Homélies et commentaires par fr. Laurent Mathelot OP

Résurgences

7ème dimanche de Pâques – Année B – 13 mai 2018
Évangile de Jean 17, 11-19

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JESUS PRIE POUR NOUS

Vers la fin de ce qui sera notre premier siècle, Jean décide d’écrire un nouvel évangile. Pour au moins quatre raisons.
POUR ISRAEL. Les autorités juives jugent Jésus comme un blasphémateur qui a été condamné parce qu’il enfreignait la Loi ; il n’était pas le Messie et il n’est certainement pas ressuscité.
POUR ROME. On tient Jésus pour un dangereux révolutionnaire qui, comme tel, a été justement exécuté en croix par le Préfet romain.
POUR LES EGLISES. D’autre part, les communautés chrétiennes se répandent mais elles sont en butte à la persécution et beaucoup ont peur de les rejoindre.
POUR L’UNITE. Et, hélas, déjà des scissions apparaissent et des groupes concurrents se déchirent.

Donc Jean écrit pour proclamer la Gloire de Jésus Messie ressuscité, pour annoncer un Evangile non-violent, pour raffermir la foi des croyants effrayés et pour les supplier de demeurer unis.

Ce quadruple projet de Jean apparaît notamment dans son récit de l’ultime soirée de Jésus avec ses disciples (chapitres 13 à 17) où, sur le seuil de la mort, il explique longuement son projet à ses disciples. Commençant par le lavement des pieds, ce récit s’achève par une longue et sublime prière de Jésus à son Père. Chaque année, au dimanche entre Ascension et Pentecôte, nous en lisons une partie : aujourd’hui nous écoutons la 2ème partie, la prière de Jésus pour ses disciples. Donc pour nous aussi.

JESUS PRIE

L’évangile de Jean est celui où la divinité de Jésus est la plus fortement affirmée : Jésus ose dire à ses adversaires : « Quand vous aurez élevé le Fils de l’homme, vous connaîtrez que JE SUIS » (8, 28) et l’apôtre Thomas exprime la plus haute confession de foi devant le Ressuscité: « Mon Seigneur et mon Dieu » (20, 28).
Et pourtant Jésus ne remplace pas Dieu : il lui parle, il le prie, il l’appelle « Père ». Et à l’heure venue, il prie son Père de le soutenir pour terminer sa mission afin que la croix acceptée manifeste la Gloire du Père et la sienne ; puis il enchaîne en confiant ses disciples à son Père.
Ainsi la personne la plus parfaite, l’enseignement le plus haut ne suffisent pas à assurer la transmission. Si Jésus prie avec une telle intensité, a fortiori nous, prêtres, catéchistes, parents, avons à l’imiter : la prière n’est pas une formule pieuse, une décoration habituelle mais l’indispensable appel au secours de Dieu.

PRIERE DE JESUS POUR SES DISCIPLES

Jésus sait que son HEURE est arrivée. Pour ses ennemis, c’est le moment propice où on va se saisir de lui et le supprimer. Mais Jésus, conscient, affirme qu’il se donne. La haine est sûre de le jeter dans la mort. Non ! l’amour s’offre pour les siens. Par un supplice barbare, l’humanité va à nouveau exhiber sa cruauté: emporté dans l’horreur, Jésus va révéler la Gloire de son Père et le Père va manifester la Gloire de son Fils.

A l’heure où Jésus passait de ce monde à son Père, les yeux levés au ciel, il priait ainsi : « …Désormais, je ne suis plus dans le monde ; eux, ils sont dans le monde, et moi, je viens vers toi. Père saint, garde-les unis dans ton nom, le nom que tu m’as donné, pour qu’ils soient un, comme nous-mêmes. Quand j’étais avec eux, je les gardais unis dans ton nom, le nom que tu m’as donné. J’ai veillé sur eux, et aucun ne s’est perdu, sauf celui qui s’en va à sa perte – de sorte que l’Écriture soit accomplie. »

Jésus sait qu’il ne trépasse pas dans le néant : il passe de ce monde à son Père.
Il affirme avoir accompli parfaitement la mission que son Père lui avait donnée : unir une poignée d’hommes en leur révélant que Dieu est leur Père. Non à cause de leurs qualités ou leur bonne volonté, non comme un secret ignoré en eux mais parce que Jésus le Fils les rend frères. Car c’est à cette profondeur seulement que nous pouvons connaître la véritable paix : celle-ci est celle de l’union du Père et du Fils. Ainsi ils seront réellement UN « comme le Père et le Fils ».

L’allégorie du Bon Pasteur l’affirme : « Je donne la Vie éternelle à mes brebis et elles ne périront jamais et personne ne pourra les arracher de ma main…Nul ne peut arracher quelque chose de la main du Père » (10, 28). Par la foi, nous pouvons être sûrs d’être « dans de bonnes mains », celles du Père et du Fils. Si bien que, lors de son arrestation, Jésus commandera aux soldats : « C’est moi que vous cherchez : laissez-les donc aller » – ce qui accomplit la parole de notre chapitre (18, 8).
Toutefois la foi n’est pas une mainmise qui nous emprisonne : nous restons libres de lâcher la protection – ce que hélas, Judas a fait pour son malheur – et l’Ecriture l’annonçait déjà (13, 18)

L’EVANGILE COMBLE DE JOIE

Et maintenant que je viens à toi, je parle ainsi, dans le monde,
pour qu’ils aient en eux ma joie, et qu’ils en soient comblés.

