Épiphanie du Seigneur – 8 janvier 2023 – Évangile de Matthieu 2, 1-12

Évangile de Matthieu 2, 1-12

Fides quaerens intellectum

Épiphanie vient du grec qui veut dire « apparition ». Une épiphanie c’est la manifestation de quelque chose de caché. Ce que l’on ne voyait pas, ou pas totalement jusqu’alors, se révèle. A l’épiphanie, quelque chose apparaît tel qu’il est. La question est : qu’est-ce qui se révèle à l’épiphanie qui ne s’était pas déjà révélé à Noël ?

A Noël, ce sont les proches de l’enfant qui comprennent qui il est. Ses parents – Marie et Joseph qui reçoivent la révélation d’anges – et d’autres pauvres, rejetés et nomades comme lui – de simples bergers alentours qui suivent la révélation de leur cœur. Le premier cercle est là, qui a intimement compris l’importance pour le monde de cette naissance.

Les récits de la Nativité de Dieu insistent sur la toute pauvreté, l’extrême dénuement de cette apparition sur Terre que reflète la pauvreté et le dénuement du premier entourage – des gens simples, au cœur simple. Il suffit d’aller voir aujourd’hui la condition des bergers aux alentours de Jérusalem, qui vivent dans des cabanes de tôles parmi les bêtes et les détritus.

Pourtant la puissance de ce qui se trame là, entre ces gens simples, dénués de tout – et en premier lieu de considération – la puissance de ce qui est en jeu dans leur cœur n’apparaîtra clairement qu’à l’Épiphanie. Savez-vous que, dans la monde orthodoxe, c’est à l’Épiphanie qu’on célèbre l’incarnation de Dieu ? Il y a, en fait, un continuum entre la Nativité et l’Épiphanie, entre l’émerveillement et la compréhension de l’incarnation divine, un tout qui va de l’un à l’autre.

On a l’image classique de trois rois mages, auxquels la Tradition a fini par donner des prénoms – Melchior, Gaspard et Balthazar – et même différentes origines et couleurs de peaux. Cette tradition des Rois mages donnera la culture populaire de la galette des rois à laquelle j’espère vous aurez l’occasion de sacrifier.

Mais dans la Bible, ils ne sont ni trois, ni rois, ni même mages au sens où on l’entend aujourd’hui. Il s’agit plutôt de sages venus d’Orient. On s’est sans doute éloigné de la signification première du récit en le surchargeant d’interprétations.

Ce que les mages venus d’Orient symbolisent c’est la venue des sagesses antiques au pied de cette sagesse divine qui se rend présente dans la naissance d’un petit enfant qui d’abord bouleverse le cœur des plus humbles.

Quant aux présents que ces sagesses orientales viennent déposer aux pieds de l’Enfant-Dieu, ils symbolisent les grands traits de son existence parmi les hommes : l’or pour témoigner de sa royauté, l’encens pour la divinité de son esprit, la myrrhe pour l’embaumement de son corps quand il mourra.

C’est ici que le mot épiphanie prend tout son sens : la manifestation qui a lieu est celle, concrète, de la sagesse divine face aux grandes sagesses du monde. C’est devant la pauvreté de cette naissance extraordinaire que les plus grandes sages viennent s’incliner. Et par eux, c’est l’ensemble des sagesses du monde qui s’inclinent devant cet événement autant incompréhensible que miraculeux.

L’étoile que suivent les mages est là pour montrer que la lumière divine qui émane des éléments naturels peut nous conduire à Dieu. C’est guidé par leur science, leurs observations de la nature que les mages arrivent à constater la présence réelle de Dieu sur Terre. Le cheminement des mages guidés par l’étoile symbolise le cheminement qui nous est demandé de faire, à l’aide de nos observations, de notre savoir, de notre science, pour trouver Dieu. « Fides quaerens intellectum » a écrit au XIe siècle saint Anselme de Cantorbéry – la foi cherche l’intelligence.

La réconciliation de la foi et de la raison a été au cœur de la théologie développée par feu le pape Benoît XVI. Je ne peux que vous inviter à relire avec fruit ses nombreux commentaires sur la quête de Dieu comme moteur de la raison, notamment son célèbre discours de 2008 au Collège des Bernardins qui voit, dans cette recherche qui fonde les communautés monastiques moyenâgeuses, la naissance de la culture occidentale.

Le mystère de l’incarnation de Dieu ne sera pas épuisé par notre intelligence. Jamais nous n’en viendront à bout à force de savoir : le mystère divin restera mystère. Mais ceci ne signifie pas que, face au mystère, il nous faille abdiquer notre intelligence, comme le supposent les détracteurs de la foi. Au contraire, il est de notre devoir de mobiliser notre intelligence pour creuser le mystère de notre foi, développer notre connaissance de Dieu et, ainsi, toujours plus nous en approcher. Certes avec notre cœur, mais aussi avec notre raison.

On peut s’approcher de deux manières de la crèche : soit avec la naïveté de cœur des bergers, soit munis de trésors de sagesse et de science comme les mages. L’important est que les deux conduisent à l’émerveillement et à la rencontre.

L’amour n’échappe pas au crible de la raison, sinon il est comme une chaloupe à la dérive, fluctuant au gré des sentiments. Mais l’amour divin ne peut se réduire à ce qu’en pense la raison, car il est tout à fait déraisonnable d’aimer comme Dieu.

— Fr. Laurent Mathelot, dominicain.

