Homélies et commentaires par fr. Laurent Mathelot OP

Résurgences

Au commencement est la Parole

L’activité première de Jésus est la Parole. Et Matthieu précise bien que Jésus a deux manières de parler :

  1. Au point de départ, il « proclame », il annonce un événement : Dieu va venir régner chez les hommes (sans préciser les modalités). En ce temps d’avant nos médias, des crieurs circulaient dans tout le pays pour annoncer une nouvelle (naissance d’un prince, victoire de l’armée, …). Cela s’appelle « le kérygme ». Quand la nouvelle est bonne, elle s’appelle « évangile ».
  2. Ensuite il « enseigne », il explique en quoi consiste notre changement de vie nécessaire (la conversion). Cette école s’appelle « la catéchèse » : c’est ce que nous devons faire en réponse à l’annonce.

Donc l’Église doit en priorité annoncer qu’avec Jésus Dieu s’approche de nous. Il vient renverser le règne des idoles (égoïsme, indifférence aux autres, méchanceté, cupidité, racisme, …) pour proposer son règne d’amour et de paix. Jésus est l’approche de Dieu. Ce kérygme est promesse : cette espérance donne sens à la vie.

Ensuite seulement, on peut, à ceux qui le demandent, expliquer comment Jésus nous appelle à vivre, comment faire une Eglise-communauté. Morale et liturgie montrent comment être prémices du Royaume de Dieu.

En même temps, comme Jésus, il faut accomplir des actions significatives qui montrent que l’œuvre de Dieu commence déjà maintenant à se réaliser sur terre et qu’il ne s’agit pas seulement de piété, de salut des âmes, de vie outre-tombe. Dès les premiers jours, les apôtres ne se contentaient pas de prêcher mais ils soignaient malades et handicapés.

Il ne faut surtout pas croire que l’annonce première étant faite, l’Évangile se transmet par génération et qu’il suffit de construire des églises, de faire catéchisme, de donner les sacrements, d’apprendre une morale de bien-pensants.

Sans évangélisation toujours proclamée, toujours répétée, la foi se dissout, la prédication devient moralisante et la liturgie routinière. « Opium du peuple ».

Voilà pourquoi il importe beaucoup de se réjouir de l’annonce du coup de barre qui vient d’être donné et que présente l’article suivant. La catéchèse va-t-elle se convertir ?

L’évangélisation avant la catéchèse

Ce 25 juin le Conseil pontifical pour la nouvelle évangélisation a présenté la nouvelle édition du « Directoire pour la catéchèse ». La précédente édition datait de 23 ans, sous le pontificat de Jean-Paul II. L’objectif est de sortir la catéchèse du modèle d’ « enseignement » pour la mettre dans le projet global d’une Église dont la vocation est l’ « annonce de l’Évangile ».

Le président du Conseil pour la nouvelle évangélisation a expliqué : « Pendant trop longtemps la catéchèse a concentré ses efforts sur la diffusion des contenus de la foi et sur la pédagogie, laissant de côté le moment le plus déterminant : celui de l’acte de choisir la foi ».

Le Directoire affirme : « Évangéliser, ce n’est pas d’abord apporter une doctrine, c’est plutôt rendre Jésus-Christ présent et l’annoncer …La catéchèse a pour but de faire connaître l’amour chrétien qui conduit ceux qui l’ont accueilli à devenir des disciples évangélisateurs ».

Cela est exigé par les profondes mutations culturelles, notamment face au numérique. « La vraie question est : comment devenir une présence évangélisatrice sur le continent numérique ». Il y a également le problème des migrants et la question environnementale. « La catéchèse doit aider les croyants à prendre conscience que l’engagement en faveur de la question écologique fait partie intégrante de la vie chrétienne ».

Le nouveau document appelle à la vigilance pour éviter tout type d’abus (sexuel ou de pouvoir) et souligne « la grande contribution des femmes dans la catéchèse ».
Une part importante est consacrée à la formation du catéchiste « expert dans l’art de l’accompagnement ». « Qu’il regarde avec réalisme les réalités familiales, hétérogènes, avec leurs lumières et leurs ombres….Il est important qu’à travers la catéchèse, chaque personne découvre que cela vaut la peine de croire ».

Pour le directeur de catéchèse de l’Institut catholique de Paris, cette nouvelle approche « va changer les pratiques catéchétiques ». il incombe aux évêques et paroisses de trouver de nouveaux modèles.

(article paru dans la journal La Croix du 26 juin)


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