De grâce donc, que la foi ne soit pas un catéchisme à apprendre, une morale à appliquer à la lettre, des cérémonies à suivre sans comprendre. La Parole de Jésus est une Bonne nouvelle non parce qu’il nous ordonne ce qu’il faut faire mais parce qu’il nous révèle ce que Jésus fait de nous.
Donc la Bonne Nouvelle mérite son nom : elle nous comble de la joie. Mais c’est la joie de la naissance qui éclate après les douleurs de l’enfantement (16, 21). La joie chrétienne est pascale parce qu’elle ressuscite toujours après les croix.

LA FOI AU CHRIST SUSCITE LA HAINE.

Moi, je leur ai donné ta parole, et le monde les a pris en haine parce qu’ils n’appartiennent pas au monde, de même que moi je n’appartiens pas au monde.
Je ne prie pas pour que tu les retires du monde, mais pour que tu les gardes du Mauvais.
Ils n’appartiennent pas au monde, de même que moi, je n’appartiens pas au monde.

Tout le Nouveau Testament résonne de cet avertissement répété : vous serez objets non de compliments, de sarcasmes, de colères mais bien de haine. Jésus et son message sont subversifs. Paradoxe : sans désirer aucun pouvoir, sans visée de cupidité ou de gloire humaine, ils remettent en question tout pouvoir. Communisme, nazisme, capitalisme débridé, économie de marché : tous veulent faire taire la voix de l’Evangile. Quand ils le sont vraiment, on déteste toujours les chrétiens.
Mais ils ne quittent pas ce monde pour fuir dans une retraite à l’écart. Ils demeureront dans le monde tel qu’il est, partageront les conditions de tous. Et même ils aimeront ce monde car « Dieu l’a tant aimé qu’il a donné son Fils non pour le condamner mais pour le sauver » (3,16).
D’ailleurs, juste avant cette prière, de 15, 18 à 16, 33 (42 versets !), Jésus a prévenu les siens : à travers vous, c’est moi que l’on hait ; on vous tuera même au nom de Dieu (16, 2). Et il a terminé en nous précisant notre situation : « En moi vous avez la paix ; dans le monde vous aurez la persécution. Mais ayez confiance : moi j’ai vaincu le monde » (16, 33).

CONSACRÉS DANS LA VÉRITÉ

Sanctifie-les dans la vérité : ta parole est vérité. De même que tu m’as envoyé dans le monde, moi aussi, je les ai envoyés dans le monde. Et pour eux je me sanctifie moi-même, afin qu’ils soient, eux aussi, sanctifiés dans la vérité… ».

Passage difficile, objet d’une foule de commentaires. Essayons.
La sainteté, dans la bible, ne désigne pas des réalisations exceptionnelles, un héroïsme exemplaire, une piété sans faille, un état mystique, un caractère sans défaut mais une altérité.
Au fond Dieu seul est Saint, c.à.d. tout à fait autre, inconcevable et invisible. Cependant il a donné un ordre à son peuple : « Soyez saints car je suis saint » (Lévitique 11, 45 ; 20,26…). Soyez différents des autres peuples, évitez certains de leurs comportements, adoptez un autre style de vie, fuyez toute idolâtrie : c’est ainsi que vous serez un peuple qui témoigne d’un Dieu unique, qui libère les esclaves et exige le droit et la justice.
Jésus envoie ses disciples au cœur du monde mais il prie son Père de leur parler, de leur envoyer sa Parole qui les instituera dans la lumière de la vérité qu’est Jésus (14, 6 : Je suis la voie, la vérité, la vie)
Et cette Parole de Dieu est Jésus le Fils qui était avec son Père depuis le commencement (1, 1), qui a été envoyé par Lui dans ce monde et qui maintenant va « se sanctifier lui–même ». Celui que les hommes vont supprimer sur la croix va manifester au maximum sa sainteté. Et ceux qui croiront à cette sainteté écrasée et ressuscitée, qui écouteront une parole que l’on voulait faire taire et qui parle encore et pour tous afin de proclamer la Vérité seront, à leur tour, saints.
Sarments de la Vigne vivante, UN entre eux comme le Père et le Fils sont UN, ils seront témoins de cette Vérité. Donc pleins de la joie parfaite de Jésus. Et sans cesse moqués, critiqués, persécutés.

CONCLUSION

Nous prions mal et si peu…Mais LUI, il prie pour nous, sans arrêt, et avec quelle force ! Confiance donc ! Et osons reprendre cette prière pour « ceux que le Père nous a donnés » : conjoint, enfants, paroissiens, collègues, élèves. La Parole de la croix nous rend saints en vérité.
Poursuivons la « Neuvaine à l’Esprit ».[/fusion_text][/one_full][one_full last= »yes » spacing= »yes » center_content= »no » hide_on_mobile= »no » background_color= » » background_image= » » background_repeat= »no-repeat » background_position= »left top » hover_type= »none » link= » » border_position= »all » border_size= »0px » border_color= » » border_style= » » padding= » » margin_top= » » margin_bottom= » » animation_type= » » animation_direction= » » animation_speed= »0.1″ animation_offset= » » class= » » id= » »][fusion_text]

Raphaël Devillers,  dominicain
Tél. : 04 / 220 56 93   –   Courriel :   r.devillers@resurgences.be

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