Homélies et commentaires par fr. Laurent Mathelot OP

Résurgences

Fête de la Pentecôte – Année B – 20 mai 2018

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COMMENT LA VIE EST CHANGÉE PAR L’ESPRIT

En cette année 30 où Jésus a été exécuté à Jérusalem, il y a 93 ans déjà que les troupes romaines occupent Israël et exploitent durement la population. Que des païens idolâtres souillent la terre donnée par Dieu à son peuple est insupportable. Des tentatives de révolte éclatent mais elles sont réprimées impitoyablement et les leaders sont arrêtés et crucifiés. Epouvantés, leurs partisans s’égaillent dans la terreur d’être pris, se lamentant sur leur chef disparu et leur espérance anéantie.

Or après l’exécution de Jésus, il va se produire quelque chose de totalement différent. Ses disciples, qui s’étaient évanouis dans la nature, réapparaissent en pleine ville, complètement transfigurés. Au lieu de se cacher, ils se manifestent sur la place publique ; au lieu de pleurer la mort de leur maître, ils semblent tout heureux ; au lieu de se taire, ils parlent ; au lieu de préparer la révolution par la violence, ils sont eux-mêmes révolutionnés par la douceur et la paix.

On ne reverra plus Jésus dont normalement le souvenir devait s’éteindre très vite. On n’aura d’autre apparition que celle de ce petit groupe d’hommes et de femmes, sans titres, sans fortune, sans moyens. Était-ce des affabulateurs, des mythomanes, des fous ?…Or à partir d’eux, l’histoire d’Israël et même celle du monde va changer.

Qu’ont-ils dit, qu’ont-ils vécu, qu’ont-ils fait ? Quelles sont les conséquences pratiques de la foi qu’ils confessaient ? Que signifie recevoir l’Esprit ? Ne cherchons pas des idées théologiques chez Paul ou Jean mais relisons les « Actes des Apôtres » où Luc nous raconte les événements. Cela nous apprendra à tirer les conséquences pratiques pour nous qui, aujourd’hui, célébrons la Pentecôte. Pas plus que le Ressuscité, le Saint-Esprit ne se voit. Comment nos engagements visibles traduisent-ils sa présence ?

AFFIRMATION FONDATRICE : « DIEU A RESSUSCITE JESUS » (Ac 2, 24)

Tout tourne autour de leur affirmation qui semble aberrante : « Jésus est ressuscité : nous l’avons vu ». Ce cri suscite sourires narquois, rires incrédules, sarcasmes ; on objecte : « Vous avez eu une hallucination ! » ; on explique raisonnablement : « Vous avez subtilisé le cadavre pendant la nuit ». Toutefois rien n’ébranle leur certitude et ils s’expriment avec « assurance » : c’est ainsi que Luc qualifie sans cesse la qualité essentielle de leur proclamation. Pas de porte à porte, pas de prosélytisme agressif : calme certitude. Et évidemment gratuité totale.

L’ESPRIT CREE LA FRATERNITE

Point aussi fondamental : la foi en Jésus ressuscité n’est pas une opinion privée, une croyance que l’on cache en son for intérieur. L’Esprit-Saint qui ente sur Jésus vivant unit du même coup tous ceux qui partagent cette foi. Dire à Jésus « Je crois en toi », c’est dire du même élan aux autres : « Je vous aime comme frères et sœurs dans un même corps ». Il faut connaître par cœur cette courte et magnifique phrase où Luc, en quelques mots, dit l’essentiel de ce qu’est une communauté chrétienne :

« Ils étaient assidus à l’enseignement des apôtres et à la communion fraternelle, à la fraction du pain et aux prières » (Ac 2, 42).

Ces 4 activités forment la base indispensable de tout groupe qui se dit chrétien

ETRE ENSEIGNES. La conversion à Jésus vivant éveille le désir de le connaître toujours davantage, d’apprendre son enseignement afin de le mettre en pratique. La lecture, la méditation des Evangiles est l’action première, essentielle du croyant.

LA COMMUNION FRATERNELLE. Le commandement central de la Bonne Nouvelle – « Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés »- et la révélation que Dieu est « Notre Père » provoquent de soi la communauté. « Tous ceux qui étaient devenus croyants étaient unis » (Ac 2, 44). Sans qu’il y ait obligation, les plus riches venaient en aide aux plus pauvres. Ce n’était pas encore le paradis : les lettres de Paul et de Jean laissent entendre que des tensions survenaient, des personnalités s’affrontaient. Les exhortations sans cesse répétées sur le devoir de charité montrent à quel point la vie ensemble était difficile : seule la réconciliation du Seigneur pouvait recoudre les déchirures.

L’EUCHARISTIE DU DIMANCHE. Le lendemain de chaque shabbat, le premier jour de la semaine, tous les croyants, dispersés dans leurs professions, se rassemblaient dans la maison de l’un d’entre eux pour célébrer le repas du Seigneur. « Unanimes, ils rompaient le pain à domicile, prenant leur nourriture dans l’allégresse et la simplicité du cœur » (Ac 2, 46). Nul besoin d’édicter que « la messe dominicale est obligatoire ». Jésus l’avait précisé : « Faites cela en mémoire de moi ». On n’organisait pas de pèlerinages au Golgotha (quelle horreur !) : où que l’on soit, autour de la table, on était le Corps du Christ, son Eglise vivante. Les sarments irrigués par son amour prouvaient que sur la croix de mort, Jésus était la Vigne vivante. Le Pain rompu et partagé rassemblait en « UN » les humains fragmentés par leurs différences. Le Vin nouveau remplissait d’allégresse et de joie nouvelle.

