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Agnès Pinard Legry/Domitille Farret d’Astiès | 09 octobre 2018
Aleteia : Pourquoi avoir mis votre art au service de Laudato Si’ ?
Yann Arthus-Bertrand : J’étais en déplacement à Brazzaville où je connais très bien une dominicaine, sœur Ida. Elle vit au Congo avec les enfants dont personne ne veut : les handicapés mentaux, les autistes… À chaque fois que je lui rends visite, je suis ému aux larmes. Parfois, il lui faut un an pour apprendre à ces gosses à s’asseoir sur une chaise. Mais quand elle les regarde, c’est avec une tendresse immense. La dernière fois elle m’a confié que dans dix ans, ils sauraient tous lire. Elle souhaite créer pour eux une belle école avec un internat. Que répondre à tant de patience et de force de conviction ? J’ai donc cherché un moyen de financer son projet. Je n’avais pas lu l’encyclique Laudato Si’ mais je savais que c’était un texte révolutionnaire, qui correspondait à mes valeurs. C’est ainsi que m’est venue l’idée de l’illustrer et de reverser l’intégralité des droits d’auteur à sœur Ida.
Maintenant que vous l’avez illustré et préfacé, qu’en pensez-vous ?
La compassion, l’honnêteté, l’éthique, la morale. Toutes ces valeurs chrétiennes sont essentielles. Elles doivent être encouragées et nourries. Ce sont ces valeurs qui seront une des réponses au changement climatique. Personnellement, j’ai l’impression de devenir chrétien de plus en plus : je ne crois pas en Dieu, mais je suis chrétien par les valeurs que porte le christianisme. La solution ne sera pas politique et elle ne sera pas non plus scientifique ou économique : même si on parle de greentech, on ne va pas remplacer des barils de pétrole par des panneaux solaires. Non, je pense que la prochaine révolution sera spirituelle. Spirituelle dans le sens suivant : nous sommes tous dépassés par le changement climatique et c’est peut-être grâce à la spiritualité, et à la prise de conscience que nous sommes de passage sur terre et que nous devons respecter notre maison commune, que la réponse viendra.
Le pape François vous inspire-t-il ?
« Laudato Si’ » est un texte extrêmement courageux. Le pape François fait partie de ces grands hommes, de ces grandes âmes qui habitent le monde. Mais si on parle d’admiration et d’inspiration, parlons de ces missionnaires ! Je croise énormément de monde quand je pars en voyage et je dois dire que les religieux font partie des personnes qui me marquent le plus. Je me souviens par exemple d’une religieuse rencontrée en Inde, à Ahmedabad. J’allais faire un sujet sur les chevaux, mais l’Alliance française m’a conseillé d’y faire un tour. Et là, j’ai eu un véritable coup de cœur : je suis tombée sur une religieuse française qui devait avoir autour de 80 ans. Pendant deux heures, je suis resté avec elle, alors qu’elle avait un lépreux dans les bras, défiguré, qui était en train de mourir. Elle l’embrassait et lui caressait le visage. Je crois que, finalement, accompagner une personne dans ses derniers instants, c’est la plus belle chose que l’on puisse faire. Pendant longtemps, j’ai conservé sa photo sur moi. C’est un peu le même choc que j’ai eu avec sœur Ida au Congo. Beaucoup gueulent contre les missionnaires, mais ils n’ont pas compris leur rôle incroyable ! Aujourd’hui, s’ils n’étaient pas là, le continent africain s’écroulerait ! Cette espèce de tradition d’aider les autres est formidable. Je ne sais si c’est la foi, mais ces religieuses et religieux sont resplendissants. Leur famille, ce sont les pauvres. Je pense à ma tante religieuse : elle a 100 ans et vit dans une maison de retraite. La dernière fois que je suis allé la voir, je lui ai demandé comment elle faisait pour être si joyeuse. Et là, elle m’a répondu : ce n’est pas difficile, j’essaye de ne pas penser à moi, mais aux autres.
Et vous, quelle est votre mission ?
Quand on y réfléchit, réussir ma vie professionnelle n’a pas été le plus dur. Réussir sa vie d’homme, ça c’est plus compliqué ! J’aime aider, cela me rend heureux. Avec la photographie, je voyage, je contemple la maison du monde et je croise tous ces gens qui donnent sans compter, qui aident sans rien attendre en retour. Ceux qui font tout cela rayonnent d’une joie intérieure. Et en les contemplant, on a envie de faire pareil et de rayonner, comme eux. Est-ce par égoïsme ? Peut-être un peu car on aimerait avoir ce qu’ils ont. Alors quand sœur Ida me parle de sa maison pour aider tous ces gamins, je veux l’aider. Ça, ça me rend heureux.
Quelle est votre espérance pour les prochaines années ?
Je pense que les gens ont conscience de la crise écologique que nous vivons. L’envie d’aider et de participer à la protection de notre environnement est là. Mon espérance est de voir tout ce petit monde se mettre en mouvement et passer de l’intention à l’action.
Laudato Si’, Pape François, illustré par Yann Arthus-Bertrand,
éditions Première Partie, parution le 15 novembre 2018.
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