Fête de la Trinité – Année C – Dimanche 16 juin 2019 – Évangile de Jean 16, 12-15

ÉVANGILE DE JEAN 16, 12-15

LA SAINTE TRI-HUMANITÉ

A la seule condition de faire allégeance à l’Empereur, tous les peuples de l’immense Empire romain étaient libres de rendre un culte à leurs dieux et d’adorer leurs idoles. Tous sauf un : Israël avait obtenu le droit de confesser un Dieu unique, ne tolérant aucune représentation, n’ayant qu’un temple, à Jérusalem, et dont le nom même, YHWH, ne pouvait être prononcé. Matin et soir, depuis des siècles, chaque Juif récitait la confession de foi fondamentale : « Ecoute, Israël, le Seigneur Dieu est Seigneur UN ».

Peuple singulier, noyé dans cet océan d’idolâtrie, Israël ne pouvait résister à la contagion ambiante qu’en renforçant son identité. L’étude permanente de la Torah, la circoncision des premiers-nés, le régime d’alimentation casher, le rythme hebdomadaire avec le repos du shabbat, les innombrables pratiques surajoutées, les 3 pèlerinages annuels à Jérusalem : tout cela marquait la religion dans la vie quotidienne.

Or Dieu avait donné sa Loi à Israël avec mission de la répandre dans le monde. Son particularisme éveillait la méfiance des autres, le séparait des autres peuples. Il y avait comme un mur qui empêchait la mission. On admirait la grandeur de la morale juive mais on renâclait devant le poids des observances qu’il fallait adopter en cas de conversion.

QUI DONC EST JÉSUS ?

Un jour survient Jésus de Nazareth. Il restera toujours fidèle à la confession du Dieu UN mais il l’appelle son Père. Il se présente comme un prophète mais il bouscule plusieurs piliers de la religion : il dénonce le poids insupportable des pratiques, la cupidité des riches et des hauts prélats, un temple devenu un lieu de commerce, un culte hypocrite. Il a l’audace de pardonner aux pécheurs. Il recentre toute la Loi sur le précepte de l’amour de Dieu et du prochain. Il annonce la venue imminente du Royaume de Dieu et il tient des propos ambigus sur son identité : il est plus qu’un prophète, Dieu est son Père, il est le Messie…

Jugé comme dangereux et blasphémateur, Jésus est dénoncé, condamné, exécuté en croix, mis au tombeau. L’affaire est classée.
Mais très vite elle rebondit de manière stupéfiante : les disciples assurent que Jésus leur est apparu vivant. Il est ressuscité, il est bien le Messie, ils le proclament « SEIGNEUR » et ils prétendent qu’il leur a envoyé l’Esprit de Dieu.

LA GRANDE ÉNIGME

C’est la grande énigme qui va parcourir tous les livres du Nouveau Testament et susciter d’immenses débats pendant des siècles : comment concilier l’affirmation monothéiste du Dieu UN avec la foi en un Jésus Seigneur et un Esprit Seigneur lui aussi ? La discussion n’aura jamais de fin.

Les affrontements entre évêques, théologiens et communautés seront âpres, les conclusions tirailleront dans tous les sens, les condamnations et les anathèmes pleuvront jusqu’à ce que les premiers conciles tentent d’exprimer la foi qui demeure celle de l’Eglise : « Je crois en Dieu…Je crois en Jésus-Christ son Fils notre Seigneur…Je crois en l’Esprit-Saint… ». Et on trouvera le mot Trinité pour exprimer le mystère de Trois en Un.

Si ces affrontements ont été si longs et si durs, c’est parce qu’ils ne se limitaient pas à des discussions intellectuelles réservées aux prélats et aux théologiens : il s’agissait bien de l’homme, de son rapport essentiel à Dieu, de la manière de vivre sur terre et du but de la vie humaine.

Il a été très dur aux premiers convertis à Jésus Seigneur de proposer et de défendre la foi nouvelle qui semblait miner le monothéisme strict d’Israël. S’ils assuraient que l’Evangile accomplissait, c.à.d. menait à bout la recherche séculaire des Hébreux, Israël les considérait de plus en plus comme des renégats qu’il fallait chasser des synagogues. De l’autre côté, eux-mêmes, comme Juifs, continuaient de dénoncer l’idolâtrie et les débordements du monde païen. Si bien que de tous côtés ils restaient suspects dans la société.

