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19ème dimanche – Année A – 9 août 2020

Évangile de Matthieu 14, 22-33

Confiance, c’est moi, n’ayez pas peur

19ème Dimanche – Année A – 9 août 2020 – Évangile de Matthieu 14, 22-33
Estampe de Hokusaï : La Grande Vague

Savoir qu’on a besoin de Salut

Pape François : Bénédiction solennelle à Rome ce 27 3 20

« ...Comme les disciples de l’évangile, nous avons été pris au dépourvu par une tempête inattendue et furieuse. Nous nous trouvons dans la même barque, tous fragiles et désorientés, mais en même temps tous importants et nécessaires, tous appelés à ramer ensemble...

Seigneur, nous ne nous sommes pas arrêtés face à tes rappels, nous ne nous sommes pas réveillés face à des guerres et des injustices planétaires, nous n’avons pas écouté le cri des pauvres et de notre planète gravement malade. Nous avons continué notre route, imperturbables, en pensant rester toujours sains dans un monde malade..

C’est le temps de choisir, de séparer ce qui est nécessaire de ce qui ne l’est pas. C’est le temps de réorienter la route de la vie vers toi ,Seigneur, et vers les autres...

Le début de la foi, c’est de savoir qu’on a besoin de salut. Nous ne sommes pas autosuffisants ; seuls nous faisons naufrage...Le Seigneur nous interpelle, il nous invite à réveiller puis à activer la solidarité et l’espérance capables de donner stabilité, soutien et sens en ces heures où tout semble faire naufrage ... » (François : La force dans l’épreuve).

Évangile de Matthieu 14, 22-33

Confiance, c’est moi, n’ayez pas peur

Un soir, en pleine campagne, une foule reçoit à manger gratis, elle est rassasiée et constate en outre des surplus abondants: on s’attend donc à une explosion, un débordement d’enthousiasme. Pas du tout. La suite du récit de Matthieu surprend : aucune réaction. Jésus renvoie les gens chez eux et ordonne à ses disciples de retraverser, seuls, le lac tandis que lui monte dans la montagne.

C’est chez saint Jean que nous trouvons l’explication. Constatant le miracle qui vient de se produire, les gens, sidérés, en concluent que ce Jésus est le Messie attendu depuis des siècles, donc ils décident de le proclamer roi sur le champ. Effrayé, Jésus s’enfuit dans la montagne (Jean 6, 15).

Infantilisme de l’humanité : le bonheur, c’est recevoir tout, tout de suite, pour rien. Satisfaction immédiate des besoins. Donnez-moi ou je hurle. Terrifiant mirage de la société de consommation C’était la première tentation insinuée par le satan et que Jésus avait tout de suite sèchement rejetée. Il faut sortir du temps du biberon, des bisounours, pour entrer péniblement dans l’âge adulte où l’homme doit gagner son pain à la sueur de son front.

Et il est encore mille fois plus pénible d’accéder à l’âge spirituel où l’homme décide de construire une société où l’on partage nourriture et biens. C’était l’enseignement du pique-nique : veiller à la faim de chacun. Alors on ne vote plus, comme des gros naïfs, pour des politiciens qui promettent mirages, augmentations, avantages de toutes sortes mais en faveur d’hommes vrais qui appellent à créer ensemble une société de droit et de justice pour tous. « Je vous promets du sang et des larmes ». Du coup ils ne sont jamais élus.

Jésus a vu tout de suite le péril mortel de l’idolâtrie : être applaudi à tout rompre, hissé sur le podium comme le bienfaiteur de l’humanité, une vedette. Et il a perçu la tentation de ses disciples tout fiers de parader comme ses collaborateurs et qui frémissaient déjà à la perspective de participer au couronnement imminent de leur maître. Jésus brise la belle unité du pique-nique champêtre et il renvoie tout le monde.

Aussitôt Jésus obligea les disciples à remonter dans la barque et à le précéder sur l’autre rive, pendant qu’il renverrait les foules. Et, après avoir renvoyé les foules, il monta dans la montagne pour prier à l’écart. Le soir venu, il était là, tout seul.


Qu’est-ce qu’être le Messie, le Sauveur des hommes ? Suffit-il d’une politique honnête, de la médecine, de la guérison des maladies, du service humanitaire ? Quel est le projet de Dieu ? Le Fils veut écouter son Père. La montée est symbole d’élévation, d’éloignement du brouhaha pour s’enfoncer dans la solitude, le silence et remettre tout son être devant Dieu. Jésus va passer toute la nuit là-haut. La prière n’est pas une fuite, un passe-temps mais un accouchement de notre vocation. C’est de son Père que le Fils doit apprendre comment sauver l’humanité.

