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7ème dimanche de Pâques – Année A – 24 mai 2020

Évangile de Jean 17, 1-11

L’Heure de Jésus et notre Heure

7ème Dimanche de Pâques – Année A – 24 mai 2020 – Évangile de Jean 17, 1-11
L’évangile de ce dimanche nous fait entendre le début de la grande prière de Jésus : « Père, l’Heure est venue ». A la fin de sa prière, il sort et la mécanique de mort s’enclenche. Cette Heure sera celle de l’amour jusqu’à l’extrême, donc l’heure de la Pâque, celle du passage de la mort à la Vie.

Jean a consacré 5 chapitres de son évangile à cette ultime soirée pendant laquelle Jésus explique le sens de cette heure qui marque l’événement central de l’histoire de l’humanité et comment elle fondera et éclairera pour toujours la vie des disciples.

Quelle heure vivons-nous aujourd’hui ?

« …Après l’héroïque mobilisation contre le virus, il va nous falloir passer à des défis plus gigantesques encore. Comment répondra-t-on aux convulsions à venir ? Nous sommes à la croisée des chemins.
On pourra choisir de s’épuiser à colmater les brèches, à conjurer une vulnérabilité que l’on avait cru surmontée, à rétablir et faire durer autrement un ordre dont les plus forts n’avaient pas trop à se plaindre.
À moins, si nous trouvons l’énergie pour cela, de nous engager sur la voie radicale, qui bouscule nos habitudes et nos intérêts immédiats, celle d’une transformation de mentalités changeant notre rapport aux autres et à la planète.... » (A.M. Pelletier, théologienne)

C’est pourquoi je vous propose de prendre le temps de relire et méditer ces 5 chapitres : là se trouve l’essentiel à savoir pour nous convertir, prendre les décisions nécessaires, témoigner de celui qui a dit : « Je suis la Voie, la Vérité et la Vie…Ne soyez pas bouleversés …Je vous donne la paix… ».

Il nous appartient de témoigner comment l’Heure du Seigneur doit s’écrire dans notre aujourd’hui. L’Heure de Jésus est aujourd’hui NOTRE HEURE.

Évangile de Jean 17, 1-11

L’Heure de Jésus et notre Heure


Ce long temps sans célébration dominicale devrait avoir un avantage : nous permettre de nous plonger dans une étude personnelle de l’Ecriture. En effet, à la messe, nous écoutons passivement des lectures suivies d’un commentaire qui, faute de temps, reste assez sommaire et souvent nous nous posons des questions qu’il est même impossible d’exprimer. On nous a appris à nous taire et à laisser parler ceux qui savent, les prêtres. Si bien que les catholiques, malgré leur assistance régulière et leur bonne volonté, n’ont pour la plupart qu’une connaissance fragmentaire et superficielle des Ecritures.

En ce dimanche où nous lisons le début de la grande prière finale de Jésus au chapitre 17 de S. Jean, je vous propose d’étudier comment elle s’insère dans un ensemble d’une valeur inestimable : le testament de Jésus, l’instruction finale qu’il donne à ses disciples.

Prenons notre Nouveau Testament (que tout chrétien se doit d’avoir et de lire fréquemment), trouvons le 4ème évangile, celui de Jean, ouvrons-le au chapitre 13. Faisons d’abord un bref silence : demandons à l’Esprit d’éclairer notre méditation.

Remarques préliminaires :
  • Ne soyons pas surpris de ne pas tout comprendre d’un coup : la lumière viendra au fur et à mesure de notre recherche et, si possible, par le dialogue fraternel. Persévérons.
  • Ce n’est pas un catéchisme auquel il faut donner des réponses correctes : que chacun soit libre de son interprétation.
  • On ne lit pas un évangile comme un roman. Il s’agit bien de « la Parole de Dieu », d’une profondeur infinie dite par de simples mot humains. On y trouve des pépites si on s’y adonne avec amour.
  • Cet ensemble de Jean 13-17 a suscité depuis 20 siècles un flot de commentaires. Sa vérité a conduit à la lumière de la vraie foi, a guéri de l’incrédulité, a soutenu des disciples écrasés par la souffrance, a fait des saints.
  • J’espère que cette étude vous comblera de joie. Remarquez la phrase centrale : « Je vous ai dit cela pour que ma joie soit en vous ».



PLAN DES CHAPITRES 13 – 17 DE SAINT JEAN


Par amour : L’heure du don de l’amour : 13, 1-2


« Avant la fête de la Pâque, Jésus sachant que son Heure était venue, l’heure de passer de ce monde au Père, lui qui avait aimé les siens dans le monde, les aima jusqu’à l’extrême ».


Jésus n’est pas victime d’un complot : il sait que certains veulent sa mort mais il va faire de la croix épouvantable le passage vers son Père et le don d’amour extrême pour ses disciples. La croix est la croisée où se rencontrent amour du Père et amour des hommes.

