Homélies et commentaires par fr. Laurent Mathelot OP

Résurgences

Le Père et moi, nous sommes UN


Année C — 4ème dimanche du Pâques — 11 mai 2025

Évangile selon saint Jean 10, 27-30

C’est, ce dimanche, la Journée Mondiale de prière pour les Vocations – toutes les vocations religieuses – c’est à dire toutes nos vies à la suite du Christ. Il ne s’agit pas seulement de prier pour qu’il y ait plus de prêtres ou pour le nouveau pape ; il s’agit de prier pour qu’il y ait plus de disciples. Il s’agit aussi, de prier que tous, nous soyons de meilleurs disciples, qui écoutent la voix du Christ et qui le suivent.

Le court passage d’Évangile de ce dimanche nous invite à en resituer le contexte dans le cadre plus large du chapitre 10 de l’Évangile de Jean. Il fait suite à la parabole du Bon Pasteur. Jésus se trouve alors pris à partie par des Juifs qui l’ont vu opérer des guérisons mais refusent toujours de le reconnaître Messie. « Combien de temps vas-tu nous tenir en haleine ? Si c’est toi le Christ, dis-le nous ouvertement ! » (Jn 10, 24).

La scène se situe à la Porte de Salomon du Temple de Jérusalem. C’est par cette porte que chaque matin la lumière du jour pénètre l’esplanade de ce monument prestigieux voulu par Hérode, alors en voie d’achèvement. Par cette porte qui symbolise la sagesse, Jésus va et vient.

C’est aussi le jour de la fête juive de la Dédicace, qui commémore la nouvelle consécration (en ‑165) du Temple de Jérusalem, trois ans après sa profanation par Antiochus IV Épiphane, roi de Syrie.

C’est dans ce contexte, au centre duquel se trouve toute l’histoire du Temple, que Jésus proclame : « Le Père et moi, nous sommes UN. » On comprend, dès lors, l’émotion scandalisée de certains, pour qui la présence réelle de Dieu se trouve en fait dans le Saint des Saint et non face à eux, sur l’esplanade. Par cette phrase, Jésus se présente comme le vrai Temple, le lieu de la présence réelle de Dieu sur Terre, et les réactions d’hostilité ne se font pas attendre. L’Évangile de Jean en effet poursuit : ils prirent alors des pierres pour le lapider. Ils ont vu les œuvres du Christ, mais ils ne parviennent pas à croire qu’il est l’incarnation de Dieu.

Le disciple chrétien est celui qui croit fondamentalement en cette présence incarnée de Dieu au sein de l’Humanité, qui croit qu’avec ce Dieu-fait-homme, on peut avoir une réelle amitié – « Mes brebis écoutent ma voix ; moi, je les connais » – un réel compagnonnage, un cheminement commun.

La vocation chrétienne est avant tout cette relation d’amour et d’amitié avec le Christ, qui peu à peu, à force de fréquentation, nous transforme à son image, nous divinise, nous donne la vie éternelle. A nous aussi, il peut parfois sembler blasphématoire de penser que nos vies puissent véritablement toucher au divin et que nos propres corps puissent être des temples saints, consacrés par la présence de Dieu.

La vocation chrétienne pour laquelle nous prions, c’est celle de la sainteté. Avant tout de notre sainteté. Ce peut nous sembler difficile de nous espérer saints, lumineux de Dieux, au regard des parts d’ombres qui sont les nôtres. Le Christ pourtant nous demande de le croire. Parce que, comme Dieu croit en l’humanité, lui-même croit en nous.

— Fr. Laurent Mathelot OP


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