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PARABOLE DU RICHE ET DU PAUVRE


26ème dimanche ordinaire – Année C – 29 septembre 2019
Évangile de Luc 16, 19-31

26ème dimanche ordinaire – Année C – 29 septembre 2019 – Évangile de Luc 16, 19-31
SAINT VINCENT DE PAUL (1581-1660) : FETE CE VENDREDI 27 SEPTEMBRE
Un géant, une des plus grandes figures de l’histoire de l’humanité

ENTRETIEN DE St VINCENT AVEC LES FILLES DE LA CHARITE


« Nous ne devons pas considérer un pauvre selon son extérieur…Mais tournez la médaille, et vous verrez par les lumières de la foi que le Fils de Dieu, qui a voulu être pauvre, nous est représenté par ces pauvres … Dieu aime les pauvres, et par conséquent il aime ceux qui les aiment …

Il ne faut pas de retardement dans le service des pauvres. Si, mes Sœurs, à l’heure de votre oraison, vous devez aller porter un médicament, allez-vous-en sans inquiétude …S’il y a un sujet légitime, c’est bien le service du prochain.

Ce n’est pas quitter Dieu que quitter Dieu pour Dieu, c.à.d. une œuvre de Dieu pour en faire une autre…Car, voyez-vous : la charité est par-dessus toutes les règles, et il faut que toutes se rapportent à celle-là. C’est une grande dame. Il faut faire ce qu’elle commande.

Allons, et employons-nous avec un nouvel amour à servir les pauvres, et même cherchons les plus pauvres et les plus abandonnés ; reconnaissons devant Dieu que ce sont nos seigneurs et nos maîtres et que nous sommes indignes de leur rendre nos petits services … »

LE PAPE FRANCOIS PARLE DE SAINT VINCENT DE PAUL (27.09.2017)


La charité est au cœur de l’Eglise, elle est la raison de son action, l’âme de sa mission.

St Vincent parle encore aujourd’hui. Il nous demande la petitesse du cœur, une disponibilité totale et une humilité douce.

Il nous demande de nous libérer des langages compliqués et de l’attachement aux sécurités matérielles qui peuvent nous tranquilliser dans l’immédiat mais ne nous donnent pas la paix de Dieu et sont souvent un obstacle à la mission.

Un christianisme sans contact avec celui qui souffre devient un christianisme désincarné, incapable de toucher la chair du Christ… Mr Vincent disait : « L’amour est inventif à l’infini »



ÉVANGILE DE LUC 16, 19-31

« UN LINCEUL N’A PAS DE POCHES »

(Pape FRANCOIS)


L’avertissement sévère de Jésus contre la déification de l’argent avec la parabole de l’intendant (lecture de dimanche passé) s’adressait aux disciples mais des pharisiens aux aguets l’ont entendu et se mettent à ricaner. Car, pour eux, cela n’était pas du tout conforme à ce qu’enseignaient leurs sages : Dieu, disaient-ils, récompense les justes en les comblant de bienfaits de sorte que la richesse est un signe de sa bénédiction.

Ces hommes au fond aimaient l’argent, commente Luc. Jésus dévoile leur duplicité et leur hypocrisie :
  • Vous semblez être des justes devant les gens mais Dieu connaît vos cœurs, votre intérieur. Ce qui pour les hommes paraît de grande valeur est une horreur à ses yeux.
Et après quelques remarques (omises par la liturgie), Jésus leur raconte une autre parabole :

Il y avait un homme extrêmement riche. Il portait des vêtements de pourpre et de linge fin et chaque jour, il faisait de somptueux festins.
Couché au porche de sa demeure, gisait un pauvre nommé Lazare, couvert d’ulcères. Il aurait bien voulu se rassasier des déchets qui restaient de la table du riche. Mais c’était plutôt les chiens qui léchaient ses ulcères.