Critiques, injures, hostilité, prison, coups et même condamnations à mort furent le prix à payer pour ceux et celles qui s’obstinaient à confesser Jésus Seigneur.

Que disent-ils, quelles étaient leurs convictions fondamentales et la force qui les motivait ?

JOIE DE LA LIBERTÉ CHRÉTIENNE

Les chrétiens éprouvaient un immense sentiment de libération. Le Ressuscité n’avait-il pas rejoint ses apôtres sans déchaîner contre eux sa colère mais en leur montrant ses plaies comme source de sa miséricorde : « Je vous donne ma Paix » ?

Il n’était plus besoin d’implorer le pardon en se tordant les mains, en offrant des sacrifices d’animaux, en multipliant des offrandes. Jésus était le véritable Agneau pascal qui avait donné sa vie pour libérer tous les pécheurs de l’esclavage du péché, de la lâcheté, des scrupules, de la culpabilité morbide. Le péché de Judas n’était pas d’avoir trahi son maître mais de n’avoir pas attendu sa miséricorde. Aimé de Dieu, l’homme pouvait enfin s’aimer. Et donc rendu capable d’aimer son prochain.

On était libéré du joug des préceptes de la Loi que les Pharisiens, pleins de zèle et de bonne volonté, avaient accumulé pour préserver le souvenir de Dieu dans les moindres circonstances de la vie : ablutions d’une certaine façon, telles formules de prière à réciter, telles postures à prendre…Tout cela, pour le petit peuple, pesait de manière insupportable.

On était libéré d’une conception juridique stricte du shabbat. Tout en vénérant la sainteté de ce grand jour, Jésus, comme d’autres maîtres d’ailleurs, avait fait sauter le verrou d’une observance contraignante. « Le shabbat est fait pour l’homme et non l’homme pour le shabbat ».

On était libéré de l’interdiction de certains aliments et du régime alimentaire casher (porc, charcuterie…). « Il n’y a rien d’extérieur à l’homme qui puisse le rendre impur en pénétrant en lui. Ce qui sort de l’homme, voilà ce qui rend l’homme impur » (Marc 7, 15). Dieu nous a donné le monde pour que nous en goûtions tous les fruits avec délices et avec action de grâce. Ce qui nous souille, ce sont les injures, les médisances, les propos racistes et haineux qui sortent de notre bouche. Dieu nous laisse manger de tout mais il ne veut pas que nous disions n’importe quoi.

On était libéré des interdits que les scribes avaient fixé pour empêcher tous contacts avec les gens dits impurs : pécheurs notoires, publicains, handicapés…Jésus était allé vers ces personnes, il les avait touchées, leur avait parlé avec affection, les avait aimées, guéries. Il ne fallait plus craindre de contacter une souillure mais au contraire tenter de les rejoindre avec sainteté. La mission primait sur l’obsession de la pureté.

On était libéré de la séparation que la Loi avait édictée pour empêcher tout contact entre les membres du peuple élu et les païens et qui était marquée dans la chair par la circoncision. « Le Christ est notre paix : de ce qui était divisé, il a fait une unité. Dans sa chair, il a détruit le mur de séparation ; il a aboli la Loi et ses observances. A partir du Juif et du païen, il a voulu créer, en lui, un seul homme nouveau en les réconciliant avec Dieu en un seul corps…» (Ephésiens 2, 14)

Tous interdits levés, Juifs et païens pouvaient donc enfin prendre leurs repas ensemble : tous réconciliés par le sang du Christ, ils partageaient le Corps et le Sang du Christ le premier jour de la semaine c.à.d. le lendemain du shabbat.

Bref la foi n’était pas une habitude mais une expérience toute nouvelle : avec le Christ, remplis de l’Esprit, ces hommes expérimentaient une nouvelle manière de vivre avec le Père. La joie permettait d’affronter tous les combats et envoyait par-delà toute frontière.

LIBÉRÉS POUR AIMER

Par Jésus vivant, reconnu comme Messie, Fils de Dieu, les nouveaux croyants recevaient l’Esprit-Saint qui les libéraient afin qu’ils s’aiment. Paul, l’ancien pharisien, exprime l’allégresse de sa libération :

Nous sommes en paix avec Dieu par notre Seigneur Jésus Christ qui nous a donné, par la foi, l’accès au monde de la grâce….Notre fierté, c’est d’espérer avoir part à la Gloire de Dieu … Et l’espérance ne trompe pas puisque l’Amour de Dieu a été répandu dans nos cœurs par l’Esprit-Saint qui nous a été donné (Romains 5 – 2ème lecture)

La Trinité n’est pas un rébus, une équation à résoudre. Père, Fils, Esprit : Origine, Parole et Souffle sont UN. Si elle est vérité de Dieu, elle fait la vérité de l’homme et de l’humanité.
Jacques LACAN disait : « Si vous n’interrogez pas comme il convient le vrai de la Trinité, vous êtes faits comme des rats… » (Séminaire du 9.4.1974).

