19 juin 1623 – 19 août 1662
Portrait de Pascal par Chateaubriand
« Il y avait un homme qui, à 12 ans, avec des barres et des ronds, avait créé les mathématiques ;
qui, à 16, avait fait le plus savant traité des coniques qu’on eût vu depuis l’antiquité ;
qui, à 19, réduisit en machine une science qui existe tout entière dans l’entendement ;
qui, à 23, démontra les phénomènes de la pesanteur de l’air et détruisit une des grandes erreurs de l’ancienne physique ;
qui, à cet âge où les autres hommes commencent à peine de naître, ayant achevé de parcourir le cercle des sciences humaines, s’aperçut de leur néant et tourna ses pensées vers la religion ;
qui, depuis ce moment jusqu’à sa mort, arrivée dans sa 39ème année, toujours infirme et souffrant, fixa la langue que parlèrent Bossuet et Racine, donna le modèle de la plus parfaite plaisanterie, comme du raisonnement le plus fort ;
enfin qui, dans les courts intervalles de ses maux, résolut, par abstraction, un des plus hauts problèmes de géométrie, et jeta sur le papier des pensées qui tiennent autant de Dieu que de l’homme.
Cet effrayant génie se nommait Blaise Pascal ».
Le Mémorial
« Le 21 novembre 1654, Pascal reste seul, sans sortir ni manger, ni boire ni dormir, à lire la Bible. Deux jours passent. Le 23 novembre, de 22 h.30 à minuit et demi, une sorte de feu l’éblouit. Blaise se sent échapper à son corps, il s’envole. Dieu est là, pense-t-il. Il s’évanouit, ne se réveille qu’à l’aube. Il prend immédiatement une feuille de papier et écrit d’une main ferme, précise, avec quelques ratures, ce texte tant commenté depuis lors….En tête il dessine une croix puis inscrit la date. Il plie les deux feuillets, appelle un valet et les fait coudre dans la doublure de son pourpoint – où on les retrouvera à sa mort…. »
( J. Attali : Blaise Pascal ou le génie français – p.212)
L’an de grâce 1654,
Lundi, 23 novembre, jour de saint Clément, pape et martyr, et autres au martyrologe.
Veille de saint Chrysogone, martyr, et autres.
Depuis environ dix heures et demie du soir jusqu’à environ minuit et demi.
Feu.
« Dieu d’Abraham, Dieu d’Isaac, Dieu de Jacob, »
Non des philosophes et des savants.
Certitude, Certitude. Sentiment. Joie. Paix.
Dieu de Jésus-Christ.
Deum meum et Deum vestrum.
« Ton Dieu sera mon Dieu »
Oubli du monde et de Tout, hormis Dieu.
Il ne se trouve que par les voies enseignées dans l’Évangile.
Grandeur de l’âme humaine.
« Père juste, le monde ne t’a point connu, mais je t’ai connu. »
Joie, Joie, Joie, pleurs de joie.
Je m’en suis séparé :
De reliquerunt me fontem aquæ vivæ.
« Mon Dieu, me quitterez-vous ? »
Que je n’en sois pas séparé éternellement.
« Cette est la vie éternelle, qu’ils te connaissent seul vrai Dieu
et celui que tu as envoyé, Jésus-Christ. »
Jésus-Christ.
Jésus-Christ.
Je m’en suis séparé, je l’ai fui, renoncé, crucifié.
Que je n’en sois jamais séparé.
Il ne se conserve que par les voies enseignées dans l’Évangile.
Renonciation totale et douce.
Soumission totale à Jésus-Christ et à mon directeur.
Éternellement en joie pour un jour d’exercice sur la terre.
Non obliviscar sermones tuos, Amen.
Béatifier Pascal ?
Dans une interview menée par un journaliste italien, le pape François a manifesté son soutien pour la béatification de Blaise Pascal. « « Moi aussi, je pense qu’il mériterait la béatification », a répondu très spontanément le pape à la suggestion de son interlocuteur, avant de renchérir : « J’envisage de demander la procédure nécessaire et l’avis des organes du Vatican chargés de ces questions, en faisant part de ma conviction personnelle positive. »