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2ème dimanche de Carême Année C – 17 mars 2019
Évangile de Luc 9, 28-36

UN VISAGE RAYONNANT

2ème dimanche de Carême – Année C – 17 mars 2019 – Évangile de Luc 9, 28-36

SAINT PAUL

UN VISAGE RAYONNE DE LA VÉRITÉ DE L'AMOUR


Nous tous qui, le visage dévoilé, reflétons la gloire du Seigneur,
nous sommes transfigurés en cette même image,
avec une gloire toujours plus grande par le Seigneur qui est Esprit.

Nous ne perdons pas courage, nous ne falsifions pas la Parole de Dieu.
C’est en manifestant la Vérité que nous cherchons à gagner la confiance de tous les hommes.

Notre Evangile est voilé pour les incrédules
qui ne voient pas l’illumination de l’Evangile de la Gloire du Christ,
Lui qui est l’image de Dieu.

Dieu a brillé dans nos cœurs
pour faire resplendir la connaissance de sa Gloire
qui rayonne sur le Visage du Christ …

Sans cesse nous portons dans notre corps l’agonie de Jésus
afin que la Vie de Jésus soit elle aussi manifestée dans notre existence mortelle.

Si, en nous, l’homme extérieur va vers sa ruine,
l’homme intérieur se renouvelle de jour en jour.

2ème LETTRE AUX CORINTHIENS 3,16 - 4, 18

ÉVANGILE DE LUC 9, 28-36

UN VISAGE RAYONNANT

Le 1er dimanche de carême nous racontait le premier grand tournant de la vie de Jésus : le jeune artisan de Nazareth a reçu son investiture de Dieu et la mission d’inaugurer son Royaume sur terre. Il doit cesser de bâtir des maisons pour les hommes et rebâtir les hommes pour que l’humanité devienne la Maison de l’amour de Dieu. Tâche colossale.

Vous aurez remarqué que Luc est le seul évangéliste qui a noté que « Jésus baptisé, priait ». Et c’est dans ce recueillement long et silencieux qu’il a entendu la voix de son Père et reçu la force de l’Esprit. Car un rite n’est pas magique: il crée un lien entre Dieu et celui qui le reçoit et l’homme doit manifester sa disponibilité à ce que Dieu attend de lui.

Prier est une activité essentielle de carême : Luc nous montre la prière de Jésus.

UNE VIE SCANDEE DE PRIERE

Luc a rédigé l’Evangile de la prière de Jésus. Le Fils n’a pas seulement acquiescé une fois pour toutes à son Père : il reste libre, infiniment soucieux d’accomplir jour après jour sa Volonté. La mission est tellement capitale et les résistances sont tellement fortes qu’il importe de prier. Non pas rabâcher des formules ni expédier quelques minutes rongées de distractions mais prendre le temps de discerner ce que Dieu veut et se rendre accueillant au flux de l’Esprit.

Pointons les grands moments afin d’apprendre nous-mêmes cet art de la prière que nous négligeons si souvent car on nous l’a mal ou insuffisamment appris.

LUC 4, 1 : au désert Jésus est tenté. La prière est un combat : entrer en solitude pour écouter Dieu soulève les résistances terribles de notre orgueil, notre cupidité, notre égoïsme. Les tentations ne sont pas un péché : elles sont le prix de notre liberté et le combat nous permet de conforter notre foi, de dire OUI alors que nous avions envie de dire NON.

LUC 5, 16 : Les guérisons attirent près de Jésus de grandes foules et il les enseigne. Cependant Luc note « Jésus se retirait dans les lieux déserts et il priait ». Il est facile de se laisser prendre par l’agitation, de vouloir faire du bien, de répondre aux appels pressants. Attention danger ! Jésus ne veut pas être une vedette entraînée dans le tourbillon. On ne peut agir efficacement pour les hommes que si, en permanence on prend le temps d’écouter Celui qui vous envoie. L’action sans prière est activisme prétentieux ; la prière sans action est mystique évaporée.

LUC 6, 12 : Comme la rumeur attire des foules de plus en plus nombreuses, « Jésus monta dans la montagne pour prier Dieu toute la nuit ; le matin il choisit 12 apôtres ». La prière apprend à ne pas monopoliser la mission et à choisir des collaborateurs. Ne pas vouloir tout faire, accepter de se faire aider, choisir les personnes qui conviendront, leur confier des responsabilités : on ne fait pas cela sur un coup de tête, en suivant ses préférences. Il faut prier longtemps avant le choix : « une nuit de prière » pour Jésus ! Grande leçon pour les conseils paroissiaux.

