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IL EST LE DIEU DES VIVANTS


32ème dimanche ordinaire – Année C – 10 novembre 2019
Évangile de Luc 20, 1-10

32ème dimanche ordinaire – Année C – 10 novembre 2019 – Évangile de Luc 20, 27-38

C’est en face de la mort
que l’énigme de la condition humaine atteint son sommet


L’homme n’est pas seulement tourmenté par la souffrance et la déchéance progressive de son corps, mais plus encore, par la peur d’une destruction définitive.

Et c’est par une inspiration juste de son cœur qu’il rejette et refuse cette ruine totale et ce définitif échec de sa personne. Le germe d’éternité qu’il porte en lui, irréductible à la seule matière, s’insurge contre la mort.

Toutes les tentatives de la technique, si utiles qu’elles soient, sont impuissantes à calmer son anxiété: car le prolongement de la vie que la biologie procure ne peut satisfaire ce désir d’une vie ultérieure, invinciblement ancré dans son cœur.

Mais si toute imagination ici défaille, l’Église, instruite par la Révélation divine, affirme que Dieu a créé l’homme en vue d’une fin bienheureuse, au-delà des misères du temps présent.

De plus, la foi chrétienne enseigne que cette mort corporelle sera un jour vaincue, lorsque le salut, perdu par la faute de l’homme, lui sera rendu par son tout-puissant et miséricordieux Sauveur.

Car Dieu a appelé et appelle l’homme à adhérer à lui de tout son être, dans la communion éternelle d’une vie divine inaltérable.

Cette victoire, le Christ l’a acquise en ressuscitant, libérant l’homme de la mort par sa propre mort.

À partir des titres sérieux qu’elle offre à l’examen de tout homme, la foi est ainsi en mesure de répondre à son interrogation angoissée sur son propre avenir.

Elle nous offre en même temps la possibilité d’une communion dans le Christ avec nos frères bien-aimés qui sont déjà morts, en nous donnant l’espérance qu’ils ont trouvé près de Dieu la véritable vie.

CONCILE VATICAN II : L’EGLISE DANS LE MONDE - § 18

ÉVANGILE DE LUC 20, 27-38

IL EST LE DIEU DES VIVANTS

Après son passage chez Zachée à Jéricho, Jésus entreprend la longue montée à travers le désert de Juda (plus d’1 km de dénivellation) et atteint son but: Jérusalem, où les pèlerins commencent à affluer car dans quelques jours aura lieu la grande fête de la Pâque. Un groupe de disciples organise une joyeuse entrée: Jésus, descendant du roi David, ne serait-il pas le Messie attendu depuis si longtemps ? Jésus n’est pas dupe de ce succès: monté sur un âne, il manfeste qu’il n’a rien d’un sauveur belliqueux. D’ailleurs les Romains semblent l’avoir compris car ils n’interviennent pas.

Pour Jésus, le problème n’est pas à la caserne de Pilate mais bien au coeur de la religion, au temple, où il entreprend d’en chasser les marchands et les animaux: “ La Maison de Dieu doit être une maison de prière et non de commerce”.

Et tout en passant les nuits dans une cabane du mont des Oliviers, il s’installe tous ces jours-là sur l’esplanade du temple et il enseigne son Evangile.


LE CULTE COMMENCE PAR L’ECOUTE

C’est la Parole de Dieu, et non un marché, qui est la porte d’entrée du culte. A la suite des Prophètes, Jésus clame que Dieu n’attend pas des choses mais un peuple qui écoute ses volontés et les met en pratique. Un “pratiquant” n’est pas d’abord celui qui observe fidèlement tous les rites mais le croyant qui ouvre son coeur et obéit à ce que Dieu commande.

A une ville qui attendait l’insurrection armée, le châtiment terrifiant des pécheurs ou un coup d’éclat apocalyptique, Jésus essaie de faire entendre que la révolution messianique est, aujourd’hui, la conversion; que Dieu veut un culte moins solennel mais plus authentique. Il ne faut pas pontifier mais sans cesse annoncer, expliquer, détailler, actualiser la Parole qui a créé le monde et qui maintenant doit recréer l’humanité. Avant d’apporter des choses à Dieu, il faut lui apporter notre personne: avant de brûler l’encens, il faut avoir un coeur qui brûle d’amour.

