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Fête de l'Eucharisite – Année A – 14 juin 2020

Évangile de Jean 6, 51-58

Le Repas du Seigneur

Fête de l’Eucharistie – Année A – 14 juin 2020 – Évangile de Jean 6, 51-58

PAPE FRANCOIS : EUCHARISTIE ET MONDE

( LAUDATO SI -- § 236–237 )

Dans l’Eucharistie, la Création trouve sa plus grande élévation. Le Seigneur a voulu rejoindre notre intimité à travers un fragment de matière … La plénitude est déjà réalisée ; c’est le centre vital de l’univers, le foyer débordant d’amour et de vie inépuisables… L’Eucharistie est en soi un acte d’amour cosmique …

Dans le Pain eucharistique, la création est tendue vers la divinisation

L’Eucharistie est aussi source de lumière et de motivation pour nos préoccupations concernant l’environnement, et elle nous invite à être gardiens de toute la création.

Le dimanche, la participation à l’Eucharistie a une importance spéciale. Ce jour, comme le sabbat juif, est offert comme le jour de la purification des relations de l’être humain avec Dieu, avec lui-même, avec les autres et avec le monde.

Le dimanche est le jour de la résurrection, le “premier jour” de la nouvelle création … Le jour du repos, dont l’Eucharistie est le centre, répand sa lumière sur la semaine tout entière et il nous pousse à intérioriser la protection de la nature et des pauvres.

Évangile de Jean 6, 51-58

Le Repas du Seigneur


Cette longue période de dimanches sans messe ne va-t-elle pas inciter beaucoup à abandonner la pratique dominicale ainsi que l’ont fait déjà, en ces dernières années, des multitudes qui déclarent: « Je suis croyant mais non pratiquant » (Croyant à qui ? Qu’est-ce que la pratique chrétienne ?). Ou bien au contraire allons-nous cesser de nous résigner à cette hémorragie de nos assemblées pour réinventer des célébrations authentiques en lien avec la vie ? Aujourd’hui, au terme des grandes festivités du mystère pascal, la fête du « Saint Sacrement du Corps et du Sang du Christ » nous invite à y réfléchir.

L’ordre ultime de Jésus

Conscient de sa mort toute proche, Jésus ne laisse pas un livre ni un portrait, il ne demande pas de lui ériger un monument, d’organiser des pèlerinages sur sa tombe. Sa mémoire ne sera pas un souvenir historique mais un acte efficace, un repas : « Prenez, buvez : ceci est mon corps, ceci est mon sang ». Ses ennemis vont tuer son corps : trop tard, il l’a donné et il vivra pour toujours dans le corps de ses disciples. Ce qu’on appellera son échec sera en fait sa victoire. Ce repas est donc comme la synthèse de son œuvre et les disciples reçoivent deux ordres : « Faites cela en mémoire de moi » et « Aimez-vous les uns les autres ».

L’Eucharistie n’est donc pas une chose, aussi sainte soit-elle, mais un acte mobilisateur. A faire et à refaire pour assimiler cette victoire de l’amour et l’étendre jusqu’à la fin de l’espace et du temps. Ce n’est pas une cérémonie solennelle, un moment de recueillement, une réunion de prières. Mais un repas. Repas unique dans son genre. D’abord parce que c’est lui, le Seigneur – et non un prêtre ni même le pape – qui y invite. Il ne force pas : il appelle les libertés.

Un temps de paroles

Comme tout repas communautaire, l’Eucharistie commence par l’accueil et les échanges de paroles. Le Seigneur nous parle et nous lui répondons. Par les différentes lectures, Il nous explique son projet, nous situe dans la longue histoire et, avec l’aide de l’homélie, nous apprend comment y être des acteurs. Nous écoutons donc ce qui est le message le plus essentiel pour notre existence et nous parlons à Dieu par nos prières et nos chants. Cet aspect fondamental du Repas du Seigneur est sans doute celui qui devrait être revu pour ne plus qu’il soit une entrée facultative, un moment d’ennui dont on ne comprend pas la portée. L’arrivée tardive encore coutumière est plus qu’une impolitesse anodine.

Une assemblée fraternelle sans distinctions

Ce Repas n’est pas réservé à une élite pieuse et distinguée, l’Eucharistie n’est pas une récompense pour services rendus, pour qualités acquises, pour une moralité impeccable. Par sa miséricorde, le Seigneur nous guérit de nos scrupules, nous sort de nos ornières, apaise nos découragements, fait tomber les chaînes de nos péchés.

