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3ème dimanche – Année B – 24 janvier 2021

Évangile de Marc 1, 14 - 20

Jésus proclame

Dimanche de la Parole de Dieu

3ème dimanche - Année B – 24 janvier 2021 – Évangile de Marc 1, 14 - 20
Selon le Motu proprio « Spiritus Domini » signé du pape François ce 1 janvier 2021 – qui modifie le canon 230 § 1 du Code de Droit canonique -, les ministères liturgiques de « lecteur et d’acolyte », jusqu’à présent réservés aux hommes, peuvent désormais être confiés aux femmes. – Admirons la portée prophétique de ce geste d’une Église toujours à la pointe de la modernité !!

Dimanche de la Parole de Dieu


Le 30 septembre 2019, le pape François a institué le Dimanche de la Parole de Dieu, qui sera célébré chaque année le 3e dimanche du Temps Ordinaire afin de souligner toute la richesse et le caractère vivant du texte sacré. Il encourage les croyants à une plus grande familiarité à son égard, afin de «vivre en profondeur notre relation avec Dieu et avec nos frères».

Le Pape François choisit donc de mettre la Parole de Dieu au centre et de lui accorder une place privilégiée un dimanche de l’année: «J’établis que le IIIe Dimanche du Temps Ordinaire soit consacré à la célébration, à la réflexion et à la proclamation de la Parole de Dieu».

Le Pape suggère de «vivre ce dimanche comme un jour solennel». Il s’agira d’ «introduire le texte sacré de manière à rendre évidente à l’assemblée la valeur normative que possède la Parole de Dieu». Il sera donc utile «de souligner sa proclamation et d’adapter l’homélie pour mettre en évidence le service rendu à la Parole du Seigneur».

Il exhorte à «faire tous les efforts nécessaires pour former certains fidèles à être de véritables annonciateurs de la Parole avec une préparation adéquate... »

Le Pape propose aussi que les prêtres remettent «la Bible, ou de l’un de ses livres, à toute l’assemblée, afin de faire ressortir l’importance d’en continuer la lecture dans sa vie quotidienne, de l’approfondir et de prier avec la Sainte Écriture, se référant de manière particulière à la Lectio Divina».

Évangile de Marc 1, 14 - 20

Jésus proclame

( Dimanche de la Parole de Dieu )


Après un coup d’œil, dimanche passé, sur la version de Jean, nous reprenons le récit de Marc qui va nous conduire toute cette année. Retournons donc au point frontière du Jourdain. Jean-Baptiste continue de baptiser et d’appeler à la conversion des mœurs et il ne ménage pas son roi qui a eu l’impudence de prendre la femme de son frère. La riposte ne tarde pas : une escouade de soldats survient, Jean est jeté en prison et il n’en sortira pas vivant (6, 17). Pris de peur, les baptisés se dispersent et reprennent leur vie ordinaire.

Jésus, quant à lui, au lieu de retourner près de sa mère et de reprendre son métier à Nazareth, remonte dans sa province de Galilée : sa mission commence. Elle n’est plus celle d’un prophète mais celle de « Fils du Père ». Elle se place dans le sillage de celle du Baptiste mais elle est très différente.

Après l’arrestation de Jean-Baptiste, Jésus partit pour la Galilée proclamer la Bonne Nouvelle de Dieu. Il disait : « Les temps sont accomplis, le Règne de Dieu est tout proche. Convertissez-vous et croyez à la Bonne Nouvelle ».


Jésus ne se poste plus en un lieu lointain en attendant que les pèlerins viennent à lui, il a « passé » le fleuve pour entrer en Israël, il circule à travers les villes et villages autour du lac et il interpelle les gens dans leur milieu de vie : c’est bien au cœur du monde populaire que le Royaume vient.

Comme Jean, Jésus appelle aussi à la conversion mais désormais celle-ci n’est plus une décision d’ordre moral mais la conséquence d’une foi nouvelle. Tout homme est appelé à croire à l’annonce que Jésus proclame : la marche de l’histoire a atteint son sommet, les temps de préparation et d’attente sont arrivés à terme et le plus extraordinaire événement se prépare : Dieu va instaurer son règne sur terre. Telle est la nouvelle, la Bonne Nouvelle, l’Évangile.

