhibée à travers la ville, entourée d’un grand concours de prélats, de prêtres, de religieuses, de personnalités politiques et le peuple en liesse chantait des cantiques dont le fameux « Tantum ergo » reste le plus célèbre. Les « ostensoirs » connurent un développement considérable avec des ornements d’argent, d’or, de pierres précieuses et prirent souvent la forme du soleil. Puis on organisa des « Expositions du Saint-Sacrement » dans les églises.

Avec la Réforme de Luther, les « protestants » contestent la conception de la présence réelle : cela provoque les « catholiques » à défendre le réalisme eucharistique en multipliant les professions de foi en la Présence permanente du Christ. Le 17ème siècle sera appelé « le siècle de l’exposition fréquente » tant on y célèbre des « Adorations perpétuelles » et « Adorations réparatrices ». On en viendra même parfois à célébrer la messe devant le Saint Sacrement exposé dans un grand ostensoir au milieu de l’autel – « top-messe » que l’Église finira par interdire.

Création de chefs-d’œuvre musicaux et d’œuvres d’art, d’artisanat et de vêtements liturgiques prestigieux : les effets de la dévotion en l’Eucharistie ne s’arrêtent pas là. Toutes ces pratiques ont en effet soutenu la foi du peuple et encouragé ses manifestations communautaires. Surtout elles ont incité les fidèles à la prière, à l’adoration prolongée, à l’action de grâces. Combien de Saints et de Saintes, jusqu’au père de Foucauld et mère Térésa, ont été fidèles à demeurer en prière, des heures et des heures, devant le tabernacle, et ils ont souligné les immenses bienfaits spirituels qu’ils en retiraient.

Mais que voulait Jésus lors de son ultime repas ?

Jésus monté à Jérusalem voit que, de jour en jour, l’étau se referme sur lui: les autorités sont décidées à le mettre à mort. Vient le jour où l’on immole un agneau que chaque maison consommera le soir au cours d’un long et joyeux repas où l’on fera mémoire de la fin de l’esclavage et de la sortie des Hébreux d’Égypte. Un disciple anonyme a préparé chez lui une pièce à l’étage où tout est prêt pour le repas.

Jésus et les siens suivent le rituel prévu, chantent des psaumes, commentent ensemble les péripéties de la première Pâque en Égypte, rendent grâce à Dieu qui a promis de toujours libérer son peuple et de lui envoyer un messie. Mais, au lieu de la consommation de l’agneau préparé – dont la présence n’est même pas mentionnée -, Marc raconte l’initiative tout à fait déconcertante de Jésus :
Pendant le repas, Jésus prit le pain, prononça l’action de grâce, le partagea et le leur donna en disant : « Prenez, ceci est mon corps ». Puis prenant la coupe de vin et rendant grâce, il la leur donna et ils en burent tous. Il dit : « Ceci est mon sang, le sang de l’Alliance, répandu pour la multitude. Amen, je vous le dis : je ne boirai plus du fruit de la vigne jusqu’au jour où je boirai un vin nouveau dans le Royaume de Dieu ».
Après le chant final d’action de grâce, ils partirent pour le mont des Oliviers. (où Jésus va être capturé).


La « messe fondatrice » a donc lieu dans une maison d’habitation, un lieu privé. Le propriétaire anonyme représente sans doute tous les fidèles qui, par la suite, inviteront la petite communauté croyante chez eux. Rien n’évoque la solennité du sacré et le hiératisme du temple. Pourtant il ne s’agit pas d’un repas normal où des hommes fraternisent autour d’un table. Ce repas s’inscrit dans une histoire, l’histoire de l’Alliance que Dieu veut nouer avec l’humanité. Jadis les Hébreux étaient sortis d’Égypte, sans combat, la nuit même où ils immolaient et mangeaient un jeune agneau – seule victime de l’aventure. Ensuite au mont Sinaï, Dieu avait fait alliance avec eux sur la base des Tables de la Loi et Moïse avait scellé l’alliance en aspergeant le peuple avec le sang des animaux immolés. Ainsi ils avaient pu se mettre en marche vers. la terre promise

Ici, ce soir, à Jérusalem, on passe du régime carné au régime végétal, de l’extérieur (la Loi écrite) à l’intérieur (manger du pain, boire du vin),. Un seul sera victime : Jésus qui sera exécuté le lendemain par les hommes mais qui, lors du repas, manifeste qu’il est conscient de se substituer à l’agneau. « On ne me prend pas la vie mais je la donne ». Ainsi a lieu la « pâque » véritable, le passage de la libération politique d’un peuple à la libération du péché des croyants de toutes nations et de toutes cultures.