Beaucoup n’ont pas conscience de la singularité de ce repas spécial. D’habitude nous nous retrouvons selon les liens familiaux ou les niveaux sociaux, par attrait de sympathie ou de voisinage, comme collègues de travail, membres d’un mouvement, supporters d’un même club, partageant les mêmes goûts musicaux. Ces réceptions « mondaines » peuvent être très réussies, elles offrent l’occasion de partages plus intimes, de confidences. Mais immanquablement elles séparent telle famille, tel niveau culturel ou social, tel goût artistique…..de tous les autres, différents.

Au contraire à la messe, personne ne choisit ses convives. L’Eucharistie bouscule toutes les barrières derrière lesquelles nous nous protégeons. Le Seigneur invite le tout-venant. Il n’y a pas de tri à l’entrée, pas de cotisation exigée, pas de tenue recommandée, pas de diplôme requis. On ne se targue pas de ses progrès, on ne promet pas de ne plus pécher. Tous les présents sont des enfants de Dieu, des prodigues qui, hélas, trop souvent gaspillent les grâces reçues mais viennent se jeter dans les bras de leur Père qui sait mieux qu’eux que leurs péchés n’étaient pas tant des plaisirs défendus que des blessures parfois mortelles.

C’est pourquoi la reconstitution des barrières mondaines à la messe est inadmissible. Inviter les personnes titrées et puissantes à trôner à l’avant de l’assemblée dans des bancs de chêne marqués à leurs noms et confiner les pauvres dans le fond de l’église a eu des conséquences désastreuses. Un jour les minables ne sont plus venus.

Atelier de la paix du monde

La messe dominicale n’est pas une habitude inculquée dès l’enfance, une routine subie avec ennui, une parenthèse dans la vie ordinaire. Et les cantiques ne sont pas une berceuse pour nous endormir. Si Jésus a donné sa vie sur la croix, s’il a ordonné à ses disciples de ne jamais cesser de faire son repas, c’est bien pour qu’ils soient unis et ainsi manifestent en acte que Jésus Seigneur a bien commencé à accomplir le salut du monde. Dans toutes ses lettres, Paul revient sur ce point essentiel :
« Frères, la coupe que nous buvons n’est-elle pas communion au sang du Christ ? Le pain que nous rompons n’est-il pas communion au corps du Christ ? Puisqu’il y a un seul pain, la multitude que nous sommes est un seul corps car nous avons part à un seul pain » ( 1 Cor 11 – 2ème lecture du jour)


Nos premiers frères n’auraient pas inventé les hosties individuelles (pratiques, dit-on, mais qui dissolvent la force du symbole et l’argument de Paul. Originairement le repas du Seigneur s’appelait « la fraction du pain ». Le problème n’était pas de veiller au respect des miettes sur l’autel mais d’expérimenter que les convives, venus comme émiettés dans leur individualité, devenaient un par le partage d’un pain fractionné.

Il faut bannir l’expression idiote « faire sa communion » et accepter d’entrer dans la communion que Jésus a voulue en allant sur la croix. Projet en effet « crucifiant » car il exige de tuer nos jalousies, nos rivalités, notre racisme larvé. Projet extrêmement ardu et toujours à reprendre : ce n’est pas pour rien que toutes les lettres de Paul et de Jean reviennent sans cesse sur la lutte permanente contre tous les obstacles qui nous séparent.

Ce repas réalise donc cette paix que l’on nous promet partout et qui est sans cesse torpillée. Il a pour mission de constituer ses convives en artisans de la paix. « Allez dans la Paix du Christ » signifie que nous retournons dans la société pour y faire pénétrer cette paix reçue.

Le salut de la planète

Une bouchée de pain sec et une goutte de vin : le repas de Jésus est tout sauf gastronomique. Sa simplicité radicale signifie qu’il n’a pas pour but de satisfaire nos besoins corporels mais de combler le désir le plus profond de notre âme : le désir de Dieu. Mais en répondant à ce désir secret par le recours à la banalité de notre digestion, l’Eucharistie montre bien que la foi n’est pas une connaissance d’idées religieuses mais réellement une entrée du Seigneur en nous.

