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PÈRE et FILS et ESPRIT – LIBERTE, EGALITE, FRATERNITE
Été de l’année 30. Après les grandes fêtes de Pâque et de Pentecôte, les foules de pèlerins sont parties et Jérusalem a retrouvé sa vie ordinaire, rythmée par les cérémonies du temple et surveillée par l’armée romaine. L’affaire Jésus va retomber dans l’oubli.
Mais quelque part, le groupe des disciples demeure sidéré par ce qu’ils viennent de vivre : l’horreur de la croix, la stupeur d’une résurrection incroyable, la disparition définitive. C’est la tempête sous les crânes, un tsunami. Qui donc est Jésus ? Un homme, fils de Marie. Un prophète mais davantage. En bon juif, il confessait qu’il n’y a qu’un Dieu et il l’appelait « Père ». Et quel est cet Esprit qu’il nous a envoyé et qui nous comble de paix, d’assurance et d’une joie profonde ? Comment affirmer que ce Jésus est le Messie, le Libérateur définitif alors que rien ne semble changé ? Comment accomplir la mission universelle alors que l’on n’a aucun titre ni ressources financières ?
En tout cas le mouvement est lancé : on apprend que des communautés sont nées en Samarie, à Chypre, à Damas, en Macédoine, en Grèce…Juifs et païens, pour la première fois réunis, chantent « la Grâce du Seigneur Jésus Christ, l’amour du Père, la communion du Saint-Esprit » (1 Cor 13, 13).
A la fin du 2ème siècle, Tertullien créera le mot « TRINITAS » (tri-unitas). Au 4ème siècle, après des débats houleux, des critiques acerbes, des anathèmes et même des tueries, les premiers conciles rédigeront le Credo que nous confessons encore : « Je crois en un seul Dieu, le Père…Je crois en un seul Seigneur Jésus-Christ, le Fils unique de Dieu….Je crois en l’Esprit-Saint qui est Seigneur et qui donne la Vie… »
LA FINALE, SOMMET DE L’EVANGILE DE MATTHIEU
Dans les années 80-85, Matthieu avait écrit un Evangile et sa finale, que nous lisons aujourd’hui, donne le fondement de ce qui s’est produit et comment tout a pu démarrer. Ce « programme » a fait naître un nouveau style de vie, une nouvelle culture et surtout des hommes et des femmes d’une exceptionnelle grandeur. La révélation du Vrai Dieu révélait en même temps les droits de l’homme.
Les 11 disciples s’en allèrent en Galilée, à la montagne où Jésus leur avait ordonné de se rendre. Quand ils le virent, ils se prosternèrent, mais certains eurent des doutes.
Après avoir accompli sa Pâque sur la montagne de Jérusalem, Jésus ressuscité renvoie ses disciples au point de départ, sur la montagne où il avait proclamé les Béatitudes : maintenant c’est à partir de là qu’ils vont pouvoir, à leur tour, accomplir leur mission. Jésus n’est plus un maître mais leur Seigneur qu’ils adorent. Cette foi nouvelle ne va pas de soi, elle éveille encore des doutes.
Ce rendez-vous vaut aussi pour nous, lecteurs qui connaissons l’itinéraire de Jésus dans l’évangile : nous sommes renvoyés dans notre « Galilée », c.à.d. nos lieux de vie, pour inventer désormais notre propre trajet évangélique. Le livret de l’Evangile n’est pas une information, une simple connaissance mais un perpétuel départ pour l’aventure chrétienne. C’est en nous y élançant que nos doutes s’évaporeront peu à peu.
Méditons les 5 ultimes, brèves et capitales instructions du Messie crucifié et ressuscité.
L’ENVOI EN MISSION MONDIALE
« Tout pouvoir m’a été donné au ciel et sur la terre.
Après son baptême, Jésus, dans la solitude du désert, avait longtemps réfléchi à la manière d’accomplir la mission que son Père venait de lui confier. Il avait rejeté le satan qui proposait de lui conférer toute puissance s’il le prenait pour guide, c.à.d. s’il adoptait des méthodes de mensonge, de violence, de corruption. Jésus avait opté pour le chemin des Béatitudes, dans la pauvreté et la douceur. Cela l’avait conduit à la croix mais maintenant, ressuscité par son Père, il a reçu la force divine.
Le seul et unique Seigneur de l’Eglise est Jésus : qu’elle ne pactise donc jamais avec ceux qui la flattent pour mieux se servir d’elle. Qu’elle ose, comme Jésus, se tenir droite devant Caïphe et devant Pilate, devant le pouvoir politique et l’autorité religieuse. Qu’elle résiste à la terrible tentation du pouvoir et qu’elle dénonce avec courage les injustices, les magouilles, les fraudes, les mensonges de ceux qui bâtissent leur gloire en écrasant les pauvres.
Allez ! De toutes les nations faites des disciples.
De naissance, l’Eglise échappe à tout nationalisme, à toute tentative de l’enfermer dans des frontières. Elle ne crée pas une terre sainte, un Etat, un îlot sacré où les gens seraient invités à entrer. Jésus ne dit pas qu’il faut faire des nations chrétiennes mais proclamer partout l’Evangile aux hommes de toutes conditions et de toutes cultures. La Bonne Nouvelle prêchée et accomplie par le juif Jésus est Bonne Nouvelle pour tout être humain à travers toute l’histoire. Elle sera donc proclamée, proposée à l’écoute de chacun pour que tout cœur soit attentif et se décide, en toute liberté, à devenir « disciple de Jésus ».
