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3ème dimanche de Pâques Année C – 5 mai 2019
Évangile de Jean 21

JETEZ LE FILET : VOUS TROUVEREZ

3ème dimanche de Pâques – Année C – 5 mai 2019 – Évangile de Jean 21


En grec, poisson se dit
I CH TH U S


Or chaque lettre est une initiale :

3e-dimanche-de-Paques-2019-2b


Le poisson devint image, symbole du CHRIST VIVANT ….
Signe de reconnaissance des chrétiens

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ÉVANGILE DE JEAN 21

JETEZ LE FILET : VOUS TROUVEREZ


Le chapitre 20 de Jean, lu dimanche passé, semblait bien marquer la conclusion de son Evangile. Or curieusement le récit repart avec un chapitre 21 qui paraît donc comme un ajout au texte primitif, œuvre d’un disciple anonyme. D’une admirable beauté, la scène est, à la manière juive, un « midrash » c.à.d. une histoire qui, mieux que des explications abstraites, répond aux problèmes qui agitaient la communauté à la fin du premier siècle (cf. note ci-dessous)


LA MISSION PASSE A TOUTES LES NATIONS

Mené par Pierre, un groupe de 7 apôtres pêche toute une nuit sur le lac de Galilée mais sans rien prendre. Au soleil levant, la silhouette d’un homme se dresse là-bas sur le rivage : « Vous n’avez pas un peu de poisson ? – Non » répondent les pêcheurs dépités et fatigués. « Jetez le filet du côté droit et vous trouverez ». Ils obéissent et voilà que le filet est tellement rempli qu’ils peinent à le tirer. Le disciple que Jésus aimait tressaille : « C’est le Seigneur ! ». Pierre se jette à l’eau et arrive le premier. La barque aborde et on tire le filet lequel, rempli de 153 gros poissons, cependant ne se déchirait pas.

Comprenons. Les apôtres continuent à annoncer la Bonne Nouvelle de Jésus à leurs compatriotes juifs : comme les pêcheurs qui effectuaient des cercles en tirant et fermant au centre un grand filet, les apôtres « tournent en rond » sans grand résultat.

Le disciple aimé (sans doute Jean), qui, au matin de Pâques, avait été le premier à croire que Jésus était ressuscité demeure encore celui qui est le plus sensible à percevoir sa présence permanente.

Le Seigneur demande aux hommes de jeter le filet du côté droit, c.à.d. vers l’extérieur. La mission ne doit pas se limiter aux frontières d’Israël, elle doit s’élargir au monde entier car l’Evangile a pour but d’apporter la paix à toutes les nations. Saint Jérôme expliquait déjà le symbole : les zoologistes de l’antiquité avaient répertorié 153 espèces de poissons. Jusqu’à la fin du monde, tous les humains, avec leur pays, leur culture, leur couleur de peau, tous sont appelés par un unique Seigneur à former son peuple.

Et le filet ne se déchire pas : la prière de Jésus s’accomplit : « Père, que tous soient un, comme toi, Père, tu es en moi et que je suis en Toi. Qu’ils soient un afin que le monde croie » (Jn 17, 21). Jésus a offert sa vie pour le pardon universel et, vivant, il œuvre par son Eglise pour nous retirer tous du marasme, des eaux du désespoir, de l’abîme de l’absurdité, de la tyrannie de la mort, des ouragans meurtriers de nos racismes et de nos haines. La pêche miraculeuse est signe et promesse de la mission mondiale.


NOUS REUNIR DANS LE REPAS DU SEIGNEUR

La mission christique d’unir l’humanité en Dieu est une œuvre prodigieuse. Après 20 siècles on voit son immense difficulté puisque les disciples de Jésus demeurent encore séparés, puisque des nations à majorité chrétienne s’entretuent, puisque le règne des idoles du pouvoir semble parfois indestructible. La tentation est grande de trouver l’Evangile utopique, irréalisable.

Comment faire ? Notre évangile répond.