L’Église dans la tempête


La barque était déjà à une bonne distance de la terre, elle était battue par les vagues car le vent était contraire. Vers la fin de la nuit, Jésus vint vers eux en marchant sur la mer. En le voyant marcher sur la mer, les disciples furent bouleversés. Ils disaient : « C’est un fantôme ! » et la peur leur faisait pousser des cris. Mais aussitôt Jésus leur parla : « Confiance ! C’est moi ! N’ayez pas peur ! ».


En effet le lac de Galilée est parfois secoué par des turbulences de vents contraires ; d’ailleurs Matthieu nous avait déjà raconté comment Jésus, réveillé par les disciples, avait menacé la tempête d’un mot, ce qui avait ramené le calme et provoqué la question des hommes : « Qui est-il pour que même les vents et la mer lui obéissent ? » (8, 27). Mais ici la scène est beaucoup plus stupéfiante et tout lecteur achoppe sur un exploit incroyable : marcher sur la mer ! Certains ont même fait des recherches afin de découvrir un endroit du lac où le fond affleurait presque à la surface, ce qui avait permis à Jésus de faire croire à cette supercherie.

Laissons ces balivernes et bien plutôt sautons à la fin de l’évangile qui va nous donner la clef de l’énigme. En effet nous y découvrons un étonnant parallèle avec notre texte.

Un étonnant parallèle

Jésus partage des pains à la foule.
Pâque : Jésus partage un pain et une coupe avec ses seuls disciples et déclare : « Ceci est mon corps ; ceci est mon sang. »

Il refuse d’être un roi nourricier.
Il revendique le titre de Messie, Fils de Dieu : il est condamné à mort.

Il disparaît dans la montagne pour prier son Père.
Il disparaît dans la mort mais « passe » dans la gloire de son Père.

La nuit : la barque des disciples est violemment secouée.
Les disciples sont épouvantés par la croix et la disparition de Jésus. C’est la tempête.

A l’aurore, Jésus vient. Il domine l’abîme, comme s’il était d’une autre condition.
A l’aurore, le Ressuscité vient, portes closes.

Affolés les disciples le prennent pour un fantôme.
Les disciples croient voir un esprit (Luc 24, 37).

Il les apaise : « Confiance ! C’est Moi. »
« Quand vous aurez élevé le Fils de l’homme, vous connaîtrez que Je Suis. »

Matthieu ajoute une prophétie pour Pierre, le n° 1 des apôtres :

Il veut aussi marcher sur l’eau. Secoué par le vent, il a peur et coule. Jésus le sauve : « Homme de peu de foi, pourquoi as-tu douté ? »
Téméraire, il avait dit : « Moi je donnerai ma vie pour toi ». Au tribunal, il coule dans le Reniement : « Je ne connais pas cet homme ». Jésus le sauve par son pardon : « Paix mes brebis ».

Finale


« Quand Jésus et Pierre sont remontés dans la barque, le vent tomba. Les hommes dans la barque se prosternèrent : « Vraiment tu es Fils de Dieu ». Après la traversée, ils touchèrent terre à Génésareth. Les gens le reconnurent, on prévint la région et on lui amena tous les malades. On le suppliait de les laisser toucher la frange de son vêtement. Et tous ceux qui la touchèrent étaient guéris ».

Conclusion

L’exécution barbare de Jean-Baptiste a marqué un tournant dans la vie de Jésus et l’a orientée vers sa fin. Certes sa mission comporte encore des œuvres de bienfaisance : une religion résignée aux malheurs des hommes et tâchant de les consoler par des discours pieux et des promesses pour l’au-delà serait une odieuse aliénation, une cause majeure d’athéisme.

C’est pourquoi, à la suite de leur Seigneur, les premiers disciples ont accompli des œuvres semblables. Et à notre époque acharnée à dénoncer les crimes de l’Église (qui sont souvent réels), il faut répéter aux jeunes, qui en ignorent tout, que les Églises chrétiennes sont très probablement l’organisme le plus important de toutes les institutions humanitaires internationales.

Mais hôpitaux et œuvres de solidarité : est-ce suffisant ? Dans les évangiles, le même verbe peut se traduire « guérir ou sauver ». De quel mal l’homme doit-il être guéri / sauvé ?...Un homme guéri et en parfaite santé va-t-il être un vrai homme ?

