À n’en pas douter, le sang de ses martyrs, les violences, les persécutions et l’hostilité du pouvoir communiste actuel portent leurs fruits : l’Église du Vietnam affiche aujourd’hui une incroyable vitalité, particulièrement dans le nord du pays. C’est ce que souligne Frédéric Mounier, commissaire de l’exposition « Vietnam : Une fille ainée de l’Église en Asie » dont l’inauguration aura lieu ce samedi 24 novembre aux Missions étrangères de Paris : « C’est une Église réellement ressuscitée ».
Autour de Hanoï, la capitale peuplée de près de dix millions d’habitants, les paroisses égrenées au fil des rizières de la vallée du Fleuve rouge tissent un réseau catholique exceptionnel. Les séminaires sont restés fermés de 1954 jusqu’au milieu des années 2000. Les élites intellectuelles ont été décimées. Des centaines de milliers de catholiques ont fui vers le sud. Pourtant, les églises sont pleines du matin au soir, ainsi que les salles de catéchismes et les séminaires. De nombreuses églises sont construites chaque année. Un jeune prêtre le constate : « Ce qui nous a sauvés, c’est le communisme. En nous persécutant, il a maintenu la foi des martyrs.»
Des milliers de pèlerins chaque jeudi
La visite de la basilique de So Kiet, à deux heures de route d’Hanoï, permet de comprendre la source de ce catholicisme fervent. Chaque jeudi, plusieurs milliers de pèlerins viennent avec tambours et trompettes, vénérer les reliques des martyrs.
Le recteur, le père Joseph Mai Xuan Lan, retrace l’histoire mouvementée du lieu : « En 1954, le gouvernement a confisqué tous nos terrains, soit une vingtaine d’hectares, sauf l’église. En 2002, ils ont voulu y construire une école, mais les paroissiens ont exigé que les terrains soient rendus à l’Église. Enfin, en novembre 2017, le vice-Premier ministre nous a rendu les dix derniers hectares. » Désormais, des dizaines de milliers de pèlerins viennent se recueillir chaque mois devant les nombreuses urnes reliquaires conservées au sein du musée de la basilique. Et l’église ne désemplit pas, du matin au soir.
Une ferveur palpable
L’héritage des martyrs est encore plus palpable dans le diocèse voisin de Bui Chu. L’évêque, Mgr Thomas Vu Dinh Hieu, ne se lasse pas de faire découvrir son diocèse avec enthousiasme. Il est à la fois le plus petit du Vietnam par la taille (1.350 km²) et « le plus grand du pays » : 720 églises, 175 paroisses, un tiers de catholiques (pratiquants à 90%), 209 prêtres, près de 1.000 religieuses. À tel point que Mgr Vu Dinh Hieu regrette que : « Malgré les 190 séminaristes et les six à vingt ordinations par an, nous manquons de prêtres ! ».
Exposition « Vietnam : Une fille aînée de l’Église en Asie », Jean Marie Dufour et Frédéric Mounier.
Du 24 novembre 2018 au 29 juin 2019 aux Missions étrangères de Paris, 128, rue du Bac, 75007 Paris
Paru dans ALETEIA 24 11 2018