Les 39 milliardaires recensés décidèrent de se rencontrer. « A Bruxelles, 750 personnes sont contraintes de passer la nuit dans la rue ; « les restos du coeur » et autres œuvres humanitaires croulent sous les demandes ; des mamans sont obligées de se priver de nourriture les derniers jours du mois afin de pouvoir nourrir leurs petits…. ».
Dans un pays au coeur d’un continent qui a donné Érasme, Montaigne, Vincent de Paul, la Déclaration des Droits de l’homme, nous, les privilégiés, nous devons agir d’urgence. Non sous le signe d’une religion, d’un parti politique, d’une taxation gouvernementale, mais simplement par humanisme. Tout être humain qui vit sur notre territoire doit recevoir les besoins élémentaires de nourriture, habillement, logement, soins de santé. Sinon, sous de belles apparences, notre pays n’est pas civilisé mais demeure une jungle où règne la loi du plus fort.
Ils décidèrent de donner chacun 25 millions d’euros. Un petit milliard. Une bouée de secours pour éviter le naufrage d’une multitude. Et en attendant que les gouvernants parviennent enfin au respect de chacun qui est leur mission première. Un comité d’honnêtes gens veillerait à gérer ce bien avec compétence et justice. A la sortie, l’un des participants glissa à l’autre : « De toutes façons, ça n’égratigne en rien notre train de vie et notre pactole sera vite reconstitué ».
La nouvelle se répandit et beaucoup de citoyens prirent conscience que, pour dépasser leur apparence d’honnêtes gens, ils devaient eux aussi, à leur niveau, prendre part à cette exigence du droit.
Je me réveillai : j’avais fait un rêve.
R. Devillers, dominicain.