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5e dimanche Année C – 10 février 2019
Évangile de Luc 5, 1-11

LA MISSION : PÊCHER LES PÉCHEURS

5e dimanche ordinaire – Année C – 10 février 2019 – Évangile de Luc 5, 1-11

PAPE FRANCOIS :

SEUL UN PÉCHEUR PEUT PÊCHER LES AUTRES


Il faut se reconnaître pécheurs. Sans apprendre à s’accuser soi-même, on ne peut cheminer dans la vie chrétienne : tel est le cœur de l’homélie du Pape François ce 6.9.2018

Après avoir constaté que les filets étaient prêts à rompre devant la quantité de poissons, Pierre se jette aux pieds de Jésus et lui dit : « Éloigne-toi de moi, Seigneur, car je suis un homme pécheur ».

C’est le premier pas décisif de Pierre comme disciple de Jésus, il s’accuse lui-même, reconnait qu’il est pécheur.

Ce premier pas doit aussi être le nôtre, si nous voulons avancer dans la vie spirituelle, dans la vie avec Jésus.

Le salut apporté par Jésus a ainsi besoin de cette confession sincère, parce que ce n’est pas une chose « cosmétique », qui nous remaquille, mais qui au contraire nous transforme en profondeur.

Le premier pas de la conversion est donc ainsi de reconnaître ses péchés et d’éprouver la stupeur d’être sauvé, a expliqué le Pape.

Le premier pas est donc une grâce : celle d’apprendre chaque jour à regarder ses fautes plutôt que celle des autres, a expliqué le Saint-Père.

« Un signe qu’un chrétien ne sait pas s’accuser lui-même est quand il est habitué à accuser les autres, à tirer sur eux, à mettre le nez dans la vie d’autrui. Est-ce que je fais cela ? C’est une bonne question pour arriver au cœur » a-t-il conclu demandant au Seigneur la grâce de nous trouver devant Lui comme Pierre qui s’est senti pécheur.»

ÉVANGILE DE LUC 5, 1-11

LA MISSION : PÊCHER LES PÉCHEURS

En entendant cet évangile, nous sommes évidemment frappés par le miracle de la pêche miraculeuse. Pourtant l’essentiel n’est pas dans l’événement merveilleux mais bien dans la Parole de Jésus :

Au bord du lac, la foule se pressait autour de Jésus pour écouter la Parole de Dieu.


QUELLE EST DONC CETTE PAROLE ? (4, 36)

Lors de son baptême, Jésus a fait une expérience intime : le Père a comblé son Fils de l’Esprit, pour accomplir « aujourd’hui » le salut du monde. Nul n’a rien remarqué, les apparences sont restées les mêmes, celles d’un modeste artisan d’un village perdu, sans fortune ni relations ni distinctions. Et la voix divine ne lui a donné aucune directive, aucune précision sur la façon d’agir. Que faire ? Comment faire ? Rejetant toutes les tentations de puissance, Jésus décide de son action : PARLER.

Depuis le début, Luc répète et souligne cette activité fondamentale de Jésus et qui le restera jusqu’à la fin de sa vie. Et qui lui vaudra la mort. Jésus devient prophète. Ce qui ne désigne pas un homme qui prédit l’avenir mais un homme qui parle pour (pro) Dieu.

Que dit-il ? Il tire son programme des Ecritures : « Dieu m’a oint de son Esprit, il m’envoie porter la Bonne nouvelle aux pauvres, annoncer la liberté aux prisonniers, aux aveugles qu’ils verront, ouvrir un Jubilé de la grâce de Dieu ». Aujourd’hui cet envoyé de Dieu anonyme est devant vous et la promesse se réalise.

Jésus devient un héraut dont la mission est de lancer une nouvelle heureuse. Donc l’Evangile n’est pas d’abord un livre, ni un catéchisme, ni un traité de morale, ni une loi. Au sens premier, c’est un cri joyeux, un appel. Ce n’est pas imposer, menacer, critiquer, renvoyer à un arrière monde. C’est révéler à quelqu’un que Dieu vient le libérer de ses chaînes et le combler de richesses, qu’il veut le rendre heureux et accomplir son désir le plus profond. Est-ce cela que les gens entendent aujourd’hui ?