Le dernier repas : 13, 3 à 38

Les révélations stupéfiantes se succèdent : Jésus s’agenouille pour laver les pieds des disciples, il leur commande de faire de même entre eux, il leur annonce que l’un d’eux va le trahir, il partage son pain et tout à coup Judas s’enfuit dans la nuit. Jésus annonce sa disparition imminente, proclame son commandement : « Aimez-vous les uns les autres ». Enfin il dit à Pierre qu’il va le renier trois fois.

Tous les rêves des disciples s’écroulent ! Un Messie qui prend la place d’un serviteur et que l’on tue ? Une Eglise de lâches et de traîtres ?

Discours d’encouragement : chap. 14

Nous sommes interloqués, anéantis. C’est pourquoi d’abord Jésus nous réconforte : « Ne soyez pas bouleversés : croyez en moi ».

Ce chapitre donne les raisons fondamentales pour tenir bon. Tout est suspendu à la foi en Jésus : combien de fois revient le verbe croire ? Quels sont les fondements de mon assurance chrétienne ?...

Noter les 2 premières promesses de l’Esprit : quel est son rôle ?.(14, 15 et 14, 25)..

Est-ce que je comprends la conclusion : « Je vous donne ma paix : elle n’est pas comme celle du monde » (14, 27)

Ne cherchons pas d’autres consolations. Tout autre appui que cette foi est aléatoire, fragile.

Centre : Parabole de la vigne : chap. 15, 1-17

Israël se comparait à la vigne préférée de Dieu mais les prophètes dénonçaient ses mauvais fruits : l’injustice (Isaïe 5). Maintenant Jésus affirme qu’il est la Vigne plantée par Dieu au Golgotha, qu’elle étendra sans cesse ses branches partout dans le monde et donnera enfin de beaux fruits c.à.d. l’amour.
« Je suis la vraie vigne, vous êtes les sarments, demeurez en moi...Aimez-vous les uns les autres ».


Centre du centre :
« Je vous ai dit cela pour que ma joie soit en vous » (15, 11)


L’Eglise est communion de vie : il est indispensable que chacun demeure « branché » sur Jésus…et que tous les sarments tirent leur vie de lui et restent unis les uns aux autres.

Un disciple ne vit que s’il tire sa vie de son attachement au Christ. Alors il fructifiera c.à.d. il sera relié aux autres dans l’amour. Est-ce que je goûte « la joie » profonde dans cette vision universelle ?

Le monde voit-il les fruits que nous avons à apporter ?

Avertissement : la haine – A partir de 15, 18 et tout le chapitre 16.

Choc ! Jésus nous prévient : le monde vous hait et vous haïra toujours. Mais afin de pouvoir résister, 3 promesses du don de l’Esprit nous rassurent.

Que fera le Saint-Esprit ? : lire 15, 26-27 ; 16, 7-11 ; 16, 12-15 …

La fin nous remplit de certitude :
« En ce monde vous expérimenterez l’hostilité mais soyez pleins d’assurance : j’ai vaincu le monde » (16, 33).


Savons-nous que le christianisme est la religion la plus persécutée de notre temps ? La paroisse nous invite-t-elle à prier pour les innombrables martyrs ? …Soutenons-nous nos frères persécutés ?

Comment se manifeste cette haine dans les pays occidentaux ? La dérision. Le silence.

La grande prière sacerdotale : chap. 17

La lecture de ce dimanche n’est que le début du chapitre.

Tout est dit, rien n’est caché. Jésus termine en priant son Père. L’« heure » est venue : il se donne pour que son Père soit glorifié et pour que ses disciples reçoivent la Vie éternelle.

Le verbe « donner » revient à 16 reprises. Jésus n’invente pas son œuvre : il transmet ce que son Père lui a donné ; c’est son Père qui lui a donné ses disciples. C’est pourquoi il est plus qu’un prophète : totalement transparent, il ne possède rien de lui-même. Ce qu’il dit est vraiment « Parole de Dieu ».

Nous prions si peu et si mal. Et pourtant l’Eglise est portée dans son histoire par la prière éternelle de son Seigneur qui l’aime.

« Père, que tous soient un comme toi et moi sommes un » : la communion des hommes entre eux ne peut être qu’œuvre divine.

But final : « Ainsi le monde connaîtra que tu m’as envoyé et que tu les as aimés comme tu m’as aimé ». Notre unité toujours menacée et toujours colmatée est la manifestation du Dieu Amour.

Finale : Jésus nous donne l’amour de son Père : verset final 17, 26

Le texte se clôt comme il avait commencé : par le double emploi de aimer. La croix n’est pas un fait-divers dramatique mais, pour les croyants, la manifestation de l’amour, le don de la charité éternelle.