Surmonter les découragements, contempler les ruines de nos beaux projets, traverser des nuits d’échecs. Et le matin suivant écouter l’appel : « Jetez encore le filet, ne démissionnez pas. On vous refuse ici ? Allez ailleurs. Vos abattements ici deviendront réussites là-bas. Toute nuit conduit à l’aube nouvelle.

Et surtout rassemblez-vous sur le rivage de vos vies, le 1er jour de chaque semaine, pour partager le Repas du Seigneur Vivant. Il pansera nos plaies, nous réconfortera, nous donnera le courage de changer de méthode, d’entrer dans de nouveaux territoires, d’aborder d’autres personnes.

Pas de routine. Encore et toujours re-commencer.

Car c’est au Seigneur, et pas à nous-mêmes, que nous devons conduire les hommes. Les missionnaires n’ont pas à se vanter de leurs talents, à faire leur show devant leurs fans. Leur but, c’est que le Seigneur soit reconnu, aimé et suivi. Que l’assemblée eucharistique soit plus nombreuse, plus fraternelle, plus unie dans le chant d’action de grâce.


LA PIERRE FELEE ET RECONSTITUEE

Dès le départ, les premiers missionnaires chrétiens ont proclamé toute la vérité: ils ont raconté les doutes, les incompréhensions, les lâchetés des Apôtres et ils n’ont pas caché que le premier d’entre eux avait même renié publiquement son maître.

Mais alors, comment le chef des Douze pouvait-il encore prétendre diriger l’Eglise et annoncer l’Evangile ? La scène de ce jour répond par le dialogue pathétique.

Sur le rivage, le Seigneur accueille les pêcheurs près d’un « feu de braise » - semblable donc à celui qui brûlait dans la cour, chez le Grand Prêtre qui était en train d’interroger Jésus. Alors que Simon Pierre s’y réchauffait, reconnu par les servantes, il avait affirmé, par trois fois, ne même pas connaître Jésus (Jn 18, 18).

Ici le Ressuscité va – et avec quelle délicatesse ! - libérer son disciple. Il ne l’accable pas, ne le rejette pas comme indigne. Trois fois il le questionne doucement : « Pierre, m’aimes-tu ? ». Ne désespère pas, ne t’effondre pas de honte : simplement dis-moi ton amour.

Pierre ne se vante plus d’être le plus fort, d’aimer le maître plus et mieux que ses collègues : simplement il se réfugie dans son Seigneur : « Tu sais que je t’aime ».

Alors Pierre est investi dans sa charge : « Paix mes brebis ». Maintenant tu peux guider tes frères parce que tu as perdu ta jactance, parce que tu as fait l’expérience de ta faiblesse, parce que tu ne comptes plus sur toi-même, parce que tu n’es plus « une pierre » dure et intransigeante mais un pauvre Pierre dont le cœur fragile est cicatricé par la miséricorde de son Seigneur. Dorénavant tu pourras accepter tes frères et sœurs vulnérables, souillés, lâches et leur offrir ce pardon que tu as reçu le premier.

Mais n’oublie jamais, Pierre, que je te confie « mes brebis ». Elles ne seront jamais tes disciples ni ceux de Jean ou de Paul mais uniquement du Bon Pasteur qui a donné sa vie pour que ses brebis vivent.


ON A TUE LE PAPE

Quand l’auteur anonyme rédige ce chapitre 21, Pierre est mort martyr. Jésus l’avait prédit :

« Quand tu étais jeune, tu mettais ta ceinture et tu allais où tu voulais. Quand tu seras vieux, tu étendras les mains, un autre te mettra ta ceinture pour t’emmener là où tu ne voudrais pas aller ». Jésus signifiait par quel genre de mort Pierre rendrait gloire à Dieu. Et il lui dit : « Suis-moi ».