L’Épiphanie du Seigneur – Année C – 25 décembre 2021

La « Manifestation » du Fils aux nations

Les siècles passent et ne parviennent pas à ternir la beauté de ces deux récits qui racontent la naissance de Jésus. La Noël de Luc et l’Épiphanie de Matthieu constituent un diptyque dont on ne se lasse pas.

Parmi les textes de l’antiquité, Platon et Aristote sont lus et étudiés par une minorité dans les milieux universitaires en quête de culture : le récit de la naissance de Jésus, lui, est lu et célébré dans les mégapoles occidentales comme dans des milliers de villages chinois où les chrétiens le fêtent en cachette pour échapper à la surveillance de la police, aussi bien que dans le Sahel où l’on pleure les frères décapités au nom d’Allah et où l’on demande au Fils de Dieu de pardonner à leurs bourreaux.

Un même événement mais l’essentiel y est raconté selon deux desseins différents. Jésus n’est pas un sauveur surgi d’ailleurs : il est un homme né d’une femme comme chacun de nous. Il s’appelle Iéshouah – qui en hébreu signifie Sauveur- et il est né à Bethléhem – qui signifie « maison du pain ». Or justement le nouveau-né a été placé sur la paille de la crèche, c.à.d. la mangeoire, comme si déjà il était offert à être mangé.

Et en effet il perpétuera sa naissance en étant accueilli dans le cœur de tout croyant qui le consommera comme son Pain de Vie. Et les premiers à venir à lui seront de petits bergers, des pauvres qui n’observent guère la Loi mais qui veillent dans la nuit. Ainsi Noël éclaire le mystère de l’Eucharistie, laquelle, dans la maison du Pain qu’est l’Église, sera reçue par les cœurs pauvres qui restent éveillés dans la nuit du monde. Elle les fera chanter d’une joie inaliénable. On retrouve donc les grands thèmes de la Bonne Nouvelle chez Luc.

L’Épiphanie chez Matthieu

Ce beau mot signifie « manifestation » : Matthieu est préoccupé par l’ouverture universelle de la mission de Jésus. Si, au début, il déclare à ses apôtres qu’il n’a été envoyé qu’aux brebis perdues d’Israël », toutefois il les assure qu’ils sont « la lumière du monde » ; il rencontre des païens pour qui il exerce des miracles : le démoniaque de Guédara, le fils du centurion, la syro-phénicienne… Et il finira son évangile par le grand envoi du Ressuscité : «  Allez ! De toutes les nations faites des disciples…Je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde ».

Ainsi dès sa naissance, Jésus attire à lui des étrangers. Les mages n’étaient pas des rois mais des sortes de savants de l’époque qui étudiaient les mouvements des astres et autres phénomènes cosmiques afin d’y lire des messages divins. Il est vain d’essayer de calculer l’année où se serait produite une curieuse déflagration astrale ou la naissance d’une nouvelle étoile. Dans leurs recherches et leurs lectures, les mages apprirent que le petit peuple d’Israël attendait une personnalité spéciale, un roi que l’on appelait messie et la rumeur courait que ce messie était survenu. Curieux ils décidèrent de se mettre en route pour saluer ce fils royal.

Parvenus en Israël, ils se dirigèrent donc vers le palais d’Hérode. Stupeur à la Cour où rien de tel n’était signalé. Mais les scribes rappelèrent que les prophètes avaient prévu la naissance du messie dans le petit village de Bethléem en Judée. Les païens peuvent trouver des signes dans l’univers mais le signe de la Bible est ultime et décisif.

Sceptique mais jaloux de cet éventuel enfant qui serait roi et donc qui le supplanterait, Hérode ordonna que l’on indique la route à ces étrangers qui reviendraient expliquer et lui permettre d’honorer ce soi-disant messie. En fait il projetait de le faire mettre à mort. Renseignés, les mages reprirent la route, découvrirent la maison et rendirent hommage à l’enfant. Avertis en songe, ils repartirent en évitant Jérusalem.

La foi dépassée ou prophétique ?

L’homme moderne est fier d’être libéré de ces antiques superstitions bonnes pour les enfants. Et pourtant !

Dieu le Père nous a envoyé son Fils pour nous apprendre à vivre, à affronter les dures circonstances de la vie, à recevoir la joie divine au cœur des ténèbres. Et vous avez préféré demeurer des enfants qui croient au père Noël qui comble de cadeaux … ceux qui ont de l’argent et qui sont de vos parents et amis.

La fête des Mages est l’adoration du Sauveur qui vient nous libérer de nos péchés et donc nous offrir la véritable royauté. Elle est devenue l’occasion de partager un bon gâteau, d’y trouver la figurine enfouie et pouvoir se pavaner, hilare, sous une couronne de carton doré. Ridicule !

Ces fêtes nous offrent un diamant, la vraie liberté, la confiance dans l’avenir et vous avez préféré le cirque en carton plâtre de la consommation. Bergers et mages chantent d’allégresse dans la communion retrouvée et vous, vous vous éclatez !

Les mages nous apprennent à discerner les signes de Dieu, à scruter le cosmos pour en discerner le sens. Mais ils doivent passer par les oracles prophétiques d’Israël qui précisent où est la vérité, là où on ne l’attend pas, à trouver le roi Messie du monde au fond d’un village plutôt qu’un prince dans un lieu royal où règnent le luxe, la violence, le crime.

Les mages nous pressent de ne plus croire aux horoscopes et autres fadaises pour accepter de vivre en suivant l’étoile de l’Évangile. Et vous préférez vous jeter sur les prévisions de Madame Soleil ou les élucubrations du mage Uscule, diplômé en voyance.