Dans sa Maison, Dieu veut refaire l’homme. Le culte est l’atelier de la justice et de la paix.

Evidemment cette iniative intempestive d’un paysan qui n’est absolument pas qualifié pour remplir ce rôle ne peut qu’agacer, irriter, mettre en rage les autorités religieuses légitimes. On voudrait supprimer cet intrus mais on ne sait comment faire car tout le peuple “suspendu à ses lèvres, écoutait Jésus”” (19, 47) et n’accepterait pas qu’on l’arrête.

Alors Luc raconte que pendant tous ces jours, divers groupes d’adversaires se présentent et harcèlent Jésus de questions pièges afin de le dévaloriser devant le peuple.

Aujourd’hui nous écoutons la scène avec les Sadducéens conservateurs (seule fois où ils interviennent dans Luc)


RÉSURRECTION ?

Très longtemps, Israël n’a pas cru à la résurrection. Abraham, les Patriarches, Moïse, les Rois, les Prophètes, tous, après leur mort, descendaient dans une région lugubre, appelée “shéol”, où ils erraient, sans communication, comme des zombies. Cette perpective horrifiait Job: “ Quand l’homme expire, où donc est-il ?...Les gisants ne se relèveront pas…”.

Mais en 167 av.J.C., l’empereur syrien Antiochus Epiphane décida d’imposer à tous ses sujets l’unique religion grecque et déclencha une terrible persécution pour éradiquer la religion juive, son monothéisme et toutes ses pratiques. Des renégats cédèrent à la menace mais des justes fidèles, conduits par Judas Maccabée, menèrent une guerre de résistance. C’est dans ce contexte que pointa enfin la croyance en la résurrection: la justice de Dieu exigeait que les martyrs ne subissent pas le même destin fatal que les autres.

C’est alors que se répandit l’histoire des 7 frères et de leur mère héroïque qui acceptent le martyre (1ère lecture) :

“ Puisque nous mourons par fidélité à ses lois, le Roi du monde nous ressuscitera pour une vie éternelle…Mieux vaut mourir par la main des hommes quand on attend la résurrection promise par Dieu, tandis que toi, roi, tu ne connaîtras pas la résurrection pour la vie éternelle” ( 2 Macc 7)


Cette foi nouvelle va se propager en Israël, notamment grâce aux Pharisiens qui l’enseignaient, mais elle sera refusée par les hautes autorités du temple qui faisaient partie de la secte des Sadducéens. En effet pour eux la Loi de Dieu se trouvait dans les 5 premiers livres de la Bible, où on ne parlait pas de résurrection des morts.

Des Sadducéens s’approchent donc de Jésus et ils lui proposent une histoire pour ridiculiser cette croyance : une ancienne loi prescrivait au frère d’un défunt d’épouser la veuve que celui-ci avait laissée sans enfant (Deut 25, 5). Imaginons, disent-ils, le cas de 7 frères qui, l’un après l’autre, épousent une femme qui chaque fois demeure désespérément stérile. S’il y a résurrection, de qui donc à la fin sera-t-elle l’épouse ?

Jésus répond en deux temps.

D’abord il réplique qu’il est complètement absurde d’imaginer la vie ressuscitée comme le prolongement indéfini des conditions de vie d’ici-bas.

“Les enfants de ce monde se marient. Mais ceux qui seront jugés dignes d’avoir part au monde à venir et à la résurrection d’entre les morts ne se marient pas car ils ne peuvent plus mourir…Ils sont fils de Dieu, héritiers de la résurrection”.


Sur terre, le mariage et la reproduction constituent une lutte contre la tyrannie de la mort: ils n’ont plus lieu d’être lorsque celle-ci est définitivement vaincue.

Ensuite Jésus leur enseigne qu’il est bien question de vie nouvelle dans la Torah primitive. Lorsque Moïse, berger dans le Sinaï, s’entendit appeler du milieu du buisson ardent, Dieu lui dit :

“N’approche pas d’ici. Retire tes sandales de tes pieds car le lieu où tu te tiens est une terre sainte”. Et il dit: “Je suis le Dieu de ton père, Dieu d’Abraham, Dieu d’Isaac, Dieu de Jacob”.