A la suite de la Bible, l’Évangile n’est donc pas un livre qui propose une religion avec croyances, ascèse, méthodes de concentration et de prière, lieux et personnel sacrés, pratiques morales et rituelles. Il n’est pas fuite du monde, il n’est pas fin du monde mais annonce d’un monde autre. Que je ne découvre qu’en acceptant de croire à la parole de Jésus et de me convertir, ce qui ne signifie pas « faire pénitence et vaincre mes défauts » mais changer de fond en comble mes conceptions. Si souffrances, injustices, malheurs et mort continuent de survenir, quelque chose arrive : Dieu vient régner. Il ne s’agit pas d’une évidence, d’une preuve, mais d’une Bonne Nouvelle que Jésus proclame. Au cœur de notre nuit, le Veilleur annonce l’aurore.

« Jésus proclame ». Plus tard Marc dira qu’il « enseigne ». Deux modes de parole liés mais très différents et qu’il ne faut surtout pas confondre. Au temps de la chrétienté, dont nous vivons la fin interminable, l’Église est installée, l’Évangile se transmet en milieu familial, se raconte au catéchisme, s’explique en milieu scolaire. La pratique est presque une habitude héréditaire. Si bien que des multitudes sont catéchisées sans avoir été évangélisées. On vit une tradition sans avoir été secoué par une interpellation personnelle.

Au point de départ, raconte Marc, Jésus ne moralise pas, il ne ritualise pas, il ne menace pas, il n’institue pas, il ne théologise pas. Il est un passant qui, sans titre, sans attirail, sans prestige, va de village en village et, le cœur joyeux, l’air heureux, lance la Nouvelle inattendue, la Nouvelle qui est bonne puisqu’elle est promesse d’une jouissance inouïe. L’Évangile est interpellation personnelle et joyeuse et il doit le rester sous peine de verser dans les ornières de l’habitude, de la routine, de la mauvaise conscience.

Quelles réactions suscite cet inconnu à qui on demande son identité : « Je suis Iéshouah, charpentier à Nazareth ». A quel titre ose-t-il proclamer ce message ? N’est-il pas un utopiste, un rêveur, un illuminé ? Beaucoup sans doute demeurent sceptiques : tant d’illuminés ont lancé de fausses promesses. De quoi vit-il ? « De la charité que vous voudrez bien me faire ...si vous voulez ». Car le Royaume commence quand on a pitié d’un pauvre, quand notre porte s’ouvre à l’hospitalité.

Marc va nous raconter que très vite le succès va venir et les foules vont accourir pour écouter le marcheur. On verra pour quelles raisons. Mais au préalable, il nous rapporte l’appel des premiers collaborateurs.

L’appel des quatre pêcheurs


Passant au bord du lac de Galilée, il vit Simon et son frère André en train de jeter leurs filets dans la mer : c’étaient des pêcheurs. Jésus leur dit : « Venez derrière moi : je ferai de vous des pêcheurs d’hommes ». Aussitôt, laissant là leurs filets, ils le suivirent.
Un peu plus loin, Jésus vit Jacques, fils de Zébédée, et son frère Jean qui étaient dans leur barque et préparaient leurs filets. Aussitôt Jésus les appela. Alors, laissant dans la barque leur père avec les ouvriers, ils partirent derrière lui.


Jésus n’est pas un magnétiseur qui d’un claquement de doigt fascine des naïfs. L’évangile de Jean nous avait raconté qu’au Jourdain, une foule de jeunes débattaient de l’indépendance et du messie. Le Baptiste avait invité ses disciples à le quitter pour suivre Jésus. Les quatre jeunes avaient quand même repris leur métier : il faut bien vivre. Mais maintenant Jésus a vraiment entrepris la mission reçue de son Père et en contemplant ces jeunes pêcheurs, leur profession lui fournit une image de ce qu’il doit accomplir.

Il faut sauver les hommes qui se noient dans leurs chagrins, qui coulent dans la tristesse et le désespoir, qui s’abîment dans les profondeurs des haines et des guerres, qui sont emportés par les plus épouvantables des tsunamis, qui sont la proie des requins de la finance ou des pieuvres de la pub’.

Il faut permettre aux hommes de se dresser debout, de respirer, leur donner de l’air, de l’esprit, de l’Esprit de Dieu pour qu’ils vivent, se parlent, s’aiment, chantent et s’épanouissent.

Et il faut les rassembler en communauté. Non les enfermer dans les filets d’une idéologie, non les emprisonner dans les rets d’une dictature religieuse mais les mettre ensemble, leur offrir la communion en toute liberté.

