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Fête de la Sainte Famille
Année C – 30 décembre 2018
Evangile de Luc 2, 41-52

JE DOIS ETRE CHEZ MON PERE

Fête de la Sainte Famille – Année C – 30 décembre 2018 – Évangile de Luc 2, 41-52

F A U X

Luc ne dit pas que Jésus se hisse au-dessus des maîtres mais : « Au bout de 3 jours, ses parents le trouvent dans le temple, assis au milieu des docteurs de la Loi : il les écoutait et leur posait des questions.
Ceux qui l’entendaient s’extasiaient sur son intelligence et ses réponses ».

LE PAPE FRANCOIS : HOMELIE DE NOËL


L’amour, et non les biens, entretient la vie


Le Pape a dénoncé les banquets de quelques-uns tandis que beaucoup d’autres n’ont pas de pain pour vivre. Il oppose «l’avidité et l’insatiable voracité» de beaucoup d'hommes pour qui «amasser des choses semble le sens de la vie» à «Dieu qui se fait petit pour être notre nourriture», qui ne prend pas mais offre à manger, non pas quelque chose mais Lui-même, chaque jour de sa vie.

«Le petit corps de l’Enfant de Bethléem lance un nouveau modèle de vie: non pas dévorer ni accaparer, mais partager et donner». Or, en se nourrissant de Jésus, Pain de vie, «nous pouvons rompre la spirale», car une renaissance dans l’amour est possible, assure le Pape. «Devant la mangeoire, nous comprenons que ce ne sont pas les biens qui entretiennent la vie, mais l’amour; non pas la voracité, mais la charité; non pas l’abondance à exhiber, mais la simplicité à préserver».

ÉVANGILE DE LUC 2, 41-52

JE DOIS ETRE CHEZ MON PERE

Entre les fêtes de Noël et de l’Epiphanie, le dimanche de la Sainte Famille nous permet de réfléchir à ce long temps où le petit garçon grandissait près de ses parents dans un village obscur de Galilée.

N’imaginons pas des personnages auréolés, à l’air dévot, confits dans la prière, et Jésus s’essayant à faire des petits miracles et à confectionner des croix de bois.

Il fallait vivre la dure réalité d’un pays occupé, d’un peuple méprisé et surchargé de taxes où Joseph devait lutter pour gagner sa vie. Sans doute allait-il parfois travailler à la ville de Sephoris, dont les fouilles aujourd’hui font surgir les vestiges, et que l’on appellera « la beauté de Galilée ». La prestigieuse civilisation, que l’on appellera gréco-romaine, et dont nous sommes les descendants, étendait ses modes païens de vivre. Etranglés par la misère, beaucoup de gens s’exilaient en Egypte ou plus loin encore.

Fils unique (ce qui était rare à l’époque), Jésus avait tout de suite appris ses prières. D’abord au lever et au coucher, en se tournant vers Jérusalem, le « SHEMA », la confession fondamentale de la foi d’Israël : « Ecoute, Israël, YHWH notre Dieu est YHWH UN ».
Par l’indispensable bénédiction aux repas, on rendait grâce à Dieu pour tous les fruits de la terre et la vie qu’ils donnent.

On suivait le grand rythme fondamental de la semaine couronnée par le shabbat. Ce 7ème jour était le grand jour de fête d’Israël. Laissant là tous les outils, on vivait la joie de la liberté : les villageois se rassemblaient pour les offices à la petite synagogue. De tout son cœur, Jésus chantait les psaumes (qu’il connaissait par cœur), il écoutait les lectures et les commentaires du rabbin.

On se retrouvait entre voisins pour partager les nouvelles, visiter un malade. Personne ne devait souffrir de solitude. C’était le Jour du Seigneur : l’essentiel n’était pas la richesse ni la course à la nouveauté ni même l’indépendance nationale mais un peuple pauvre et fier, libéré par son Dieu pour vivre la fraternité et la louange.

Trois fois par an, tous montaient à Jérusalem pour les grandes fêtes : Pessah, Shavouot, Soukkôt.

Précisément, à l’occasion de la Pâque, quand Jésus avait environ 12 ans, un étrange événement survint, seul souvenir du temps de l’adolescence du garçon. Que nous apprend-il encore ?


JESUS FAIT UNE FUGUE

A la fin de la fête, la caravane vers Nazareth se met en branle : Marie et Joseph ne s’inquiètent pas de l’absence de leur fils qui doit être avec des parents ou des cousins. Mais le temps passe et il ne revient pas. Inquiets, les parents retournent à la capitale.