Après l’avertissement de l’assassinat de Jean-Baptiste, les événements n’étaient plus des miracles pour l’admiration des naïfs ou les sarcasmes des incrédules mais des « signes » dont il fallait peu à peu percer le message.

Le repas dans l’herbe n’était plus seulement un pique-nique populaire mais l’annonce d’un futur repas où le pain serait la présence d’un Messie qui donne sa vie et qui dès lors est Seigneur.

La prière nocturne sur la montagne présageait la prière d’angoisse de Gethsémani puis la disparition de Jésus que la croix avait élevé dans la gloire de son Père.

La traversée de la mer dans la tempête et la marche sur les eaux prophétisaient un passage autrement tragique, celui du Messie qui passe la mort pour accéder à une vie nouvelle.

Alors, à celui qui perçoit son appel : « Confiance, n’ayez pas peur, c’est moi », il est offert d’avoir la grâce de passer l’abîme, d’être sauvé de toute mort.

Si les disciples, passagers de « la barque », confessent « Tu es le Fils de Dieu », alors ils peuvent se diriger vers tous les rivages du monde afin d’y révéler un peu de la Présence (« la frange ») de Celui qui parfois guérit mais toujours sauve.

Pourquoi Martin Heidegger, incroyant, considéré comme le plus grand philosophe du 20ème siècle, a-t-il tout à coup déclaré dans son ultime interview au journal « Der Spiegel » : « .....Seul un dieu peut sauver ». ??? ... Énigme qui interroge encore aujourd’hui. Les disciples, naïfs bénéficiaires du pique-nique, ont dû connaître la disparition du maître, le bouleversement de la croix, l’apparition qui les comblait de paix pour comprendre la profondeur du mal qui ronge l’humanité et que seul « le Fils de Dieu » peut sauver.



Frère Raphaël Devillers, dominicain

La crise sanitaire, un signal d’alarme prévient le pape François

La crise sanitaire, un signal d’alarme
prévient le pape François

Evoquant la pandémie du Covid-19 dans la préface du livre Communion et espérance, témoigner la foi au temps du coronavirus, le pape François estime que cette période d’épreuves exige de « mettre notre vie au service des autres de manière nouvelle ».

Il se dit à cette occasion « reconnaissant envers tous les signes de disponibilité, pour l’aide spontanée et l’engagement héroïque du personnel de santé, des médecins et des prêtres », rapporte L’Osservatore Romano dans son édition du 28-29 juillet 2020.

Dans ce livre, publié le 9 juillet dernier, le cardinal Walter Kasper, président émérite du conseil pontifical pour la promotion de l’unité des chrétiens, et le Père George Augustin, fondateur de l’Institut cardinal Walter Kasper, abordent les solutions pour témoigner la foi dans ce temps de pandémie, quand il est impossible de se réunir pour célébrer les offices et les fêtes religieuses.

Pour le pape François, qui a écrit la préface de l’édition italienne, cette crise représente « un signal d’alarme pour réfléchir aux racines les plus profondes qui nous soutiennent tous dans la tempête ». Elle rappelle que les hommes ont oublié et négligé certaines choses importantes dans la vie, « et nous fait réfléchir à ce qui est vraiment important et nécessaire ».

« La contamination de l’amour »

« Le danger d’être contaminé par un virus doit nous enseigner un autre type de ‘contamination’, celle de l’amour qui se transmet de cœur à cœur. Je suis reconnaissant envers tous les signes de disponibilité, pour l’aide spontanée et l’engagement héroïque du personnel de santé, des médecins et des prêtres. En ces semaines nous avons senti la force qui venait de la foi », se réjouit-il.

Le pontife considère par ailleurs que la crise a mis en évidence toute la vulnérabilité, l’incohérence et le besoin de rédemption des hommes. Elle a également remis en question de nombreuses certitudes sur lesquelles nous nous sommes appuyés dans la vie quotidienne. En somme, la pandémie soulève des « questions fondamentales sur le bonheur dans nos vies et le trésor de notre foi chrétienne ».Précisément dans les situations d’urgence, « nous dépendons de la solidarité des autres ». Cette période est donc l’occasion pour interpeller les hommes face à l’injustice mondiale afin qu’ils se réveillent et entendent « le cri des pauvres » et de la « planète si gravement malade ».

Source: cath.ch/imedia/ah/be

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