Homélies et commentaires par fr. Laurent Mathelot OP

Résurgences

Pape François : « Réveille-nous … »

L’Avent est le temps où il faut faire mémoire de la proximité de Dieu qui est descendu vers nous. …Le premier pas de la foi est de dire au Seigneur que nous avons besoin de lui, de sa proximité.

Reconnaître que Dieu est proche et lui dire : « Approche-toi encore ! ». Il veut venir tout proche de nous, mais il se propose, il ne s’impose pas ; c’est à nous qu’il revient de ne pas nous fatiguer de lui dire : « Viens ! ». Invitons-le. Faisons nôtre l’invocation typique de l’Avent : « Viens, Seigneur Jésus » (Ap 22, 20). Une petite prière, mais elle naît du cœur. Disons-la en ce temps de l’Avent, répétons-là.

Vigilance

Ainsi, en invoquant sa proximité, nous exercerons notre vigilance. Une erreur de la vie est de se perdre en mille choses et de ne pas s’apercevoir de la présence de Dieu. Saint Augustin disait :  « J’ai peur que Jésus passe et que moi je ne m’en rende pas compte ».

Attirés par nos intérêts et distraits par tant de vanités, nous risquons de perdre l’essentiel. C’est pourquoi, le Seigneur répète aujourd’hui « à tous : veillez ! » (Mc 13, 37). Veillez, soyez attentifs. La nuit passera, le Seigneur se lèvera, il nous jugera, lui qui est mort en croix pour nous. Veiller, c’est attendre cela, c’est ne pas se laisser submerger par le découragement, et cela s’appelle vivre dans l’espérance.

Comme avant de naître nous avons été attendus par ceux qui nous aimaient, maintenant nous sommes attendus par l’Amour en personne. Et si nous sommes attendus au Ciel, pourquoi vivre de prétentions terrestres? Pourquoi nous fatiguer pour un peu d’argent, de renommée, de succès, toutes ces choses qui passent? Pourquoi perdre du temps à nous plaindre de la nuit alors que la lumière du jour nous attend ? Pourquoi chercher des « parrains » pour avoir une promotion dans la carrière? Tout passe. Veillez, dit le Seigneur.

Sommeil de la médiocrité

Il y a un sommeil dangereux : le sommeil de la médiocrité. Il vient quand nous oublions le premier amour et avançons par inertie, en ne pensant qu’à vivre dans la tranquillité. Mais sans élans d’amour pour Dieu, sans attendre sa nouveauté, on devient médiocres, tièdes, mondains. Et cela ronge la foi, parce que la foi est ardent désir de Dieu, elle est audace continue de se convertir, elle est courage d’aimer, elle est d’aller toujours de l’avant.

Et alors, comment pouvons-nous nous réveiller du sommeil de la médiocrité ? Par la vigilance de la prière. Prier, c’est allumer une lumière dans la nuit. La prière réveille de la tiédeur d’une vie horizontale, élève le regard vers le haut, nous harmonise avec le Seigneur. La prière permet à Dieu d’être proche de nous ; c’est pourquoi elle libère de la solitude et donne l’espérance.

La prière oxygène la vie : tout comme on ne peut pas vivre sans respirer, de même on ne peut pas être chrétiens sans prier. Et on a tant besoin de chrétiens qui veillent pour ceux qui dorment, d’adorateurs, d’intercesseurs, qui portent jour et nuit devant Jésus, lumière du monde, les ténèbres de l’histoire. Nous avons perdu un peu le sens de l’adoration, de rester en silence devant le Seigneur, en adorant. Sommeil de l’indifférence.

Sommeil de l’indifférence

Il y’ a ensuite un second sommeil intérieur : le sommeil de l’indifférence. Celui qui est indifférent ne s’intéresse pas à celui qui lui est proche. Lorsque nous tournons seulement autour de nous-mêmes et de nos besoins, indifférents à ceux d’autrui, la nuit descend dans notre cœur. Vite, on commence à se plaindre de tout, puis on se sent victime de tous et finalement on fait des complots sur tout. Plaintes, sentiment de victime et des complots. C’est une chaîne.  

Comment nous réveiller de ce sommeil de l’indifférence ? par la vigilance de la charité. La charité est le cœur battant du chrétien : on ne peut être chrétiens sans la charité. c’est l’unique chose gagnante, parce qu’elle est déjà projetée vers le futur, vers le jour du Seigneur, quand tout passera et qu’il ne restera que l’amour. C’est avec les œuvres de miséricorde que nous nous approchons du Seigneur.

Viens, Seigneur Jésus, nous avons besoin de toi. Viens tout près de nous. Tu es la lumière : réveille-nous du sommeil de la médiocrité, éveille-nous des ténèbres de l’indifférence. Viens, Seigneur Jésus, rends vigilants nos cœurs qui maintenant sont distraits : fais-nous ressentir le désir de prier et le besoin d’aimer.

Pape François
Homélie du 30.11.2020 – extraits


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