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Aleteia : Pourquoi avoir accepté de diriger la rédaction du magazine Jésus! ?
Arielle Dombasle : Je trouvais que l’idée de l’existence de ce magazine était une bonne chose, quelque chose de gracieux dont on a besoin. Donc j’ai trouvé cela presque évident que l’on s’adresse à moi puisque je suis quelqu’un qui vit de manière catholique depuis toujours. J’étais entourée par une équipe, ils m’ont soumis des directions…
Ce magazine est destiné aux croyants et aux non-croyants. Comment souhaiteriez-vous que ces derniers l’abordent ? Et que dire à quelqu’un qui se méfie du Christ ou de l’Église ?
Ils peuvent l’aborder de la manière la plus simple, car c’est un magazine qui se lit très facilement et qui est très contemporain. Il représente la place de Jésus dans tout : dans notre vie, dans l’art, dans la promenade, dans le recueillement, dans la musique, dans tous les domaines, même à notre insu. Nous sommes un pays totalement infusé, pénétré et très structuré par la foi chrétienne. C’est un refuge, qui est fondateur de tout ce qui est la pensée d’Europe occidentale. Quelqu’un qui se met méfie de l’Église, c’est qu’il ne la connaît pas, car s’il y a quelque chose dont il ne faut pas se méfier c’est vraiment de la figure du Christ qui n’est que grâce, générosité, charité, qui est là pour que le monde soit un peu meilleur et plus facile à vivre. C’est une figure qui ne fait que vous aider. Quant à l’histoire de l’Église, elle varie à travers les siècles. L’Église a toujours un rapport différent aux paroles du Christ selon les siècles, les lieux, les religions et les ritualités, car elle a un rôle de médiation. Ses membres sont ceux qui essayent de mettre en lien la Terre et le Ciel.
Aux questions que Jésus vous pose, de manière fictive, dans le magazine, vous avez des réponses quasi-mystiques, un peu comme Véronique Lévy (sa belle sœur, juive devenue chrétienne). L’êtes-vous aussi ?
Véronique Lévy, qui a vraiment fait une conversion très passionnelle, l’est peut-être davantage. Pour ma part, je me suis toujours intéressée aux grandes figures mystiques et religieuses. J’ai beaucoup étudié au Mexique saint Jean de la Croix (mystique espagnol et prêtre carme) qui était une personne remarquable et avant tout une personne immensément charitable.
D’ailleurs, ce qu’a apporté vraiment le catholicisme d’une manière révolutionnaire, c’est l’amour, la charité, le partage de la souffrance, l’idée que l’on est là pour s’entraider, pour s’aimer, qu’il y a une rédemption possible, que le mal n’est pas fatalement fatal, que le bien peut régner, que les gens peuvent s’aimer, que l’harmonie est possible, que les hommes ne sont pas une espèce ratée et qu’ils peuvent s’élever. La pensée chrétienne est celle à laquelle j’adhère complètement.
Vous dites à plusieurs reprises que vous protégez Jésus. De quoi et comment Le protégez-vous ?
Je Le protège en essayant que Sa parole reste vive, en essayant de toujours me mettre sous Sa protection, en tentant de Le défendre, en faisant en sorte que Sa parole soit comprise et que le monde soit un peu meilleur. Ce qui est extraordinaire avec Jésus est qu’Il a vraiment changé le visage du monde par Ses paroles, Ses actions et Son sacrifice.
À vous lire, on pense parfois au “Dieu, premier servi” de Jeanne d’Arc. En tant que femme en vue, comment avez-vous fait pour mettre votre orgueil de côté ?
J’ai une place spéciale car je suis une actrice. Je joue toute sorte de rôles, je suis sur scène, dans la lumière tout le temps, je crée ce personnage médiatique qui est moi sans être moi quelque part. Puis il y a l’autre moi, le moi intérieur, plus profond, qui est dans la vérité intime où je vis ma foi. Cette foi n’a pas besoin de preuves, je ne demande rien, elle est comme un don.
Le réalisateur Andreï Tarkovski disait que “la fonction de l’art est de préparer l’homme à sa mort, de labourer et d’irriguer son âme, et de la rendre capable de se retourner vers le bien”. C’est ce que vous avez voulu faire ?
Je ne dirais pas que ma démarche artistique a été faite au nom de Dieu et pour Dieu, non, ce serait orgueilleux. J’aime beaucoup que Tarkovski réfléchisse à la place de la création par rapport à la foi, car il est vrai que lorsqu’on construit une cathédrale, un retable ou des peintures qui évoquent des grandes figures de la Bible, au cours des siècles et avec autant de manières de les représenter, on peut dire que directement on contribue à irradier le monde de sa croyance. Mais je fais des choses trop différentes.
En revanche, apprendre à mourir, qui est le but de toute philosophie, je crois qu’on ne l’apprend jamais. En ce qui me concerne, l’idée d’un au-delà, des anges et du jugement dernier m’est familière.
Qu’aimeriez-vous qu’on vous dise au moment d’arriver là-haut, près du Père ?
J’aimerais qu’Il me dise : “Je t’ai attendue, je t’ai protégée et je t’ai aimée”.
Interview par Louise Alméras dans « ALETEIA » 8 11 2018
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