Homélies et commentaires par fr. Laurent Mathelot OP

Résurgences

2ème dimanche – Année B – 14 janvier 2018
Évangile de Jean 1, 35-42

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L’AGNEAU IMMOLÉ POUR NOUS LIBERER

Sur la rive orientale du Jourdain, donc en Jordanie actuelle, des vestiges d’églises antiques témoignent que, pendant des siècles, les convertis venaient recevoir le baptême à cet endroit où Jésus lui-même avait été baptisé. Le site défini est classé désormais au Patrimoine mondial de l’UNESCO.

Dans son évangile, Jean d’ailleurs l’avait noté avec précision (1,22) et cela avait pour lui beaucoup d’importance. En effet, c’est sur cette rive que les Hébreux, libérés d’Egypte, étaient arrivés et que Moïse, prévenu qu’il ne pénétrerait pas lui-même dans la terre que Dieu avait promise, avait nommé pour lui succéder son adjudant appelé JOSUE, en hébreu IEHOSHUAH (Deut 31).
Après la mort du grand législateur, Josué prit donc la tête de la troupe, passa le Jourdain et commença la conquête du pays. Et tout de suite, le 14ème jour du mois, le soir, ils célébrèrent la Pâque (Josué 5, 10).

Car – et toute la Bible ne cesse de le répéter -, il est essentiel pour Israël qu’il n’oublie jamais qu’il est né par un acte gratuit de délivrance par son Dieu, que s’il a été libéré après des siècles d’esclavage, s’il a pu sortir d’Egypte, ce n’est pas par une concession du Pharaon, ni par le génie diplomatique de son leader Moïse, ni par la violence armée, mais parce que, le soir du 14 nisan, ils ont célébré la fête de PESSAH – PÂQUE en immolant et en consommant un jeune agneau.
Merveille : ils ont pu sortir sans combattre et le seul qui est mort pour que le peuple se mette en marche et vive, c’est l’agneau pascal, la victime innocente. Donc célébration annuelle obligatoire et éternelle.

En cessant de s’accrocher aux bonnes nourritures données par les garde-chiourme égyptiens (car les bourreaux ont toujours intérêt à disposer d’esclaves en forme), en refusant la fatalité des chaînes, en cessant de vouloir tuer leurs oppresseurs, en osant prendre le risque de la liberté et de la pauvreté, et surtout en partageant, de façon familiale, dans un climat de paix et de réconciliation, un petit agneau symbole même de l’innocence, Israël pouvait croire ce que son Dieu lui disait : « YHWH A LIBERE SON PEUPLE ». Dieu était là, narguant toutes les statues colossales et inertes des dieux égyptiens.

LIBERES DES AUTRES MAIS PAS D’EUX-MÊMES

Au mont Sinaï, Dieu fit Alliance avec ces fugitifs qui étaient désormais « son peuple », il leur donna sa Loi fondamentale, les conduisit à travers le désert et les fit entrer sur la terre qu’il leur avait promise.

Les débuts furent magnifiques : le roi David instaura un royaume et une capitale, son fils Salomon construisit un temple pour rendre un culte à YHWH, et on se rassembla dans la joie pour les trois grands pèlerinages annuels, Pâque, Pentecôte, Cabanes…Mais, hélas, à la fidélité dans les rites ne correspondait pas la fidélité dans les actes de la vie : comme un cancer, le péché détruisait la vie sociale.
Régulièrement YHWH envoyait des Prophètes pour rappeler les exigences de sa Loi et dénoncer les désobéissances et les dérives mais on refusait de les écouter et de se convertir. Le culte chantait la Gloire de YHWH : la méchanceté, l’injustice, la cupidité la profanaient. Ils étaient sortis d’Egypte mais l’Egypte n’était pas sortie d’eux. On reprenait exploitation des faibles, corruption, mépris des petits.

