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23ème dimanche ordinaire – Année C – 8 septembre 2019
Évangile de Luc 14, 25-33

NE PAS SOLDER L'ÉVANGILE

23ème dimanche ordinaire – Année C – 8 septembre 2019 – Évangile de Luc 14, 25-33

PAPE FRANCOIS :
LA CONVERSION DANS LES POCHES


Il existe un dynamisme de solidarité qui édifie l’Église en tant que famille de Dieu, où l’expérience de la koinonia est centrale. Que signifie ce mot étrange ? C’est un mot grec qui veut dire « mettre en communion », « mettre en commun », être comme une communauté, ne pas être isolés. C’est l’expérience de la première communauté chrétienne, c’est-à-dire mettre en commun, « partager », « communiquer, participer », ne pas s’isoler.

Dans l’Église des origines, cette koinonia, cette communauté renvoie avant tout à la participation au Corps et au Sang du Christ. C’est pourquoi, quand nous recevons la communion, nous disons que « nous communions »,

Et cette communion au Corps et au Sang de Jésus se traduit en union fraternelle, et par conséquent aussi à ce qui est plus difficile pour nous : mettre en commun nos biens et recueillir de l’argent pour la collecte en faveur de l’Église mère de Jérusalem et des autres Églises.

Si vous voulez savoir si vous êtes de bons chrétiens, vous devez prier, chercher à vous approcher de la communion, du sacrement de la réconciliation.

Mais le signe que ton coeur s’est converti, c’est lorsque la conversion arrive aux poches, lorsqu’elle touche notre propre intérêt : c’est là que l’on voit si l’on est généreux avec les autres, si l’on aide les plus faibles, les plus pauvres : quand la conversion arrive là, tu es sûr que c’est une véritable conversion.

ÉVANGILE DE LUC 14, 25-33

NE PAS SOLDER L'ÉVANGILE


En l’an 63 avant notre ère, le général Pompée avec son armée a conquis Israël et l’occupation impériale semble inexorable. Humiliation nationale pour le petit peuple écrasé mais surtout horrible blasphème de voir des païens idolâtres souiller une terre que Dieu a donnée à son peuple. A part quelques résistants surexcités qui rêvent encore de recouvrer l’indépendance par les armes, nul espoir de libération. Sauf si Dieu voulait exaucer les supplications de son peuple et envoyer ce mystérieux Messie annoncé par les anciens prophètes.

Et voilà qu’un homme soulève une immense espérance en parcourant la Galilée (année 28 ?). Le grand prophète Jean-Baptiste l’a désigné lors de son baptême ; il circule à travers la région en lançant une parole de feu qui enflamme les foules en annonçant la venue imminente du Royaume de Dieu ; sans recourir à des simagrées, il opère des guérisons extraordinaires dont beaucoup peuvent témoigner ; en outre il s’appelle Ieshouah, qui signifie « Dieu sauve » et il est un lointain descendant du grand roi David dont le Messie doit provenir.

Or en hiver de l’an 29, Jésus qui s’était toujours cantonné dans son district de Galilée, décide de monter à Jérusalem pour prendre part à la Pâque, grande fête de la libération. De partout par milliers les pèlerins convergent vers la capitale : un grand nombre se met à suivre Jésus.

Pour beaucoup, tous les indices convergent : il est manifeste que Jésus est le Messie et il suffit d’attendre le signal de son intervention. Le bonheur est à nos portes.

« De grandes foules faisaient route avec Jésus ».


Mais au contraire des vedettes qui font leur show pour exciter leurs fans, Jésus va lancer sur ses suiveurs une douche froide :

« Si quelqu’un vient à moi sans me préférer à son père, sa mère, sa femme, ses enfants, ses frères et sœurs, et même à sa propre vie, il ne peut pas être mon disciple »


Sidérant ! Donc le Royaume n’est pas un pays, un programme, un code de morale, une organisation, une religion, une explosion finale : c’est fondamentalement le don total, libre, personnel, à la personne de Jésus que l’on décide de suivre c.à.d. d’être son disciple qui écoute son enseignement et qui le préfère à tout.

Qui donc est cet homme, certes admirable orateur, guérisseur efficace, et même prophète de Dieu, qui ose exiger un tel attachement à sa personne ? Certes il ne commande pas la rupture des liens familiaux, il n’exige pas d’abandonner sa famille. Mais il ne tolère pas que l’amour des siens et même l’amour de sa propre vie renvoient la confiance en lui au second rang.

On ne peut jamais renoncer à Jésus pour faire plaisir à quelqu’un, si aimé soit-il. Jésus premier servi, quoi qu’il en coûte, même si l’orage éclate dans la famille, même si la carrière doit en pâtir. Au point même de donner sa vie s’il le faut.