Vous organisez de temps en temps de grandes opérations à but philanthropique – signe de votre bon cœur et des appels universels de l’amour – , mais vous faites silence sur les milliers de « bergères » religieuses qui travaillent, à longueur de vie, dans les coins les plus perdus, et parfois les plus dangereux de la planète pour soigner les malades, éduquer des enfants, recueillir des filles violées, nourrir les affamés.

Oui Noël et l’Épiphanie peuvent demeurer des anecdotes infantiles pour amuser les enfants crédules. Mais si l’on restitue leur sens profond, ces fêtes nous rendent adultes, elles dérangent notre tranquillité, nous font réfléchir et prendre des décisions.

Il y est question d’un jeune couple bousculé par l’administration anonyme, d’une jeune femme obligée d’accoucher dans des conditions pénibles de pauvreté, de gamins qui accourent dans la nuit pour s’émerveiller devant un bébé sur la paille, de savants qui osent se mettre en voyage pour trouver la vérité, qui préfèrent offrir leurs cadeaux à un enfant pauvre plutôt qu’à un prince, qui évitent que se réalisent les desseins meurtriers du roi, qui décident de « partir pour un autre chemin », c.à.d. de changer de conduite parce qu’ils ont découvert que la véritable étoile de leur existence était ce Jésus de Nazareth.

Et surtout ces fêtes nous stupéfient et nous émerveillent par leur révélation de Dieu. Il n’est pas une Puissance éclatante de majesté et qui nous fait peur. Il apparaît sous l’image d’un nouveau-né, l’être le plus fragile qui soi. Il ne tempête pas : silencieux, il nous attend, il accueille tous ceux et celles qui viennent à lui, incultes et savants, juifs et païens, riches et pauvres.

Hélas la multitude de ceux et celles qui se sont détournés de ces récits ne fait que croître. La foi qui était tombée dans le folklore s’est dissoute dans « la magie ». Seule solution : mieux percevoir leur vérité, les connaître en profondeur. Et pour cela imiter Marie dont on nous disait : « Tous étaient étonnés de ce que racontaient les bergers. Quant à Marie, elle retenait tous ces événements et les méditait dans son cœur » (Luc 2, 19).

Plus l’Église approfondira le sens de l’Évangile, plus elle décidera de le vivre, plus elle sera missionnaire.

Fr. Raphaël Devillers, dominicain.

Fête de l’Épiphanie – Année B – 3 janvier 2021 – Évangile de Matthieu 2, 1-12

Évangile de Matthieu 2, 1-12

Épiphanie : L’Étoile est née

Épiphanie : un mot un peu mystérieux, une fête qui ne signifie plus rien pour beaucoup. Sinon l’occasion de partager une succulente galette des Rois et avoir la chance de trouver la petite figurine enfouie dans la pâte. Pourvu qu’elle représente Messie (Lionel, la star du foot évidemment). Et être applaudi comme roi affublé d’une couronne de carton doré… La bouffe et le folklore ! Toute la richesse de la fête évangélique est aplatie à zéro. Essayons de la retrouver.

Les savants sous la ronde des étoiles

Étaient-ils trois ?..En tout cas ils n’étaient pas rois mais mages. Ce qui ne désigne pas des charlatans amateurs de tours mais de véritables savants de l’époque. Les plus célèbres, en Chaldée, du haut de la tour de Babel, observaient depuis des siècles les mouvements réguliers des étoiles. La voûte céleste n’envoyait-elle pas des messages des dieux ? Notre destinée n’était-elle pas tracée par les signes du zodiaque ? Les hommes étaient-ils les jouets des astres, les pantins soumis à la fatalité ? …La croyance est tenace et elle perdure dans notre société moderne puisque nombreux, même au plus haut niveau politique, me dit-on, sont ceux qui se précipitent pour connaître les prédictions sur les événements de l’année qui débute..

Un jour, une étoile nouvelle intrigua les mages : certains l’interprétèrent comme signe d’ une naissance royale dans le royaume de Judée et décidèrent de se mettre en route. Ils parvinrent à la capitale de ce royaume, Jérusalem, et se présentèrent donc au palais du roi Hérode. A leur grand étonnement, on leur déclara que nulle naissance n’avait eu lieu à la Cour. Mais on leur apporta le grand livre des Écritures, la Torah, où étaient consignées les prophéties des derniers siècles. C’est alors que les mages découvrirent une tout autre conception de l’histoire.

Chez eux, à Babel, ils guettaient, dans la ronde des étoiles, les signes d’un temps qui se répétait sans fin. Les dieux dictaient leurs volontés implacables et l’homme ne pouvait que s’incliner devant leurs décisions. Au contraire, la Torah d’Israël – que nous appelons la Bible – affirmait que l’histoire n’est pas cyclique mais qu’elle a un sens, et que si nous retombons toujours dans les tempêtes des malheurs, des trahisons et des guerres, un jour, Dieu, car il n’y en a qu’un, enverra un roi qu’il consacrera par son amour et qui apportera justice et paix. On l’appelle le Messie.

Les scribes royaux expliquèrent ainsi aux voyageurs que c’est précisément un mage païen, comme eux, dénommé Balaam qui avait jadis déclaré : « Je le vois mais ce n’est pas pour maintenant : Une étoile monte d’Israël… » (Nombres 23, 17). Plus tard le prophète Michée avait même précisé le lieu de naissance de ce Messie : « Et toi, Bethléem, tu n’es pas le plus petit des chefs-lieux de Juda car c’est de toi que sortira le chef qui fera paître mon peuple Israël. Il sera grand jusqu’aux confins de la terre. Lui-même sera la paix » (Michée 5, 1).