Je suis le Pain vivant, descendu du ciel…Le pain que je donnerai, c’est ma chair donnée pour que le monde ait la vie…Ma chair est la vraie nourriture et mon sang est la vraie boisson. Celui qui mange ma chair et boit mon sang demeure en moi et moi, je demeure en lui « ( Jean 6 - Évangile de ce jour)


C’est pourquoi il y a un lien nécessaire entre nos repas et le repas eucharistique. Celui-ci nous met en garde contre « la malbouffe », le gaspillage éhonté, les débordements et les abus. La crise actuelle fait entendre beaucoup de voix qui dénoncent les mensonges d’une publicité excitant la cupidité et qui appellent à « une sobriété heureuse ». L’Eucharistie éclaire notre relecture urgente de l’encyclique du pape sur l’écologie, le climat et la multitude des pauvres.

Le premier jour de la semaine

Les premiers disciples n’ont pas décidé de faire le repas de Jésus chaque année mais chaque semaine. Ni jeudi ni vendredi (jour de sa mort) mais le lendemain du sabbat, le premier jour de la semaine suivante où il est revenu à eux, ressuscité. Et ils l’ont dénommé « domenica dies », en français dimanche, Jour du Seigneur.

Ainsi la puissance pascale traverse le temps. En son jour, le Vivant revient vers ses frères assemblés ; il leur montre ses plaies, source de leur pardon ; par le partage de son repas, il habite en eux et les comble de son Esprit ; il les envoie dans le monde entier.

Résurrection, assemblée, Eucharistie, Miséricorde, amour fraternel, communion, mission pour apporter au monde paix, justice, partage, respect de la création. Comment détailler les richesses inouïes du Dimanche ?

Conclusion

« Ils étaient assidus à l’enseignement des apôtres et à la communion fraternelle, à la fraction du pain et aux prières » : ce portrait de la 1ère communauté chrétienne par Luc (Ac 2, 42) est à savoir par cœur. Certes il y avait sans doute des difficultés mais tel était l’idéal à vivre que Jésus avait voulu pour eux et qu’enfin ils comprenaient. Tel était le but de la création, de la venue du Fils et de l’Esprit. Tel était l’idéal à transmettre dans le monde entier. L’Eucharistie est d’emblée un pilier fondamental de la nouvelle humanité.



Frère Raphaël Devillers, dominicain

Pape François

A la messe, élevons nos cœurs,
pas nos téléphones

Pape François : Audience du 8 septembre 2017


Nous commençons aujourd’hui une nouvelle série de catéchèses, qui portera le regard sur le « cœur » de l’Eglise, c’est-à-dire l’Eucharistie. Il est fondamental pour nous chrétiens de bien comprendre la valeur et la signification de la Messe, pour vivre toujours plus pleinement notre relation avec Dieu.

Nous ne pouvons oublier le grand nombre de chrétiens qui, dans le monde entier, en deux mille ans d’histoire, ont résisté jusqu’à la mort pour défendre l’Eucharistie; et ceux qui, aujourd’hui encore, risquent leur vie pour participer à la Messe du dimanche.

En l’an 304, au cours des persécutions de Dioclétien, un groupe de chrétiens, d’Afrique du Nord, furent surpris alors qu’ils célébraient la Messe dans une maison et furent arrêtés. Le proconsul romain leur demanda, au cours de l’interrogatoire, pourquoi ils l’avaient fait, sachant que cela était absolument interdit. Et ils répondirent : « Nous ne pouvons pas vivre sans le dimanche », ce qui voulait dire: si nous ne pouvons pas célébrer l’Eucharistie, nous ne pouvons pas vivre, notre vie chrétienne mourrait.

En effet, Jésus dit à ses disciples : « Si vous ne mangez la chair du Fils de l’homme et ne buvez son sang, vous n’aurez pas la vie en vous. Qui mange ma chair et boit mon sang a la vie éternelle et je le ressusciterai au dernier jour » (Jn 6, 53-54).

Ces chrétiens ont laissé le témoignage que l’on peut renoncer à la vie terrestre pour l’Eucharistie, parce que celle-ci nous donne la vie éternelle, en nous faisant participer à la victoire du Christ sur la mort. Un témoignage qui nous interpelle tous et exige une réponse sur ce que signifie pour chacun de nous de participer au sacrifice de la Messe et de nous approcher de la Table du Seigneur.

Cherchons-nous cette source «jaillissante d’eau vive» pour la vie éternelle et qui fait de notre vie un sacrifice spirituel de louange et d’action de grâce et fait de nous un seul corps avec le Christ ?

Tel est le sens le plus profond de la sainte Eucharistie, qui signifie «action de grâce»: action de grâce à Dieu le Père, Fils et Saint-Esprit qui nous englobe et nous transforme dans sa communion d’amour.