LUC 9, 18 : LA ROUTE DE LA PASSION. Selon son habitude « Jésus était en prière à l’écart ». Il réfléchit à la situation qui s’altère. Certes les foules accourent, elles acclament son enseignement mais ce qu’elles attendent, ce sont des guérisons, des gestes merveilleux. Mais pas ou peu question de se convertir, de modifier sa manière de vivre. La santé d’abord.
Et surtout la méfiance, la colère et même l’hostilité grandissent à l’égard de ce perturbateur qui scandalise. Il fréquente les pécheurs avec joie, il a même choisi l’un d’eux comme apôtre ; il a l’audace de proclamer qu’un officier romain a beaucoup plus de foi que ses compatriotes; il n’observe pas les jours de jeûne ; il se fait inviter partout et on le trouve glouton ; il égratigne les règles du repos strict du shabbat.
Surtout il offre, en toute assurance et sans conditions, le pardon des péchés. Blasphème !
Qui donc est-il ? Personne ne parvient à cerner sa personnalité profonde.

Dans sa prière, Jésus prend une décision qu’il révèle aux apôtres: « Il faut que je monte à Jérusalem ; les autorités me refuseront et me mettront à mort mais mon Père me rendra la vie ».
L’obstacle à la venue du Royaume n’est pas dans l’oppression étrangère ni dans les fautes des pécheurs mais chez ceux qui, sous couvert de piété et de cérémonies religieuses, déforment le projet de Dieu. Le plus gros travail de conversion est à mener au centre, au cœur, au Temple, près de ceux qui sont persuadés qu’ils n’en n’ont pas besoin. Pas de plus grand malade que celui qui s’ignore tel.

LUC 9, 28 : LA PRIERE DE LUMIERE. LA TRANSFIGURATION


« 8 jours après ces paroles, Jésus prit avec lui Pierre, Jean et Jacques et il alla sur la montagne pour prier. Pendant qu’il priait, son visage changea, même ses vêtements devinrent blancs ».


La décision de Jésus l’a rendu livide et tremblant. Comme tout le monde, il a vu des hommes condamnés à la croix, le plus horrible, le plus cruel supplice que les hommes aient jamais inventé. Qu’il en soit bientôt la victime l’horrifie. Il lui faut encore beaucoup prier afin d’avoir la force de s’enfoncer dans les ténèbres des pires souffrances.

Et tout à coup les apôtres remarquent que les traits tendus du Maître s’apaisent, son visage se décrispe et semble plus clair, comme envahi par la lumière intérieure de la Vérité. Son Père évidemment ne veut pas sa mort mais il ne peut empêcher les hommes d’aller au bout de leur haine. Il certifie son Fils qu’en allant au bout de l’Amour, il renaîtra dans la Vie éternelle. La croix deviendra la porte étroite du Royaume.

Moïse et Elie – c.à.d. la Loi et les Prophètes – avaient commencé jadis à réaliser le projet de Dieu en utilisant la violence et en tuant les ennemis : à présent ils s’inclinent devant la vérité de Jésus. Par son passage à travers sa propre mort, c’est lui seul qui effectuera l’exode véritable, la sortie du monde du mal.

Le brave et si dévoué Pierre propose de prolonger ce moment de bonheur :

« Il est heureux d’être ici ; faisons 3 tentes pour toi, Moïse et Elie ». Il ne savait pas ce qu’il disait. Une Nuée survint et les couvrit tous de son ombre. Et de la Nuée sortit une voix : « Celui-ci est mon Fils que j’ai choisi : écoutez-le ». On ne vit plus que Jésus seul.


Pierre est notre image : toujours à côté de la plaque ! Quand Jésus annonçait sa passion, il se cabrait et assurait qu’il défendrait le Maître par les armes. Ici il rêve d’un Royaume paisible, d’une Eglise ravie autour de son Seigneur rayonnant et décidée à lui construire cathédrales, basiliques, palais, nonciatures.

Nous nous croyons dévoués en faisant, en construisant, en édifiant. Mais le Père manifeste sa volonté : ce que je veux, c’est vous englober tous et toutes dans ma maison, sous le couvert de mon Esprit. Alors Abraham et Moïse, Isaïe et David, Pierre et Jean, François d’Assise et Dominique, Thérèse de Lisieux et Damien, par milliards, vous serez une communauté universelle.