LE NOUVEL AGNEAU

C’est alors, après les échecs de tous les prophètes, que survint le dernier d’entre eux : Jean dit le Baptiste.
Comme Moïse, il se plaça au-delà du Jourdain et il appela les gens à le rejoindre pour écouter sa parole semblable à celle de tous ses prédécesseurs : « Changez de vie, partagez avec les pauvres, n’usez pas de violence… ».

Puis il les entraîna à traverser le gué, il les baptisa dans l’eau et il leur montra un homme qui avait fait le passage avec eux. C’était un inconnu, un charpentier d’un petit village de Galilée et qui s’appelait, comme Josué, IEHOSHUAH , nom qui signifie « DIEU SAUVE ».
Et Jean-Baptiste clama – chose inouïe ! :

« Voici l’Agneau de Dieu qui enlève le péché du monde ! … Celui qui m’a envoyé m’a dit : Celui sur lequel tu verras l’Esprit descendre et demeurer, c’est lui qui baptise, qui plonge, dans l’Esprit. J’au vu et je témoigne : il est le Fils de Dieu ».

Loin des lieux de pouvoir, de savoir et de prestige, dans le calme de la campagne, s’énonçait la manifestation qui allait changer la face du monde.
L’histoire avait montré depuis des siècles que si les hommes étaient libérés de la servitude des peuples étrangers, ils n’étaient pas libérés de leur propre égoïsme et de leurs injustices.
Jean-Baptiste reconnaissait que ses exhortations, ses invectives, ses supplications n’avaient pas d’effet : la Loi ne pouvait pas sauver.
Il fallait que les hommes sortent non d’Egypte ni de Babylone, ni d’Athènes ni de Rome, mais de l’esclavage du mal qui les tenait captifs.
Il fallait libérer non seulement les habitants d’Israël mais l’humanité tout entière.
Et cela n’était possible que par le sacrifice d’un nouvel agneau, non plus un animal inconscient mais un homme qui était don de Dieu et qui allait librement, consciemment, donner sa vie pour ses bourreaux. Le repas de l’agneau pascal allait révéler un sens absolument sidérant.

ECOUTER … SUIVRE …DEMEURER…APPELER LES AUTRES

Le lendemain encore, Jean se trouvait là au même endroit avec deux de ses disciples.
Posant son regard sur Jésus qui allait et venait, il dit : « Voici l’Agneau de Dieu. »
Les deux disciples entendirent ce qu’il disait, et ils suivirent Jésus. Se retournant, Jésus vit qu’ils le suivaient, et leur dit : « Que cherchez-vous ? »
Ils lui répondirent : « Rabbi – ce qui veut dire : Maître –, où demeures-tu ? »
Il leur dit : « Venez, et vous verrez. » Ils allèrent donc, ils virent où il demeurait, et ils restèrent auprès de lui ce jour-là. C’était vers la dixième heure (environ quatre heures de l’après-midi).
André, le frère de Simon-Pierre, était l’un des deux disciples qui avaient entendu la parole de Jean et qui avaient suivi Jésus. Il trouve d’abord Simon, son propre frère, et lui dit : « Nous avons trouvé le Messie » – ce qui veut dire : Christ. André amena son frère à Jésus. Jésus posa son regard sur lui et dit : « Tu es Simon, fils de Jean ; tu t’appelleras Kèphas » – ce qui veut dire : Pierre.

Le talmud raconte que lorsque Moïse invita les esclaves hébreux à fêter la Pâque et à s’enfuir dans la nuit, beaucoup refusèrent : ils préféraient subir les corvées avec nourriture assurée que de se lancer dans une aventure risquée. De même ici, la solennelle affirmation de Jean-Baptiste se heurta à l’inertie générale et seuls deux jeunes gens le quittèrent pour suivre cet homme qui déjà quittait son maître le Baptiste : André et un anonyme (serait-ce Jean l’évangéliste ?).