Et Jésus en conclut: “Donc il n’est pas le Dieu des morts mais des vivants car tous sont vivants pour lui” (Ex 3, 6). Dieu est définitivement fidèle à l’Alliance avec ses élus: aussi la mort, adversaire de Dieu, ne peut rien contre cette fidélité.


LA RÉSURRECTION POMME DE DISCORDE

Dans les “Actes des Apôtres”, le tribun romain qui a fait arrêter Paul voudrait savoir pourquoi cet homme provoque un tel charivari dans le peuple. Il le fait comparaître devant le Sanhédrin :

“Sachant que l’assemblée était en partie sadducéenne et en partie pharisienne, Paul s’écria: “Frères, je suis Pharisien, fils de Pharisiens; c’est pour notre espérance, la résurrection des morts, que je suis en jugement”.
Cette déclaration était à peine achevée qu’un conflit s’éleva et l’assemblée se divisa. En effet les Sadducéens soutiennent qu’il n’y a ni résurrection, ni ange, ni esprit tandis que les Pharisiens en professent la réalité. Ce fut un beau tapage. Des scribes du parti pharisien protestèrent énergiquement: “Nous ne trouvons rien à reprocher à cet homme”……On fit remettre Paul en prison… La nuit suivante, le Seigneur se présenta à Paul et lui dit: “Courage ! Tu viens de rendre témoignage à ma cause à Jérusalem. Il faut que tu témoignes aussi à Rome” ( Ac 22)


CONCLUSION

Il fallut des siècles pour que Israël admette la foi en la résurrection (Aujourd’hui le grand Docteur Maïmonide l’a déclarée article fondamental de la foi). Et Paul se heurta au même scepticisme dans ses communautés: on le voit déjà dans la 1ère Lettre conservée qui doit dater de l’an 51 :

“Nous ne voulons pas vous laisser dans l’ignorance au sujet des morts afin que vous ne soyez pas dans la tristesse comme les autres qui n’ont pas d’espérance. Si nous croyons que Jésus est mort et est ressuscité, de même aussi ceux qui sont morts, Dieu les ramènera par Jésus et avec lui …Ainsi nous serons toujours avec le Seigneur. Réconfortez-vous donc les uns les autres par cet enseignement” (1 Thessal. 4, 13).


En tout cas, la scène lue ce dimanche montre que pour Jésus, il s’agissait d’une foi absolue, d’un roc qui lui donnait toute assurance. Non pour s’évader dans un vague espoir possible, non pour supprimer la peur atroce devant la mort. Mais pour continuer publiquement à annoncer cette Bonne Nouvelle devant ceux-là même qui voulaient sa mort. Et d’agir en dépit de la contradiction et du danger.

Avons-nous le courage de ce témoignage ?

Frère Raphaël Devillers, dominicain

SYNODE POUR L’AMAZONIE

SYNODE POUR L’AMAZONIE

PAPE FRANCOIS :
SAVOIR ECOUTER LE CRI DES PAUVRES

CONCLUSION DU SYNODE – 27 OCTOBRE 2019



Le pape François a conclu le synode des évêques pour l’Amazonie ce dimanche 27 octobre 2019, par la messe qu’il a présidée à 10h en la basilique Saint-Pierre. Dans son homélie, il a insisté sur la « part de publicain et de pharisien » dans le coeur de chacun, invitant à refuser la « religion du moi » et à « s’ouvrir à Dieu » en reconnaissant avoir « besoin de miséricorde », et à « demander la grâce de savoir écouter le cri des pauvres ».

Le pape a à nouveau dénoncé la destruction de la création, en Amazonie, la traite des personnes.


Homélie du pape François – Extraits
La Parabole du pharisien et du publicain


“…..Trop sûr de lui-même, de sa capacité d’observer les commandements, de ses mérites et de ses vertus, le pharisien est centré sur lui-même. Le drame de cet homme, c’est qu’il est dépourvu d’amour. Mais même les meilleures choses, sans amour, ne servent à rien, comme dit saint Paul (cf. 1 Co 13). Et sans amour, quel est le résultat ? C’est qu’à la fin, au lieu de prier, il se loue lui-même. En fait, il ne demande rien au Seigneur parce qu’il ne se sent pas dans le besoin ou redevable, mais il se sent créditeur.

