par Joseph Moingt, jésuite
…. « Il est certain que l’histoire ne revient pas en arrière, donc on ne fera pas revivre exactement les communautés chrétiennes de jadis, le contexte social est très différent.
Comment est né l’Évangile ? Dans des groupes de gens, de disciples autour de Jésus. Donc on peut penser que l’Église en se revitalisera qu’à partir de groupes de « disciples ». C’est l’idée qui avait été soulevée, il y a longtemps déjà, par Marcel Légaut, qui était vraiment un visionnaire…
Autrement dit, l’Église qui se sent en train de dépérir en tant que religion a tout intérêt à se rappeler qu’elle n’est pas seulement religion mais aussi – mais d’abord – Évangile.
Et pour moi, c’est à partir de l’Évangile qu’elle pourra se revivifier même comme religion, mais autrement qu’elle n’est actuellement ou qu’elle n’était dans le passé. (…) (p.98)
L’Évangile se définit largement par sa visée éthique : primat de l’amour du prochain et de la réconciliation avec ses ennemis, de la justice et du souci des pauvres et des petits, défense des valeurs d’humanité. S’orienter vers un pôle évangélique, et par conséquent éthique, ce n’est donc préconiser ni une restauration ni une reconquête religieuse.
Ce sera peut-être s’écarter du visage longtemps traditionnel du catholicisme, dominé par un ritualisme hiérarchique, ce sera forcément apprendre à penser sa foi autrement, à vivre autrement en Église, à parler un autre langage : ce n’en sera pas moins mettre en valeur le plus beau sens du mot « catholique » : sa visée de l’universel.
Je préfère souvent me dire « chrétien » pour signifier que l’essentiel de ma foi est de croire au Christ, que « catholique » (romain), un mot un peu trop marqué par l’impérialisme et le primat de la hiérarchie. Mais s’il s’agit d’exprimer l’ambition de l’Évangile à tout pénétrer pour servir partout sans rien asservir, alors j’aime me dire « catholique ». (p.126)
Joseph Moingt
Croire quand même – éd. Champ – poche