Pressentant leur présence, Jésus les questionna – et ce sont ses premiers mots dans l’évangile : QUE CHERCHEZ-VOUS ?
Interrogation fondamentale car de notre réponse va dépendre l’orientation de toute notre vie. Qu’est-­ce que je cherche ? Quel est ce désir qui nous habite au plus profond de l’être et n’est jamais apaisé ? Il est si tentant de demeurer dans le paradis de la consommation et de jouir de ses gadgets. Sous les pyramides d’objets qui nous submergent, nous ne voyons même plus nos chaînes. Pourquoi tant d’hommes essaient-ils de se leurrer : être célèbre, devenir riche, profiter du présent….. ? Pourquoi ne pas se jeter dans la recherche de la Vérité et de la vraie Vie ?

OU DEMEURES-TU ? – VENEZ VOIR – ILS RESTERENT AVEC LUI. Ne pas se contenter de connaître un personnage de l’histoire. Ne pas se limiter à des souvenirs de catéchisme. Comprendre que Jésus est une personne donc qu’il faut demeurer avec lui longtemps pour le connaître. Le regarder. L’écouter. Le questionner. Ne pas avoir toutes les réponses. Deviner que l’on est devant quelqu’un qui ouvre l’infini.
TROUVER JESUS POUR TROUVER SON FRERE. Il y a des trouvailles que l’on garde pour soi, dont on veut jouir égoïstement. La joie de la connaissance de Jésus éveille un fol désir de la partager. On se trompe sur sa foi si on n’est pas titillé par l’envie de le faire connaître.
Le témoignage joyeux fait « trouver son frère » et peu à peu l’assemblée se construit et, chaque dimanche, elle se réunit et écoute : « VOICI L’AGNEAU DE DIEU QUI ENLEVE LE PECHE DU MONDE ».
L’Eucharistie du dimanche est acte de libération, passage de la prison du mal commis la semaine précédente pour faire la mission future en passant par la Passion du seul AGNEAU.[/fusion_text][/one_full][one_full last= »yes » spacing= »yes » center_content= »no » hide_on_mobile= »no » background_color= » » background_image= » » background_repeat= »no-repeat » background_position= »left top » hover_type= »none » link= » » border_position= »all » border_size= »0px » border_color= » » border_style= » » padding= » » margin_top= » » margin_bottom= » » animation_type= » » animation_direction= » » animation_speed= »0.1″ animation_offset= » » class= » » id= » »][fusion_text]

Raphaël Devillers,  dominicain
Tél. : 04 / 220 56 93   –   Courriel :   r.devillers@resurgences.be

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Le pape François invite à « l’éducation écologique »

Discours à l’Association des enseignants catholiques italiens
5 janvier 2018

………… Je voudrais vous proposer trois points de réflexion et d’engagement : la culture de la rencontre, l’alliance entre école et famille et l’éducation écologique. Et aussi un encouragement à s’associer.

1. LA RENCONTRE

Première chose, je vous remercie pour la contribution que vous donnez à l’engagement de l’Eglise pour promouvoir la culture de la rencontre. Et je vous encourage à le faire, si possible, de façon encore plus ramifiée et incisive. En effet, dans ce défi culturel, les bases des années de l’éducation primaire des enfants sont décisives.

Les enseignants chrétiens, qu’ils travaillent dans des écoles catholiques ou dans des écoles publiques, sont appelés à stimuler chez les élèves l’ouverture à l’autre comme visage, comme personne, comme frère et sœur à connaître et à respecter, avec son histoire, ses forces et ses faiblesses, ses richesses et ses limites. L’enjeu est de coopérer à former des jeunes ouverts et intéressés par la réalité qui les entoure, capables de soin et de tendresse, qui soient libres du préjugé répandu selon lequel, pour avoir de la valeur, il faut être compétitifs, agressifs, durs envers les autres, spécialement envers celui qui est différent, étranger ou qui est vu d’une quelconque façon comme un obstacle à l’affirmation de soi.