PLAN DU TEXTE


A — 13,1 : L’Heure – Pâque – AIMER …AIMER

B —— 13 : Dernier repas : le Messie serviteur – la communauté lâche – aimez-vous

C ——— 14 : Consolation – consolidation : croire en Jésus – don de l’Esprit – Ma paix

CENTRE ———— 15, 1-17 : Jésus la Vigne - Fruit = aimez-vous les uns les autres – MA JOIE

C’ ——— 15, 18 à 16, 33 : Mise en garde : haine du monde – don de l’Esprit – Ma paix en vous

B’ —— 17 : Grande prière : à la gloire du Père – être UN comme Père /Fils

A’ — 17, 26 : fin : AMOUR … AIMER

Frère Raphaël Devillers, dominicain

PAPE FRANCOIS : SCRUTER LA PAROLE DE DIEU

PAPE FRANCOIS :
SCRUTER LA PAROLE DE DIEU

146. Le premier pas, après avoir invoqué l’Esprit Saint, consiste à prêter toute l’attention au texte biblique, C’est l’humilité du cœur qui reconnaît que la Parole nous transcende toujours, que nous n’en sommes « ni les maîtres, ni les propriétaires, mais les dépositaires, les hérauts, les serviteurs».
Cette attitude de vénération humble et émerveillée de la Parole s’exprime en prenant du temps pour l’étudier avec la plus grande attention et avec une sainte crainte de la manipuler.
Pour pouvoir interpréter un texte biblique, il faut de la patience, abandonner toute inquiétude et y consacrer temps, intérêt et dévouement gratuit. Il faut laisser de côté toute préoccupation qui nous assaille pour entrer dans un autre domaine d’attention sereine.

Ce n’est pas la peine de se consacrer à lire un texte biblique si on veut obtenir des résultats rapides, faciles ou immédiats.

147. Avant tout il convient d’être sûr de comprendre convenablement la signification des paroles que nous lisons. Le texte biblique que nous étudions a deux ou trois mille ans, son langage est très différent de celui que nous utilisons aujourd’hui. Bien qu’il nous semble comprendre les paroles qui sont traduites dans notre langue, cela ne signifie pas que nous comprenions correctement ce qu’a voulu exprimer l’écrivain sacré.

Mais le but n’est pas de comprendre tous les petits détails d’un texte, le plus important est de découvrir quel est le message principal, celui qui structure le texte et lui donne unité.

La lecture spirituelle

152. Il existe une modalité concrète pour écouter ce que le Seigneur veut nous dire dans sa Parole et pour nous laisser transformer par son Esprit. Et c’est ce que nous appelons ‘lectio divina’.

Elle consiste dans la lecture de la Parole de Dieu à l’intérieur d’un moment de prière pour lui permettre de nous illuminer et de nous renouveler.

La lecture spirituelle d’un texte doit partir de sa signification littérale. Autrement, on fera facilement dire au texte ce qui convient, ce qui sert pour confirmer ses propres décisions, ce qui s’adapte à ses propres schémas mentaux. Cela serait, en définitive, utiliser quelque chose de sacré à son propre avantage.

153. En présence de Dieu, dans une lecture calme du texte, il est bien de se demander par exemple :
“ Seigneur, qu’est-ce que ce texte me dit à moi ? Qu’est-ce que tu veux changer dans ma vie avec ce message ? Qu’est-ce qui m’ennuie dans ce texte ? Pourquoi cela ne m’intéresse-t-il pas ? ”
Ou : “ Qu’est-ce qui me plaît, qu’est-ce qui me stimule dans cette Parole ? Qu’est-ce qui m’attire ? Pourquoi est-ce que cela m’attire ? ”.

Quand on cherche à écouter le Seigneur, il est normal d’avoir des tentations. Une d’elles est simplement de se sentir gêné ou oppressé, et de se fermer sur soi-même ; une autre tentation très commune est de commencer à penser à ce que le texte dit aux autres, pour éviter de l’appliquer à sa propre vie. Il arrive aussi qu’on commence à chercher des excuses qui permettent d’affaiblir le message spécifique d’un texte.

D’autres fois, on retient que Dieu exige de nous une décision trop importante, que nous ne sommes pas encore en mesure de prendre. Cela porte beaucoup de personnes à perdre la joie de la rencontre avec la Parole, mais cela voudrait dire: oublier que personne n’est plus patient que Dieu le Père …Il désire simplement que nous regardions avec sincérité notre existence et que nous la présentions sans feinte à ses yeux, que nous soyons disposés à continuer de grandir, et que nous lui demandions ce que nous ne réussissons pas encore à obtenir.



PAPE FRANCOIS : “LA JOIE DE L’EVANGILE”
(Ed. Fidélité – Nov. 2013)

Le Concile exhorte de façon insistante et spéciale tous les chrétiens à apprendre, par la lecture fréquente des Ecritures, « la science éminente de jésus Christ » (Phil 3, 8).
« En effet, l’ignorance des Ecritures, c’est l’ignorance du Christ » (St Jérôme).
Qu’ils abordent le texte sacré soit par la liturgie, soit par une lecture pieuse, soit par des cours et d’autres moyens qui se répandent partout de nos jours.
Qu’ils se rappellent aussi que la prière doit aller de pair avec la lecture de la Sainte Ecriture pour que s’établisse le dialogue entre Dieu et l’homme.
Car nous lui parlons quand nous prions et nous l’écoutons quand nous lisons la Parole de DIEU.

Concile Vatican ii – Sur la Révélation - § 25
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