Les traits sont à la limite de la caricature, forcés à l’extrême mais c’est dans le but d’accentuer l’ignominie de la situation et nous secouer. D’un côté un milliardaire qui a tout. Mais qui n’a pas de nom. Car est-on un vrai homme quand on s’enferme dans le luxe et que l’on ne voit pas le pauvre ? Et son anonymat ne peut-il inciter certains, encore aujourd’hui, à s’identifier à lui ?

De l’autre côté un sans-logis qui n’a rien. Mais il est le seul personnage de toutes les paraboles qui a un nom : Lazare, qui signifie en hébreu « Dieu aide ». Misérable, affamé, en haillons, il n’injurie pas, il ne hait pas, il ne crie pas : « Mort aux riches », il ne hurle pas à la révolution. Ainsi tous les misérables, exclus et méprisés, ont un trésor caché : le lien secret avec Dieu qui est leur père et qui ne les rejette jamais.

Un haut personnage admiré, envié, respecté et un paquet de loques dans le coin du porche où s’alignent Rolls Royce et Jaguar. Entre les deux, un mur invisible, impénétrable, créé par le cœur bétonné du nanti.

Mais qui que l’on soit, quoi que l’on possède, la vie sur terre, à un moment s’arrête. Ce qui ne veut pas dire qu’elle finit. Sinon nous ne serions que des animaux soumis à la loi de la jungle et au triomphe insolent de l’injustice.

Le pauvre mourut et les anges l’emmenèrent auprès d’Abraham. Le riche aussi mourut et on l’enterra !


RETOURNEMENT DES SITUATIONS

Luc est le seul évangéliste qui reprend ici certaines représentations juives : les morts sont tout de suite classés en diverses catégories qui anticipent béatitude et châtiment éternels. Le procédé permet d’ouvrir un dialogue tragique car, au séjour des morts, les places sont inversées. Le riche à la torture voit au loin Abraham avec Lazare.
  • Abraham, mon père, aie pitié de moi, envoie Lazare tremper son doigt dans l’eau pour me rafraîchir car je souffre dans ces flammes.
  • Mon enfant, souviens-toi : tu as reçu ton bonheur durant ta vie et Lazare, le malheur. Maintenant il trouve ici la consolation et toi, la souffrance. Et d’ailleurs entre vous et nous, il y a un grand abîme qui empêche le passage d’un côté à l’autre.
  • Alors envoie Lazare dans la maison de mon père car j’ai 5 frères. Qu’il les avertisse pour qu’ils ne viennent pas dans ce lieu de torture.
  • Ils ont les Ecritures, la Loi et les Prophètes : qu’ils les écoutent.
  • Non, dit le riche : mais si quelqu’un de chez les morts venait chez eux, ils se convertiraient.
  • S’ils n’écoutent pas la Loi et les Prophètes, même si quelqu’un ressuscite des morts, ils ne seront pas convaincus ».
Il faut bien comprendre : la mise en scène n’entend pas décrire une image précise de l’au-delà. Mais elle a pour but de faire saisir le prix immense de la vie humaine et l’urgence de changer de comportement.
Dans le Royaume, s’opère un retournement radical des situations. Dès le début Jésus l’avait dit dans le programme des Béatitudes : « Vous qui avez faim maintenant, vous serez rassasiés … Vous qui êtes repus maintenant, vous aurez faim… » (6, 20).

Et Marie l’avait annoncé dans son cantique : « Dieu jette les puissants à bas de leurs trônes, il élève les humbles…Il comble de biens les affamés, il renvoie les nantis les mains vides » (1, 51)

Le riche n’est pas critiqué pour sa fortune mais pour sa dureté de cœur. Son avidité l’enferme dans ses palais, son opulence, sa recherche de jouissance tellement obsédée qu’il ne voit pas la misère de ce pauvre prostré devant sa maison, il n’entend pas ses plaintes, il devient incapable de lui offrir ses restes. Pour lui, ce sans-logis n’est pas un homme mais un objet, un raté, un inutile, un encombrant qui souille le paysage et qu’il faudrait évacuer.