Je ne sais combien il y a d’enfants fugueurs, chaque année, dans mon pays mais je suis sûr qu’on n’en retrouve aucun dans une salle de catéchisme.

Or c’est ce qui est arrivé aux parents de Jésus : au lieu de récupérer leur gamin au rayon des jeux vidéo ou sur le terrain de foot (il n’avait pas besoin de vouloir ressembler à Messie : il l’était déjà), ils le découvrent dans une salle du temple de Jérusalem, mêlé à un cercle de maîtres. Passionné, il écoute leurs échanges sur l’interprétation des Ecritures. Etonné par ce petit auditeur attentif, les sages le questionnent et ils sont ébahis par l’intelligence et la finesse de ses réponses. « Ce garçon ira loin » murmure un vieux.

Au bout de 3 jours, ses parents le trouvent dans le temple, assis au milieu des docteurs de la Loi : il les écoutait et leur posait des questions. Ceux qui l’entendaient s’extasiaient sur son intelligence et ses réponses. Stupeur des parents ! Sa mère lui dit : « Mon enfant, pourquoi nous as-tu fait cela ? Vois comme ton père et moi avons souffert en te cherchant ! Il répond : « Comment se fait-il que vous m’ayez cherché ? Ne savez-vous pas que je dois être chez mon Père ? ». Ils ne comprirent pas.

Pourtant dès qu’il a eu l’âge de raison, sa maman lui avait expliqué le mystère de sa naissance : Joseph n’était que son père adoptif et Dieu était son vrai Père. Cette révélation avait mobilisé l’entièreté de la vie du garçon et approfondi sa prière et sa méditation des Ecritures.

Puisque Dieu est son père, sa vraie maison est donc le Temple de Jérusalem. Au Temple, il est chez son papa et en scrutant les Ecritures, il connaît son histoire, comment il guide son peuple, comment il lui promet un libérateur. Et ce roi, ce Sauveur, ce Messie, c’est lui, lointain descendant du roi David, et que ses parents ont dénommé IESHOUAH – qui signifie « Dieu sauve ». Donc sa mission est bien d’être chez son Père afin de le faire connaître aux hommes.

Mais l’heure n’est pas venue. Obéissant, Jésus retourne avec ses parents à la petite maison de Nazareth – qui n’est pour lui qu’une résidence secondaire


UN EPISODE PROPHETIQUE

Jésus aura plus de 30 ans lorsque Jean-Baptiste sonnera l’heure de sa mission. Alors il montera à Jérusalem et décidera de purifier la Maison de son Père. Il ne rencontrera plus des maîtres étudiant les Ecritures mais des pontifes cossus, imbus de leurs privilèges, horrifiés par ce paysan qui les accusait d’hypocrisie et de culte mensonger.
Ils le chasseront et même l’enverront à la mort. Mais la croix du Golgotha pour lui sera une porte et, le cœur transpercé d’amour, il pourra – enfin – entrer au ciel dans la Demeure éternelle où le Père accueillera son Fils bien-aimé.
Pendant deux jours atroces, fous d’angoisse, Marie et les apôtres chercheront le disparu. Et le 3ème jour, ils le retrouveront vivant.


LA VIE DE FAMILLE

VIE SOBRE. Comme la famille de Nazareth vivait dans un monde où s’imposait la civilisation païenne, nos familles chrétiennes sont aujourd’hui immergées dans la modernité. Emerveillés par les réussites et les progrès, fascinés par les jouissances de l’avoir, des multitudes ont relégué la religion dans le placard, d’où on la ressort éventuellement pour un mariage ou un enterrement.
L’idéal est de gagner mieux sa vie, d'accroître son confort, de ne rater aucun spectacle, de suivre les modes, d’additionner des selfies à New-York, à Rio ou sur « les plages de rêve ».
« La publicité est la plus éclatante démonstration de l’illusion que l’homme a d’être libre » (A. Detoeuf).

La séduction est telle que parfois l’on se demande si les familles dites chrétiennes ont un style vie différent des autres. Le pape ne cesse de répéter ces avertissements aux chrétiens (cf. supra)

La petite famille de Nazareth nous réapprend la joie de la sobriété, le courage de résister à la fièvre acheteuse. Le bonheur ne se réduit pas au bien-être si celui-ci se confond avec le beaucoup-avoir.

LA PRIERE REGULIERE. Pour résister à cette course et garder la fidélité, il est indispensable de laisser plus de présence à Dieu dans l’ordinaire des tâches. Les habitudes de prière de Nazareth, évoquées ci-dessus (matin et soir, aux repas) restent nécessaires.