« Celui qui ne porte pas sa croix pour marcher derrière moi, ne peut pas être mon disciple ».


Jésus ne prône pas le masochisme, il ne diabolise pas le plaisir, il n’oblige pas au choix de la douleur. Car « porter sa croix » n’est pas une décision, un choix de sacrifices : c’est le dur châtiment imposé à un condamné. Et en premier lieu à Jésus lui-même.

Donc Jésus prévient ses disciples que, par la foi en lui et par leur pratique de son évangile, ils seront suspects aux yeux du monde. Ils paraitront insupportables, dangereux car ils contrediront radicalement les valeurs sur lesquelles le monde repose. Le disciple n’invente pas des supplices, il les craint, mais s’il persévère à vouloir « marcher derrière Jésus », s’il n’oublie pas le récit de la Passion, la souffrance tombe sur lui et il la porte.
Chaque disciple reçoit la sienne. A l’heure de Dieu.


DISCERNER AVANT DE DÉCIDER

Ces exigences imposées par Jésus Seigneur de la vie exigent évidemment une réflexion approfondie : deux petites paraboles expliquent la nécessité du discernement.

Celui qui veut bâtir une tour commence par s’asseoir pour calculer la dépense et voir s’il a de quoi aller jusqu’au bout. Car s’il pose les fondations et ne peut achever, on se moquera de lui.
Si un roi part en guerre contre un autre, il commence par s’asseoir pour voir s’il peut, avec 10.000 hommes, affronter l’autre qui l’attaque avec 20.000. S’il ne le peut, pendant que l’autre est encore loin, il envoie une délégation pour demander la paix.
De même, celui d’entre vous qui ne renonce pas à tous ses biens ne peut être mon disciple.


Décider d’entreprendre une construction lourde ou se lancer dans une guerre ne se fait pas sur un coup de tête mais exige une réflexion approfondie. Il faut « s’asseoir », c.à.d. prendre le temps d’étudier la situation, d’évaluer ses ressources financières ou ses capacités d’armement. L’argent et la force constituent la base de la réussite.

Paradoxalement ces paraboles servent de contre-modèle à Jésus.
Pour lui l’engagement à devenir son disciple ne se base pas sur l’assurance de posséder les moyens adéquats mais sur la confiance en lui seul. Et cette confiance doit être telle qu’elle oblige au renoncement total à tous les biens. Non qu’il faille tout vendre pour partir à l’aventure (on ne voit jamais Jésus imposer pareille exigence à une famille) mais il faudra renoncer à penser à la façon des personnages des paraboles qui cherchaient l’assurance dans la possession des biens.

Ce que le disciple doit construire, c’est son existence dans le Royaume de Dieu; ce contre quoi il doit combattre s’appelle égoïsme, cupidité, orgueil, avarice. Il sera d’autant plus sûr de construire sa vie et de vaincre les ennemis s’il s’est assis pour lire l’Evangile, le méditer en profondeur, comprendre le projet de Jésus qui a réalisé la plus grande révolution de l’histoire en étant dépouillé de tous les avoirs, de toutes les compétences, de toutes les armes du monde.

Car le Royaume n’est pas une grande construction, une tour impressionnante comme le croient les nantis fous d’orgueil et d’arrogance. Et le Royaume ne s’établit pas dans un rapport de forces.

Chaque fois que l’Eglise veut éblouir par son faste et ses ressources, elle rassemble peut-être des foules mais pas des disciples. Et quand elle croit vaincre en jetant des anathèmes, en lançant des croisades, en allumant des bûchers, elle est vaincue.


PARABOLE DU SEL

L’enseignement se conclut par une autre parabole que le lectionnaire a omise et c’est dommage car elle met en garde contre la tentation qui surgit en nous précisément à ce moment.

Cet enseignement de Jésus est tellement raide, il nous appelle à des renoncements tellement radicaux qu’ils nous en paraissent impossibles, impraticables. On veut bien être chrétien, oui, mais pas à ce niveau ! C’est pourquoi Jésus nous appelle à ne pas affadir l’Evangile.

« Oui c’est une bonne chose que le sel. Mais si le sel lui-même perd sa saveur, avec quoi la lui rendra-t-on ? Il n’est bon ni pour la terre ni pour le fumier ; on le jette dehors. Celui qui a des oreilles pour entendre, qu’il entende »


Pour opérer le salut du monde, pour éviter l’écroulement qui le menace et pour le conduire à Dieu, un évangile light, édulcoré ne suffit pas. La société de consommation consent des soldes pour attirer des clients. Il n’y a pas de rabais dans l’Evangile. Devant le réchauffement climatique, les percées des neurosciences, le transhumanisme, les noyades des migrants, les multiples foyers de guerre, le tsunami de la pornographie, seul l’Evangile de la croix permettra à l’Eglise de remplir sa mission.