Il est dans le temple de Dieu, mais il pratique la religion du moi. Et tant de groupes ‘‘illustres’’, de ‘‘chrétiens catholiques’’, sont sur ce chemin !

Et en plus de Dieu, il oublie le prochain, mieux il le méprise : pour lui, le prochain est vil, il n’a pas de valeur.

Que de fois ne voyons-nous pas cette dynamique en acte dans la vie et dans l’histoire ! Que de fois celui qui est devant, comme le pharisien par rapport au publicain, n’élève-t-il pas des murs pour accroître les distances, en rendant les autres encore plus des déchets. Ou bien en les considérant rétrogrades et vils, il méprise leurs traditions, il efface leurs histoires, il occupe leurs territoires, usurpe leurs biens. Que de prétendues supériorités qui se transforment en oppressions et en exploitations, même aujourd’hui – nous l’avons vu durant le Synode lorsque nous avons parlé de l’exploitation de la création, des gens, des populations de l’Amazonie, de la traite des personnes, du commerce des personnes !

Les erreurs du passé n’ont pas suffi pour qu’on arrête de détruire les autres et d’infliger des blessures à nos frères et à notre sœur terre : nous l’avons vu dans le visage défiguré de l’Amazonie. La religion du moi continue, hypocrite avec ses rites et ses “prières” – bien des gens sont catholiques, se déclarent catholiques mais ont oublié d’être chrétiens et humains -, elle oublie le vrai culte à Dieu qui passe toujours par l’amour du prochain. Même des chrétiens qui prient et vont à la messe le dimanche sont adeptes de cette religion du moi.

Nous pouvons nous examiner intérieurement pour voir si, même pour nous, quelqu’un est inférieur, jetable, même seulement en paroles. Prions pour demander la grâce de ne pas nous considérer supérieurs, de ne pas nous croire en règle, de ne pas devenir cyniques et moqueurs.

Demandons à Jésus de nous guérir de la propension à dire du mal et à nous plaindre des autres, de la propension à mépriser quelqu’un : ce sont des choses qui déplaisent à Dieu. Et providentiellement, aujourd’hui, prennent part avec nous à cette Messe non seulement les indigènes de l’Amazonie, mais aussi les plus pauvres des sociétés développées, nos frères et sœurs malades de la Communauté de l’Arche. Ils sont avec nous, au premier rang.

2. Passons à l’autre prière. En regardant le publicain, nous redécouvrons d’où repartir : de la conviction d’avoir tous besoin du salut. C’est le premier pas de la religion de Dieu qui est miséricorde envers celui qui se reconnaît misérable…

Si nous nous examinons intérieurement avec sincérité, nous voyons en nous tous les deux, le publicain et le pharisien. Nous sommes un peu publicains, parce que nous sommes pécheurs, et un peu pharisiens, parce que nous sommes présomptueux, capables de nous justifier nous-mêmes, champions dans des justifications artificielles ! Avec les autres, ça fonctionne souvent, mais pas avec Dieu. Avec Dieu, ce procédé ne fonctionne pas.

Prions pour demander la grâce de sentir que nous avons besoin de miséricorde, que nous sommes intérieurement pauvres. C’est aussi pourquoi, ça nous fait du bien de fréquenter les pauvres, pour nous rappeler d’être pauvres, pour nous rappeler que c’est seulement dans un climat de pauvreté intérieure que le salut de Dieu agit.



Durant ce Synode, nous avons eu la grâce d’écouter les voix des pauvres et de réfléchir sur la précarité de leurs vies, menacées par des modèles de développement prédateurs. Et pourtant, précisément dans cette situation, beaucoup nous ont témoigné qu’il est possible de regarder la réalité différemment, en l’accueillant à mains ouvertes comme un don, en considérant la création non pas comme un moyen à exploiter, mais comme une maison à protéger, en ayant confiance en Dieu.

Et bien des fois, même dans l’Eglise, les voix des pauvres ne sont pas écoutées, voire sont bafouées ou sont réduites au silence parce qu’elles sont gênantes. Prions pour demander la grâce de savoir écouter le cri des pauvres : c’est le cri d’espérance de l’Eglise.

Le cri des pauvres, c’est le cri de l’espérance de l’Église. En faisant nôtre leur cri, notre prière aussi, nous en sommes certains, traversera les nuages.”

PAPE FRANCOIS

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