A ses disciples qui parfois se jalousaient, voulaient punir les grands pécheurs, exterminer les païens vicieux, refonder un Israël libre et puissant, Jésus, en leur offrant le partage du pain et du vin, leur propose de commencer par l’essentiel : se laisser pardonner, s’aimer les uns les autres dans le partage, la simplicité, la non-violence, la paix, l’entente universelle. Mais ils ne le pourront que s’ils comprennent que l’ombre de la croix planait sur leur repas et que Jésus est l’unique Agneau qui, par amour pour eux, offre la libération, fait tomber les chaînes de leur orgueil et de leurs rancunes et inscrit dans les cœurs la loi nouvelle des Béatitudes.

Sur la table il n’y avait qu’un pain que Jésus a rompu et il a offert un morceau à chacun. Il n’y avait qu’une coupe de vin qui est passée de l’un à l’autre. Symbole manifeste du but de l’Eucharistie : réunir les convives qui viennent de tous horizons. Paul l’avait tout de suite compris : « Puisqu’il n’y a qu’un seul pain, nous sommes tous un seul corps, car tous nous participons à cet unique pain » (1 Cor 10, 17). Nous n’allons pas à la messe pour nous recueillir, chacun dans notre coin, et demeurer juxtaposés en un simulacre d’assemblée : nous nous y rendons au contraire pour nous laisser « cueillir » ensemble par l’unique miséricorde du Seigneur.

La présence bien réelle du Christ se manifeste lorsque employé et patron, vieux et jeune, directeur libéral et syndicaliste de gauche, professeur et cancre acceptent de se laisser réunir. Non pour changer de conviction, ni encore moins par hypocrisie, mais pour « réaliser » que l’essentiel de la valeur d’un homme se situe à un niveau beaucoup plus profond que nos tempéraments, notre statut social, nos options diverses et légitimes.

Ah si, au 19ème siècle, lors de la révolution industrielle, les prêtres avaient refusé d’installer les notables en toilette, au premier rang, dans de belles stalles vernies arborant des plaquettes à leur nom, tandis que les pauvres ouvriers restaient dans le fond, debout, tortillant leurs casquettes sans rien comprendre du charabia employé !?...Ah, si en Amérique latine aujourd’hui... ?!...« Présence réelle » n’est pas seulement une notion dogmatique discutée : elle est aussi sociale nécessaire.

La « présence réelle » ne reporte pas dans un passé révolu ni ne procure des sensations pieuses ni ne fige dans un présent instantané: elle annonce un lendemain de souffrances car « mon corps » et « mon sang » seront séparés – signe de mort - et les « communiants » ne le resteront que s’ils acceptent le sacrifice de leur égo. Mais elle promet l’entrée dans le Royaume de Dieu où l’on s’enivre du Vin nouveau de l’Alliance éternelle. A travers les ténèbres du Golgotha, la présence réelle fait entrevoir la Lumière de la Résurrection.

Dans son récit du repas pascal, Marc ne mentionne que les dons du pain et du vin mais, comme il a été dit ci-dessus, la soirée était longue, avec des enseignements, des dialogues, des prières. Rappelons-nous également le récit d’Emmaüs où la fraction du pain ne vient qu’après de longues heures de marche, de discussions, de réflexions sur l’interprétation des Écritures. Nous payons encore la longue désaffection vis-à-vis des Écritures qui a sévi pendant des siècles dans l’Église catholique : les lectures et la prédication étaient « l’avant-messe » facultative. Quel sacrilège ! Dire que l’on croit au Christ en refusant d’écouter sa Parole, n’est-ce pas transformer l’église en un fastfood ? Recevoir l’Eucharistie, c’est d’abord manger la Parole puis s’engager à vivre ce que Jésus que l’on aime vient de nous apprendre.

Conclusion

Très vite les premiers disciples ont compris la nécessité de répéter ce repas du Seigneur. Non à l’anniversaire du printemps mais chaque semaine, au jour de la Résurrection, lendemain du sabbat, 1er jour de la semaine. Car l’Église ne pouvait subsister qu’en étant fidèle à 4 pratiques fondamentales (Ac Ap 2,42) :

« Les disciples étaient assidus à l’enseignement des apôtres (lecture et discussion sur l’Évangile) et la communion fraternelle (amour, service, réconciliation, soutien aux plus démunis), à la fraction du pain (le repas pascal qui ressoude la communauté autour de son Seigneur) et aux prières (action de grâce au Père par le Fils dans l’Esprit ».

Les restes du pain fractionné étaient conservés avec soin afin d’être offerts aux grands malades et aux mourants comme viatique pour l’ultime voyage vers le ciel.

En ce moment où les mesures sanitaires vont sans doute être allégées, allons-nous réfléchir ensemble : comment mieux célébrer le repas du Seigneur ? Des menaces pires que le virus menacent, le Christ nous envoie pour sauver les hommes. Montrons-leur ensemble sa « présence réelle ».

Fr. Raphaël Devillers, dominicain.