LA PRIERE. Et on apprenait aux croyants à prier beaucoup. A demander l’Esprit- « Demandez et vous recevrez » -, à reprendre le « notre Père… », à intercéder les uns pour les autres, à supplier pour les frères partis en mission lointaine, pour ceux qui souffraient de la persécution.

OPPPOSITION ET PERSECUTION

Très vite l’affaire tourna mal car leur proclamation accusait les juges du grand tribunal du Sanhédrin d’erreur judiciaire gravissime : ils auraient condamné comme blasphémateur celui qui est le Messie !!?? Qui avait raison : Caïphe ou Pierre ? Les autorités s’inquiètent, font arrêter les meneurs, les menacent, leur interdisent de même prononcer le nom de Jésus (Ac 4, 18).

Les Apôtres rétorquent : « Il faut obéir à Dieu plutôt qu’aux hommes…Dieu a ressuscité Jésus…Il l’a exalté comme Sauveur pour donner le pardon. Nous sommes témoins de ces événements, nous et l’Esprit-Saint » (Ac 5, 29).

Punis par flagellation, ils sortent du tribunal « tout heureux d’avoir été jugés dignes de subir des outrages pour le Nom de Jésus. Et chaque jour, au temple, ils annoncent la Bonne Nouvelle de Jésus Messie » (5, 41). La souffrance du témoin était prévue par Jésus, elle est participation à sa croix, elle est le signe qui confirme sa certitude, qui renforce son assurance ; elle est presque une promotion.

L’ESPRIT EST MISERICORDE

Et pourtant les disciples n’accablent pas Israël ni les auteurs de la mort de Jésus, ils ne les menacent pas des peines de l’enfer : au contraire, s’ils se convertissent, eux aussi recevront la grâce du pardon. D’ailleurs, eux-mêmes, les premiers apôtres, qui s’étaient enfuis lors de l’arrestation de leur maître, n’avaient-ils pas été rejoints par ce Jésus qui, sans leur faire de reproches, leur avait montré ses plaies ? Sa Passion n’était pas la condamnation des hommes mais au contraire leur pardon, leur salut. Et il les avait envoyés avec la mission d’offrir la miséricorde à la multitude des pécheurs du monde entier. Dans le feu des haines et des conflits, l’Esprit allume le contre-feu du pardon.

L’ESPRIT REMPLIT DE JOIE

A la Pentecôte, lorsque l’Esprit avait fait sortir les premiers disciples du cénacle pour les lancer dans la rue, tout de suite ils ne s’étaient pas répandus en sermons mais ils formaient, en public, une communauté qui chantait les merveilles de Dieu » (Ac 2, 11)

Ainsi la première fois que l’Eglise de Jésus s’est manifestée en public, ce n’était pas par une procession, par un cortège de prélats, par une prédication apocalyptique mais par des gens simples, sans décorum, assumant leur condition de pécheurs pardonnés. Ils ne prouvaient pas la résurrection : ils étaient des êtres re-suscités par la joie fraternelle qui les faisait danser, rire, s’embrasser.

L’ESPRIT RENVERSE LES MURS

Jésus était juif, l’Esprit est venu d’abord sur des Juifs mais en disant que les premiers auditeurs comprenaient l’appel des apôtres « dans leurs langues », Luc fait entendre la visée universelle de l’œuvre du Christ. La première vague de persécution contre l’Eglise de Jérusalem chasse les convertis en Samarie (Ac 8, 1), on apprend qu’il y a une Eglise à Damas (9, 2), une à Jaffa (9, 36) ; Pierre fonde une communauté avec des païens à Césarée (Ac 10). La Bonne Nouvelle se répand avec une vitesse stupéfiante : au début des années 50, Paul fonde en Macédoine (Philippes), en Grèce (Corinthe)…Une autre existe aussi à Rome, au cœur de l’Empire…

Une révolution s’opère : Juifs et païens se rencontrent. La circoncision n’est plus imposée aux païens, ni la cacherout (interdits alimentaires) ; ensemble on partage à la même table le Pain du Seigneur. L’Esprit abat le mur de séparation…Le Christ crée un seul homme nouveau, en établissant la paix pour les réconcilier avec Dieu en un seul corps…Il a tué la haine (Ephésiens 2, 14…)

On devine que cette « révolution » ne s’est pas déroulée sans heurts, sans résistances farouches, sans débats houleux. Aujourd’hui au cœur du Vatican, le pape François suscite émoi, incompréhension, refus. S’il nous appelle sans cesse à « sortir », il s’agit de quoi ?…Quelle habitude est maintenant un mur pour d’autres ? Quelles lignes sont à déplacer ? Enfermé, l’Esprit n’est plus Vent mais air confiné, inerte. Dans l’Eglise, ça ne peut jamais « sentir le renfermé ».

CONCLUSION

Assurance dans la foi, amour vrai dans la communauté paroissiale, bonheur et joie, annonce aux autres, élan vers tous les horizons, patience dans l’épreuve, construction de ponts et non de murs, prière, Eucharisties festives. Ne nous plaignons pas du mal du monde : laissons-nous souffler par l’Esprit.[/fusion_text][/one_full][one_full last= »yes » spacing= »yes » center_content= »no » hide_on_mobile= »no » background_color= » » background_image= » » background_repeat= »no-repeat » background_position= »left top » hover_type= »none » link= » » border_position= »all » border_size= »0px » border_color= » » border_style= » » padding= » » margin_top= » » margin_bottom= » » animation_type= » » animation_direction= » » animation_speed= »0.1″ animation_offset= » » class= » » id= » »][fusion_text]

Raphaël Devillers,  dominicain
Tél. : 04 / 220 56 93   –   Courriel :   r.devillers@resurgences.be

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