Frère Raphaël Devillers, dominicain

Fête de la Sainte Trinité – Année B – Dimanche 27 mai 2018

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PÈRE et FILS et ESPRIT – LIBERTE, EGALITE, FRATERNITE

Été de l’année 30. Après les grandes fêtes de Pâque et de Pentecôte, les foules de pèlerins sont parties et Jérusalem a retrouvé sa vie ordinaire, rythmée par les cérémonies du temple et surveillée par l’armée romaine. L’affaire Jésus va retomber dans l’oubli.

Mais quelque part, le groupe des disciples demeure sidéré par ce qu’ils viennent de vivre : l’horreur de la croix, la stupeur d’une résurrection incroyable, la disparition définitive. C’est la tempête sous les crânes, un tsunami. Qui donc est Jésus ? Un homme, fils de Marie. Un prophète mais davantage. En bon juif, il confessait qu’il n’y a qu’un Dieu et il l’appelait « Père ». Et quel est cet Esprit qu’il nous a envoyé et qui nous comble de paix, d’assurance et d’une joie profonde ? Comment affirmer que ce Jésus est le Messie, le Libérateur définitif alors que rien ne semble changé ? Comment accomplir la mission universelle alors que l’on n’a aucun titre ni ressources financières ?

En tout cas le mouvement est lancé : on apprend que des communautés sont nées en Samarie, à Chypre, à Damas, en Macédoine, en Grèce…Juifs et païens, pour la première fois réunis, chantent « la Grâce du Seigneur Jésus Christ, l’amour du Père, la communion du Saint-Esprit » (1 Cor 13, 13).

A la fin du 2ème siècle, Tertullien créera le mot « TRINITAS » (tri-unitas). Au 4ème siècle, après des débats houleux, des critiques acerbes, des anathèmes et même des tueries, les premiers conciles rédigeront le Credo que nous confessons encore : « Je crois en un seul Dieu, le Père…Je crois en un seul Seigneur Jésus-Christ, le Fils unique de Dieu….Je crois en l’Esprit-Saint qui est Seigneur et qui donne la Vie… »

LA FINALE, SOMMET DE L’EVANGILE DE MATTHIEU

Dans les années 80-85, Matthieu avait écrit un Evangile et sa finale, que nous lisons aujourd’hui, donne le fondement de ce qui s’est produit et comment tout a pu démarrer. Ce « programme » a fait naître un nouveau style de vie, une nouvelle culture et surtout des hommes et des femmes d’une exceptionnelle grandeur. La révélation du Vrai Dieu révélait en même temps les droits de l’homme.

Les 11 disciples s’en allèrent en Galilée, à la montagne où Jésus leur avait ordonné de se rendre. Quand ils le virent, ils se prosternèrent, mais certains eurent des doutes.

Après avoir accompli sa Pâque sur la montagne de Jérusalem, Jésus ressuscité renvoie ses disciples au point de départ, sur la montagne où il avait proclamé les Béatitudes : maintenant c’est à partir de là qu’ils vont pouvoir, à leur tour, accomplir leur mission. Jésus n’est plus un maître mais leur Seigneur qu’ils adorent. Cette foi nouvelle ne va pas de soi, elle éveille encore des doutes.

Ce rendez-vous vaut aussi pour nous, lecteurs qui connaissons l’itinéraire de Jésus dans l’évangile : nous sommes renvoyés dans notre « Galilée », c.à.d. nos lieux de vie, pour inventer désormais notre propre trajet évangélique. Le livret de l’Evangile n’est pas une information, une simple connaissance mais un perpétuel départ pour l’aventure chrétienne. C’est en nous y élançant que nos doutes s’évaporeront peu à peu.

Méditons les 5 ultimes, brèves et capitales instructions du Messie crucifié et ressuscité.

L’ENVOI EN MISSION MONDIALE

« Tout pouvoir m’a été donné au ciel et sur la terre.

