Le Synode est en marche : des milliers de groupes locaux ont remis leurs questions et leurs attentes. Le secrétariat épiscopal national en a rédigé la synthèse qu’il a envoyée à Rome. « La Libre Belgique » présente un résumé du document
En Belgique la démarche a suscité un enthousiasme modéré. Environ 3000 personnes par diocèse ont participé – mais très peu de jeunes. Citations :
« L’Église est dotée de structures cléricales et trop hiérarchisées. Elle est ressentie comme moralisante, formaliste, éloignée de la vie des gens et intrusive… » Beaucoup s’inquiètent de la diminution du nombre des fidèles…Cela n’empêche pas les gens d’exprimer leur amour sincère pour l’Église…L’Église paraît étrangère au monde… ». Nombre de familles soulignent qu’elles ne comprennent pas la messe et s’y ennuient. Il y a un réel souci de liturgies adaptées, vivantes, accueillantes, mieux préparées, mieux présidées où chacun trouve sa place et se sent concerné…Beaucoup rêvent d’une Église qui va à la rencontre des gens dans leur quotidien. On encourage à ce que toutes les initiatives qui visent à plus de fraternité soient prises…et une plus grande implication des catholiques dans les médias et la société civile.
Le document souligne particulièrement les conditions du ministère…Ouvrir le ministère ordonné aux femmes et aux personnes mariées. Pour beaucoup de jeunes l’inégalité de traitement des femmes est la principale raison d’ignorer l’Église…
« Nous ne parvenons pas à donner aux personnes qui ne partagent pas la foi chrétienne un témoignage inspirant de ce qui nous anime…Comment faire passer la puissance de la Bonne Nouvelle dans la structure institutionnelle ?
Sur le fond, le synode risque de susciter beaucoup de déceptions.
Avant tout les catholiques semblent perdus. Ils reconnaissent ne pas avoir la compréhension, le langage, la formation ou la foi nécessaires pour entrer en dialogue avec les autres…Dans les écoles, l’annonce est difficile…La question de la posture que l’Église doit adopter dans le monde contemporain hante les catholiques. …Les participants n’ont pas évoqué en premier lieu la dimension spirituelle de l’institution ni la manière dont elle peut les aider à creuser leur vie de prière et de foi…Les jeunes sont en attente de témoins, les célébrations doivent davantage être soignées. Certains souhaitent trouver de nouveaux lieux pour vivre des expériences de foi. L’essentiel des attentes exprimées est que l’Église s’adapte et rejoigne chacun dans son vécu, sans morale ni condamnation.
Il y a 60 ans l’Église insistait sur « les fins dernières ». Le catholique devait conformer sa vie en fonction du paradis qui lui était promis. Le ton a changé : l’Église encourage non plus tant le chrétien à rejoindre l’éternité qu’à faire advenir « le Royaume de Dieu » ici et maintenant par des actes concrets. Le catholique doit œuvrer dans l’aujourd’hui, panser les plaies, accueillir et réconforter.
Dans le même temps la société est devenue plus individuelle. La soif de spiritualité n’a pas disparu mais chacun désire tracer son chemin individuel. Ceci explique sans doute pourquoi les catholiques attendent avant tout l’Église sur terrain social.
Ces questionnements (et la joie évoquée par beaucoup d’avoir pu dialoguer), sont la meilleure preuve que le synode est utile. Tous les pays du monde ont envoyé leur résumé à Rome.
Exraits de « La Libre Belgique » – 7 7 2022