Telle est la mission nécessaire, indispensable, urgente, universelle du Fils baptisé. Elle requiert la collaboration immédiate et totale de certains. Elle ne se réalise pas par une disposition innée, par le zèle, la bonne volonté, le dynamisme, les compétences. Jésus, seul, sait et il peut l’apprendre : « Je vous ferai pêcheurs d’hommes ». Donc pour cela, il importe de suivre Jésus, l’observer, écouter ses enseignements. Tout l’évangile sera le récit de cet apprentissage. L’évangile est le manuel fondamental de la mission.

Simon-Pierre et Jean

En prêchant son évangile, Jésus appellera toujours à la conversion mais laissera chacun chargé de ses devoirs familiaux et exerçant ses obligations professionnelles dans son milieu. Toutefois ici et à quelques reprises plus tard, il invitera certains jeunes à s’engager directement avec lui et ils constitueront le groupe des 12 apôtres. Leur don d’eux-mêmes sera total, exigeant la rupture des liens familiaux et l’abandon du métier. Suivre Jésus, partager son itinérance, apprendre tous ses enseignements, étudier son comportement, prendre le risque de sa pauvreté : l’apostolat est un plein-temps radical. Mais ils ne demanderont à personne de les imiter.

Simon et André, les deux premiers, demeurent sur la rive du lac et lancent leur petit filet ; Jacques et Jean, eux, sont les fils d’un patron qui dirige une entreprise employant des ouvriers. Ils paraissent donc d’un milieu plus aisé. Néanmoins c’est Simon qui sera nommé Pierre par Jésus et deviendra le n° un du groupe. L’Église ne se constitue pas sur le modèle de la société hiérarchisée par les titres et la propriété.

S.O.S. ... Urgent !

Je terminerai par une petite remarque sur le style de Marc. « Aussitôt il les appelle...Aussitôt ils laissent leurs filets ». Parcourez l’évangile de Marc et vous constaterez qu’il répète ce petit mot à 42 reprises - bien davantage que ses confrères qui pourtant sont bien plus longs que lui (Matthieu :7 x – Luc : 1 x – Jean : 3 x).

Tic de langage ? Surtout envie de nous persuader que la mission divine - inaugurée par Jésus et confiée ensuite à ses apôtres puis à tous ceux qui croient en lui puis à nous aujourd’hui - ne souffre aucun retard. Il ne s’agit pas d’un message religieux, culturel, humanitaire dont on peut discuter sans fin, quand on en a le temps, pour savoir si oui ou non on va faire quelque chose. Dans l’océan glauque et pervers où les hommes appellent désespérément au secours dans une atmosphère d’inquiétude, d’absurdité, de mensonge, de désespoir, où des jeunes se noient dans les fausses nouvelles, il est urgent que retentisse le message de la Parole de Dieu. D’autant plus qu’elle est tournée en dérision.

« Frères, je dois vous le dire : le temps est limité ... La figure de ce monde passe ...Je vous dis cela pour que vous fassiez ce qui est le mieux et que vous soyez attachés au Seigneur sans partage » (2ème lecture)

En ce « dimanche de la Parole », nous sommes heureux d’écouter aussitôt l’appel qui nous a délivrés de nos chaînes, nous goûtons l’honneur d’être appelés aussitôt à poursuivre la mission, nous nous mobilisons pour découvrir aussitôt de nouveaux moyens de sauver les hommes. Sous les masques il y a trop de tragédies et de larmes. Aussitôt il faut réagir, inventer, parler.

Frère Raphaël Devillers, dominicain

Le pape François institue le dimanche de la Parole de Dieu

Le pape François institue le dimanche de la Parole de Dieu

Extraits

1. ... Consacrer de façon particulière un dimanche de l’Année liturgique à la Parole de Dieu permet, par-dessus tout, de faire revivre à l’Église le geste du Ressuscité qui ouvre également pour nous le trésor de sa Parole afin que nous puissions être dans le monde des annonciateurs de cette richesse inépuisable.

Il est donc bon que ne manque jamais dans la vie de notre peuple ce rapport décisif avec la Parole vivante que le Seigneur ne se lasse jamais d’adresser à son Épouse, afin qu’elle puisse croître dans l’amour et dans le témoignage de foi.

3. J’établis donc que le IIIe Dimanche du Temps Ordinaire soit consacré à la célébration, à la réflexion et à la proclamation de la Parole de Dieu.

Ce dimanche de la Parole de Dieu viendra ainsi se situer à un moment opportun de cette période de l’année, où nous sommes invités à renforcer les liens avec la communauté juive et à prier pour l’unité des chrétiens.