Après son baptême, Jésus, dans la solitude du désert, avait longtemps réfléchi à la manière d’accomplir la mission que son Père venait de lui confier. Il avait rejeté le satan qui proposait de lui conférer toute puissance s’il le prenait pour guide, c.à.d. s’il adoptait des méthodes de mensonge, de violence, de corruption. Jésus avait opté pour le chemin des Béatitudes, dans la pauvreté et la douceur. Cela l’avait conduit à la croix mais maintenant, ressuscité par son Père, il a reçu la force divine.
Le seul et unique Seigneur de l’Eglise est Jésus : qu’elle ne pactise donc jamais avec ceux qui la flattent pour mieux se servir d’elle. Qu’elle ose, comme Jésus, se tenir droite devant Caïphe et devant Pilate, devant le pouvoir politique et l’autorité religieuse. Qu’elle résiste à la terrible tentation du pouvoir et qu’elle dénonce avec courage les injustices, les magouilles, les fraudes, les mensonges de ceux qui bâtissent leur gloire en écrasant les pauvres.

Allez ! De toutes les nations faites des disciples.

De naissance, l’Eglise échappe à tout nationalisme, à toute tentative de l’enfermer dans des frontières. Elle ne crée pas une terre sainte, un Etat, un îlot sacré où les gens seraient invités à entrer. Jésus ne dit pas qu’il faut faire des nations chrétiennes mais proclamer partout l’Evangile aux hommes de toutes conditions et de toutes cultures. La Bonne Nouvelle prêchée et accomplie par le juif Jésus est Bonne Nouvelle pour tout être humain à travers toute l’histoire. Elle sera donc proclamée, proposée à l’écoute de chacun pour que tout cœur soit attentif et se décide, en toute liberté, à devenir « disciple de Jésus ».

Baptisez-les au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit.

Lorsque l’auditeur aura manifesté clairement qu’il connaît au moins les grandes lignes de l’Evangile, lorsqu’il assurera que sa démarche est libre de toute pression et de tout intérêt mondain, alors il pourra être baptisé, c.à.d. plongé au cœur même de la vie de Dieu tel que Jésus l’a révélé. Libéré et pardonné par la Pâque de Jésus Seigneur, animé, consolé par l’Esprit de Dieu, il aura l’immense joie d’appeler Dieu son Père.
Et par là même il sera baptisé, plongé dans la communion de l’Eglise. Ses nouveaux frères et sœurs l’accueilleront avec allégresse, l’assureront de leur amitié et de leur concours afin qu’il accomplisse jusqu’au bout sa vocation. Il comprendra peu à peu qu’il n’est pas un membre d’une société anonyme, qu’il n’a pas reçu un sauf-conduit pour aller au paradis mais qu’il est, avec les autres, membre du Corps Vivant du Ressuscité, œuvrant à faire advenir une humanité fraternelle et réconciliée.
Chaque premier jour de la semaine, jour de la Pâque hebdomadaire, il rejoindra l’assemblée des disciples : communiant dans l’écoute de l’Evangile, la prière, les chants de joie et le partage du Pain et du Vin du Seigneur, ensemble ils manifesteront la réalité actuelle et vivante du Corps total du Christ.

Apprenez-leur à observer tout ce que je vous ai commandé.

Une communauté chrétienne doit être un lieu de formation permanente car on n’a jamais fini d’apprendre à être disciple. Il est fini le temps où le catéchisme désignait l’école des premières années. Pour en être demeurés à ces notions exprimées dans le langage des enfants, des multitudes de baptisés, ébranlés par les découvertes modernes, n’ont pas trouvé réponse aux nouvelles questions qui se posaient. Ils en ont conclu que l’Eglise était rétrograde et que la liberté obligeait à s’en détourner.

Le message de la Bible, des Evangiles et des Lettres des apôtres est d’une telle richesse, d’une telle profondeur que l’on n’en finira jamais de l’approfondir pour en retirer des idées nouvelles. Loin d’être obsolète, la foi révèle son indispensable lumière afin d’éclairer les problèmes les plus aigus, les plus angoissants de notre temps. Rien n’est plus actuel que l’Evangile. Rien n’est plus efficace si ses adhérents consentent à « observer tout ce que Jésus a commandé ».