Le Concile Vatican II l’avait dit

Le Concile Vatican II l’avait dit

La participation pleine et active de tout le peuple est ce qu’on doit viser de toutes ses forces dans la restauration et la mise en valeur de la liturgie.(§ 14)

Dans la célébration, la sainte Écriture a une importance extrême...Il faut promouvoir ce goût savoureux et vivant de l’Écriture ( § 24)

La participation active des fidèles doit l’emporter sur la célébration individuelle et quasi privée (§. 27)

Dans la liturgie, en dehors des honneurs dus aux autorités civiles, on ne fera aucunement acception des personnes privées ( § 32)

La principale manifestation de l’Église consiste dans la participation plénière et active de tout le peuple de Dieu, surtout dans la même Eucharistie, dans une seule prière (§ 41)

Les paroisses représentent l’Église visible établie dans l’univers...Il faut travailler à ce que le sens de la communauté paroissiale s’épanouisse, surtout dans la célébration communautaire de la messe du dimanche. (§ 42)

Les deux parties qui constituent la messe, c.à.d. la liturgie de la parole et la liturgie eucharistique, sont si étroitement unies entre elles qu’elles constituent un seul acte de culte...Il faut participer à la messe entière, surtout les dimanches (§ 56)

Le jour du Seigneur, ou dimanche,...les fidèles doivent se rassembler ...Ce jour est le jour primordial qu’il faut inculquer à la piété des fidèles, de sorte qu’il devienne jour de joie et de cessation de travail... Ce jour est le fondement et le noyau de toute l’année liturgique (§ 106)

Constitution de la Liturgie – Vatican II – 4 décembre 1963
« L’Eglise traverse une crise »

« L’Eglise traverse une crise »

Josef De Kesel, cardinal de Belgique


Voici quelques-uns des passages marquants du livre.

Vers la fin de l’Eglise?

« Que l’Église traverse une crise est indéniable, mais qu’elle s’achemine vers sa fin est inexact. Il vaut mieux essayer de comprendre les signes des temps et accepter de plein gré le changement de situation. L’Église devra dans ce but repenser la façon d’accomplir sa mission et se positionner dans la société. »

Une crise parmi d’autres?

« Que l’Église ait connu au cours de son histoire d’autres crises ne relativise donc en rien la crise que nous traversons aujourd’hui. Celle-ci est d’ailleurs unique et jusqu’ici inédite. C’est la première fois que l’Église se trouve devant un tel défi. Avant l’avènement de la modernité, on ne mettait jamais en question le bon droit d’une religion. À l’époque de l’Antiquité, l’Église a annoncé l’Évangile dans un monde où la religion y était une évidence. Ce n’est plus le cas pour nous aujourd’hui. »

Les églises se vident-elles?

« On entend constamment dire dans les médias et dans l’opinion publique que les églises se vident. On sous-entend par-là que la foi et l’Église sont sur le déclin. On mentionne toujours que beaucoup de gens quittent l’Église. Je répondrais à cela: beaucoup ne quittent pas l’Église, ils n’y sont jamais entrés. Et je dirais en plus: il n’est pas possible que toutes les églises soient pleines. Il y a des églises pleines et des églises qui sont fort fréquentées, mais bien sûr pas toutes. L’infrastructure, avec ses nombreuses églises, a été conçue pour une époque où tous ou la grande majorité de la population se rendaient à l’église. »

A quoi sert l’Église?

« Pourquoi Dieu veut-il un peuple ? Pourquoi rassemble-t-il des personnes en communautés, en Église ? La réponse à cette question nous permet déjà d’apercevoir ce qu’est une Église. Nous avons déjà insisté sur cet aspect : c’est le désir de Dieu qu’il puisse disposer des lieux sur cette terre où il est reconnu et aimé. Où il peut déjà partager et vivre l’alliance avec ceux qu’il a lui-même appelés à l’existence. »

Paru dans Cathobel 25 05 2021

Pape François : Combat de la prière


« Dans la prière, c’est Dieu qui doit nous convertir,
ce n’est pas nous qui devons convertir Dieu.
De nombreuses personnes sont soucieuses d’assurer que Dieu soit avec elles,
mais peu d’entre elles se préoccupent de vérifier si elles sont effectivement avec Dieu .
Combien de fois avons-nous demandé une grâce, un miracle et rien ne s’est produit.
Ensuite, avec le temps, les choses se sont arrangées,
mais à la manière de Dieu, la manière divine,
Le temps de Dieu n’est pas notre temps.
Le mal n’est jamais un seigneur du dernier jour mais de l’avant-dernier,
le moment où la nuit est la plus sombre, précisément avant l’aurore,
là il y a la tentation où le mal nous fait croire qu’il a vaincu…
Dieu est le Seigneur du dernier jour. Car celui-ci n’appartient qu’à Dieu…
Le Seigneur est là le dernier jour et Il résout tout. »

Audience 26 mai 2021
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