A qui Jésus parle-t-il ? A tout le monde. A commencer par les gens de son pays, ce petit peuple de Galilée, paysans, artisans, esclaves, hommes, femmes, enfants. Non des nobles, des intellectuels, des prélats, des princes, des saints. Le premier Evangile a jailli non au Palais royal, ni à l’Académie, ni à l’E.N.A. Jésus n’a jamais dit que le petit peuple n’était pas capable de comprendre. Au contraire. Parce qu’ils menaient une vie misérable, parce qu’ils étaient dédaignés et exploités, ces gens pouvaient comprendre le langage de la libération.

Où parle-t-il ? Jésus n’a pas imité son maître, le Baptiste, qui s’était posté à l’écart, à un endroit fixe, attendant que les gens viennent à lui. Jésus tout de suite s’est élancé dans sa province et il ne tient pas en place : on le voit ici puis il gagne le village voisin, il franchit même les frontières, s’aventure en pays païen. Sans cesse il circule, il bouge, il va à la rencontre des gens, les rejoint dans leur milieu de vie – même sur la plage. Dieu ne nous attend plus au ciel : il vient chez nous. C’est dans notre monde que l’Evangile doit être dit, écouté, vécu.

Shabbat à la synagogue. En particulier Jésus prêche à la synagogue, lors du grand office le matin du shabbat. C’est le grand jour de fête au village. Arrêtant tout travail, revêtus de leurs plus beaux habits, tous les hommes du village se rassemblaient pour fêter Dieu, écouter la lecture de la Torah puis des Prophètes. En retour l’assemblée, par des Psaumes, chantait son allégresse, sa joie d’être unie par Dieu par un pétillement d’Alléluias.

Quand on lui en offrait l’occasion, Jésus montait au lutrin et affirmait qu’il était le grand Prophète annoncé justement par les Ecritures. Ce qui, on l’a vu, provoquait pas mal de remous. Imperturbable, Jésus s’en allait ailleurs et recommençait. Les prophètes ne sont jamais bien reçus dans leur pays.

Que devient notre dimanche ? Et notre assemblée fraternelle ? Et la prédication ? Beaucoup y viennent sans guère prêter attention à une lecture que pourtant l’on qualifie de divine: « Acclamons la parole de Dieu ». On écoute beaucoup mieux des bateleurs, des menteurs et des m’as-tu vu.

Des foules de baptisés occidentaux se détournent d’une foi pour laquelle, en Syrie, au Pakistan, en Erythrée, en Mongolie, des pauvres sont prêts à souffrir persécution et martyre.

Avec autorité. L’enseignement de Jésus n’était pas enfilade de propos pieux, salmigondis théologique, enguirlande morale. Elle pouvait se heurter au refus de l’homme libre mais, chez celui qui s’y livrait, elle avait la puissance de pénétrer au plus profond de son être et en extraire le cancer de la rage. Jésus parlait « avec autorité » : cela ne veut pas dire qu’il hurlait, qu’il frappait du poing sur le pupitre. Il parlait doucement mais sans consolider son discours par des références aux grands maîtres. Sa parole était active, performative comme on dit aujourd’hui : sans gesticulations, sans palinodies, elle pouvait pénétrer au plus profond des cœurs aliénés et les faire renaître à la liberté et à la joie. Sa parole guérissait, réparait, vivifiait l’homme. Nietzsche demandait que nous ayons l’air plus ressuscités.

« QUELLE EST CETTE PAROLE ? » : cette question que l’on se posait à l’époque doit demeurer la notre car elle se situe au point central de la foi.


LA PECHE MIRACULEUSE

Ce qui est magnifique, ce n’est pas la prise de poissons mais le fait que Simon, pêcheur de métier, accepte d’obéir à l’ordre d’un charpentier. Qu’ayant toujours pêché la nuit selon la coutume, il entreprenne de le faire le jour. Qu’il fasse absolue confiance à la Parole de Jésus.

« Nous avons peiné toute la nuit sans rien prendre mais sur ta parole, je vais jeter les filets »

La foi, c’est « une fois de plus ». Outrepasser ses convictions. Surmonter l’expérience d’échecs consécutifs. Reprendre le travail quand on a envie d’aller se reposer. Recommencer quand les autres vous soufflent que « c’est inutile, tu perds ton temps ».