Mais après la mort, ce fossé que le riche a créé entre lui et le pauvre et qu’il a voulu infranchissable, il le retrouve mais cette fois, c’est lui qui est du mauvais côté. Sur terre, il brûlait de l’amour de lui-même, du plaisir de satisfaire ses moindres envies : à présent cet amour continue à le brûler mais pour rien. Car le ciel est un monde sans objets mais uniquement de personnes. Et l’enfer, un état de frustration désespérée, un besoin qui se tord parce qu’il sait qu’il ne sera jamais un désir, une plénitude, une rencontre de personnes.

Quant au pauvre, il est « Lazare », celui que Dieu aide, que Dieu comble. En vrai fils d’Abraham, le modèle des croyants qui font confiance en leur Dieu, il peut rejoindre son père, le modèle de l’hospitalité.


LE TEMPS URGE

La vie terrestre est un chemin de recherches, de doutes, d’erreurs, de péchés mais notre liberté peut en faire un chemin de conversion, de changement d’orientations. Et la décision doit être prise d’urgence. Car, à un moment, inconnu, le temps s’arrête et les situations sont fixées.

« Un grand abîme » est creusé entre les deux états et il n’est plus possible de passer d’un côté à l’autre. Tristesse inconsolable de ne plus pouvoir rencontrer celui que j’ai rejeté et avec lequel j’aurais pu être infiniment heureux.

En ce cas, il n’y a rien de plus urgent, de plus impératif que de prévenir ceux et celles qui marchent encore sur cette terre pour que, tout de suite, ils prennent conscience de l’enjeu.

Mais il y a longtemps que les avertissements ont été donnés : ils sont clairement écrits dans le Livre de la Vie.

Moïse a donné les lois sur le droit et la justice, il a bien dit et redit comment recevoir les bénédictions de Dieu et comment éviter sa condamnation.

Et les Prophètes, pendant des siècles, se sont succédé pour répéter ces préceptes, pour pointer les déviations, pour corriger des péchés, pour indiquer clairement le chemin du bonheur et celui du malheur. Ainsi Amos qui nous parle dans la 1ère lecture :

« Malheur à ceux qui vivent tranquilles dans Jérusalem…Couchés sur des lits d’ivoire, vautrés sur leurs divans, ils mangent les meilleurs agneaux, les veaux les plus tendres. Ils improvisent des chants au son de la harpe… ils dégustent du bon vin…ils se frottent avec des parfums de luxe. Mais ils ne se tourmentent aucunement du désastre d’Israël ! C’est pourquoi ils vont être déportés et la bande des vautrés n’existera plus » (Am 6, 1)

Il n’y avait pas besoin d’attendre mes paraboles, dit Jésus : moi-même je ne fais que répéter l’antique message.

Le riche acquiesce mais il est sans illusions : je connais mes frères et même s’ils se disent croyants, fils d’Abraham, s’ils fréquentent le temple et participent aux fêtes, ils ne mettent pas en pratique ces prescriptions des Ecritures. Il leur faudrait un choc, un grand miracle. Si un ressuscité venait, alors ils se convertiraient.

Absolument pas, répond Abraham :

« Même si quelqu’un ressuscite des morts, ils ne seront pas convaincus »


Jamais sans doute on n’a dénoncé avec une telle force la puissance de l’argent, ce dieu qui rend esclaves, qui tue et qui ruine toute société. Devant l’apparition d’un ressuscité, un pervers, un débauché peut se ressaisir : un avare, presque jamais !


CONCLUSION

L’aide aux pauvres est une obligation de l’Etat et un devoir essentiel de l’Eglise et de tout chrétien. Il faut reconnaître que c’est une œuvre difficile. Tant de misérables sont des victimes d’addiction (alcool, drogue). Tant d’œuvres humanitaires mal gérées. Tant de détournements de fonds.