Pierre aurait donc été mis à mort, lui aussi, les bras ouverts : crucifié ? « Car le serviteur n’est pas plus grand que son maître : s’ils m’ont persécuté, ils vous persécuteront vous aussi » (Jn 15, 20). Plus vieux, Pierre n’a plus cherché à sauver sa vie : il l’a donnée, sûr de retrouver son Seigneur.


CONCLUSIONS

Les explications sont peut-être un peu utiles mais il reste ce chapitre 21. Un chef d’œuvre à relire, à méditer et à prier. Car il nous apporte, en images, des révélations essentielles.

1. Le pape François le répète sans cesse : Sortez ! Ne demeurez pas dans vos huis-clos, vos habitudes douillettes. Prenez la tangente, allez au large, jetez les filets ailleurs. Chassez vos découragements, vos tristesses. Recommencez.
  • Que le déjeuner sur l’herbe inspire vos assemblées du dimanche où vous pouvez partager le modeste pain du Seigneur. Répétez-lui que vous l’aimez, sûrs que le feu de son amour consume toutes vos fautes.
2. Et surmontez le scandale de vos responsables qui, trois fois hélas, sont tombés lourdement. Qu’ils demandent pardon, perdent tout orgueil et se laissent emmener là où ils ne voulaient pas aller.
  • Que chacun écoute l’appel : « Suis-moi ».

Frère Raphaël Devillers, dominicain




MIDRASH


Ce mot hébreu vient du verbe DARASH qui signifie « chercher » et désigne une des grandes méthodes d’interprétation des textes. Plutôt que de procéder à des analyses, d’user de méthodes de raisonnement et d’un vocabulaire abstrait, les Hébreux inventent des histoires. Un peu comme des paraboles.

Le midrash donne ce qui est le plus important dans l’événement : son sens, sa portée universelle. Le récit coloré se marque dans les cœurs et permet aux esprits les plus simples de comprendre la signification de la Parole de Dieu.


SRI LANKA  —  UNE EPOUVANTABLE TRAGEDIE

SRI LANKA
UNE EPOUVANTABLE TRAGEDIE

« Ce n’est pas l’Islam » dites-vous. Alors pourquoi n’organisez-vous pas d’immenses manifestations dans les grandes capitales occidentales pour hurler contre ces sauvages qui blasphèment votre religion et pour proclamer la liberté religieuse ?

Pourquoi les médias occidentaux parlent-ils si peu des attentats, des attaques qui se multiplient partout contre les lieux chrétiens ? Au point que J.L. Mélanchon, qui se dit athée, en est scandalisé comme il vient de le dire :
« Les chrétiens du Sri Lanka n’ont jamais affronté qui que ce soit. Les victimes n’étaient ni en meeting politique ni en quoi que ce soit d’agressif contre qui que ce soit. Ils étaient réunis dans un lieu de culte et priaient. Leurs assassins sont des lâches absolus et la cause qui est servie de cette façon doit être mise au ban de la société.
Plus généralement, il y a une sous évaluation dans les médias français des agressions spécifiques dont font l’objet des chrétiens dans le monde C’est pourquoi on ne saurait se taire ou noyer le poisson dans les explications qui nieraient ce fait central : les chrétiens du Sri Lanka ont été assassinés parce qu’ils étaient chrétiens et pratiquants de cette foi. »


L’Ère du peuple, blog de Jean-Luc Mélanchon, 23 avril 2019.

RELIGION : LES MOTS INTERDITS


APRES L’INCENDIE DE NOTRE-DAME DE PARIS

RELIGION : LES MOTS INTERDITS

A l’époque de Molière et des Précieuses, il était des mots que l’on ne prononçait pas par bienséance ou pour tâcher d’embellir le prosaïsme déprimant du quotidien ; ainsi un miroir devenait un « conseiller des grâces », et la lune « le flambeau de la nuit ».

Aujourd’hui, dans le verbiage de la France de 2019, il n’y a plus rien de précieux, mais il y a beaucoup de ridicule. Comme au pays d’Alice, les choses sont ce qu’elles ne sont pas, ou plutôt, elles ne sont pas ce qu’elles sont.