Il ne s’agit pas d’une simple coïncidence temporelle : célébrer le Dimanche de la Parole de Dieu exprime une valeur œcuménique, parce que l’Écriture Sainte indique à ceux qui se mettent à l’écoute le chemin à suivre pour parvenir à une unité authentique et solide.

Un jour solennel

Les communautés trouveront le moyen de vivre ce dimanche comme un jour solennel.

Il sera important, en tout cas que, dans la célébration eucharistique, l’on puisse introduire le texte sacré, de manière à rendre évidente à l’assemblée la valeur normative que possède la Parole de Dieu. En ce dimanche, de façon particulière, il sera utile de souligner sa proclamation et d’adapter l’homélie pour mettre en évidence le service rendu à la Parole du Seigneur.

Les Évêques pourront, en ce dimanche, célébrer le rite du lectorat ou confier un ministère similaire, pour rappeler l’importance de la proclamation de la Parole de Dieu dans la liturgie.

Il est fondamental, en effet, de faire tous les efforts nécessaires pour former certains fidèles à être de véritables annonciateurs de la Parole avec une préparation adéquate, comme cela se produit de manière désormais habituelle pour les acolytes ou les ministres extraordinaires de la communion.

De la même manière, les prêtres en paroisse pourront trouver la forme la plus adéquate pour la remise de la Bible, ou de l’un de ses livres, à toute l’assemblée, afin de faire ressortir l’importance d’en continuer la lecture dans sa vie quotidienne, de l’approfondir et de prier avec la Sainte Écriture, se référant de manière particulière à la Lectio Divina.

4. ... La Bible ne peut pas être seulement le patrimoine de quelques-uns et encore moins une collection de livres pour quelques privilégiés. Elle appartient, avant tout, au peuple convoqué pour l’écouter et se reconnaître dans cette Parole. Souvent, il y a des tendances qui tentent de monopoliser le texte sacré en le reléguant à certains cercles ou groupes choisis. Il ne peut en être ainsi.

La Bible est le livre du peuple du Seigneur qui, dans son écoute, passe de la dispersion et de la division à l’unité. La Parole de Dieu unit les croyants et les rend un seul peuple.

Importance de l’homélie

5. Dans cette unité générée par l’écoute, les pasteurs ont en premier lieu la grande responsabilité d’expliquer et de permettre à tous de comprendre l’Écriture Sainte. Puisqu’elle est le livre du peuple, ceux qui ont la vocation d’être ministres de la Parole doivent ressentir avec force l’exigence de la rendre accessible à leur communauté.

L’homélie, en particulier, revêt une fonction tout à fait particulière, car elle possède « un caractère presque sacramentel » (Evangelii Gaudium, n. 142). Faire entrer en profondeur dans la Parole de Dieu, dans un langage simple et adapté celui qui écoute, permet au prêtre de faire découvrir également la « beauté des images que le Seigneur utilisait pour stimuler la pratique du bien » (Ibid.). C’est une opportunité pastorale à ne pas manquer !

Pour beaucoup de nos fidèles, en effet, c’est l’unique occasion qu’ils possèdent pour saisir la beauté de la Parole de Dieu et de la voir se référer à leur vie quotidienne. Il faut donc consacrer le temps nécessaire à la préparation de l’homélie. On ne peut improviser le commentaire aux lectures sacrées. Pour nous, comme prédicateurs, il est plutôt demandé de ne pas s’étendre au-delà de la mesure avec des homélies ou des arguments étrangers.

Quand on s’arrête pour méditer et prier sur le texte sacré, on est capable de parler avec son cœur pour atteindre le cœur des personnes qui écoutent, pour exprimer l’essentiel qui est reçu et qui produit du fruit. Ne nous lassons jamais de consacrer du temps et de prier avec l’Écriture Sainte, pour qu’elle soit accueillie « pour ce qu’elle est réellement, non pas une parole d’hommes, mais la parole de Dieu » (1Th 2, 13).

Il est également souhaitable que les catéchistes, par le ministère dont ils sont revêtus, aident à faire grandir dans la foi, ressentant l’urgence de se renouveler à travers la familiarité et l’étude des Saintes Écritures, leur permettant de favoriser un vrai dialogue entre ceux qui les écoutent et la Parole de Dieu.

(la suite la semaine prochaine)

Le monde est en feu.
Ce n’est donc pas le moment
de parler de choses
de peu d’importance.


Sainte Thérèse d’Avila
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