Cela ne doit pas nous servir d’excuse pour justifier notre train de vie. Chaque paroisse doit s’interroger sérieusement et trouver des méthodes d’une charité efficace et intelligente. Les besoins sont tels qu’ils exigent l’engagement de tous. Les effarants profits de certains nous poussent à imiter le courage de Jésus qui dénonçait une fausse piété camouflant l’injustice.

Le rapport à l’argent est une dimension essentielle de la vie spirituelle car il y va de l’amour. Il est obscène de le réduire à jeter une piécette dans un gobelet.

Frère Raphaël Devillers, dominicain

LA DOCTRINE SOCIALE DE L’EGLISE
Depuis « Rerum Novarum », la célèbre encyclique de Léon XIII sur la question ouvrière, l’Eglise a développé une doctrine sociale d’une immense richesse : elle traite de la place de l’homme, de la famille, du travail, de l’économie, de la politique, de la propriété, etc…

En 2005, à la demande de Jean-Paul II, la Commission Justice et Paix en a publié un abrégé pour la présenter de façon systématique et guider les laïcs dans leurs engagements dans le monde.

COMPENDIUM (en latin : abrégé, résumé) DE LA DOCTRINE SOCIALE DE L’EGLISE

(éd. Fidélité, Cerf – prix : 22 euros)

Voici quelques extraits sur le thème de l’évangile de ce dimanche.

LA DOCTRINE SOCIALE DE L’EGLISE

La tradition chrétienne n’a jamais reconnu le droit à la propriété privée comme absolu ni intouchable.

« Au contraire, elle l’a toujours entendu dans le contexte plus vaste du droit commun de tous à utiliser les biens de la création. Le droit à la propriété privée est subordonné à celui de l’usage commun, à la destination universelle des biens » (Jean-Paul II: Encyclique sur le travail)

L’enseignement social de l’Eglise exhorte à reconnaître la fonction sociale de toute forme de possession privée…L’homme « ne doit jamais tenir les choses qu’il possède légitimement comme n’appartenant qu’à lui, mais les regarder aussi comme communes en ce sens qu’elles puissent profiter non seulement à lui mais aussi aux autres » (Concile Vatican II)

La destination universelle des biens comporte, pour leur usage, des obligations de la part de leurs propriétaires légitimes.

L’individu ne peut pas agir sans tenir compte des effets de l’usage de ses ressources, mais il doit agir de façon à poursuivre aussi, au-delà de son avantage personnel et familial, le bien commun.

Il s’en suit un devoir de la part des propriétaires de ne pas laisser improductifs les biens possédés, mais de les destiner à l’activité productive, notamment en les confiant à ceux qui ont le désir et les capacités de les faire fructifier.

Le principe de la destination universelle des biens requiert d’accorder une sollicitude particulière aux pauvres, à ceux qui se trouvent dans des situations de marginalité et, en tout cas, aux personnes dont les conditions de vie entravent une croissance appropriée.

A ce propos, il faut réaffirmer, dans toute sa force, l’option préférentielle pour les pauvres.

« C’est là une option, ou une forme spéciale de priorité dans la pratique de la charité chrétienne dont témoigne toute la tradition de l’Eglise.
Elle concerne la vie de chaque chrétien, en tant qu’il imite la vie du Christ, mais elle s’applique également à nos responsabilités sociales et donc à notre façon de vivre, aux décisions que nous avons à prendre de manière cohérente au sujet de la propriété et de l’usage des biens.

Cet amour préférentiel ne peut pas ne pas embrasser les multitudes immenses des affamés, des mendiants, des sans-abri, des personnes sans assistance médicale et, par-dessus tout, sans avenir d’un avenir meilleur »

LE COMBAT POUR LA JUSTICE

ET LA PARTICIPATION A LA TRANSFORMATION DU MONDE

SONT UNE DIMENSION CONSTITUTIVE

DE LA PREDICATION DE L’EVANGILE.

(SYNODE DES EVEQUES 1971)


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