Nos mages proposèrent donc de se rendre à ce village de Bethléem. On leur expliqua le chemin – à quelques km au sud de Jérusalem – mais le roi Hérode et ses prélats refusèrent de les accompagner. On peut très bien connaître les Écritures, faire de beaux commentaires sur la Parole de Dieu…et ne pas obéir à ce qu’elle dit. On reporte pour d’autres, dans l’avenir, les engagements que Dieu tout à coup demande pour aujourd’hui.

La découverte de l’Étoile véritable

L’étoile qu’ils avaient découverte à leur observatoire les guida et cela les remplit d’une très grande joie : signe qu’ils ne s’étaient pas trompés et qu’ils approchaient du but.

« Ils entrèrent dans la petite maison et virent l’enfant Jésus avec sa mère. Ils se prosternèrent devant lui et lui présentèrent leurs cadeaux : de l’or, de l’encens et de la myrrhe ».

Ainsi ce sont des païens, des étrangers, qui furent les premiers à venir à Jésus et à croire en lui. Ils avaient dû quitter leurs familles, leurs travaux pour se lancer dans un long voyage. Ils avaient dû scruter les messages mystérieux que le cosmos leur envoyait. Ils avaient dû se plonger dans la Torah juive pour y découvrir une nouvelle lecture de l’histoire qui n’est plus seulement cycle des saisons mais accomplissement du dessein du Dieu unique qui nous libère des fatalités pour nous conduire peu à peu à la découverte du Messie.

Nos mages étaient partis à la rencontre d’un petit prince, baignant dans le luxe et la puissance d’un palais : et ils découvraient une misérable maisonnette, un couple pauvre avec leur nouveau-né sans couronne ni auréole. Et, avant Hérode, avant les spécialistes des Écritures, eux, les premiers, avaient eu le courage d’aller au bout de leur recherche. Ils offrirent leurs cadeaux et s’agenouillèrent : car la foi au Messie provoque à partager ses biens et à devenir comme des enfants. L’adoration véritable se vérifie dans la donation.

Une vie nouvelle

A Jérusalem, ils avaient trouvé étrange que le roi Hérode refusât de les accompagner. Maintenant, dans un songe, Dieu leur conseilla de ne pas retourner au palais comme convenu.

« Ils retournèrent dans leur pays par un autre chemin ».

On perçoit le double sens de l’expression qui n‘est pas seulement géographique mais spirituelle. Lorsque l’on reconnaît en Jésus le Messie de Dieu, on ne peut plus vivre comme avant. L’échelle des valeurs change, les priorités basculent, on prend d’autres chemins de vie.

On ne croit plus à la fatalité des astres, on n’est plus écrasé par un Dieu tout-puissant. On perçoit les signes qu’il nous fait : la splendeur du cosmos et la lumière de la Torah convergent pour nous conduire devant le grand signe : Jésus. Il devient l’étoile qui nous guide sur le chemin de la vérité, qui nous comble d’une « grande joie » sans pareille, qui nous rend effectivement rois puisque son amour infini nous libère de l’esclavage du péché.

Et on commence à pressentir que ce Messie, humble et pauvre, ne va pas susciter l’admiration universelle. En chemin, nos voyageurs vont apprendre l’effrayante nouvelle : dans la crainte d’un roi qui lui ravirait son trône, Hérode, le tyran fou de jalousie qui avait déjà fait exécuter de ses enfants, ordonna de mettre à mort les enfants de la région de Bethléem nés à l’époque présumée de Jésus.

Le début annonce la fin

Jésus va grandir, devenir prophète itinérant de Galilée et un jour, il montera à Jérusalem où les Puissants et les Scribes n’accepteront pas que ce pauvre puisse être le Messie pourtant désigné par tant de versets des prophètes et ils l’exécuteront. Mais l’Esprit le ressuscitera et l’évangile culminera sur le grand appel missionnaire à ses disciples (28,18):

« Tout pouvoir m’a été donné au ciel et sur la terre. Allez ! Dans toutes les nations, faites des disciples…Apprenez-leur à pratiquer ce que je vous ai appris. Je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin des temps »

Dites aux hommes de scruter les profondeurs infinies du cosmos, de s’interroger sur le sens de ce monde. Dites-leur de scruter aussi les versets de la Bible et de l’Évangile. Le Livre de l’univers et le Livre des Écritures convergent sur le grand Signe de Dieu, Jésus.

En grec, son nom hébreu de Messie est Christos dont la première lettre s’écrit X. Et puisque les hommes l’ont mis sur une croix +, son sigle est *.

« Je suis la Lumière du monde. Celui qui vient à ma suite ne marchera pas dans les ténèbres : il aura la lumière qui conduit à la Vie.»

(Jean 8, 12)

Donc Paul peut nous écrire :

« Agissez sans murmure ni réticences, afin d’être sans reproche, enfants de Dieu sans tache au milieu d’une génération dévoyée où vous apparaissez comme des étoiles dans le monde.»

(Phil 2,14)

A condition de vous comporter entre vous comme en Christ (Phil 2, 5).

La foi n’est pas du cinéma.

Frère Raphaël Devillers, dominicain

Fête de l’Epiphanie – Année C – 6 janvier 2019 – Évangile de Matthieu 2, 1-12

ÉVANGILE DE MATTHIEU 2, 1-12

LA MANIF’ DU BEBE PAUVRE

Nous faisons tout pour que l’Evangile ne nous dérange pas. Ainsi qu’en est-il de l’Epiphanie que nous fêtons en ce jour ?