La sanctification du dimanche - qui est en même temps jour du Seigneur, jour de l’assemblée, jour de l’eucharistie, jour de l’étude de la Parole – est le pivot central de la semaine, là où l’on apprend à résister aux dérives et à demeurer centrés sur l’essentiel. La vie chrétienne est une manière typique de vivre le temps.

JESUS PERDU ET CHERCHE. Comme ses parents, il nous arrive de « perdre Jésus ». La prière nous est fastidieuse, des confessions de foi sont remises en doute, des pratiques rituelles mises au rancart, l’atmosphère indifférente nous gagne. D’autant plus que la foi ne résout pas nos problèmes et que l’Eglise est gangrénée par des scandales. Tout cela vaut-il encore la peine ?

La foi, comme l’amour, traverse des orages, des tempêtes ; il faut perdre les assurances enfantines, découvrir de nouvelles explications, rejeter ce qui était superflu.

La foi doit s’épurer, comme celle de Marie. On lui annonçait la naissance d’un roi et il gisait sur la paille puis dans la tombe. La foi comme l’amour n’est pas possession mais recherche, quête, désir de trouver.

LIRE LES ECRITURES. Quelques vagues souvenirs du catéchisme et un instinct religieux ne suffisent pas à donner la foi. Dès sa jeunesse, Jésus n’a cessé de scruter les Ecritures : il est facile et dangereux d’inventer un Dieu à sa mesure, qui ne dérange pas trop. La foi accepte d’être interpellée, remise en question, approfondie même si ces recherches acculent à des décisions difficiles. Mais quelle joie de découvrir des aspects ignorés, des lumières nouvelles, des sens inédits.

Seigneur, nous te prions pour nos familles. Que, dans la lecture, la réflexion, la prière, elles te cherchent pour être, un peu, des « maisons du Père ».


Frère Raphaël Devillers, dominicain


NOEL AU VATICAN : LE PAPE INVITE A DEPASSER NOS EGOÏSMES

NOEL AU VATICAN : LE PAPE INVITE A DEPASSER NOS EGOÏSMES

Le Pape a proposé de se mettre en route vers Bethléem , «une route ascendante» qui nous contraint à «dépasser le sommet de l’égoïsme» car il faut éviter «de glisser dans les ravins de la mondanité et du consumérisme», pour aller comme les pasteurs à la rencontre de l’Enfant Jésus, qui «nous attend ».

Il invite chacun à réaffirmer son amour à Dieu, une réponse individuelle essentielle pour le troupeau tout entier, souligne François. «Prends-moi sur tes épaules, bon Pasteur: aimé par toi, je pourrais moi aussi aimer et prendre mes frères par la main».


L’amour, et non les biens, entretient la vie

Le Pape a dénoncé les banquets de quelques-uns tandis que beaucoup d’autres n’ont pas de pain pour vivre. Il oppose «l’avidité et l’insatiable voracité» de beaucoup d'hommes pour qui «amasser des choses semble le sens de la vie» à «Dieu qui se fait petit pour être notre nourriture», qui ne prend pas mais offre à manger, non pas quelque chose mais Lui-même, chaque jour de sa vie.

«Le petit corps de l’Enfant de Bethléem lance un nouveau modèle de vie: non pas dévorer ni accaparer, mais partager et donner». Or, en se nourrissant de Jésus, Pain de vie, «nous pouvons rompre la spirale», car une renaissance dans l’amour est possible, assure le Pape. «Devant la mangeoire, nous comprenons que ce ne sont pas les biens qui entretiennent la vie, mais l’amour; non pas la voracité, mais la charité; non pas l’abondance à exhiber, mais la simplicité à préserver».


Jésus change les cœurs

Si l’on accueille Jésus, l’histoire change, car le centre de la vie n’est plus «mon moi affamé et égoïste mais Lui qui naît et vit par amour», affirme le Pape qui appelle ainsi à un examen de conscience alors qu’en cette nuit de Noël, les fidèles sont appelés à se mettre en route vers Bethléem.

Quelle est la nourriture de ma vie dont je ne peux me passer ? Est-ce le Seigneur ? Ai-je vraiment besoin de beaucoup de choses, de recettes compliquées pour vivre ?

A Noël, est-ce que je partage mon pain avec celui qui n’en a pas ? Car «Jésus est le Pain de la route. Il n’aime pas les digestions paresseuses, longues et sédentaires, mais demande qu’on se lève en hâte de table pour servir».