Et moi, je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde. »

Jésus rassure ses apôtres apprenant qu’ils ne le verront plus : sa nouvelle présence sera invisible mais permanente, assurée. Jésus, sa mission accomplie, ne va pas se reposer là-haut nous laissant nous débrouiller tout seuls. Les Saints qui confessent leurs entretiens avec Jésus, qui lui confient leurs angoisses, ne rêvent pas, ne s’évadent pas dans une illusion consolatrice. Ils savent que leur Seigneur est présent au cœur de leur vie, qu’il agit dans leur existence tout autant qu’eux-mêmes la conduisent en responsabilité.
Car il y aura une fin dont la date reste inconnue. Sa mention n’a pas pour but d’éveiller la peur mais de nous garder dans la vigilance. Nos actes ne sont ni absurdes ni anodins mais importants. La fin donne valeur à l’ici et maintenant. La foi n’assigne pas à résignation dans l’attente d’un arrière-monde.

CONCLUSION

Trinité est un mot abstrait qui semble poser une énigme insoluble (3= 1) dont le monde se moque.
Or rien n’est plus concret, plus vivant qu’un Dieu qui unit Père et Fils dans la communion de l’Esprit. Jamais avant saint Jean, on n’avait osé écrire « Dieu est Amour » (Pau Valéry), amour en lui-même, amour de toute éternité.
Quand l’Eglise ne vit pas ce mystère, elle tombe dans le déisme donc dans l’intolérance, la recherche du Pouvoir, le fanatisme. Et hélas, ça lui est arrivé trop souvent.
Mais quand elle incarne la Trinité dans sa vie, elle accomplit le rêve que l’humanité n’a formulé que bien des siècles après le Christ. LIBERTE – EGALITE – FRATERNITE : la fameuse devise des Droits de l’homme n’est peut-être que la traduction anthropologique et séculière de ce que Jésus nous a révélé.
Cette seconde « trinité » peut-elle être vécue sans la Première, sa source ?[/fusion_text][/one_full][one_full last= »yes » spacing= »yes » center_content= »no » hide_on_mobile= »no » background_color= » » background_image= » » background_repeat= »no-repeat » background_position= »left top » hover_type= »none » link= » » border_position= »all » border_size= »0px » border_color= » » border_style= » » padding= » » margin_top= » » margin_bottom= » » animation_type= » » animation_direction= » » animation_speed= »0.1″ animation_offset= » » class= » » id= » »][fusion_text]

Raphaël Devillers,  dominicain
Tél. : 04 / 220 56 93   –   Courriel :   r.devillers@resurgences.be

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Pape Jean-Paul II – Homélie pour la fête de la Trinité

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PAPE JEAN PAUL II

HOMELIE AU BOURGET PARIS – FETE DE LA TRINITE – 1 JUIN 1980

« …………Que n’ont pas fait les fils et les filles de votre nation pour la connaissance de l’homme, pour exprimer l’homme par la formulation de ses droits inaliénables! On sait la place que l’idée de liberté, d’égalité et de fraternité tient dans votre culture, dans votre histoire.

Au fond, ce sont-là des idées chrétiennes. Je le dis tout en ayant bien conscience que ceux qui ont formulé ainsi, les premiers, cet idéal, ne se référaient pas à l’alliance de l’homme avec la sagesse éternelle. Mais ils voulaient agir pour l’homme.

Pour nous, l’alliance intérieure avec la sagesse se trouve à la base de toute culture et du véritable progrès de l’homme.

Le développement contemporain et le progrès auxquels nous participons sont-ils le fruit de l’alliance avec la sagesse? Ne sont-ils pas seulement une science toujours plus exacte des objets et des choses, sur laquelle se construit le progrès vertigineux de la technique? L’homme, artisan de ce progrès, ne devient-il pas toujours plus l’objet de ce processus? Et voilà que s’effondre toujours plus en lui et autour de lui cette alliance avec la sagesse, l’éternelle alliance avec la sagesse qui est elle-même la source de la culture, c’est-à-dire de la vraie croissance de l’homme.

6. Le Christ est venu au monde au nom de l’alliance de l’homme avec la sagesse éternelle. Au nom de cette alliance, il est né de la Vierge Marie et il a annoncé l’Evangile. Au nom de cette alliance, « crucifié… sous Ponce Pilate » il est allé sur la croix et il est ressuscité. Au nom de cette alliance, renouvelée dans sa mort et dans sa résurrection, il nous donne son Esprit…

L’alliance avec la sagesse éternelle continue en Lui. Elle continue au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit. Elle continue comme le fait d’enseigner les nations et de baptiser, comme l’Evangile et l’Eucharistie. Elle continue comme l’Eglise, c’est-à-dire le Corps du Christ, le peuple de Dieu.

