Présentation par Mgr. Ripa ( extraits)
La Congrégation pour le Clergé vient de publier une instruction sur « la conversion pastorale de la communauté paroissiale au service de la mission évangélisatrice de l’Église ». Elle veut concrétiser, dans la vie de l’Église, l’impulsion que le Pape François ne cesse de donner en invitant à la « sortie missionnaire » (La joie de l’Évangile, n. 20-24).
« Allez ! De toutes les nations faites des disciples :» (Mt 28, 19-20). L’Église cesserait d’exister si elle n’était pas missionnaire.
Pourtant, dans un certain nombre de communautés chrétiennes, la pratique de la foi consiste surtout à vivre ensemble et à recevoir les sacrements. Certains ont tendance à réduire la mission à l’envoi au loin de prêtres et de religieuses. D’autres considèrent qu’elle est l’affaire du curé de la paroisse et de quelques laïcs qui donnent de leur temps. Il leur suffit que la messe dominicale soit assurée, que leurs enfants aillent au catéchisme, que les baptêmes, les mariages et les obsèques soient célébrés quand ils le demandent.
Ils ont cantonné leur foi dans la sphère de leur vie privée et dans quelques pratiques sacramentelles.
La conversion pastorale
Le Pape François ne cesse de rappeler que l’annonce de la foi est une exigence inscrite dans la grâce du baptême. On ne peut pas être vraiment chrétien si on ne fait pas siens « les sentiments du Christ » (Phil 2, 5) qui est envoyé par le Père pour que tous aient la vie.
Il en est de même pour l’Eucharistie, moment essentiel pour la constitution de la communauté paroissiale qui accueille la présence vivante et salvifique de son Seigneur. L’Eucharistie « contient tout le trésor spirituel de l’Eglise, c’est à dire le Christ lui-même », raison pour laquelle elle est « la source et le somment de toute l’évangélisation ». Chaque baptisé, chaque participant de l’Eucharistie doit devenir acteur de l’annonce du Christ à ceux qui l’entourent.
Quelle conversion exige cette perspective si fondamentale ! C’est ce qu’on appelle la « conversion pastorale », inséparable de la nouvelle évangélisation.
En de nombreux pays, la déchristianisation massive de la société se poursuit depuis des décennies, si bien que ce ne sont pas seulement des personnes qui s’éloignent de la foi, mais des générations entières qui n’ont pas entendu le nom de Jésus. « Si quelque chose doit saintement nous préoccuper et inquiéter notre conscience », écrit le Saint Père dans La joie de l’Évangile (n. 49), c’est que cette multitude qui est faite pour Dieu, souvent sans le savoir, est affamée, et « Jésus nous répète sans arrêt : “Donnez-leur vous-mêmes à manger” (Mc 6, 37) ».
Il est urgent que chaque communauté chrétienne entende cette parole du Seigneur et accepte de quitter les rives du lac pour sortir « au large », en « eaux profondes » (cf. Lc 5, 4), à la rencontre de ceux qui se sont éloignés du Christ ou qui ne le ne connaissent pas.
Ce dynamisme, qui repose sur « un choix clairement missionnaire » (n. 5), doit être le premier critère pour vérifier l’authenticité d’une vie chrétienne et d’une action pastorale.
Tel est l’esprit qui sous-tend cette Instruction. Avant même d’envisager des questions canoniques, elle développe une vérité de base : l’Esprit Saint pousse l’Eglise, chaque communauté paroissiale, chaque baptisé, à se renouveler en retrouvant le dynamisme originel qui rend compte des débuts de l’Eglise et que les apôtres Pierre et Jean ont ainsi exprimé devant le Sanhédrin : « Quant à nous, il nous est impossible de nous taire sur ce que nous avons vu et entendu » (Ac 4, 20).
L’Instruction s’emploie donc à montrer comment concrétiser, jusque dans ses formes canoniques, l’esprit missionnaire de l’Église dans la réalité des communautés chrétiennes.
A SUIVRE
Vatican, 20 juillet 2020
Mgr Andrea Ripa
Sous-Secrétaire Congrégation pour le Clergé
Le texte intégral de l’Instruction et celui de Mgr Ripa
est disponible sur le site « Eglise catholique de France » 28 août 2020