Si vous êtes un homme cultivé, moderne et sécularisé, toutes ces légendes religieuses de crèche, de mages et d’étoile GPS sont évidemment à mettre au rancart puisque de toute évidence, elles ne sont pas historiques.

Si, choqué par ces attaques, vous voulez à tout prix défendre l’historicité du récit, vous vous tournez vers les savants pour préciser l’année où effectivement une nouvelle étoile est apparue ou s’il n’y a pas eu une comète qui expliquerait le déplacement des mages. Le grand Kepler et bien d’autres après lui se sont lancés dans ces recherches mais nul n’a abouti à une certitude.

Si, déçu, vous aimez le tourisme déguisé en pèlerinage, vous vous rendez alors à Cologne, où dans la magnifique cathédrale, on vous assure que la magnifique châsse contient les reliques de ces fameux rois mages.

Si vous demeurez quand même un peu sceptique et si vous êtes gourmet, vous vous dites qu’au moins l’Epiphanie est une belle occasion pour déguster une délicieuse « galette des rois » et, qui sait, peut-être tomber sur la fève qui vous consacrera comme roi. Et les convives vous décoreront d’une superbe couronne de carton doré.

Et alors, si vous êtes collectionneur et en particulier « fabophile », vous alignerez dans votre belle armoire vitrée toutes ces petites figurines de porcelaine qui ont maintenant remplacé la fève. Certains, dit-on, en ont récolté des milliers.

En voyant toutes ces dérives, l’évangéliste Matthieu s’arracherait son dernier cheveu (puisqu’ « il n’y a qu’un ch’veu sur la tête à Matcheu ») et il s’écrierait : Mais ce n’est pas pour cela que j’ai écrit cette histoire ! C’est pour vous ouvrir le chemin de la foi. Vous montrer comment le dessein mystérieux de Dieu s’est réalisé. Que la foi est intelligente. Qu’elle fait comprendre l’histoire et la vie.

Car dans quel environnement vivez-vous ? Quelles sont, comme on dit, vos coordonnées ? L’espace et le temps.

LE LIVRE DE L’ESPACE

Nous avons la chance de vivre à une époque où les techniques d’observation ont connu un développement prodigieux. Les hommes ont inventé des machines qui s’enfoncent de l’indéfiniment grand à l’indéfiniment petit, du cœur des galaxies au cœur des particules. Un monde dont les sciences de pointe font reculer sans cesse les limites. Un monde qui est régi par les lois. A Cap Canaveral, les savants peuvent vous dire avec la plus haute précision ce qui va se produire lorsque l’engin spatial arrivera, dans plusieurs années, à destination.

L’univers fonctionne. Il n’est pas un amas informe et absurde. Il est un mystère qui pose question. Est-il « lisible » ? Nous dit-il quelque chose ?

Les mages de Matthieu n’étaient pas des rois ni des farfelus mais des savants de l’époque, intelligents, héritiers d’une tradition déjà séculaire. De l’Egypte à la Mésopotamie et à la Perse, du haut des ziggurats (comme la tour de Babel), l’étude du ciel ne s’arrêtait jamais. Pourquoi les éclipses, les signes du zodiaque ? Il devait y avoir un lien entre le monde d’en haut et le monde d’en bas. Ne percevait-on pas des signes ? L’univers est mathématique pour nous : est-il aussi significatif ? Si oui, de quoi ? De qui ?

Quoi qu’on dise, les sciences n’éliminent pas Dieu. Les trois grands, Galilée, Newton, Einstein, croyaient en son existence. S. Hawkins non. Car rien ne peut contraindre la conscience : la foi est une option. Mais elle est intelligente.

Où trouver la réponse ? Le livre du cosmos clignote de signes mais ne donne pas de réponse définitive.

Intrigués par le langage du ciel, quelques mages décident de redescendre sur terre et se mettent en quête d’un autre livre : La Bible.

LE LIVRE DE L’HISTOIRE : LA BIBLE

Les mages restaient intrigués par le lien entre le haut et le bas, le ciel et la terre. Maintenant les voici à Jérusalem devant un autre livre, écrit par les sages d’Israël qui s’interrogent sur l’histoire, sur le lien entre le passé et l’avenir. Ce livre s’ouvre par « Au commencement… » et rapporte le développement, l’histoire ordinaire et tragique d’un peuple avec ses amours et ses trahisons, ses luttes pour le pouvoir et ses guerres. Mais cette histoire est traversée par une flèche qui lui donne une direction : un jour Dieu, le créateur du cosmos, oindra, consacrera un roi qui unira les hommes dans la paix, qui les extraira des nuits du crime. Ce roi sera le « Messie, le Christ ».

Et les sages juifs montrent aux mages païens une constellation de promesses :
La mystérieuse annonce d’un prophète païen, Balaam : « Oracle de celui qui entend les paroles de Dieu. Je le vois mais ce n’est pas pour maintenant : de Jacob monte une étoile… » (Nombres 24, 17)

Un prophète précise où ce roi naîtra : « Et toi, Bethléem Ephrata, de toi sortira celui qui doit gouverner Israël…Dieu les abandonnera jusqu’au temps où enfantera celle qui doit enfanter…Il fera paître son troupeau, il sera grand jusqu’aux extrémités de la terre. Lui-même il sera la paix » (Michée 5, 1).

Un psaume prévoit que les autres rois viendront lui faire des présents : «  Les rois enverront des présents ; tous les rois se prosterneront devant lui, toutes les nations le serviront. Il prendra souci du pauvre et du faible, il les défendra contre la violence… » (Psaume 72).