Le ministre de l’intérieur (et des cultes, ne l’oublions pas), nous a récemment expliqué que Notre-Dame n’était pas une cathédrale. Grâce à un nouvel usage du dictionnaire des synonymes, les croyants sont assimilés à des « citoyens », des « touristes », des « visiteurs » ou des « amoureux anonymes » de la grande Dame de pierre.

Lors des attentats du dimanche de Pâques, on découvrit que c’était le Sri Lanka qui était frappé, mais non la communauté catholique, et que les hôtels appartenaient à la même catégorie de bâtiments publics que les églises. Quant aux auteurs des attentats, il a vraiment fallu fouiller dans les déclarations officielles pour y lire qu’ils étaient musulmans.

Les prises de parole publiques se transforment en une sorte de concours grotesque où la prime reviendra à celui qui mettra le plus d’application à ne parler ni de religion ni de foi.


ERADIQUER LA RELIGION ? …

Le problème est plus profond que celui d’un anticatholicisme primaire, comme on pourrait être tenté de le croire de prime abord. Journalistes et hommes politiques, sociologues et éditorialistes sont comme tétanisés devant cette réalité à leurs yeux curieuse et totalement incongrue, la foi. Elle est conçue et appréhendée comme une bizarrerie, la survivance anachronique d’un réflexe archaïque en ce début de XXIème siècle.

Ainsi, des pans entiers de la réalité humaine, de l’étoffe spirituelle des êtres et des civilisations leur échappent totalement, avec des conséquences gravissimes.

Dans l’appréhension du terrorisme islamiste, il existe un préjugé systématique à l’encontre des auteurs des actes de violence. On nous explique que ce sont des « déséquilibrés », et qu’il n’y a aucune raison de chercher une raison religieuse à leurs actes meurtriers.

Dans un tout autre domaine, récemment encore, à l’occasion d’une enquête sociologique sur les prénoms, Libération nous expliquait qu’il n’y avait aucune espèce de motivation religieuse dans le fait de choisir d’appeler son fils « Mohammed » : ce n’est qu’une affaire de goût, et comme chacun sait, les goûts cela ne se discute pas ! Si l’étendard de Daesh brandit « Il n’y a de Dieu qu’Allah », c’est certainement pour faire joli.

Terrible tendance que celle qui tend à éradiquer avec obstination la religion de la vie publique, comme d’ailleurs de la vie privée. Emerge sous nos yeux un monde desséchant de matérialité, sans esprit, sans âme.

Les effets secondaires peuvent être inattendus : quelle ne fut pas la stupéfaction de votre honorable servante, en visite à la grande exposition consacrée au pharaon Toutankhamon, de découvrir que pour les concepteurs de cette manifestation, tout était affaire de « magie » dans l’Egypte ancienne : le Royaume des morts, la survie de l’âme pour l’éternité, les divinités du Bien et celles du mal, tout cela relèverait d’un folklore amélioré à la Harry Potter.

Les mots : rites, rituels, croyances, religion, sacré n’ont tout simplement jamais été évoqués, le mot de divinité à peine suggéré, dans une gigantesque opération marketing destinée à éradiquer tout ce qui peut évoquer la transcendance.

Bernanos définissait le monde moderne comme une « conspiration universelle contre toute espèce de vie intérieure. » La société qui se déploie sous nos yeux est le triste aboutissement de ce processus, qui nous emmène plus loin encore.

La vie intérieure de l’Occident s’étiole depuis longtemps déjà, et avec une application acharnée toute forme de vie spirituelle est patiemment minimisée ou niée dans un projet de transformation du réel et du langage d’ordre totalitaire.

Quand un mot n’est plus prononcé, on finit par oublier la réalité qu’il était censé désigner : à nous de répéter sans relâche, haut et fort, les beaux mots de croyant, de Français et de catholique.



Constance Prazel

Déléguée générale de Liberté politique -26 avril 2019 – paru sur le site de « Liberté politique »

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