Et voila tout à coup une prise ébouriffante : tellement de poissons que le filet se déchire et que l’on va remplir deux barques. L’homme de métier apprend qu’il lui faut compter non d’abord sur ses compétences et son courage mais « sur la parole de Jésus », et qu’il obtiendra alors des résultats exceptionnels, inattendus. Se fonder sur la Parole conduit à une surabondance de vie. Pourquoi craignons-nous de dépasser nos limites ?


LA VOCATION DES APOTRES

Simon prend conscience qu’il vient de vivre un événement anormal : Dieu est là.

« Simon Pierre tomba aux pieds de Jésus : « Seigneur, éloigne-toi de moi car je suis un homme pécheur ». L’effroi l’avait saisi, ainsi que les autres.

Simon ne s’attribue pas la réussite de sa pêche, il ne jubile pas à la perspective de gagner beaucoup d’argent en vendant cette masse de poissons. Il perçoit la grandeur de Jésus et du coup sa propre petitesse. Il murmure « je suis un grand pécheur ». Pourtant Jésus ne l’a pas acculé à reconnaître son péché, il ne lui a pas fait pas la morale : il lui a montré de quoi, avec lui, il est capable.

« Jésus lui dit : « Sois sans crainte : désormais ce sont des hommes que tu prendras ». Alors ils ramenèrent les barques au rivage et ils le suivirent ».

Car la véritable tragédie, c’est que des hommes, des multitudes innombrables d’hommes se noient. Ils sont submergés par les tâches et les soucis, happés par les tentacules de l’argent, victimes des requins de la finance, ils étouffent dans les drogues, ils s’abiment dans le désespoir, ils coulent dans les profondeurs du mal, les tempêtes des conflits, les tsunamis des guerres, l’angoisse de la mort. Les 4 hommes ont perçu l’appel : laissant tout là, ils s’en vont à la suite de Jésus.


CONCLUSION

Il ne faut pas « expliquer » le miracle mais réfléchir à cette PAROLE DE JESUS telle qu’elle brille dans ces premiers dimanches. Sa proclamation précède tout. Pratique des sacrements, préceptes moraux, discipline ecclésiastique, organisation paroissiale n’en sont que des conséquences.

Lancer la Bonne Nouvelle de la libération que Jésus opère ne peut jamais être considéré comme un préalable enregistré. C’est cette Parole que les jeunes attendent aujourd’hui en priorité indépassable.

L’Evangile donne sens à la vie : il nous appelle à toujours recommencer, à partir au large, à entendre les cris des multitudes infinies de noyés, à tout faire pour en sauver quelques-uns.

« J’ai toujours échoué…Je suis pécheur » ne sont pas des excuses mais des conditions pour écouter l’appel du Maître. A partir de la barque de Pierre (l’Eglise), Jésus continue à lancer la Bonne Nouvelle. Le grand filet retire des eaux de la mort ceux qui y consentent. La mission n’est pas embrigadement mais sauvetage. Heureux l’apôtre, conscient de son péché, qui se passionne à libérer ses frères. « SUR TA PAROLE »

Frère Raphaël Devillers, dominicain

LA RESURRECTION D'ASIA BIBI

LA RESURRECTION D'ASIA BIBI

par J. CHANNAN, dominicain pakistanais

Le dominicain pakistanais James Channan, très impliqué dans le dialogue interreligieux au Pakistan témoigne de sa joie après l’acquittement définitif d’Asia Bibi et de ses espérances pour les chrétiens du pays.
Quelle joie pour nous, en ce 29 janvier, d’apprendre qu’Asia Bibi était définitivement libre et que le recours contre son acquittement a été rejeté par le président de la Cour suprême du Pakistan.