Dans cette alliance, l’homme doit croître et se développer comme homme. Il doit croître et se développer à partir du fondement divin de son humanité, c’est-à-dire comme image et ressemblance de Dieu lui-même. Il doit croître et se développer comme fils de l’adoption divine.

Comme fils de l’adoption divine, l’homme doit croître et se développer à travers tout ce qui concourt au développement et au progrès du monde où il vit. A travers toutes les œuvres de ses mains et de son génie. A travers les succès de la science contemporaine et l’application de la technique moderne. A travers tout ce qu’il connaît au sujet du macrocosme et du microcosme, grâce à un équipement toujours plus perfectionné.

DES DROITS DE L’HOMME AU RISQUE DE SA DESTRUCTION

Comment se fait-il que, depuis un certain temps, l’homme ait découvert dans tout ce gigantesque progrès une source de menace pour lui-même? De quelle façon et par quelles voies en est-on arrivé à ce que, au cœur même de la science et de la technique modernes, soit apparue la possibilité de la gigantesque autodestruction de l’homme; à ce que la vie quotidienne offre tant de preuves de l’emploi, contre l’homme, de ce qui devait être pour l’homme et devait servir l’homme?

Comment en est-on arrivé la? L’homme en marche vers le progrès n’a-t-il pas pris un seul chemin, le plus facile, et n’a-t-il pas négligé l’alliance avec la sagesse éternelle? N’a-t-il pas pris la voie « spacieuse », en négligeant la voie « étroite » ?

7. Le Christ dit: « Tout pouvoir m’a été donné au ciel et sur la terre ».

« Le pouvoir au ciel et sur la terre » n’est pas un pouvoir contre l’homme. Ce n’est même pas un pouvoir de l’homme sur l’homme. C’est le pouvoir qui permet à l’homme de se révéler à lui-même dans sa royauté, dans toute la plénitude de sa dignité. C’est le pouvoir dont l’homme doit découvrir dans son cœur la puissance spécifique, par lequel il doit se révéler à lui-même dans les dimensions de sa conscience dans la perspective de la vie éternelle.

Alors se révélera en lui toute la force de baptême, il saura qu’il est « plongé » dans le Père, le Fils et le Saint-Esprit, il se retrouvera complètement lui-même dans le Verbe éternel, dans l’Amour infini.

C’est à cela que l’homme est appelé dans l’alliance avec la sagesse éternelle.

Tel est aussi ce « pouvoir » qu’a le Christ « au ciel et sur la terre ».

L’homme d’aujourd’hui a beaucoup augmenté son pouvoir sur la terre, il pense même à son expansion au-delà de notre planète.

On peut dire en même temps que le pouvoir de l’homme sur l’autre homme devient toujours plus lourd. En abandonnant l’alliance avec la sagesse éternelle, il sait de moins en moins se gouverner lui-même, il ne sait pas non plus gouverner les autres.

Combien pressante est devenue la question des droits fondamentaux de l’homme!

Quel visage menaçant révèlent le totalitarisme et l’impérialisme, dans lesquels l’homme cesse d’être le sujet, ce qui équivaut à dire qu’il cesse de compter comme homme. Il compte seulement comme une unité et un objet ! ………………

PRESENCE INALIENABLE DU CHRIST SEIGNEUR

8. Le Christ, à la fin, dit encore ceci: « Je suis avec vous tous les jours, jusqu’à la fin du monde »; cela signifie donc aussi: aujourd’hui, en 1980, pour toute époque.

Le problème de l’absence du Christ n’existe pas. Le problème de son éloignement de l’histoire de l’homme n’existe pas. Le silence de Dieu à l’égard des inquiétudes du cœur et du sort de l’homme n’existe pas.

Il n’y a qu’un seul problème qui existe toujours et partout:: le problème de notre présence auprès du Christ. De notre permanence dans le Christ. De notre intimité avec la vérité authentique de ses paroles et avec la puissance de son amour.

Il n’existe qu’un problème, celui de notre fidélité à l’alliance avec la sagesse éternelle, qui est source d’une vraie culture, c’est-à-dire de la croissance de l’homme, et celui de la fidélité aux promesses de notre baptême au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit. »

PAPE JEAN-PAUL II

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