Anticipant la fête de Pâques, les chrétiens sont appelés à être les témoins de la Résurrection devant leurs frères dans l’épreuve. Par l’espérance, ils attestent que la mort n’aura pas le dernier mot. Les gestes de dévouement et de solidarité qui se manifestent partout en constituent déjà les premiers signes.
La crise sanitaire du coronavirus agit comme un révélateur. À son contact, les uns s’alarment, d’autres pontifient sur l’écroulement d’une civilisation : « Je vous l’avais bien dit ! » ; d’autres encore pleurent la croissance perdue, les espoirs envolés, leur utopie déchue…
Les chrétiens pas épargnés
Et les chrétiens ?…La crise sanitaire a fait surgir en eux des trésors de patience, de serviabilité, de don de soi, comme on est en droit d’en attendre des disciples de Jésus-Christ. Cependant, gardons à l’esprit qu’ils n’ont pas le monopole, et c’est heureux, du sens du service, du dévouement et du sacrifice. Que l’on pense aux soignants, aux agents du service public en contact avec la population, aux caissières de supermarché : tous ne sont pas chrétiens, et pourtant, quels exemples de sang-froid, de courage et de dévouement ne démontrent-ils pas ! Les chrétiens ne sont pas faits d’une pâte différente que leurs frères… Mais abstraction faite de leur péché, marque de la condition commune de l’humanité, que peuvent-ils amener au monde en cette période de confinement généralisé et de grande inquiétude ?
L’espérance, une vertu ancrée en Dieu
Actuellement, scotchés devant les chaînes d’info en continu, beaucoup de personnes paniquent ou vivent dans l’angoisse. Comme si la situation présente ne suffisait pas, des prévisionnistes ne nous promettent rien de bon au sortir de la crise : lutte des classes, chômage, règlements de compte… !
Dans ce contexte, contre la tentation de désespérer de l’humanité ou de l’unité nationale, les chrétiens ont l’obligation d’agir. Et ils ont les moyens de le faire ! Comment ? Tout simplement en témoignant de la vertu d’espérance ! Certes, tout ne va pas subitement tourner au mieux dès lors que nous aurons récité en boucle des mantras : « J’espère ! J’espère ! J’espère ! » Mais il n’est pas question de cela. L’espérance est d’abord reçue de Dieu. C’est Lui qui en est à la fois l’origine, le moteur et l’objet. L’origine : la Résurrection de Jésus. Le moteur : l’Esprit Saint qui nous fait agir en fonction et grâce à la Résurrection. L’objet : la vie éternelle.
Par la vertu d’espérance, prolongement de celle de foi, les chrétiens mettent leur confiance dans les promesses de Dieu au sujet de cette Vie. Car l’espérance n’est pas optimisme facile, ni autosuggestion, mais créance donnée, avec la grâce de l’Esprit, au bonheur que Dieu réserve à Ses enfants, selon les Écritures. Surtout, cette confiance dans les promesses divines débouche sur des attitudes et des actes qui leur sont accordés. Bannissant la peur et le défaitisme, le chrétien se comporte en fils de la Résurrection parce qu’il sait que Jésus a vaincu la mort.
Mais la question rebondit : comment faire le lien entre cette vertu théologale, la crise sanitaire que nous traversons, ses conséquences, et le témoignage de la Résurrection que nous apportons ? En fait, l’important est d’agir à notre niveau. Nous ne pouvons pas nous substituer aux médecins, ni aux politiques. De même que la majorité des Français luttent contre la pandémie en restant chez eux, de même nous pratiquerons la vertu d’espérance d’abord dans le cercle restreint de nos relations. Il ne s’agit pas de jouer les prophètes de bonheur, mais de vivre avec la confiance dans le Seigneur et Sa Résurrection chevillée au corps et à l’esprit.
Nous devons exsuder l’espérance, comme certains sapins exsudent de la résine !
Les petits gestes, les petites attentions
Point besoin d’envolées lyriques ni de grandes phrases. C’est dans les petits gestes, les petites attentions, les petits mots de réconfort, les enjouements, que cette vertu transparaîtra en nous. Gardons à l’esprit qu’un chrétien n’est pas un surhomme, qu’il est soumis à la condition commune de ses semblables. Le Christ n’a-t-il pas crié sur le Golgotha : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? » Mais c’est entre les mains de son Père qu’il remet son esprit l’instant d’après, sur la Croix. Nous aussi, que ceux qui nous voient aller nous coucher le soir, pensent tout bas, même implicitement : « Ils vont se reposer dans les bras de leur Père céleste ! ». Ainsi, par une heureuse contagion, l’espérance qui habite en nous pourra-t-elle se répandre et essaimer, fût-ce à leur insu, dans le cœur et l’esprit de nos proches.
Jean-Michel Castaing – site Aleteia – 06 avril 2020