Enfin, il est reconnu une fois pour toutes qu’elle n’a pas proféré de blasphème contre le prophète de l’Islam et que toutes les charges retenues contre elles sont fausses et sans fondement. Enfin, il est dit que ceux qui ont témoigné contre la chrétienne sont des menteurs et ont donné un faux témoignage.
Pour Asia Bibi, cette décision est une véritable résurrection des morts. Dieu l’a comme relevée du tombeau, sa cellule de prison dans le couloir de la mort où elle a passé huit ans. Cette femme pauvre et illettrée, qui était ouvrière agricole dans la périphérie de Lahore, n’a jamais faibli dans l’épreuve. Elle est pour nous l’exemple d’une foi forte dans le Christ ressuscité. Elle nous en a donné le témoignage pendant toutes ces années depuis le fond de sa cellule où planait l’ombre de la mort et maintenant elle est dans la joie d’une « résurrection ».

Elle s’est battue pour prouver son innocence avec la force de la foi, comme un roc qui ne peut être ébranlé, et c’est vraiment une satisfaction de la voir aujourd’hui victorieuse. Je ne peux qu’imaginer à quel point ses nuits ont dû être sombres et ses rêves épouvantables quand la peine de mort a été prononcée contre elle en novembre 2010 et qu’elle a craint d’être pendue. Mais Asia est une femme pleine d’espérance et elle a toujours cru qu’un jour elle se relèverait et pourrait vivre à nouveau une vie libre et « normale ».

Je veux saluer ici son avocat, Saif-ul-Malook, un musulman qui s’est battu pour elle et l’a défendue en risquant sa propre vie. Lui et sa famille ont reçu des menaces de mort de la part d’islamistes à tel point qu’ils ont dû fuir le pays… Mais cet homme courageux est retourné à Islamabad pour défendre une dernière fois la cause de la chrétienne, ce 29 janvier, et il a gagné. J’imagine sa joie profonde.

Le rejet de l’appel contre l’acquittement est une victoire de la justice. C’est la justice qui l’emporte au Pakistan.

Le procès d’Asia Bibi était un test pour le Pakistan. Il a montré au grand jour comment des esprits dérangés et des musulmans radicaux détournaient cette loi sur le blasphème pour s’en prendre à n’importe qui et spécialement aux chrétiens les plus pauvres et sans défense. Je me réjouis de la position audacieuse des juges de la Cour suprême du Pakistan et de leur décision. Ils ont rendu leur jugement librement, en conscience, sans se laisser influencer par les manifestations, les grèves et les menaces de la part de fanatiques islamistes qui ont accompagné chaque étape de l’interminable procès d’Asia Bibi.

Tous les chrétiens et, je le crois, une majorité de musulmans, se réjouissent de cet acquittement. J’espère qu’après cette décision les islamistes se garderont de toute fausse accusation et qu’ils craindront de faire de faux témoignages.

Maintenant, Asia Bibi est libre. Mon regret est qu’elle ne puisse malheureusement pas vivre librement dans son propre pays, celui qui l’a vu naître. Elle est forcée, de crainte d’être un jour victime d’un attentat, de quitter le Pakistan et de s’installer ailleurs pour recommencer une vie libre.

Que Dieu la bénisse, elle et sa famille, pour qu’elle puisse désormais vivre en paix et mener une vie de liberté.

LA VIE - 30 1 2019

PAPE FRANCOIS AUX J.M.J. DE PANAMA

PAPE FRANCOIS AUX J.M.J. DE PANAMA

Chers jeunes, bonsoir ! …

La vie que Jésus nous offre est une histoire d’amour, une histoire de vie qui veut se mêler à la nôtre et plonger ses racines dans la terre de chacun.

Cette vie n’est pas un salut suspendu “dans les nuages” et attendant d’être déversé, ni une “application” nouvelle à découvrir, ni un exercice mental fruit de techniques de dépassement de soi. Elle n’est pas non plus un “tutoriel” avec lequel on apprendrait la dernière nouveauté.

Le salut que le Seigneur nous offre est une invitation à faire partie d’une histoire d’amour qui se tisse avec nos histoires ; qui vit et veut naître parmi nous pour que nous donnions du fruit là où nous sommes, comme nous sommes et avec qui nous sommes.

C’est là que le Seigneur vient planter et se planter ; il est le premier à dire “oui” à notre vie, à notre histoire, et il veut que nous aussi disions “oui” avec lui.

Fichier du texte de l'homélie

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