Baptisez-les au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit.
Lorsque l’auditeur aura manifesté clairement qu’il connaît au moins les grandes lignes de l’Evangile, lorsqu’il assurera que sa démarche est libre de toute pression et de tout intérêt mondain, alors il pourra être baptisé, c.à.d. plongé au cœur même de la vie de Dieu tel que Jésus l’a révélé. Libéré et pardonné par la Pâque de Jésus Seigneur, animé, consolé par l’Esprit de Dieu, il aura l’immense joie d’appeler Dieu son Père.
Et par là même il sera baptisé, plongé dans la communion de l’Eglise. Ses nouveaux frères et sœurs l’accueilleront avec allégresse, l’assureront de leur amitié et de leur concours afin qu’il accomplisse jusqu’au bout sa vocation. Il comprendra peu à peu qu’il n’est pas un membre d’une société anonyme, qu’il n’a pas reçu un sauf-conduit pour aller au paradis mais qu’il est, avec les autres, membre du Corps Vivant du Ressuscité, œuvrant à faire advenir une humanité fraternelle et réconciliée.
Chaque premier jour de la semaine, jour de la Pâque hebdomadaire, il rejoindra l’assemblée des disciples : communiant dans l’écoute de l’Evangile, la prière, les chants de joie et le partage du Pain et du Vin du Seigneur, ensemble ils manifesteront la réalité actuelle et vivante du Corps total du Christ.
Apprenez-leur à observer tout ce que je vous ai commandé.
Une communauté chrétienne doit être un lieu de formation permanente car on n’a jamais fini d’apprendre à être disciple. Il est fini le temps où le catéchisme désignait l’école des premières années. Pour en être demeurés à ces notions exprimées dans le langage des enfants, des multitudes de baptisés, ébranlés par les découvertes modernes, n’ont pas trouvé réponse aux nouvelles questions qui se posaient. Ils en ont conclu que l’Eglise était rétrograde et que la liberté obligeait à s’en détourner.
Le message de la Bible, des Evangiles et des Lettres des apôtres est d’une telle richesse, d’une telle profondeur que l’on n’en finira jamais de l’approfondir pour en retirer des idées nouvelles. Loin d’être obsolète, la foi révèle son indispensable lumière afin d’éclairer les problèmes les plus aigus, les plus angoissants de notre temps. Rien n’est plus actuel que l’Evangile. Rien n’est plus efficace si ses adhérents consentent à « observer tout ce que Jésus a commandé ».
Et moi, je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde. »
Jésus rassure ses apôtres apprenant qu’ils ne le verront plus : sa nouvelle présence sera invisible mais permanente, assurée. Jésus, sa mission accomplie, ne va pas se reposer là-haut nous laissant nous débrouiller tout seuls. Les Saints qui confessent leurs entretiens avec Jésus, qui lui confient leurs angoisses, ne rêvent pas, ne s’évadent pas dans une illusion consolatrice. Ils savent que leur Seigneur est présent au cœur de leur vie, qu’il agit dans leur existence tout autant qu’eux-mêmes la conduisent en responsabilité.
Car il y aura une fin dont la date reste inconnue. Sa mention n’a pas pour but d’éveiller la peur mais de nous garder dans la vigilance. Nos actes ne sont ni absurdes ni anodins mais importants. La fin donne valeur à l’ici et maintenant. La foi n’assigne pas à résignation dans l’attente d’un arrière-monde.
CONCLUSION
Trinité est un mot abstrait qui semble poser une énigme insoluble (3= 1) dont le monde se moque.
Or rien n’est plus concret, plus vivant qu’un Dieu qui unit Père et Fils dans la communion de l’Esprit. Jamais avant saint Jean, on n’avait osé écrire « Dieu est Amour » (Pau Valéry), amour en lui-même, amour de toute éternité.
Quand l’Eglise ne vit pas ce mystère, elle tombe dans le déisme donc dans l’intolérance, la recherche du Pouvoir, le fanatisme. Et hélas, ça lui est arrivé trop souvent.
Mais quand elle incarne la Trinité dans sa vie, elle accomplit le rêve que l’humanité n’a formulé que bien des siècles après le Christ. LIBERTE – EGALITE – FRATERNITE : la fameuse devise des Droits de l’homme n’est peut-être que la traduction anthropologique et séculière de ce que Jésus nous a révélé.
Cette seconde « trinité » peut-elle être vécue sans la Première, sa source ?[/fusion_text][/one_full][one_full last= »yes » spacing= »yes » center_content= »no » hide_on_mobile= »no » background_color= » » background_image= » » background_repeat= »no-repeat » background_position= »left top » hover_type= »none » link= » » border_position= »all » border_size= »0px » border_color= » » border_style= » » padding= » » margin_top= » » margin_bottom= » » animation_type= » » animation_direction= » » animation_speed= »0.1″ animation_offset= » » class= » » id= » »][fusion_text]
Raphaël Devillers, dominicain
Tél. : 04 / 220 56 93 – Courriel : r.devillers@resurgences.be
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