Il vaut mieux dire à Dieu : « Je n’y parviens pas : aide-moi » plutôt que de lui reprocher d’exagérer.

Frère Raphaël Devillers, dominicain

Une saison de la création

Une saison de la création

Créer un avenir pour la terre et tous ses habitants



Ce dimanche 1er septembre, c’est la Journée mondiale de prière pour la sauvegarde de la création. Le pape François a recommandé que le mois de septembre soit considéré comme une Saison de la création, qui s’étend jusqu’à la fête de saint François, le 4 octobre.

Les évêques de Belgique se joignent à cet appel et ils encouragent la communauté catholique à le traduire en actes concrets.



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LES ÉVÊQUES DE BELGIQUE

L’appel de Laudato si’


Dans son encyclique verte Laudato si’ (2015) le Pape François plaide pour un développement durable et intégral. Il parle de « conversion écologique » et dénonce en même temps les attitudes qui font obstacle aux voies de solutions, comme la négation du problème, l’indifférence, la résignation facile ou la foi aveugle dans les solutions techniques.

Il y mentionne également la peur liée aux incertitudes d’un changement si important. La peur d’une diminution du niveau de vie de notre société aisé que nous tenons pour acquis, malgré notre empreinte sur les écosystèmes et la vie des populations du Sud.


Des urgences actuelles

Un groupe d’experts intergouvernementaux sur le climat a calculé qu’il nous faut réduire les émissions mondiales de CO2 d’ici 2030 de moitié pour pouvoir atteindre des émissions nettes nulles vers 2050. Nos gouvernants en charge de la politique pour les cinq prochaines années détiennent donc une responsabilité majeure. Cinq ans, c’est la moitié du temps imparti pour réduire de 50 % les émissions mondiales de CO2.

Le 23 septembre 2019, les dirigeants du monde entier sont attendus à New York pour un sommet climatique extraordinaire. Nous appelons avec insistance à élaborer des plans climatiques courageux et ambitieux, tant dans notre pays qu’au sein de l’Union européenne, pour sauver la vie des générations actuelles et futures.


Des perspectives d’avenir

On souligne trop peu combien serait positive et porteuse d’espérance une transition menant à une prospérité nouvelle, différente et favorisant le bien être pour tous les peuples de la terre.

Cela se passera si nous bannissons la pauvreté, partageons le monde, transformons l’économie, protégeons la natuLes évêques de Belgiquere et si nous vivons tous dans les limites écologiques d’une planète saine.

Les scientifiques confirment qu’il n’est pas naïf de penser que nous pouvons sauver l’avenir de la planète. Même si le temps presse, nous pouvons encore sortir de la spirale de mort qui aspire notre monde.
Le Temps pour la création est une chance qui nous est offerte de soutenir cette perspective exigeante et de créer un avenir pour la terre et tous ses habitants.


Des actions concrètes

Aussi encourageons-nous chacun à progresser dans la conversion écologique et à vivre selon la sobriété heureuse (l’ « éthique du suffisant »).

Nous invitons les paroisses, associations, organisations et institutions à intensifier leurs efforts en établissant un plan climat pour faire de leurs immeubles des bâtiments passifs et à faible teneur en carbone, et à inclure le souci du soin de la création dans toute la vie de la communauté.

Il y a tant de choses que l’on peut faire ! (Laudato si § 180)



Les évêques de Belgique

« La conscience de la gravité de la crise culturelle et écologique doit se traduire par de nouvelles habitudes…

Sauvegarder la création par de petites actions quotidiennes est très noble…:
  • éviter l’usage de matière plastique et de papier
  • réduire la consommation d’eau
  • trier les déchets – cuisiner seulement ce que l’on pourra raisonnablement manger
  • traiter avec attention les autres êtres vivants,
  • utiliser les transports publics
  • partager le même véhicule
  • planter des arbres
  • éteindre les lumières inutiles – réutiliser quelque chose au lieu de le jeter rapidement…
Il ne faut pas penser que ces efforts ne vont pas changer le monde…… »

PAPE FRANCOIS ENCYCLIQUE LAUDATO SI § 211-212
23e-2019-3

UNE JOURNEE DU PAPE FRANCOIS

4 h. 30 : Lever - Prière
7 h. : Messe à la Maison Ste Marthe (avec employés du Vatican et quelques invités)
8 h. : Rencontres du matin - Réponses au courrier
10 h. 30 : Mercredi: Audience publique
12 h. : Repas Sieste
15 à 22 h. : Autres rencontres - Repas - Prière du Rosaire et Vêpres
22 h. : Coucher

paru dans Aleteia 28.8.2019
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