Laissez Dieu vous faire. L’Eglise n’est pas faite de piliers et de murs mais d’hommes et de femmes qui croient, qui écoutent le Père répéter : « Jésus est mon Fils : écoutez-le ».

Mais au fait Jésus sur la montagne n’a encore rien dit. Donc le Père renvoie aux dernières paroles de Jésus : « Il faut que je souffre beaucoup, être mis à mort mais mon Père me fera vivre… Et si quelqu’un veut venir à ma suite, qu’il prenne sa croix chaque jour et me suive…Et le Fils de l’homme viendra dans la Gloire » (9, 22-26).

Cette annonce que les auditeurs ont trouvée ahurissante, incroyable, folle, elle est tout à fait exacte. Jésus qui l’a reçue comme un coup de couteau au cœur l’a acceptée. Et parce qu’il l’accepte, parce qu’il l’assume non comme un destin fatal mais comme l’accomplissement de sa mission, son être est comme traversé par la lumière de la vérité. La semaine précédente, il disait oui aux ténèbres : aujourd’hui son Père l’ouvre à la transfiguration. Le Visage de Jésus est l’aurore de l’humanité nouvelle.

Quand la Voix eut retenti, on ne vit plus que Jésus seul. Les disciples ne dirent rien à personne de ce qu’ils avaient vu


On se retrouve dans le réel banal. Toute intuition divine est éphémère et demeure sans trace. Il est vain de vouloir en parler, toute tentative d’explication se heurterait à l’incrédulité.

L’essentiel demeure : ni extase, ni fulgurance, ni apparition. NE VOIR QUE JESUS SEUL. Et demeurer avec lui, le suivre sur le chemin de Jérusalem avec sa faiblesse. D’ailleurs l’expérience mystique n’empêchera pas les apôtres de lâcher leur Maître lorsqu’il sera fait prisonnier pour la mort.

CONCLUSION

Jésus l’avait bien dit au désert : « L’homme ne vit pas seulement de pain mais de la Parole de Dieu ». Luc nous le prouve: jeté totalement dans sa mission près des hommes pour les instruire, les guérir, leur pardonner, Jésus ne poursuit son chemin que grâce aux haltes de prière. Il arrête le travail si pressant et si urgent soit-il pour pénétrer dans la solitude et écouter ce que son Père lui dit.

Ne suivons pas seulement notre bonne volonté, ne nous appuyons pas uniquement sur nos talents. Et ne rêvons pas de vivre sans la croix. Mais demeurons avec Jésus, dans une Eglise de disciples lâches. Regardons son visage. Celui, défiguré, du Saint Suaire et celui, transfiguré, des icônes. C’est le même. Giflé par les hommes et illuminé par son Père. Promesse de l’humanité promise à la Lumière. Preuve du respect absolu de tout visage.

Frère Raphaël Devillers, dominicain

LA SOCIÉTÉ CIVILE NE S'ORGANISE PLUS  PAR RAPPORT AUX REPÈRES CHRÉTIENS

LA SOCIÉTÉ CIVILE NE S'ORGANISE PLUS PAR RAPPORT AUX REPÈRES CHRÉTIENS

Mgr Georges Pontier

Archevêque de Marseille (depuis 2006) et président de la Conférence des évêques de France (depuis 2013), Mgr Georges Pontier, quittera, à 76 ans, ses fonctions début juillet.

Quoique tardif, le récent sommet des évêques à Rome représente un tournant majeur dans la lutte de l'Église contre les abus sexuels…Comment réagissez-vous  ?

Mgr Georges Pontier : … Il faut que l'Église, institution mondiale, replace les personnes victimes au centre et sorte de la culture du secret. Il ne faut plus chercher à protéger l'institution et à couvrir les coupables.

Comprenez-vous le désarroi et l'impatience des victimes qui attendaient de ce sommet de Rome des mesures concrètes  ?

Je le comprends bien sûr … Nous avons été bousculés par ce que nous avons entendu. Nous avons reçu des coups de poing dans le ventre… Il y aura un avant et un après dans le fonctionnement de l'Église. Mais on ne peut pas le décider du jour au lendemain.

Le fossé entre l'Église et la société qui l'entoure, en Europe et en France particulièrement, est-il en train de se creuser ?

