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NOUVELLE EXHORTATION DU PAPE FRANÇOIS
« SOYEZ DANS LA JOIE ET L’ALLEGRESSE »
APPEL A LA SAINTETÉ AUJOURD’HUI
Mgr Delville, évêque de Liège, donne cinq clés de lecture (extraits)
Le but général de ce document est d’inviter chaque chrétien à un cheminement personnel sur la voie de la sainteté ; c’est donc une invitation adressée à tous. Pour préciser le cheminement de la pensée du pape, je propose de voir dans chacun des 5 chapitres une question sous-jacente concernant la sainteté.
1. POUR QUI ?
« Ce que je voudrais rappeler, c’est surtout l’appel à la sainteté que le Seigneur adresse à chacun d’entre nous …Ce qui importe, c’est que chaque croyant discerne son propre chemin et mette en lumière le meilleur de lui-même ». … Le pape s’adresse au lecteur en « tu » : c’est exceptionnel dans un document pontifical. C’est une manière de personnaliser le discours ; il est « pour toi aussi ».
Il épingle les gestes concrets de la sainteté ; par exemple, face à la tentation de parler mal de l’autre, savoir se dire : « Non, je ne dirai du mal de personne ». La sainteté, c’est un chemin de conversion. Comme l’écrivait le cardinal Van Thuân lorsqu’il était en prison : « Je saisis les occasions qui se présentent chaque jour, pour accomplir les actes ordinaires de façon extraordinaire »….Pour cela, il faut être en présence du Seigneur, car la sainteté « consiste à s’associer à la mort et à la résurrection du Seigneur d’une manière unique et personnelle, à mourir et à ressusciter constamment avec lui »….Le pape conclut ce chapitre en disant : « N’aie pas peur de viser plus haut, de te laisser aimer et libérer par Dieu ».
2. POURQUOI ?
On doit être saint pour faire de sa vie un chemin de découverte et pour vivre sa vie dans l’action de grâces et le « merci ». Si on fait l’inverse, on vise une connaissance absolue des choses et on veut tirer son plan tout seul : ce sont les deux ennemis dont parle le pape et qu’il rattache à d’anciennes hérésies : le gnosticisme et le pélagianisme….
Le gnosticisme, c’est « lorsque quelqu’un a réponse à toutes les questions ; cela montre qu’il n’est pas sur un chemin sain ». Par contre, « si nous nous laissons guider par l’Esprit plus que par nos raisonnements, nous pouvons et nous devons chercher le Seigneur dans toute vie humaine ».
Le pélagianisme laisse la volonté tout régler dans la vie, sans accepter la présence de l’autre ni la grâce de Dieu. C’est, par exemple, « la fascination de pouvoir montrer des conquêtes sociales et politiques, l’ostentation dans le soin de la liturgie, de la doctrine et du prestige de l’Église, la vaine gloire liée à la gestion d’affaires pratiques, l’enthousiasme pour les dynamiques d’autonomie et de réalisation autoréférentielle ». « Il nous faut accepter joyeusement que notre être soit un don, et accepter même notre liberté comme une grâce ».
3. C’EST QUOI ?
Réponse lumineuse : c’est vivre les béatitudes, c’est-à-dire vivre la solidarité avec les pauvres. Le pape souligne que le mot « heureux » (« beatus », en latin), qui ouvre chaque béatitude proclamée par Jésus (Mt 5, 3-12), est devenu le mot qui signifie un « saint », « parce qu’il exprime le fait que la personne qui est fidèle à Dieu et qui vit sa Parole atteint, dans le don de soi, le vrai bonheur »….
« Réagir avec une humble douceur, c’est cela la sainteté ! ». « Savoir pleurer avec les autres, c’est cela la sainteté ! ». « Rechercher la justice avec faim et soif, c’est cela la sainteté ! ». « Semer la paix autour de nous, c’est cela la sainteté ! ». « Accepter chaque jour le chemin de l’Évangile même s’il nous crée des problèmes, c’est cela la sainteté ! ».