Frappés par cette convergence d’annonces, les mages païens décident donc de se rendre dans ce village. Mais les sages juifs refusent des accompagner. Ils connaissent par cœur les annonces du Messie mais ne peuvent croire que son avènement ait eu lieu maintenant. Les mages païens s’y rendent seuls et découvrent, dans une humble maison, un couple et un nouveau-né.

Tout pour eux concorde : oui c’est lui, le petit pauvre inconnu, le Messie, et à genoux, ils lui offrent leurs cadeaux : l’or de l’Afrique, l’encens de l’Arabie, la myrrhe d’Europe. Symboliquement déjà l’univers connu commence à reconnaître celui-là seul que Dieu envoie pour les sauver de l’orgueil, de la guerre, du désespoir.

QUELLE EST LA VERITE QUE MATTHIEU A VOULU NOUS TRANSMETTRE ?

Lorsque, dans les années 80-85, Matthieu écrit son évangile, le tragique fossé s’élargit. Les maîtres pharisiens et les scribes refusent encore de reconnaître Jésus comme Messie et ils interdisent même l’entrée dans les synagogues à leurs compatriotes convertis.

Par contre, des communautés se répandent dans tous les pays païens alentours : à Antioche de Syrie, à Alexandrie en Egypte, à Athènes et Corinthe en Grèce et même à Rome, capitale de l’Empire. Partout des païens, au passé parfois très lourd, s’émerveillent d’entendre le message de l’Evangile et, changeant de vie, ils adoptent et propagent la Bonne Nouvelle. Jésus est leur « star » qui conduit leur vie.

L’épisode des mages illustre ce paradoxe : l’observation de l’univers les a orientés à la découverte et à l’adoration de Jésus Messie. L’avenir du monde n’est pas inscrit dans les étoiles mais il est pris en main par ce Jésus, le roi pauvre sans palais ni couronne ni armée. Plutôt que d’étudier les signes du zodiaque pour deviner les caprices du destin et s’enrichir, il est vital de scruter les constellations des prophéties de la Bible qui brillent de la lumière de la vérité et de suivre le Bon Berger, le Pasteur de la Paix pour toutes les nations.

Quel paradoxe encore une fois. Les spécialistes des Ecritures, ces hommes qui connaissaient leur Bible par cœur et qui entretenaient l’espérance messianique, sont restés aveugles devant celui que des païens idolâtres reconnaissaient.

L’Epiphanie est le Jour de la Mission universelle : nous n’avons pas seulement à connaître les Ecritures, à les étudier, à les commenter mais à former des communautés ouvertes, toujours prêtes à accueillir des chercheurs. Qu’ils soient des savants insatisfaits des découvertes scientifiques, ou des astrologues égarés dans leurs prévisions, ou des jeunes déçus par l’idole, la star, l’étoile qu’ils voulaient imiter, toujours il y a des cœurs où un jour s’allume l’étoile du Christ.

Alors plus nombreux serons-nous à partager la galette de notre Roi, le Pain de Vie de notre Pasteur. Sauvés par notre Messie, unis par son amour, nous serons tous « rois », libérés de l’esclavage du mal. Et nous repartirons par d’autres chemins pour être le peuple qui manifeste son Dieu.


Frère Raphaël Devillers, dominicain

Fête de l’Épiphanie – Année B – 7 janvier 2018
Évangile de Matthieu 2, 1-12

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LES ROIS MAGES, CE N’EST PAS DU GÂTEAU

Depuis des siècles, on organise des expéditions afin de retrouver l’épave de l’arche de Noé en haut du mont Ararat ; on cherche à expliquer comment Josué a arrêté la marche du soleil ; on se dispute pour retrouver l’itinéraire exact du chemin de croix parcouru par Jésus condamné…On perd un temps fou.
Car le jugement dernier, c.à.d. la détermination de la valeur d’une vie ne se joue pas sur un examen d’histoire ou d’archéologie. Si tous ces renseignements étaient nécessaires, les évangiles nous les auraient fournis. La foi, ce n’est pas remplir les blancs de l’Evangile mais en vivre les pleins de lumière et de vie.

Il en va de même pour les évangiles de l’enfance.

LUC – On cherche à localiser le lieu et la grotte où Jésus serait vraiment né et finalement on court au marché de Noël, on enguirlande un sapin, on chantonne « O Douce Nuit… »!! C’est magique. Et archi-faux. Luc voulait nous apprendre à découvrir la grandeur de Dieu dans un bébé pauvre, à rester éveillés comme les petits bergers, dans la nuit du monde, à méditer les événements comme Marie pour approfondir sa foi, à fréquenter l’église du quartier, vrai Bethlehem où l’on mange le Pain-de-Vie.

MATTHIEU – On se livre à des calculs interminables pour découvrir l’année où une mystérieuse comète aurait apparu, comment une étoile peut devenir un GPS perfectionné. Pour que les mages égalent en faste les émirs du Moyen-Orient, on les sacre « rois », on leur colle de beaux noms et on les fait suivre d’une ribambelle de chameaux. On peut ensuite partager un succulent (et cher) « gâteau des rois » et celui qui, sans se casser une dent, a trouvé la céramique de Mickey enfouie dans la pâte est affublé d’une ridicule couronne de carton doré et applaudi : « Vive le roi » !
Comme Noël, l’Epiphanie est tournée en folklore, en histoire inoffensive et le message de foi perd tout son mordant.

Or, en rédigeant son magnifique récit, Matthieu, comme Luc, voulait transmettre un message capital.