Dieu est toujours à nos côtés

Le Pape parle des pasteurs qui furent d’abord saisis d’une grande crainte dans la nuit de Noël. En effet, «l’homme depuis les origines et à cause du péché, a peur de Dieu». Aux pasteurs l’ange répond : Ne craignez pas, «comme un refrain de Dieu à la recherche de l’homme», dit François.

Bethléem est «le remède à la peur, parce que malgré les ‘‘non’’ de l’homme, là Dieu dit pour toujours ‘‘oui’’». Personne ne sera jamais seul. Dieu nous aime tous, toujours, sans exception. Et pour que sa présence n’inspire pas la peur, il s’est fait «un tendre enfant».


Veiller, risquer, raconter : des gestes d’amour

Le Pape explique ensuite comment les bergers se sont mis en chemin vers Bethléem, pour aller à la rencontre du Seigneur. Il y a d’abord eu ce temps d’attente, à veiller dans l’obscurité.

Cela vaut pour chacun. Un choix est alors possible: «Notre vie peut être une attente, qui également dans les nuits des problèmes s’en remet au Seigneur et le désire; alors elle recevra sa lumière. Ou bien une prétention, où ne comptent que les forces et les moyens propres: mais dans ce cas, le cœur reste fermé à la lumière de Dieu».

Attendre ne signifie pas dormir ou se reposer sur un divan. Il faut se «hâter», et risquer pour Dieu.

Les pasteurs abandonnent ainsi leur troupeau, rappelle le Pape. Et lorsqu’ils ont enfin vu Jésus, ils vont l’annoncer, «raconter la beauté». Autant de gestes d’amour.

En cette nuit de Noël, nous sommes appelés, dit François, à répondre à la question que le bon Pasteur posera à Pierre : «M’aimes-tu ? De cette réponse dépendra l’avenir du troupeau», affirme François, car aimé de Dieu, « je pourrais moi aussi aimer et prendre mes frères par la main ».

“HURLER A L’ISLAMOPHOBIE ET SE TAIRE SUR ASIA BIBI” PAR KAMEL DAOUD

“HURLER A L’ISLAMOPHOBIE ET SE TAIRE SUR ASIA BIBI” PAR KAMEL DAOUD

Cette tribune signée par le journaliste et écrivain algérien Kamel Daoud a été publiée par le Quotidien d’Oran, le 11 11 2018.

“Qui est Asia Bibi ? Inconnue en Algérie (...) Rappel donc : c’est une chrétienne du Pakistan, mère de famille, ouvrière agricole dans les champs. Son histoire est terrible. Accusée de blasphème, en 2009, sur la base des récits d’autres femmes qui se sont disputées avec elle pour un verre d’eau, elle est condamnée à mort par pendaison. La loi au Pakistan est claire, mortelle, tueuse et nette. La femme est dénoncée par un mollah, un autre offre une somme d’argent pour qui va la tuer. Même par empoisonnement dans la prison où elle est enfermée depuis des années. Hystérie, folie, barbarie.

D’ailleurs, des politiciens pakistanais qui l’ont défendue, seront assassinés. Simplement.

Aujourd’hui, après son acquittement par la Cour suprême de ce pays, les islamistes paralysent le Pakistan, déferlent dans les rues, hurlent et se mobilisent. Non contre la misère, la soumission, le manque d’eau ou la pauvreté horrible et l’injustice, mais contre une femme, une ouvrière pour ramasser des fruits dans les champs. Les photos sur le net laissent sans voix sur cette déferlante de la haine.

Le cas d’Asia Bibi résume cette pathologie envers la femme, l’Autre, l’altérité, le différent. Affaibli par ses concessions et ses compromissions, le Régime pakistanais en est à la phase de négociations avec ses propres barbares.

Pourquoi en parler chez nous ? Pour deux ou trois raisons.
La première est que l’Algérie se «pakistanaise» sous nos yeux. (…)

Suite … “La seconde raison est plus scandaleuse. Un journal en Occident l’a déjà évoqué : pourquoi dans le monde dit «musulman» il n’y a eu aucune manifestation pour soutenir cette femme comme on le fait quand un évangéliste brûle quelques pages du Coran ? Parce que Bibi est une femme, elle est chrétienne et donc pas humaine. La solidarité s’arrête à la confession. Cela nous évite de partager le poids du monde et nous encourage à crier au complot international. Ensuite on pourra hurler au refus du monde fait aux musulmans tout en refusant d’en partager l’universelle condition.