Ces événements choquent, suscitent de grandes interrogations, imposent de grandes souffrances chez l'ensemble des prêtres qui se sentent jugés, soupçonnés…

Mais je ne ressens pas une Église morte, j'y perçois même de beaux signes de vie. Dans le diocèse de Marseille, à Pâques prochain, nous allons baptiser une centaine d'adultes de 18 à 60 ans, le même nombre que l'année dernière… Les demandes de formation à la connaissance de la foi et à la vie spirituelle sont en augmentation. Et je ne cite pas les multiples témoignages d'engagements de chrétiens dans la vie sociale.

Je vois ces choses réconfortantes, mais je suis marqué, nous sommes marqués par cette peine immense qui est la nôtre et la honte que nous ressentons.


UNE ERE POST-CHRETIENNE

Dans L'Archipel français (Seuil), Jérôme Fourquet, directeur du département Opinions de l'Ifop, à force de cartes et de statistiques, diagnostique une France entrée dans « une ère postchrétienne ». Que lui répondez-vous  ?

Cette hypothèse donne à penser… Un ensemble de signes montrent que nous avons changé d'époque dans les pays occidentaux et notamment en Europe. Auparavant, en France notamment, la société civile s'organisait par rapport aux repères chrétiens. Ce temps est fini, comme on l'a vu lors des débats sur le mariage pour tous.

Nos sociétés sont devenues plurielles sur le plan religieux, y compris dans le monde chrétien, où des sensibilités différentes s'expriment, je pense en particulier à l'évangélisme protestant. Mais il y a aussi un monde athée qui se signale dans l'espace public.

Nous vivons un moment où la vie chrétienne n'est plus un comportement automatique ou héréditaire, mais un choix personnel, et un choix que l'on effectue souvent à l'âge adulte. Il ne faut pas se lamenter de cette évolution : le nombre de catéchumènes de plus de 18 ans dans notre pays est en légère augmentation chaque année depuis une décennie…

Jérôme Fourquet souligne « une dislocation de la matrice catholique » qui structurait la société française (il y a moins de mariages, plus de divorces, avoir un enfant hors mariage est devenu la norme)... Qu'en pensez-vous ?

De fait, ce n'est plus « la matrice catholique » qui oriente de manière forte la vie en société. Mais, paradoxalement, le religieux reste très présent. Dans les débats, les positions des croyants ne sont pas occultées. Ce ne sont pas eux qui imposent la législation, mais les réflexions des groupes religieux, en amont, sont possibles et entendues.

PRATIQUES RELIGIEUSES

Personnes interrogées déclarant aller à la messe tous les dimanches ou plus :
  • En 1961 : 35 %
  • En 2012 : 6 %
Personnes interrogées déclarant ne pas être baptisées :
  • En 1961 : 8 %
  • En 2012 : 20 %

Vous ne partagez donc pas le diagnostic sur l'existence actuellement en France d'une « cathophobie » ?


Non. Des individus se servent de tout pour abîmer l'Église, mais ce n'est pas un phénomène dominant. Nous ne sommes pas victimes de « cathophobie » ! Une évolution culturelle a modifié le rapport entre la religion et l'organisation de la vie en société … Un chrétien vit ce qu'il a à vivre, à la manière du Christ et non en profitant d'aubaines pour stigmatiser. Il ne serait pas bon de rentrer dans une problématique qui ressemblerait à une prise de pouvoir sur les autres.

Beaucoup de croyants reprochent aux évêques de ne pas aller suffisamment au feu médiatique. Le craignez-vous ?

C'est vrai que nous ne courons pas après les micros. En s'approchant trop près du feu médiatique, on peut se brûler ! Le problème est que dans une grande partie des émissions télévisées et radio, on a l'impression que celui qui est invité, quel qu'il soit, est conduit dans ses retranchements plus que dans ses convictions, il est mis sur le gril. Il y a des outils qui permettent d'exprimer une pensée davantage en profondeur. Mais nous avons peut-être à progresser sur ce front-là, nous former davantage à une culture du dialogue et de l'interpellation.


Comment l'Église peut-elle surmonter
la grave crise qu'elle traverse actuellement  ?

Nous ne la traverserons qu'en considérant
que cette crise n'est pas une atteinte à notre égard,
mais, au contraire, une invitation, un appel de Dieu à nous convertir
et à vivre comme chrétiens.
Il y avait des parts de mensonge dans notre manière d'être.
Il nous faut aujourd'hui nous remettre en cause
et retrouver la joie de vivre selon l'Évangile.

Mgr G. PONTIER

Fichier du texte de l'homélie

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