EPIPHANIE = MANIFESTATION DE DIEU AUX PAÏENS

EPIPHANIE est un mot savant qui signifie « manifestation de Dieu» : pour la première fois, des païens venus d’un pays lointain découvrent Jésus et l’adorent alors que les plus hautes autorités d’Israël – le roi, les prêtres et les scribes – demeurent fixées sur les Ecritures.
Cette ouverture de la Bonne Nouvelle se dilatera au monde entier à la dernière page de l’évangile lorsque Jésus, mis à mort par ces autorités mais ressuscité par son Père, donnera à ses apôtres l’ordre de mission universelle :

« Tout pouvoir m’a été donné au ciel et sur la terre.
Allez donc : de toutes les nations faites des disciples… » (Matt 28, 19)

Et on connaît la stupeur et l’éblouissement de Paul, l’ancien pharisien intégriste, longtemps persuadé que les païens devaient accepter la Loi et la circoncision et mettre en pratique toutes les prescriptions de la tradition jusqu’au jour où, renversé par la rencontre du Christ, il écrira : « Vous constatez quelle intelligence j’ai du mystère du Christ : les païens sont admis au même héritage, membres du même corps, associés à la même promesse en Jésus Christ par le moyen de l’Evangile «  (Eph 3, 4).

A Thessalonique, à Corinthe, à Rome, dans les plus grandes villes de l’Empire, où les mœurs de beaucoup constituaient un scandale épouvantable pour les pratiquants juifs, les apôtres verront des païens accepter comme leur Sauveur ce Jésus que beaucoup de Juifs avaient refusé de reconnaître comme leur Messie.
Ainsi se constitueront tout de suite des communautés à qui Paul écrira :

« Tous, vous êtes par la foi, fils de Dieu en Jésus Christ. Vous qui avez été baptisés en Christ…Il n’y a plus ni Juif ni Grec, ni esclave ni homme libre, l’homme et la femme : tous vous n’êtes qu’un en Jésus Christ » ……… » (Gal 3, 26)

Nous, chrétiens des anciennes générations, qui avons été meurtris par le départ de tant de baptisés et par la chute spectaculaire de la pratique, saurons-nous accueillir demain ceux et celles qui, comme les mages, viennent de loin. Loin de nos coutumes, loin de notre morale.

Les mages n’ont pas été intégrés dans « la religion du temple » mais la découverte de ce pauvre ménage avec leur enfant les a jetés à genoux. Et eux qui, par profession, cherchaient dans le ciel les signes de l’avenir découvraient leur présent.
Ils voulaient devenir riches, glorieux, célèbres : ils ont ouvert leur cœurs et leurs coffrets.

LA FOI ET LA SCIENCE

Les Mages n’étaient ni des rois ni des magiciens mais des astronomes qui, juchés en haut des tours qui se dressaient à Babylone et tout le long de l’Euphrate, étudiaient les mouvements des astres et parvenaient, comme les archives le prouvent, à des résultats remarquables comme de prévoir les éclipses.
Depuis lors les recherches sur le cosmos ont fait des progrès gigantesques : nous connaissons l’âge de l’univers, la théorie du big bang, nous commençons à circuler dans l’espace, nous envisageons la conquête d’autres planètes.

Eblouis par cette explosion de connaissances, certains en ont conclu que les progrès des sciences allaient remplacer les explications enfantines des religions et que l’on ne pouvait plus être en même temps « moderne » et « croyant ».
Et pourtant chaque pas en avant appelle à poser l’autre, chaque découverte ouvre sur un monde d’interrogations nouvelles. Et surtout demeure la question essentielle : comment le progrès peut-il apporter la paix entre les hommes ? Pourquoi cet incoercible besoin d’écraser, de rejeter, de haïr l’autre homme, d’anéantir l’autre nation ? Aucune science ne peut arrêter cette tragédie.

L’univers est à connaître : le cœur humain est à guérir. C’est ce qu’ont compris les mages : cessant de lever la tête vers le haut, ils ont penché leurs visages sur cet enfant et ses parents. Simples et pacifiés. Démunis et accueillants. Pauvres et joyeux. Sans envie ni cupidité ni rancune. Abandonnés à Dieu.
Et les mages ont compris que c’était Lui leur étoile. C’est lui qui était l’Epiphanie  du vrai Dieu, c’est lui qui pouvait leur apprendre les paroles qui font vivre, c’est lui qui pouvait dire : « Je suis la Lumière du monde : celui qui vient à ma suite ne marchera pas dans les ténèbres : il aura la lumière qui conduit à la Vie » (Jean 9, 12)

ET LES MAGES DEVIENNENT LA MANIFESTATION DE DIEU.

Les adorateurs des « images » modernes, des « stars » du cinéma ou de la chanson, sont hypnotisés par leurs idoles, luttent dans la foule pour les toucher, copient leur comportement et leurs modes. Ils deviennent les clones de la société du spectacle.
Les mages, eux, ont mené une lutte difficile. D’abord décider de sortir, de se mettre en route – comme Abraham et tant d’autres -, quitter les revenus faciles, la routine d’une vie cossue.
Mieux encore : cesser de chercher les traces des dieux tout-puissants à travers le signes du zodiaque.
Découvrir un autre livre que celui de la nature : le livre de la Bible qui trace les signes de l’espérance d’un Sauveur à venir dans un minuscule village inconnu.
Dépasser les opinions des spécialistes qui attendent la future réalisation des prophéties pour aller découvrir à Bethléem, chez les pauvres, le germe actuel et vivant de ce nouveau monde.
Cesser de discuter sans fin pour s’agenouiller, se faire petit devant un enfant, offrir les trésors que l’on voulait accumuler.