Soutenir cette femme aurait pu distinguer le musulman de l’islamiste, affirmer notre universalité, notre humanité et le souci de l’humain qui passe avant l’idéologie. Et ce n’est pas possible : nos croyances passent avant notre humanité et surtout celle des autres.

Il est même plus facile d’accuser l’Occident de faire des caricatures du prophète que de manifester contre cette hideuse caricature de l’islam au Pakistan ou contre Daech qui, avec les mêmes versets, tue et massacre et porte «atteinte à l’image de l’Islam» avec le sang et les bombes. C’est plus rentable de jouer les victimes que d’en défendre une. Plus facile. (…)

Suite : “Il s’en trouvera qui vont crier au scandale et jurer qu’un texte comme cette chronique va être récupéré par l’extrême-droite en Occident et nourrir l’islamophobie. J’en ai rencontré récemment, dans des villes européennes. Maghrébins blessés, exilés ou théoriciens de l’islamisme sous-marin. Leur conseil est qu’il faut se taire sur Asia Bibi, n’en rien dire, sur elle et sur les autres, la laisser pourrir en prison, être pendue pour un verre d’eau, juste pour ne pas être inquiété dans ses croyances «culturelles» en Occident. Le souci de lutter, soi-disant, contre l’islamophobie passera avant une vie humaine, une femme, une injustice. Ce qui est important «c’est ce que pensera l’Occident de nous à cause d’une chronique, pas la vie d’une femme, un crime». Le confort passe avant l’humain et l’humain ne concerne que le musulman, celui-là précisément, soucieux de son image narcissique plus que de la vie et des morts.

C’est une logique. On peut ne pas écrire, se taire et laisser cette femme mourir. Comme tant d‘autres. Cela fera plaisir à l’égo culturel. A la censure communautaire. On peut se taire sur tout, d’ailleurs. Au nom de l’obligation de ne pas altérer l’image que nous voulons donner de nous-mêmes et qui est fausse et délirante. La faute n’étant pas ce que nous avons fait de nous-mêmes et de notre monde, mais la faute est celle de ceux qui pensent mal de nous. Le miroir du monde devient coupable de notre nudité misérable. Alors on le casse ou on crie à l’islamophobie. Ou bien il faut écrire. Parler, dire et dénoncer nos propres misères et complicités.

Que l’extrême-droite «récupère ou pas». L’essentiel est de sauver une vie, de témoigner d’une solidarité, de faire du bruit pour que le meurtre et le meurtrier ne passent pas inaperçus. C’est la plus faible des fois. Asia Bibi est un être vivant qui risque de mourir. Le reste c’est le blabla misérable d’idiots (ou pas) inutiles et de monstres qui se multiplient.”

Kamel Daoud


QUI EST KAMEL DAOUD ?

Né en 1970 à Mesra en Algérie. Ecrivain et journaliste d’expression française. Pendant 8 ans, rédacteur en chef du journal « Quotidien d’Oran ». Son roman « Meursault, contre-enquête » a reçu le Prix du Premier roman 2015. En 2017 publie « Zabor ou les Psaumes ». En 2018 « Le peintre dévorant la femme ».

Le 13 décembre 2014, dans l'émission de Laurent Ruquier On n'est pas couché sur France 2, Kamel Daoud déclare à propos de son rapport à l'islam : « Je persiste à le croire : si on ne tranche pas dans le monde dit arabe la question de Dieu, on ne va pas réhabiliter l'homme, on ne va pas avancer, a-t-il dit. La question religieuse devient vitale dans le monde arabe. Il faut qu'on la tranche, il faut qu'on la réfléchisse pour pouvoir avancer. »

Quelques jours plus tard, cela lui vaut d'être frappé d'une fatwa par Abdelfattah Hamadache Zeraoui, un imam salafiste officiant à l'époque sur Echourouk News, qui a appelé le 16 décembre sur Facebook à son exécution écrivant que « si la charia islamique était appliquée en Algérie, la sanction serait la mort pour apostasie et hérésie. » Il précise : « Il a mis le Coran en doute ainsi que l'islam sacré ; il a blessé les musulmans dans leur dignité et a fait des louanges à l'Occident et aux sionistes. Il s'est attaqué à la langue arabe . Nous appelons le régime algérien à le condamner à mort publiquement, à cause de sa guerre contre Dieu, son Prophète, son livre, les musulmans et leurs pays»

Cf le site sur le net.

Fichier du texte de l'homélie

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