propos recueillis par Domitille Farret d’Astiès, le 6 avril 2019
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Aleteia : Pensez-vous que nos paroisses soient vraiment en danger ?
Père James Mallon : Absolument. Nos paroisses existent encore sur un modèle chrétien ancien. Aujourd’hui, elles ne vivent pas du tout leur identité missionnaire. Elles attendent que les gens viennent à elles. Or, un missionnaire va dehors, il dépasse les obstacles culturels. La plupart des paroisses ne font pas cela et s’attendent à ce que l’on vienne à elles. C’est exactement le contraire.
En raison de changements profonds dans notre culture, dans une génération, il n’y aura plus que les paroisses missionnaires qui survivront. Les autres s’effondreront. Si nous n’allons pas vers les gens, l’Église mourra. Seules les paroisses missionnaires ne tomberont pas.
Une communauté qui prie, c’est d’une importance fondamentale mais ce n’est pas suffisant en tant que tel. La prière doit conduire à l’action. L’action sans la prière ne fonctionnera pas mieux. Les deux sont nécessaires.
Quelles sont les clefs du changement ?
J’en vois trois. La première, c’est de donner la priorité à l’évangélisation car c’est elle qui change les cœurs. L’Église publie des recommandations sur ce sujet, elle en parle volontiers, elle fait de la théologie. Mais il ne se passe finalement rien de bien concret. Nous prions, nous célébrons les sacrements, mais nous ne savons pas vraiment comment mobiliser.
La deuxième clef, c’est la question du leadership. Il est nécessaire de passer de la maintenance à la mission. La « maintenance », c’est lorsque l’on ne s’occupe que des paroissiens. Déplaçons le focus vers ceux qui ne sont pas paroissiens, vers l’extérieur. Ce mouvement doit être conduit par des leaders, que ce soient des prêtres ou des laïcs engagés dans des équipes pastorales…Ces leaders, il faut qu’ils soient serviteurs. Aujourd’hui, il faut complètement renouveler nos modèles et développer la co-responsabilité.
Le cœur d’un leader, ce n’est pas d’être une figure forte qui a des suiveurs, mais d’être quelqu’un qui fait se lever d’autres leaders. C’est ce que dit Paul à Timothée dans sa deuxième lettre : « Ce que tu m’as entendu dire en présence de nombreux témoins, confie-le à des hommes dignes de foi qui seront capables de l’enseigner aux autres, à leur tour » (2 Tm, 2, 2).
Il est important de mobiliser toute la paroisse et de permettre aux paroissiens d’entrer dans une vision qui les inspire.
Enfin, la troisième clef, c’est la puissance de l’Esprit saint. C’est un point qui énerve souvent les catholiques. Pourtant, il est absolument indispensable. Avant la Pentecôte, les disciples avaient peur, ils restaient au Cénacle, repliés vers l’intérieur. Quand le Saint-Esprit est venu, ils ont ouvert les portes et ils ont proclamé. C’est une loi spirituelle. L’Église est conduite par le Saint-Esprit à sortir. Actuellement, on ne va pas dehors, on reste trop au cénacle.
Pourtant, il existe bien des mouvements missionnaires comme le Congrès Mission, Anuncio et d’autres ?
Bien sûr, mais ce que l’on voit dans ces mouvements d’Église est trop peu présent dans nos paroisses. Ce n’est pas suffisant.
Il faut du leadership pour déplacer la parole vers la mission, pour demander aux paroissiens d’aller dans des territoires nouveaux. Quand on est confortablement installé dans ses activités paroissiales, on ne sent pas que l’on a besoin de l’aide de l’Esprit saint. Mais quand on est dans une zone que l’on ne connaît pas, on le ressent bien plus.
Beaucoup de personnes recherchent une expérience de Dieu. Or, souvent, dans l’Église, on est suspicieux par rapport à cette recherche d’expérience spirituelle. On se réclame plutôt de la vérité. Pourtant, les gens qui font une expérience spirituelle seront conduits à la vérité. C’est l’expérience de l’amour de Dieu, de l’œuvre de l’Esprit saint, qui les mettra en route.
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par le père James Mallon.
Éditions Artège, avril 2019.