Et « repartir par un autre chemin ». C’est-à-dire non pas d’abord retourner chez soi mais être retournés.
Non pour expliquer comment une étoile a pu les guider mais pour devenir eux-mêmes des étoiles.
Des hommes changés qui ont compris que tous les mystères de l’univers s’éclairent à partir de ce Jésus.
Que l’histoire a sens lorsque les hommes suivent les balises des Béatitudes.

Qu’il est vain de se jeter sur les piles d’opuscules « Prévisions pour l’année 2018 ».
Que l’année ne sera pas dans les griffes du destin mais écrite par les hommes et les femmes qui cesseront de guetter les présages des calamités mais lutteront, avec la force de l’Esprit, pour les éviter.
Ceux-là sont vraiment « les rois ». Même sans la fève.[/fusion_text][/one_full][one_full last= »yes » spacing= »yes » center_content= »no » hide_on_mobile= »no » background_color= » » background_image= » » background_repeat= »no-repeat » background_position= »left top » hover_type= »none » link= » » border_position= »all » border_size= »0px » border_color= » » border_style= » » padding= » » margin_top= » » margin_bottom= » » animation_type= » » animation_direction= » » animation_speed= »0.1″ animation_offset= » » class= » » id= » »][fusion_text]

Raphaël Devillers,  dominicain
Tél. : 04 / 220 56 93   –   Courriel :   r.devillers@resurgences.be

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PAPE FRANÇOIS : SANS JESUS IL N’Y A PAS DE NOËL

(Audience générale : 27 12 2017)


« …………À notre époque, spécialement en Europe, nous assistons à une sorte de « dénaturation » de Noël : au nom d’un faux respect qui n’est pas chrétien, qui cache souvent la volonté de marginaliser la foi, on élimine de la fête toute référence à la naissance de Jésus.

Mais en réalité cet événement est l’unique vrai Noël ! Sans Jésus il n’y a pas de Noël ; il y a une autre fête, mais ce n’est pas Noël.

Et si Jésus est au centre, alors avec tout le contour, c.à.d. les lumières, les rêves, les sons, les différentes traditions locales, y compris les nourritures caractéristiques, tout concourt à créer une atmosphère de fête, mais avec Jésus au centre. Si nous L’enlevons, la lumière s’éteint et tout devient faux, voyant.

……….C’est ainsi que le Fils de Dieu se présente à nous aussi encore aujourd’hui : comme le don de Dieu pour l’humanité plongée dans les ténèbres et dans la torpeur du sommeil (cf. Is 9,1). Et aujourd’hui encore nous assistons au fait que l’humanité préfère souvent l’obscurité, car elle sait que la lumière révélerait toutes ces actions et ces pensées qui feraient rougir ou tirailler la conscience. On préfère alors rester dans l’obscurité et ne pas bouleverser ses mauvaises habitudes.

Nous pouvons nous demander alors ce que signifie accueillir le don de Dieu qu’est Jésus.

Comme il nous a lui-même enseigné par sa vie, cela signifie devenir quotidiennement un don gratuit pour ceux que l’on rencontre sur notre chemin. Voilà pourquoi à Noël on échange des cadeaux. Jésus est notre vrai don, et comme Lui nous voulons être un don pour les autres. Et comme nous voulons être un don pour les autres, nous échangeons des dons, comme signe, comme geste, de cette attitude que Jésus nous a apprise : Lui, envoyé par le Père, fut un don pour nous, et nous sommes un don pour les autres.

….. Dans ce monde, avec l’incarnation du Fils, Dieu nous a ouvert la voie à une vie nouvelle, fondée non sur l’égoïsme, mais sur l’amour. La naissance de Jésus est le plus grand geste d’amour de notre Père du Ciel.

Et, enfin, un dernier aspect important : à Noël nous pouvons voir comment l’histoire humaine, celle que les puissants de ce monde animent, est visitée par l’histoire de Dieu. Et Dieu implique ceux qui, relégués aux marges de la société, sont les premiers destinataires de son don, c’est-à-dire – le don, le salut apporté par Jésus.

Avec les petits et les méprisés, Jésus établit une amitié qui continue dans le temps et nourrit l’espérance d’un meilleur avenir. Ces personnes, que représentent les bergers de Bethléem, « furent enveloppées d’une grande lumière » (Lc 2,9-12). Ces personnes étaient marginalisées, mal vues, méprisées, mais c’est à elles que se manifesta en premier la grande nouvelle. Avec ces personnes, avec les petits et les méprisés, Jésus établit une amitié qui continue dans le temps et nourrit l’espérance d’un avenir meilleur. À ces personnes, représentées par les bergers de Bethléem, se manifesta une grande lumière qui les a conduits tout droit à Jésus. Avec ces personnes, de tout temps, Dieu veut construire un monde nouveau, un monde où il n’y a plus de personnes rejetées, maltraitées et indigentes.

Chers frères et chères sœurs, ces jours-ci ouvrons nos esprits et nos cœurs pour accueillir cette grâce. Jésus est un don de Dieu pour nous et si nous l’accueillons, nous serons aussi « don de Dieu » pour les autres – avant tout pour ceux qui n’ont jamais connu l’attention et la tendresse… Que de gens à n’avoir jamais connu une caresse, une attention d’amour, un geste de tendresse, dans leur vie …

Noël nous pousse à le faire. Jésus renaît ainsi encore dans la vie de chacun de nous et, à travers nous, se présente à nouveau comme un don de salut pour les petits et les exclus ».

PAPE FRANCOIS

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