La béatitude « Heureux les miséricordieux, car ils obtiendront miséricorde » est expliquée ainsi : « Donner et pardonner, c’est essayer de reproduire dans nos vies un petit reflet de la perfection de Dieu, qui donne et pardonne en surabondance ». C’est ainsi que l’accueil des immigrés est un devoir impérieux sur la voie de la sainteté : « il ne s’agit pas d’une invention d’un Pape ou d’un délire passager ! ».
4. COMMENT ?
Le chapitre 4 nous dit le style de la sainteté.
1) L’endurance : « c’est d’être centré, solidement axé, sur Dieu qui aime et qui soutient », y compris à travers les humiliations qu’on peut subir.
2) La joie et l’humour. Je ne pense pas que des papes aient souvent parlé d’humour dans leurs documents officiels ! Mais le pape insiste : « Ordinairement, la joie chrétienne est accompagnée du sens de l’humour, si remarquable, par exemple, chez saint Thomas More, chez saint Vincent de Paul ou chez saint Philippe Néri »; il ajoute : « La mauvaise humeur n’est pas un signe de sainteté ! ».
3) L’audace et la ferveur : …« Dieu est toujours une nouveauté, qui nous pousse à partir sans relâche et à nous déplacer pour aller au-delà de ce qui est connu, vers les périphéries et les frontières ». Et le pape ajoute avec humour : « Il faut, certes, ouvrir la porte du cœur à Jésus-Christ, car il frappe et appelle (cf. Ap 3, 20). Mais parfois, je me demande si, à cause de l’air irrespirable de notre auto-référentialité, Jésus n’était pas déjà en nous, frappant pour que nous le laissions sortir ! ».
4) L’engagement en communauté : « La sanctification est un cheminement communautaire, à faire deux à deux…. »
5) La sainteté est « en prière constante ». Comme disait saint Jean de la Croix : « Efforcez-vous de vivre dans une oraison continuelle, sans l’abandonner au milieu des exercices corporels ». Saint Jean-Paul II insistait aussi sur l’importance de la prière : « C’est la contemplation du visage de Jésus mort et ressuscité qui recompose notre humanité, même celle qui est fragmentée par les vicissitudes de la vie, ou celle qui est marquée par le péché. Nous ne devons pas apprivoiser la puissance du visage du Christ »….
La prière s’alimente à la Parole de Dieu : « Celle-ci appartient au cœur et à l’identité même de la vie chrétienne ». Et elle « nous conduit à l’Eucharistie, où cette même Parole atteint son efficacité maximale, car elle est présence réelle de celui qui est la Parole vivante ».
5. QUAND ?
Le pape répond : dès aujourd’hui, car « la vie chrétienne est un combat permanent ». « C’est aussi une lutte permanente contre le diable qui est le prince du mal ». En effet, « la conviction que ce pouvoir malin est parmi nous est ce qui nous permet de comprendre pourquoi le mal a parfois tant de force destructrice ».
Il faut donc du discernement : « C’est aussi un don qu’il faut demander. Si nous le demandons avec confiance au Saint Esprit, et que nous nous efforçons en même temps de le développer par la prière, la réflexion, la lecture et le bon conseil, nous pourrons sûrement grandir dans cette capacité spirituelle ……Le discernement des esprits nous libère de la rigidité qui n’est pas de mise, devant l’éternel aujourd’hui du Ressuscité ». « Le discernement n’est pas une autoanalyse intimiste, une introspection égoïste, mais une véritable sortie de nous-mêmes vers le mystère de Dieu qui nous aide à vivre la mission à laquelle il nous a appelés pour le bien de nos frères ».
CONCLUSION : AVEC MARIE
Le pape conclut par un appel à la vierge Marie : « Elle n’accepte pas que nous restions à terre et parfois elle nous porte dans ses bras sans nous juger. Parler avec elle nous console, nous libère et nous sanctifie. La Mère n’a pas besoin de beaucoup de paroles, elle n’a pas besoin que nous fassions trop d’efforts pour lui expliquer ce qui nous arrive. Il suffit de chuchoter encore et encore : Je vous salue Marie… » .
+ Jean-Pierre Delville
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