Au cours des prochaines catéchèses, je voudrais apporter une réponse à certaines questions importantes sur l’Eucharistie et la Messe, pour redécouvrir, ou découvrir, comment à travers ce mystère de la foi resplendit l’amour de Dieu.

L’Eucharistie un événement merveilleux

L’Eucharistie est un événement merveilleux dans lequel Jésus Christ, notre vie, se fait présent. Participer à la Messe signifie «vivre encore une fois la passion et la mort rédemptrice du Seigneur. C’est une théophanie: le Seigneur se fait présent sur l’autel pour être offert au Père pour le salut du monde». Le Seigneur est là avec nous, présent.

Souvent, nous allons là, nous regardons les choses, nous bavardons entre nous et le prêtre célèbre l’Eucharistie… et nous ne célébrons pas à ses côtés. Mais c’est le Seigneur !

Si le président de la République ou une personne très importante dans le monde venait ici aujourd’hui, il est certain que nous serions tous près de lui, que nous voudrions le saluer. Mais réfléchis: quand tu vas à la Messe, c’est le Seigneur qui est présent ! Et tu es distrait. Nous devons penser à cela.

«Père, c’est que les Messes sont ennuyeuses»
— «Mais que dis-tu, le Seigneur est ennuyeux ?»
— «Non, non, pas la Messe, les prêtres »
— « Ah, que les prêtres se convertissent, mais c’est le Seigneur qui est présent !». Compris ? Ne l’oubliez pas.

«Participer à la Messe signifie vivre à nouveau la passion et la mort rédemptrice du Seigneur».

Posons quelques questions simples

Par exemple, pourquoi fait-on le signe de la croix et l’acte de pénitence au début de la Messe?. Vous avez vu comment les enfants font le signe de la croix? On ne comprend pas ce qu’ils font, si c’est le signe de la croix ou un dessin. Ils font comme cela . Il faut enseigner aux enfants à bien faire le signe de la croix.

C’est ainsi que commence la Messe, c’est ainsi que commence la vie, c’est ainsi que commence la journée. Cela veut dire que nous sommes rachetés par la croix du Seigneur. Regardez les enfants et enseignez-leur à bien faire le signe de la croix.

Et ces lectures, pendant la Messe, pourquoi sont-elles là? Pourquoi lit-on trois lectures le dimanche et deux les autres jours ? Pourquoi sont-elles là, que signifie la lecture de la Messe? Pourquoi les lit-on et quel rapport ont-elles avec la Messe?

Ou encore, pourquoi à un certain moment, le prêtre qui préside la célébration dit-il: « Élevons nos cœurs? ». Il ne dit pas: « Élevons nos téléphones portables pour prendre une photo ! ». Non, c’est une chose laide ! Et je vous dis que je trouve cela très triste quand je célèbre ici, sur la place, ou dans la basilique, et je vois tant de portables levés, pas seulement ceux des fidèles, mais aussi de certains prêtres et également d’évêques. Mais tout de même ! La Messe n’est pas un spectacle : c’est aller à la rencontre de la passion et de la résurrection du Seigneur. C’est pourquoi le prêtre dit: « Élevons nos cœurs ». Qu’est-ce que cela veut dire ? Rappelez-vous : pas de téléphones portables.

Redécouvrir l’essentiel

Il est très important de revenir aux fondements, de redécouvrir ce qui est l’essentiel, à travers ce que l’on touche et ce que l’on voit dans la célébration des sacrements. La question de l’apôtre saint Thomas (cf. Jn 20, 25), de pouvoir voir et toucher les blessures des clous dans le corps de Jésus, est le désir de pouvoir d’une certaine façon «toucher Dieu» pour y croire. Ce que saint Thomas demande au Seigneur est ce dont nous avons tous besoin: le voir, et le toucher pour le reconnaître. Les sacrements répondent à cette exigence humaine. Les sacrements, et la célébration eucharistique de façon particulière, sont les signes de l’amour de Dieu, les voies privilégiées pour le rencontrer.

Ainsi, à travers ces catéchèses que nous commençons aujourd’hui, je voudrais redécouvrir avec vous la beauté qui se cache dans la célébration eucharistique et qui, une fois dévoilée, donne tout son sens à la vie de chaque personne. Que la Vierge nous accompagne sur ce nouveau bout de chemin. Merci.

A travers ce nouveau cycle de catéchèses, que le Seigneur nous aide à redécouvrir la valeur et la signification de la Sainte Messe, pour vivre toujours plus pleinement notre relation avec Lui. Que Dieu vous bénisse !



Pape François

Cette catéchèse est le première d’une série à lire sur le net.

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