C’est malheureusement un “air” que nos enfants respirent souvent, et le remède est de faire de façon à ce que nous puissions respirer un air différent, plus sain, plus humain. Et dans ce but, l’alliance avec les parents est très importante.

2. L’ALLIANCE ECOLE – FAMILLE

Nous arrivons ici au deuxième point, à l’alliance éducative entre l’école et la famille. Nous savons tous que cette alliance est en crise depuis longtemps, et dans certains cas complètement rompue. Autrefois, il y avait un renfort réciproque entre les stimulations données par les enseignants et ceux des parents. Aujourd’hui la situation a changé, mais nous ne pouvons pas être nostalgiques du passé.

Il faut prendre acte des mutations qui ont concerné autant la famille que l’école, et renouveler l’engagement pour une collaboration constructive – à savoir, reconstruire l’alliance et le pacte éducatif – pour le bien des enfants et des jeunes. Et à partir du moment où cette synergie n’advient plus de façon “naturelle”, il faut la favoriser de façon conceptuelle, y compris avec l’apport d’experts dans le domaine pédagogique. Mais avant cela, il faut favoriser une nouvelle “complicité” – je suis conscient de l’utilisation de ce mot –, une nouvelle complicité entre enseignants et parents.

Avant tout en renonçant à se penser comme des fronts opposés, en se culpabilisant mutuellement, mais au contraire en se mettant à la place les uns des autres, en comprenant les difficultés objectives que les uns et les autres rencontrent aujourd’hui dans l’éducation, et en créant ainsi une plus grande solidarité: complicité solidaire.

3. L’EDUCATION ECOLOGIQUE

Le troisième aspect que je veux souligner est l’éducation écologique (cf. mon encyclique). Evidemment, il ne s’agit pas seulement de donner quelques notions…. Il s’agit d’éduquer à un style de vie fondé sur l’attitude de la sauvegarde de notre maison commune qu’est la création.

Un style de vie qui ne soit pas schizophrène, c’est-à-dire qui, par exemple, prenne soin des animaux en voie d’extinction mais ignore les problèmes des personnes âgées ; ou qui défende la forêt amazonienne mais néglige les droits des travailleurs à un juste salaire, etc. C’est de la schizophrénie.

L’écologie à laquelle il faut éduquer doit être intégrale. Et surtout l’éducation doit viser le sens de la responsabilité: non pas transmettre des slogans que d’autres devraient mettre en pratique, mais susciter le goût d’expérimenter une éthique écologique en partant de choix et de gestes de vie quotidienne. Un style de comportement qui, dans la perspective chrétienne, trouve sens et motivation dans la relation avec Dieu créateur et rédempteur, avec Jésus Christ centre du cosmos et de l’histoire, avec l’Esprit Saint source d’harmonie dans la symphonie de la création.

FAIRE ASSOCIATION

Enfin, chers frères et sœurs, je veux ajouter un mot sur la valeur d’être et de faire association…. Je vous exhorte à renouveler votre volonté d’être et de faire association dans la mémoire des principes inspirateurs, dans la lecture des signes des temps et avec le regard ouvert sur l’horizon social et culturel. N’ayez pas peur des différences et des conflits qui existent de façon normale dans les associations de laïcs ; il est normal qu’il y en ait.

Ne les cachez pas, mais affrontez-les avec un style évangélique, dans la recherche du vrai bien de l’association, évalué sur la base des principes statutaires. Etre en association est une valeur et une responsabilité, qui en ce moment vous est confiée. Avec l’aide de Dieu et des pasteurs de l’Eglise, vous êtes appelés à faire fructifier ce talent mis dans vos mains.

Merci. Je vous remercie pour cette rencontre et je vous bénis de tout cœur, toute l’association et votre travail. Vous aussi, s’il vous plaît, priez pour moi.”

PAPE FRANCOIS

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